C�te d'Ivoire: au proc�s du meurtrier de Jean H�l�ne, l'accus� nie en bloc
Jan 22, 2004
Le policier ivoirien Th�odore Dago S�ri a ni� mardi �tre responsable de la mort le 21 octobre du journaliste de Radio France internationale (RFI) Jean H�l�ne, au premier jour de son proc�s qui s'est ouvert � Abidjan dans une atmosph�re tendue.
Un service d'ordre avait �t� mis en place devant le tribunal militaire charg� de dire si le policier a tu� Jean H�l�ne avec son arme de service le 21 octobre au soir devant le b�timent de la Direction g�n�rale de la police (DGPN).
D�s l'entr�e du sergent, amen� menott� au palais de justice, la t�te recouverte d'une cagoule blanche, les esprits se sont imm�diatement �chauff�s, alors que photographes et cameramen tentaient de prendre des images de l'inculp�. Tous ont �t� repouss�s sans m�nagement par le service d'ordre dans une grande bousculade. Le photographe de l'AFP a ainsi re�u plusieurs coups de pied.
Un homme en uniforme usait de son sifflet et le pr�sident du tribunal militaire, Ahmed Coulibaly, tentait de ramener le calme allant jusqu'� menacer au micro de faire �vacuer le public si le silence n'�tait pas r�tabli. Dans la salle, quelques spectateurs, membres du comit� de soutien au policier, arboraient des T-shirts blancs au message clair recto verso: "Seri est innocent, lib�rez Dago S�ri".
Tandis qu'on lui �tait les menottes, le sergent S�ri, jean et chemise blanche, souriait.
Son sourire s'est cependant att�nu� lorsqu'il a clam� son innocence apr�s la lecture de l'ordonnance de renvoi accablante pour lui. Le pr�sident a commenc� � le bombarder de questions, faisant appara�tre de nombreuses contradictions dans ses r�ponses.

"Il vous est reproch� d'avoir commis un homicide sur la personne de Christian Baldensperger, alias Jean H�l�ne, reconnaissez-vous les faits?", demande le pr�sident du tribunal militaire Ahmed

Coulibaly. ""Non, je ne reconnais pas les faits", r�pond le sergent sous les applaudissements.
Il r�p�tera plusieurs fois au cours de l'interrogatoire: "je n'ai pas tir� sur quelqu'un".

Le sergent a reconnu toutefois avoir repouss� Jean H�l�ne avec son arme, avant d'ajouter qu'il avait alors entendu deux d�tonations presque simultan�es juste avant de voir le journaliste "tomber sur le c�t� et rester sans bouger".

Le proc�s s'est poursuivi mardi soir avec l'audition des t�moins � charge. Huit policiers, dont l'ancien directeur g�n�ral de la police nationale Adolphe Babi, limog� dans la foul�e du meurtre du journaliste fran�ais, se sont succ�d� � la barre.

Tous ont r�affirm� les d�positions faites pendant l'instruction, selon lesquelles le sergent S�ri avait re�u des consignes pour "laisser tranquille" jean H�l�ne qui attendait devant le si�ge de la police la lib�ration imminente d'opposants.

D'autres coll�gues ont confirm� avoir compt� les balles contenues dans le chargeur de la kalachnikov
saisie sur le pr�venu apr�s les faits, d�montrant selon le proc�s verbal qu'une �tait manquante.

Initialement pr�vu le 22 d�cembre, le proc�s, qui devrait durer deux jours, avait �t� repouss� � la demande de certaines parties, en raison de la proximit� des f�tes de No�l.

Jean H�l�ne, 50 ans, a �t� tu� alors qu'il attendait la remise en libert� d'opposants politiques pour les interviewer. Sa mort avait suscit� une vague d'indignation et de condamnations, tant en C�te d'Ivoire qu'� l'�tranger. De tr�s nombreuses voix s'�taient alors �lev�es pour d�noncer le climat de haine entretenu depuis des mois par des organes de presse proches du pouvoir contre les m�dias �trangers.

D�s l'ouverture du proc�s, les avocats de la d�fense ont tent� de contester le fait que l'employeur du journaliste RFI (Radio France Internationale) et l'organisation Reporters sans fronti�res (RSF) se soient constitu�es parties civiles, mais le tribunal les a d�bout�s.

Le civil appel� � d�poser est l'avocat des onze militants du Rassemblement des R�publicains (RDR de l'ancien premier ministre Alassane Ouattara, opposant num�ro un du r�gime). Lui aussi attendait leur sortie.

Pour des raisons de s�curit�, Me Soungalo Coulibaly a �t� autoris� par le tribunal, malgr� une protestation de la d�fense, � t�moigner � huis clos.

Quinze ans de prison requis contre le policier ivoirien
Au deuxi�me jour de son proc�s, une peine de quinze ans de prison a �t� requise mercredi � l'encontre du policier ivoirien jug� pour le meurtre du journaliste fran�ais Jean H�l�ne le 21 octobre dernier � Abidjan.

Pour le procureur militaire, le lieutenant Roger Koffi, "les faits sont objectifs et clairs". "Sery est bel et bien l'auteur du coup de feu dont la balle a tu� la victime, il ne peut y a avoir de doute", a-t-il dit dans son r�quisitoire.

Du c�t� des parties civiles, la famille de Jean H�l�ne a demand� 219.000 euros de dommages et int�r�ts, tandis que RFI r�clame une compensation symbolique d'un franc CFA.

"Ce n'est pas l'objectif essentiel de la famille, cependant au titre du pr�judice �conomique, la famille r�clame 3,5 million de francs CFA qui correspondent aux frais engag�s par la famille dans les obs�ques", a expliqu� Me Jean-Marc Delas, avocat de la famille. "Au titre du pr�judice moral", il a demand� 35 millions de francs CFA pour le p�re et la belle-m�re de Jean H�l�ne et 15 millions pour chacun des fr�res et soeurs Badensperger, (sept en tout).

L'avocat de RFI, Me Olivier Desandre, a accus� certains m�dias ivoiriens d'attiser la haine anti-fran�aise dans l'ancienne colonie. "La mort de Jean H�l�ne est imputable � une certaine presse, dont la ligne �ditoriale est la haine et la x�nophonie", a-t-il estim�, d�non�ant "cette presse dans laquelle Jean H�l�ne a �t� pr�sent� comme un espion". "Vous avez � juger un acte sans mobile apparent", a ajout� l'avocat de RFI. "Jean H�l�ne a �t� tu� pour ce qu'il �tait et non pour ce qu'il faisait"
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