Une d�tenue de Fleury-M�rogis (Essonne) a accouch� menott�e le 31 d�cembre dernier � l'h�pital Sud Francilien d'Evry, provoquant l'indignation de l'�quipe m�dicale.
Selon l'OIP, qui r�v�le cette affaire, "Mme P a refus� que le personnel de l'administration p�nitentiaire charg�e de sa garde reste pr�sent � ses c�t�s". "Ceux-ci la menottent alors avant de sortir de la salle d'accouchement, malgr� les protestations du personnel m�dical", a expliqu� l'OIP dans un communiqu�.
L'organisation a pr�cis� avoir saisi l'IGAS (Inspection g�n�rale des affaires sociales) et alert� plusieurs parlementaires de toutes tendances confondues pour qu'ils saisissent la Commission nationale de d�ontologie de la s�curit�.
"Mise devant un choix par la surveillante, la d�tenue a pr�f�r� �tre menott�e plut�t que la surveillante reste dans la salle d'accouchement", a d�clar� � l'AFP Marie-Paule Morin, la directrice de l'h�pital.
"Le corps m�dical a �t� tr�s choqu�", a-t-elle ajout�, soulignant qu'il y avait "r�guli�rement des conflits entre le personnel m�dical et celui de surveillance sur la mani�re dont les d�tenus sont contraints".
La direction de l'h�pital a contact� la direction de la s�curit� publique du d�partement � la suite de cette affaire et une nouvelle note a �t� r�dig�e concernant l'hospitalisation ou les soins aux d�tenus, selon Mme Morin.
Elle pr�voit notamment que "lorsque le personnel m�dical exige que le d�tenu soit libre d'entraves, il leur sera demand� de signer une d�charge", a expliqu� la responsable.
Cette derni�re a elle-m�me fait une note en ce sens au personnel de l'h�pital.
"On n'imagine pas une femme fuguer alors qu'elle est en train d'accoucher", a-t-elle comment�
Le ministre de la Justice Dominique Perben s'est "�mu" mardi "des conditions inacceptables dans lesquelles une jeune femme d�tenue" � Fleury-M�rogis a �t� amen�e � accoucher menott�e le 31 d�cembre dernier � l'h�pital d'Evry (Essonne). M. Perben a ordonn� que la surveillance soit d�sormais assur�e � l'ext�rieur des salles d'accouchement.
"A l'avenir, la surveillance des femmes d�tenues en �tablissement hospitalier sera assur�e � l'ext�rieur de la salle d'accouchement", assure le garde des Sceaux dans un communiqu�. Il a donc demand� au "directeur de l'administration p�nitentiaire de donner des instructions �crites aux directeurs d'�tablissement afin que les femmes accouchent dans la dignit�".
"Aucun texte r�glementaire ne justifie de telles conditions d'encadrement", souligne le ministre de la Justice faisant r�f�rence � l'accouchement du 31 d�cembre au cours duquel les gardiens de prison n'ont accept� de quitter la salle d'accouchement qu'apr�s avoir menott� la d�tenue enceinte.
Une proc�dure d�nonc�e mardi par Marie-Paule Morin, directrice de l'h�pital d'Evry. "Je vois mal une femme en train d'accoucher s'enfuir. Je vois mal une femme en train d'accoucher agresser qui que ce soit", a-t-elle dit sur France-2.
Le personnel m�dical s'�tait �mu de ce traitement rendu public lundi par l'Observatoire international des prisons (OIP). M. Perben a annonc� que l'inspection des services p�nitentiaires avait �t� saisie d'une enqu�te concernant la jeune d�tenue de Fleury-M�rogis.
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L�affaire luxembourgeoise a �t� r�v�l�e la semaine pass�e par � L�investigateur �. Elle n�a provoqu�e, malgr� le fait que depuis lundi, le journal est pratiquement �puis�, aucune r�action des milieux politiques ou autres.
Dysfonctionnement : une d�tenue menott�e au lit pendant son accouchement, meurt sous surveillance� polici�re
Une jeune femme, d�tenue au centre p�nitentiaire de Schrassig, est admise en milieu hospitalier pour accouchement. Elle y accouche dans des conditions ubuesques, puis meurt le 7 janvier.
Pascale (nom d�emprunt) a �t� condamn�e pour un d�lit de drogues. Elle s�est enfuie avant son incarc�ration, mais retourne de son propre gr� en prison alors qu�elle est enceinte de sept mois. Quand elle amorce ce retour pour payer sa � dette envers la soci�t� � et subir la peine qu�elle s�est vue infliger, elle est � clean � et fait partie du programme � m�thadone �. Elle n�a que quelques mois � � tirer � et la vie se pr�sente, malgr� tout pleine d�espoir pour elle.
Quatre mois de prison � faire
A Schrassig, les gardiens la mettent en station � U �. La motivation est plausible : cette station serait plus calme que les autres et donc favorable � une femme enceinte jusqu�au bout des yeux.
