Une enqu�te r�alis�e par l'observatoire r�gional de la Sant� aupr�s de 6 500 �l�ves, r�v�le que 21,6 % des enfants et des adolescents pr�sentent une surcharge pond�rale. Ces chiffres placent l'�le en t�te des r�gions fran�aises. Un article de Corse Matin et une analyse d�un p�dopsychiatre.
Plus de 21 % des enfants et des adolescents sont touch�s par l'ob�sit�. L�enqu�te � Surpoids et ob�sit� chez les jeunes et les adolescents en Corse � r�alis�e par l'organisation r�gionale de la Sant�, en partenariat avec 'Education nationale et l'URCAM de Corse, vient confirmer l'ampleur d'un ph�nom�ne qu'il convient d'aborder avec une certaine gravit�.
� C'est une priorit� de l'acad�mie � a soulign�, hier, le recteur Paul Canioni, au cours de la pr�sentation de cette enqu�te qui a �t� r�alis�e aupr�s de 6 500 �l�ves, inscrit dans les classes de CE2 et de 3e, aussi bien en Haute-Corse qu'en Corse-duSud.
En pr�sence des infirmiers de l'�ducation nationale, des m�decins, des mutualistes et des nutritionnistes, Jacques Fiamma, directeur de l'URCAM, Sauveur Merlinghi pr�sident de l'Urml de Corse et Jean Arrighi, directeur de l'ORS de Corse, ont pr�sent� les r�sultats pr�occupants de cette �tude.
Premier constat : l'enfant de 7 � 9 ans a une pr�valence de surcharge pond�rale sup�rieure au niveau national, 21,6 % en Corse contre 18 % dans d'autres d�partements.
Deuxi�me constat, ce ph�nom�ne s'amplifie. Une comparaison des ann�es scolaires 20022003 et 1996-1997 d�montre que la pr�valence de surcharge pond�rale chez les enfants en CE2 en Corse a augment� d'environ 3 % en six ans. On note par
contre, qu'il n'y a pas de diff�rence de surcharge entre les sexes � cet �ge-l�.
Troisi�me constat : un enfant sur quatre est victime de � surcharge s�v�re � et les probl�mes de surpoids sont plus fr�quents en CE2 situ� en ZEP urbaine.
Un adolescent sur cinq en surcharge s�v�re
Pour les �l�ves de 3e, la pr�valence de surcharge pond�rale est �galement sup�rieure au niveau national. Elle est 17, 7 % dans les deux d�partements insulaires, alors qu'elle est de 12,6 % sur le continent. Entre 14 et 16 ans, les gar�ons (19,5 %) sont plus touch�s que les filles (15,9 %). Cette diff�rence de trois points concerne essentiellement les adolescents en surcharge � mod�r�e �.
Par contre, on remarque que le risque de surpoids augmente en 3' pour les filles en retard scolaire. Autre observation, un adolescent sur cinq pr�sente � cet �ge-l�, une surcharge s�v�re � et la probabilit� de persistance de surcharge pond�rale de la premi�re enfance � l'adolescence augmente avec l'�ge de l'enfant.
Manque d'activit� sportive
Ainsi, l'ob�sit� reste une maladie qui demande une prise en charge pr�coce et sa pr�vention repose sur l'adaptation des comportements. Tour � tour les intervenants, ont mis l'accent sur la n�cessit� de prendre conscience de la surcharge pond�rale tr�s rapidement, de d�velopper des bonnes habitudes alimentaires et de pratiquer une activit� physique r�guli�re.
� L'�cole constitue le premier maillon de sauvegarde du capital sant�. C'est � l'�cole qu'on sensibilise aux bonnes habitudes � a pr�cis� le recteur qui a assur� de sa volont� de mettre en �uvre de nouvelles orientations de politique de sant� � l'�cole. � La sensibilisation des individus doit �tre accrue et doit s'accompagner d'actions de pr�vention, de s�ances d'�ducation � l'hygi�ne alimentaire� � a-t-il soulign�.
