Ange Pantaloni, adjoint au maire d'Ajaccio, d�l�gu� aux sports, d�nonce dans cette tribune libre la violence qui s�vit en Corse.
La violence est un comportement humain ; aussi nul n'est assur� de n'y avoir jamais recours. Dans des circonstances donn�es, d'agressions injustes, n'importe quel homme peut user de la force brutale.
Mais il s'agit ici, non de cette violence individuelle li�e � des et de caract�re r�actif, mais de la violence concert�e, organis�e, � but politique, utilis�e par des groupes arm�s li�s � des mouvements nationalistes.
Comme tout parti politique, les mouvements nationalistes d�fendent leurs propres th�ses. Il revient aux citoyens �lecteurs d'appr�cier les buts propos�s et les moyens mis en �uvre pour y parvenir.
En tout cas, la d�mocratie exige qu'aucune th�se ne puisse servir de support, voire d'excuse, � l'action violente de groupes arm�s, ultra-minoritaires, responsables d'une trop longue s�rie de morts, de plasticages, rackets et menaces diverses. � c�t� de cette action, deux id�es d�velopp�es par des mouvements nationalistes me paraissent particuli�rement n�fastes pour notre jeunesse.
La premi�re est celle qui consiste � pr�senter les violents comme des � r�sistants �. Cela revient � les comparer � nos glorieux a�n�s confront�s au r�gime hitl�rien, alors qu'eux ne se donnent comme ennemi qu'une R�publique Fran�aise, certes imparfaite, mais aux valeurs universellement reconnues.
La deuxi�me est celle qui consiste � protester contre toute sanction d�cid�e par les tribunaux � l'encontre des auteurs d'actes r�pr�hensibles. Or la sanction est toujours r�paratrice et les fautifs doivent pouvoir b�n�ficier de ce que des philosophes appellent � le droit d'�tre puni
Ces id�es sont une tromperie dans le sens que la premi�re travestit l'histoire et que les deux ensemble, s'adressant � des jeunes, en qu�te de h�ros et pr�ts � s'enflammer, les incitent � mal d�buter leur vie d'homme.
� lnduva so i tempi, indu i mammi, � veghja, stanche morte, imparavani a i zitelli a rispetta ognunu, � a piu infucatti a attempa a a mattina a colara di a sera? �
� O� est le temps, o� les m�res, recrues de fatigue, � la veill�e, apprenaient aux fils le respect des autres et enseignaient aux plus � soupe au lait � � reporter au lendemain leur col�re du soir �.
Des nationalistes �voquent parfois la souffrance de militants qui, pouss�s par un id�al politique, se livrent � la violence. Il est vrai qu'un homme se sent diminu� dans sa qualit� d'homme apr�s avoir c�d� � des comportements violents, primaires.
Il est vrai aussi qu'est grande la douleur de parents qui ont leurs fils emprisonn�s et chacun se doit de la respecter.
Mais combien est forte et traumatisante la souffrance de ceux qui sont menac�s dans leur vie et celle de leurs proches, touch�s dans leurs biens et qui voient leur qualit� d'homme non diminu�e mais effac�e, ni�e par des gens qu'ils ne connaissent m�me pas et � qui ils n'ont jamais fait le moindre mal.
Quelle doit �tre la souffrance de l'innocent, les professeurs belges, l'infirmi�re ou le professeur continental, les Portugais de Frasseto, l'imam ou les pratiquants de la mosqu�e marocaine, la famille de tel gendarme, figures d'une longue litanie d'hommes et de femmes ni�s dans leur droit fondamental � vivre sur cette terre de Corse et parmi la soci�t� corse que l'on s'ing�nie, par ailleurs, � pr�senter si accueillante et si hospitali�re.
Les traditionnels communiqu�s de presse, s'ils sont n�cessaires, demeurent insuffisants.
Cette violence aveugle d�truit en profondeur la soci�t� corse.
Dans ce climat de crainte la d�linquance de droit commun prosp�re. Nombre de jeunes se trouvent sans rep�re, ni r�gle. Il revient � la soci�t� tout enti�re, menac�e dans son existence propre, de r�agir.
Porteuse de valeurs morales, elle est le mieux � m�me de mettre un terme, d'une mani�re d�mocratique et sereine, � cette violence.
Concr�tement, l� o� c'est possible, � chaque acte violent doit r�pondre une manifestation locale, populaire, citoyenne. C'est ce qu'ont fait, entre autre et r�cemment, les habitants de Poggio d'Oletta.
Chaque manifestation doit dire sa condamnation et sa volont� de voir arr�ter ces temps de violence, vieux de plus de vingt ans qui risquent d'�tre, aux yeux de l'histoire, les temps les plus noirs qu'une infime minorit� de Corses � la Corse et l'ensemble des Corses. �
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