Michel Roussel, l'ancien gendarme de la cellule Homicide 31 enqu�tant sur les meurtres de Patrice Al�gre, d�nonce dans un livre � para�tre dans les prochains jours les entraves mises selon lui par sa hi�rarchie dans l'enqu�te qu'il menait.
Il demande dans une interview publi�e vendredi par le journal "Le Parisien" que l'on continue d'enqu�ter "sur les 191 morts ou disparitions suspectes dans la r�gion toulousaine entre 1985 et 1997".
Dans cet entretien, qui l�ve le voile sur la teneur de son livre, l'ancien enqu�teur explique pourquoi il a pris sa retraite en octobre 2003: "Je ne pouvais plus travailler, j'�tais neutralis�. (...) Avec mon �quipe, nous avons d� avaler des kilom�tres de couleuvres... On nous a mis des b�tons dans les roues", d�nonce-t-il en critiquant nomm�ment certains de ses sup�rieurs.
Selon l'ancien gendarme, il y aurait au total 191 morts ou disparitions suspectes de femmes dans la r�gion toulousains entre 1985 et 1997, qui "restent sans explication". "Il faut enqu�ter sur ces 191 cas", ajoute-t-il, la cellule Homicide 31 n'ayant rouvert que 26 dossiers.
Dans son livre qui sera publi� chez Deno�l, Michel Roussel consacre une grande part aux victimes de Patrice Al�gre, dont il s'est promis d'aider les familles. Il d�crit les difficult�s de mise en place et de fonctionnement, notamment par le manque de moyens, de la cellule Homicide 31. Il rend aussi hommage au juge d'instruction Serge Lemoine et � certains de ses coll�gues sp�cialistes de l'analyse criminelle.
Tout en racontant les �volutions de l'affaire, il fustige certains de ses sup�rieurs, dans le chapitre 8 intitul� "D�stabilisation d'un directeur d'enqu�te". Selon lui, ceux-ci l'ont progressivement �cart� de sa mission et du dossier "prox�n�tisme et viols", notamment en cr�ant un second groupe d'enqu�teurs.
Dans un chapitre intitul� "V�rit� et Mensonges", il admet ses doutes, comme sur les r�tractations de "Fanny" concernant Dominique Baudis. L'enqu�teur � la retraite se d�fend �galement d'avoir manipul� ou �t� manipul� par les deux anciennes prostitu�es "Fanny" et "Patricia". Il reconna�t aussi ne pas avoir eu le temps d'enqu�ter plus � fond par exemple sur les liens entre Patrice Al�gre et les milieux varois et marseillais.
Michel Roussel �voque la personnalit� du tueur en s�rie, "un pr�dateur, une machine � tuer", "capable de pr�parer ses crimes comme de saisir une opportunit� qui se pr�sente".
Pour Pierre Mutz, directeur g�n�ral de la gendarmerie nationale, les critiques de Michel Roussel "concernant l'organisation de son ancienne unit�, ainsi que les m�thodes de travail des autres enqu�teurs (...), sont particuli�rement infond�es."
"A aucun moment, Michel Roussel n'a �t� �cart� de l'enqu�te" souligne M. Mutz, arguant d'une n�cessaire r�organisation de la cellule Homicide 31 du fait de l'�volution du dossier Al�gre. M. Roussel avait �t� "f�licit� pour son action opini�tre � la t�te de la cellule Hom 31", indique-t-il.
Pour Me Gilbert Collard, qui trouve "anormal qu'un ancien fonctionnaire tire profit de son ancien pouvoir d'enqu�te pour faire un livre", ces r�v�lations sont "une mise en cause frontale des institutions judiciaires, polici�res et de la gendarmerie". L'avocat de Patrice Al�gre attend "impatiemment" la sortie du livre pour voir si "ces affirmations sont �tay�es d'�l�ments objectifs".
Le d�fenseur de "Patricia", Me Rapha�l Darrib�re, a estim� quant � lui que les propos du gendarme Roussel �taient "tr�s courageux et pertinents", qu'il fallait en effet s'int�resser � tous ces meurtres non �lucid�s, qui sont "la face cach�e de l'iceberg". Il esp�re que "la justice prendra ainsi conscience qu'il y a encore beaucoup � faire dans ce dossier, et qu'elle s'en donnera les moyens".
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