Quand l�h�ritier convole avec le grand argentier
Dec 30, 2003
Partisans et adversaires s'accordent � dire sans ambages que Jean-Claude Guazzelli allie comp�tence et rejet du sophisme. � la t�te de l'Agence de d�veloppement �conomique, il a port� � bout de bras un panel de dossiers structurants. D'aucuns se seraient repos�s sur leurs lauriers. Lui pas. Plut�t que de figurer en bonne place sur la liste lib�rale, rompt avec ce confort douillet et concr�tise un ticket avec Paul Giacobbi. Les deux hommes, � l'�vidence, n'ont pas choisi les chemins de la facilit�. Cela force le respect. L'un comme l'autre devant maintenant faire �uvre p�dagogique pour expliciter cette alliance qui s'inscrit dans une v�ritable strat�gie de rupture avec les sch�mas traditionnels, qui mod�lent depuis des lustres l'�chiquier politique.
L'�quit� commande � rappeler que pour Jean-Claude Guazzelli la d�cision fut longuement m�rie et se trouve aux antipodes d'une r�action circonstancielle.

Conscience

Voil� plusieurs mois d�j� il avait d'ailleurs annonc� dans nos colonnes qu'� l'issue de sa mandature il ne repartirait pas avec une �quipe qui se fondrait dans le moule d'un cartel �tiquet� depuis les bords de la Seine. Il affiche � l'inverse total libre arbitre et certitude d'airain car, reconstruire la maison Corse, mena�ant ruines, impliquait une responsabilisation collective devant �clore ici et nulle part ailleurs. � N'�tant pas par essence et principe un politicien, qui assimile un mandat � une rente, sa m�thode tranchait singuli�rement dans un landerneau, ou gauche et droite ont pour sacro-sainte habitude de se regarder en chien de fa�ence.

Aussi, instaura-t-il un espace de dialogue informel en associant syst�matiquement �diles de la majorit� et de l'opposition aux groupes de travail et comit�s de pilotage qu'il animait. � Un usage atypique que certains mirent sur le compte de l'inexp�rience du profane �manant de la soci�t� civile. � Toutefois cette sentence initiale fut rel�gu�e dans le tiroir aux oubliettes devant les votes unanimes qui paraphaient les documents qu'il pr�sentait. �l�gante mani�re de signifier que ces censeurs d'apparat n'avaient rien compris et �taient en total d�calage avec la prodigieuse acc�l�ration des �v�nements.

Credo

Ne s'engon�ant pas dans la fausse modestie et r�tif au syndrome de la gloriole, le proc�d� fut, en son for int�rieur, l'�clatante d�monstration qu'au-del� de l'id�ologie les bonnes volont�s pouvaient se fondre dans un creuset unique. � � condition que le credo soit le destin de la Corse. Celui qui ne confond nullement int�r�t g�n�ral et somme des int�r�ts particuliers. �

D�s lors, par une asc�se non pas politique mais psychologique et soci�tale, Jean-Claude Guazzelli d�cela et identifia ce qu'il nomme � les handicaps r�currents � qui freinent l'essor et maintiennent une communaut� sous le joug invisible mais tenace de l'immobilisme: L'id�ologie aveugle qui corsette, et projette une ombre port�e scl�rosant les initiatives salutaires.

Son exp�rience, p�trie de pragmatisme et d'une ardente volont� d'aboutir, le conforta dans le sentiment que le pire n'�tait pas s�r. Et que � la Corse qui gagne� ne devait pas rester un sempiternel slogan, propice aux st�riles incantations tenant lieu de dialectique politique. � Pendant des mois de ce qui s'apparentait � une cohabitation, dans une assembl�e sans majorit�,
les �changes voire les contradictions furent pour moi source d'enrichissement permanent de la r�flexion. Cette connivence objective �, faut-il le souligner, assur� le bon fonctionnement de l'institution, garantissant ainsi sa permanence. �Vous avez dit coexistence?

R�alisme

R�futant la philippique, il ne s'attarde pas � disserter sur les caciques qui, malgr� tout, ne peuvent s'emp�cher de le toiser encore avec la condescendance accord�e � ceux qui ne sont pas issus du s�rail.

Certes ils lui reconnaissent un bilan flatteur, qu'il pourrait sans crainte de d�menti revendiquer � titre personnel, mais que tels, au hasard des d�clarations, mettent � leur cr�dit, sans trop d'�tat d'�me. Il n'en a cure. �tre utile � la communaut� insulaire. Voil� son axiome. Un postulat. Le rem�de? Il coule de source, comme l'eau limpide de cette Castagnicda dont il est originaire: � Mes convictions personnelles m'incitaient � croire, a priori, qu'un autre v�cu politique pouvait s'imaginer m�me si les circonstances m'ayant amen� � �voluer dans un syst�me donn�, me commandaient � mettre un point d'honneur � privil�gier la conduite des dossiers et l'impulsion des projets.



V�rit�

Si�ger sur les bancs du conseil ex�cutif lui permit de valider son sentiment. De juger sur pi�ces. Mettant sous l'�teignoir l'opinion partielle et a fortiori partiale, il r�v�le sans fards ni atermoiements que l'exp�rience lui d�montra qu'en point d'orgue de l'apparente division qui sculpte les contours de la r�partition des groupes, la v�ritable partition s'effectue entre le ventre mou de l'Assembl�e, o� se confondent les figurants, les dilettantes, les beaux-parleurs. Mais aussi, et c'est heureux, le noyau de volontaires, des travailleurs, des engag�s entre lesquels, toutes ob�diences politiques confondues, finissent par se nouer des liens d'estime et de respect r�ciproques.

