Le s�nateur de la Corse-du-Sud et premier vice-pr�sident du conseil g�n�ral situe l'enjeu des prochaines territoriales. On n'entend plus beaucoup Nicolas Alfonsi, partisan du � non � au r�f�rendum. Il sort de sa r�serve dans Corse-Matin.
Votre silence pourrait surprendre devant ce bouillonnement pr��lectoral. Est-ce du d�sint�r�t?
Certainement pas. Se v�rifie aujourd'hui une vieille r�gle qui veut que l'occupation m�diatique soit dans le rapport inverse des dossiers que l'on traite. Les gros dossiers du conseil g�n�ral, j'y reviendrai un jour, me semblent suffisamment importants pour ne pas �tre habit� exclusivement par des pr�occupations m�diatiques. Ainsi ont �t� r�gl�s depuis un mois, ou seront r�gl�s dans les semaines � venir, les march�s des ports de commerce de Porto-Vecchio, de Bonifacio et de Propriano, la route de Cala Rossa jusqu'� St Cyprien, de Sperone et surtout, et c'est l'essentiel, le dernier tron�on de la route PortoCalvi inscrit au Contrat de Plan, portant sur des march�s de plus de 23 millions d'euros (150 ME). Nous aurons l'occasion d'y revenir. Pour autant, s'agissant des �lections r�gionales de mars, ce bouillonnement ne me surprend gu�re. Il est le fruit d'une r�gle �lectorale inadapt�e.
C'est-�-dire?
Afin d'�viter les 17 ou 20 listes qu'on nous annonce, j'avais demand� � Nicolas Sarkozy de relever le seuil � 7,5 % pour pouvoir �tre candidat au second tour et � 4 %, ce qui est important, pour pouvoir fusionner. Le ministre a refus�. On a fait l'inverse de ce que l'on devrait faire.
Pourquoi?
� partir du moment o� la consultation ne concerne qu'un faible nombre d'�lecteurs (120 000 ou 130 000 �lecteurs), compar� aux autres r�gions, il suffira de recueillir 6 000 suffrages, hors de tout choix politique, pour pouvoir influencer les options politiques d�cisives. Or, chacun sait que tout Corse est un candidat en puissance qui esp�re toujours pouvoir compter sur 6 000 de ses amis pour �tre �lu. Si les Corses allaient ainsi mutiler
leur suffrage, on se retrouverait ensuite dans des situations ing�rables.
Que redoutez-vous exactement?
Qu'on essaie de mettre entre parenth�ses le r�sultat du r�f�rendum. On a tent� de donner � celui-ci les explications les plus baroques. Or, a seule raison du succ�s du � non � doit �tre recherch�e dans le sursaut qui a conduit la communaut� corse, qui s'est remise, en cette circonstance, en possession d'elle-m�me, � refuser toute aventure institutionnelle et � revendiquer des institutions identiques, par le maintien des d�partements, � celles de la Nation tout enti�re. Les Corses ont ce jour-l� pris conscience du prix qui doit �tre attach� au suffrage. Ce comportement doit �tre salu� et cette prise de conscience maintenue lors des �lections de mars prochain. Il faut cesser de galvauder son suffrage pour des consid�rations subalternes.
L'opinion semble s'impatienter que vous soyez les seuls � �tre absents dans cette pr�campagne?
Qu'elle se rassure, on ne l'abandonnera pas. J'ai demand� � Emile Zuccarelli de conduire la liste d'union. Je peux dire aujourd'hui qu'il ne se d�robera pas. Nous n'avons, ni lui ni moi, l'habitude de fuir nos responsabilit�s. Toutefois, trois mois et demi nous s�parent des �lections. Rien ne justifie la pr�cipitation. Nous n'aurons qu'un objectif : faire en sorte que la communaut� corse ne se laisse pas voler, � cette occasion, le r�sultat du r�f�rendum qu'on avait d�j� tent� d'effacer par une proc�dure aussi st�rile que d�sesp�r�e devant le Conseil d'Etat. On sait le sort qui lui a �t� r�serv�.
Vous serez donc les gardiens vigilants de l'orthodoxie institutionnelle?
Absolument car, malgr� le fracas m�diatique, l'opinion a enfin pris conscience de tous les exc�s dont elle est victime et auxquels il convient de mettre un terme.
Quel est l'enjeu de la prochaine consultation?
Nous avons avec Emile Zuccarelli, J�r�me Polverini, d'autres encore, donn� un coup d'arr�t � une d�rive institutionnelle. Rien ne serait plus d�testable qu'un retour aux errements anciens. J'avais d�clar� que le r�f�rendum diviserait la Corse contre elle-m�me. La multiplicit� des listes actuelle n'est que la cons�quence de ces errements. La vraie responsabilit� politique aurait d� conduire les partisans du ' oui " et le gouvernement � y penser avant I Il y a quelque humour, d�s lors, de leur part � d�plorer aujourd'hui cet �tat de fait. Aussi, la pire hypoth�se serait de donner des majorit�s � des candidats peu fiables qui, il y cinq ans, refusaient toute r�forme, puis se faisaient les h�rauts du � oui ", apr�s les accords de Matignon et d�clarent, sans rire, aujourd'hui que les r�formes institutionnelles sont derri�re nous. Ainsi, ceux qui justifiaient la cr�ation de la � collectivit� unique � comme le pr�alable et l'instrument institutionnel indispensable au d�veloppement �conomique et au retour � la tranquillit� publique, ne trouvent que des vertus.., aux institutions actuelles, reconnaissant que la Corse est dot�e aujourd'hui de pouvoirs et de comp�tences consid�rables. Quel cr�dit accorder, d�s lors, � ceux qui ont chang� trois fois d'avis en si peu de temps ? Leur faire confiance serait leur donner un ' ch�que en blanc " car ils pourraient d�s le lendemain des �lections proposer, au gr� de votes volatils, de nouvelles motions, le contraire de la stabilit� qu'ils nous promettent aujourd'hui.
Propos recueillis par Jacques RENUCCI.
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