Une ann�e d�cisive en Corse avant des �lections-cl� en 2004
Dec 31, 2003
Arrestation spectaculaire d'Yvan Colonna, interpellation de Charles Pieri, camouflet du non au r�f�rendum, attentats en s�rie, "tr�ve" d'une partie des clandestins: 2003 aura �t� une ann�e folle pour la Corse, avant des �lections territoriales qui pourraient, en mars, voir les nationalistes monter en puissance.

4 juillet 2003: des policiers du RAID d�guis�s en randonneurs bondissent en plein maquis sur l'assassin pr�sum� du pr�fet Claude Erignac. Yvan Colonna est arr�t�, au terme de quatre ann�es de cavale durant lesquelles il �tait inscrit au rang d'ennemi public num�ro 1 de la R�publique. Le ministre de l'Int�rieur Nicolas Sarkozy exulte.

Deux jours plus tard, les Corses disent non, � 50,78%, � la cr�ation d'une "collectivit� territoriale unique", nouveau statut qui renfor�ait son autonomie. Une vaste coalition contre nature soutenait pourtant le oui, faite d'une grande partie de la droite et de la gauche, alli�es pour la circonstance aux nationalistes, clandestins compris. "La victoire du non est un �chec pour moi", confesse M. Sarkozy.

Les deux �v�nements pr�cipitent une laborieuse union des nationalistes et creusent davantage encore les divisions � droite et � gauche : le puissant PRG se scinde en deux tout comme la clandestinit�. � droite, les barons se d�chirent. R�sultat : on n'attend pas moins de cinq ou six listes � droite comme � gauche aux territoriales de mars. Cette balkanisation risque fort, lors du renouvellement de l'Assembl�e de Corse, de donner aux nationalistes le titre tr�s convoit� de premier parti de l'�le, tandis que la r�gion pourrait se trouver encore moins facilement gouvernable que sous l'actuelle mandature.

Les nationalistes publics - ind�pendantistes et autonomistes - se rabibochent en effet � marche forc�e en apparence du moins car les divisions restent vives. Les mod�r�s obtiennent une tr�ve du principal mouvement clandestin : le 14 novembre, le FLNC-Union des Combattants (FLNC-UC), qui d�sire "accompagner" l'union, annonce dans le maquis qu'il "suspend" ses "actions militaires", "sans condition de lieu ni de temps". Le FLNC 3 d�cide, quant � lui, de continuer son activit� criminelle.

M. Sarkozy et les �lus corses se taisent.


Quinze jours plus t�t, le ministre qui louait jusqu'alors les vertus du dialogue a durci le ton. Il a d�clar� � la fin de l�impunit� � laissant entendre qu�auparavant l�impunit� r�gnait. Mais il est vrai que le ministre de l�int�rieur donne souvent l�impression de ne pas totalement ma�triser le verbe notamment lorsqu�il est pris par l��motion. Il avoue sa "na�vet�" d'avoir cru possible la discussion avec "certains" nationalistes et s'en prend d�sormais aux "nationalistes mafieux", qu'il oppose aux "nationalistes sinc�res".

Le 14 d�cembre, Charles Pieri, consid�r� comme l'un des leaders les plus influents du FLNC-UC, est interpell� et transf�r� � Paris. Nicolas Sarkozy r�ve de le voir "tomber comme Al Capone", ont �crit plusieurs journaux au rythme des perquisitions "financi�res" men�es en novembre notamment contre ses proches, �galement interpell�s. Les nationalistes, mod�r�s comme ind�pendantistes, hurlent un laps de temps tr�s court � la provocation et accusent M. Sarkozy de vouloir les diviser avant les �lections. Ils assurent qu'une liste unique, qu'ils annoncent pour d�but janvier, leur permettra de r�colter 30% des voix. Les observateurs avertis les cr�ditent de 20 � 30%. En fait l��viction de Charles Pieri arrange tout le monde et surtout les nationalistes pour qui l�image de marque du militant affairiste repr�sentait un handicap plus qu�un avantage.

M�me si cela ne suffit pas pour prendre les r�nes de l'Assembl�e, ce serait, jugent nombre de Corses, un nouveau coup dur pour l'image de l'�le aux yeux du reste des Fran�ais, pour le gouvernement et pour M. Sarkozy. Depuis la tr�ve du FLNC-UC, le rythme des attentats a marqu� le pas. Apr�s l'arrestation de Colonna et le verdict, jug� "inique" par les nationalistes, dans le proc�s du reste du commando Erignac le 11 juillet (de 15 ans � perp�tuit�), les bombes explosaient quasi quotidiennement.

Le bilan 2003 s'�tablit finalement � 273 attentats ou tentatives � ce jour, politiques et crapuleux confondus, contre 252 en 2002. Les quelques attentats depuis la tr�ve ont toutefois �t� commis avec des quantit�s d'explosifs impressionnantes. Les enqu�teurs les mettent � l'actif du second mouvement clandestin, le FLNC dit "du 22 octobre" qui, lui, n'a pas d�cr�t� de tr�ve.

L�ann�e 2004 s�ouvre sur une confusion qui devrait servir les int�r�ts des nationalistes qui devraient partir aux �lections sous plusieurs banni�res.

TOUT LE DOSSIER CORSE

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s