Une id�e encore confort�e par le processus dit de Matignon, ou durant les rencontres r�guli�res avec Lionel Jospin, certains � faisaient �uvre constructive en proposant et d'autres se muaient dans un �tourdissant silence. � S'il avait os� une formule cruelle, nul doute qu'il aurait dit que ces derniers n'avaient rien � dire, �tant pr�sent pour meubler.

Courage

Voil� appr�ciation qui l'autorise � �voquer l'attitude de maints coll�gues manifestant � la veille d'une �ch�ance �lectorale � une activit� confinant � l'activisme.�

En contrepoint, Jean-Claude Guazzelli a observ� depuis ces cinq derni�res ann�es le parcours de Paul Giacobbi. � Il a pris des positions courageuses au nom d'une conception moderne propice � d�barrasser l'�le de ses vieux d�mons. � Un bateau ivre, sans rep�res ni lisibilit�, qui implique l'av�nement de v�ritables timoniers sachant fixer un cap clair et le maintenir contre vents et mar�es. En un mot comme en cent, notre interlocuteur persiste et signe. Le naufrage peut et doit �tre �vit� par la conjonction d'�nergies, f�d�r�es par quelques personnalit�s assez fortes et percutantes osant s'affranchir de contingences surann�es.

� ses yeux, il n'est plus temps de tergiverser. Les petites r�volutions de palais, en un mot la pulitichella, n'ont plus droit de cit�. La donne politique �conomique et sociale s'est m�tamorphos�e Et le droit � l'erreur n'existe plus.
Devoir

Une �vidence encore peu partag�e dans le microcosme politique, mais qui frappe en onde de choc l'opinion publique. De mani�re diffuse ou exprim�e, chacun est intimement persuad� que ce scrutin peut �tre l'opportunit� de briser la mal�fique spirale qui happe une communaut� dans la paup�risation, l'assistanat, fertilisant le terreau de la violence, qui cloue tout essor durable au pilori.

R�futant la grandiloquence et la phras�ologie diplomatique, Jean-Claude Guazzelli atteste qu'un devoir moral s'impose, renvoyant aux calendes grecques les dissensions subalternes, fr�quemment entretenues et savamment distill�es pour masquer l'incomp�tence et l'absence de strat�gie. � Entreprendre, concr�tiser les id�es favoriser les initiatives. Voil� la magistrale trilogie qui doit �tre rapidement appliqu�e. �

Il d�plore en incidence que malgr� la criarde �vidence, facilement mesurable � l'aune des faits, �trop d'�lus vivent encore la politique comme un m�tier, englu�s dans des poncifs d'un autre �ge. Ils campent sur des positions de principe qui s'apparentent � une coupable absence de clairvoyance. � Et dans ce droit fil d'ass�ner sans m�nagement : � Plaider b�atement pour la continuit�, pr�ner la reconduction syst�matique des sch�mas pr��tablis, les condamne in�vitablement � nous resservir inlassablement des solutions faites. Et finalement � dupliquer sans discernement les sempiternelles r�ponses st�r�otyp�es, qui ont pourtant administr� la preuve de leur inefficacit�. �

Objectif

Persister serait plus qu'une faute, une erreur, selon le c�l�bre mot attribu� � Talleyrand. Jean-Claude Guazzelli annonce et prend date. Il d�cline l'insigne importance que recouvre la prochaine mandature. La demi-mesure �tant exclue, elle pourrait �tre celle de tous les espoirs, ferments de r�ussite, ou � l'inverse de tous les dangers, ingr�dients de l'implacable �chec.

Le tableau ourl� de lourds nuages peut toutefois s'�claircir. � Mais pour qu'un avenir soit encore possible il convient que se constitue un groupe soud�, enthousiaste, inventif, qualifi� et r�solu. � Toutes proportions gard�es voil� qui ressemble �trangement au � newdeal � imagin� par Roosevelt pour juguler la grande crise qui frappait son pays.

Braver les tabous imb�ciles d�cr�t�s par les partis nationaux, affronter les grands d�fis, construire un projet. Bref, ouvrir une troisi�me voie, celle qui ignore les sentiers battus, que foulent avec d�lice les r�actionnaires attitr�s et les jusqu'auboutistes patent�s. Voil� ce qu'il affiche comme seule et unique ambition.

Vision

Plus qu'un enjeu il s'agit d'un d�fi. � Pour le relever aucun nom ne s'est plus impos� dans mon esprit que celui de Paul Giacobbi. Notre rencontre n'a donc rien de fortuit. Elle est l'�pilogue d'une prise de conscience et la concr�tisation d'une autre vision de l'action publique et de l'engagement politique, que j'appelais depuis longtemps de mes v�ux.
Tout simplement...
Jean POLETTI

Paroles de J-C. Guazzelli

� Les r�f�rences id�ologiques me paraissent recevables quand il s'agit de l�gif�rer sur la d�fense nationale, la la�cit� ou l'�volution des retraites. Le bon sens me porte � cure que nos propres pr�occupations ont un impact trop imm�diat et trop direct sur nos conditions de vie pour que nous laissions l'Assembl�e de Corse s'enliser dans des oppositions doctrinales st�riles. �

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