Pascale a donc quatre mois de prison � faire. Ce n�est pas le bout du monde, encore que dans son �tat, une heure de sortie autoris�e en plein air par journ�e n�est pas la solution id�ale. Mais c�est l� que les �v�nements n�gatifs, dus au syst�me carc�ral luxembourgeois, s�encha�-nent�
Peu de temps apr�s son incarc�ration �volontaire, nous le rappelons- elle ressent des contractions pr�liminaires et demande � �tre transport�e � la maternit� du Centre Hospitalier de Luxembourg. Ceci ne semble int�resser personne� Pascale arrive � t�l�phoner depuis la prison � son mari qui fait bouger tout ce qu�il peut pour la faire transf�rer � l�h�pital.
Ce n�est pas la lune, mais tout va bien, du moins peut-on le penser. On confirme m�me au mari, lors de la f�te de No�l au Centre p�nitentiaire de Schrassig, qu�il sera autoris� � assister � l�accouchement en milieu hospitalier. L�accord est �mis par deux dirigeants de Schrassig, Monsieur Sauber et Madame Pauly. C�est d�ailleurs pendant la soir�e du 29 d�cembre que la d�tenue Pascale est transf�r�e � la maternit�, suivi par son mari au volant de sa voiture priv�e. Pascale est install�e en salle d�ac-couchement. Les contractions se rapprochent de plus en plus, l�accouchement est imminent et son mari reste � ses c�t�s pour la soutenir de son mieux.
Un policier assiste
� l�accouchement
Tout � coup, un policier entre dans le box d�accouchement, sans pr�venir, face � la jeune femme, jambes ouvertes, comme s�il �tait chez lui, raconte le mari. Choqu� par cette violation de l�espace priv� d�une femme en train de mettre au monde un nouveau-n� et dans une situation qui demande un maximum de dignit�, heurt� par ce manque absolu de respect, le mari demande au policier de quitter imm�diatement la salle d�accouchement.
Le policier, selon des t�moignages en possession de � L�investigateur �, r�torque dans un ton plus que d�plac� : � je sors d�ici quand toi tu sors ! �
A bout de nerfs, le mari sort fumer une cigarette et retourne ensuite aupr�s de sa femme, toujours dans la m�me situation difficile.
C�est le moment choisi par le policier toujours en faction dans le box d�accouchement pour demander du renfort par radio ( !?!). Un peu plus tard, quatre coll�gues du policier d�barquent et �jectent le mari et de la salle d�accouchement et du b�timent du Centre Hospitalier en lui donnant injonction de ne plus y remettre les pieds.
Menott�e dans le
box d�accouchement
Puis, la femme, en train d�accoucher, se fait menotter au lit, toujours en pleines contractions !
La direction m�dicale du CHL est avertie des probl�mes qui se posent � la Maternit�. Elle intervient et fait respecter la dignit� de la patiente.
On d�tache donc la malheureuse. Une question se pose : pourquoi attacher une d�tenue � court terme, en train d�accoucher, dans la position o� elle se trouve ? Il n�y a certainement pas de danger de fuite !
Le lendemain matin, les policiers autorisent � nouveau le mari de rester aupr�s de son �pouse. La raison doit r�sider dans le fait que le parquet avait donn� l�autorisation au mari d�accompagner sa femme pendant l�ac-couchement. Elle avait par ailleurs �t� exempte du reste de sa condamnation.
Bref : � 11 heures 35, le mari peut retourner aupr�s de sa femme et � 11 heures 45, le b�b� est mis au monde par c�sarienne.
Peu apr�s la naissance, la m�re fait savoir qu�elle ne se sent pas bien, mais ni le m�decin, ni les gardiens, ne r�agissent, accuse le p�re. Au CHL on nous assure cependant avoir trait� cette patiente comme toutes les autres et n�avoir manqu� � aucun devoir m�dical. Il est vrai que le Centre hospitalier est tr�s exp�riment� dans les soins hospitaliers aux d�tenus. C�est le CHL qui assure �galement les visites m�dicales de ses divers sp�cialistes � Schrassig.
La jeune m�re, lib�r�e par le parquet, se trouve toujours sous garde polici�re. Pourquoi ? Personne ne le sait.
D�c�d�e le 7 janvier
Le 6 janvier 2004, elle se fait contr�ler par le gyn�cologue traitant, qui ne constate rien de particulier. Apr�s avoir nourri son b�b�, Pascale tombe dans le coma vers 15 heures. Le p�re ne pourra plus voir sa femme une derni�re fois. Car elle va mourir le lendemain.
Une triste histoire o� le comportement des policiers concern�s �tait tout sauf exemplaire, o� la direction de l�h�pital a d� intervenir pour sauvegarder la dignit� de sa patiente et qui s�est sold�e par la mort regrettable d�une jeune m�re peu favoris�e par la vie.
Il est certain que les m�decins du CHL ont soign� cette jeune femme comme les autres patients de l�h�pital, sans distinction et qu�un malheureux concours de circonstances a conduit � ce que la famille et les amis de la jeune m�re d�c�d�e sont aujourd�hui r�volt�s.
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