L��tat d'alerte est d�clench� en ce qui concerne l'ob�sit� chez les jeunes. Reste � pr�sent � chacun, et notamment aux familles, � prendre conscience de ce fl�au et � agir en cons�quence, car la sant� des jeunes c'est l'affaire de tous.
Paule CASANOVA.
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Commentaire de P. E. p�dopsychiatre.
Les r�sultats de cette �tude ne sont gu�re surprenants. Ils ne font que confirmer la tendance qui s�affirme depuis dix ans d�j�. Or les raisons de cette ob�sit� affirm�e chez les enfants trouvent ses pr�mices chez l�adulte. La Corse est aussi malheureusement en t�te des r�gions pour ce qui concerne l�ob�sit� concernant les adultes : 24% dans notre �le.
Il faut savoir que l�ob�sit� a comme complication tr�s grave le diab�te et que le diab�te peut entra�ner surdit� et c�cit� au terme d�un long et douloureux parcours. Dans ce domaine comme dans bien d�autres la Corse montre la voie � ne pas suivre.
L'ob�sit� est devenue la premi�re maladie non infectieuse de l'Histoire. C'est une v�ritable �pid�mie qui frappe aussi bien les pays industrialis�s que les pays en voie de d�veloppement. L'Organisation Mondiale de la Sant� place actuellement sa pr�vention et sa prise en charge comme une priorit� dans le domaine de la pathologie nutritionnelle.
- Sur 6 milliards d'individus, 3 milliards sont sous-aliment�s et les autres sont en train de devenir ob�ses.
- 50 % des Am�ricains sont en surpoids et 25 % franchement ob�ses.
- Dans certaines �les du Pacifique, l'ob�sit� affecte pr�s de deux tiers de la population.
- L'Europe compte 30 % d'adultes en surpoids et le nombre d'enfants ob�ses a doubl� en cinq ans.
- On d�nombre en France 8 millions d'ob�ses, de 100 000 � 200 000 ob�sit�s massives (IMC > 40). Un tiers de ces patients sont hypertendus, un tiers diab�tiques et un tiers hyperlipid�miques.
- Sur le plan national, la pr�valence de l'ob�sit� a augment� d'environ 45 % entre 1987 et 1996.
- D'un point de vue r�gional, il y a une r�partition tr�s in�gale de ce ph�nom�ne sur le territoire fran�ais : les campagnes sont plus affect�es que les villes, le pourtour m�diterran�en subit une �volution particuli�rement rapide et d�favorable...La Corse est la r�gion o� il y a la plus forte pr�valence de France avec un maximum de
24 % d'ob�ses.
- Une progression inqui�tante car elle porte sur des individus de plus en plus jeunes.
Une �tude sur les jeunes conscrits avait d�j� mis en �vidence d�importantes disparit�s entre r�gions, avec des pr�valences du surpoids qui varient de 11 % � 24 %. Les taux les plus �lev�s sont observ�s chez les jeunes hommes des r�gions du Nord de la France (Nord Pas-de-Calais, Picardie, Haute-Normandie, Champagne-Ardenne), ainsi qu�en Corse et en Midi-Pyr�n�es. Les r�gions de l�Ouest, Pays-de-la-Loire, Basse-Normandie et surtout Bretagne, connaissent les taux les plus bas. D�sormais la Corse est pass�e en t�te des r�gions.
Le nombre d�infarctus du myocarde est estim�, entre 110 000 et 120 000, par an, et celui des accidents vasculaires c�r�braux � 130 000. Il existe de grandes variabilit�s de mortalit� selon les r�gions. La Bretagne, ainsi que les r�gions du Nord et de l�Est de la France connaissent une nette surmortalit� par cardiopathies isch�miques. Pour les accidents c�r�brovasculaires, les r�gions en situation de surmortalit� sont plus dispers�es : Bretagne, Nord Pas-de-Calais, Alsace et Lorraine, Corse et pour les hommes, Limousin.
En Corse, les causes de cette �pid�mie sont pour les adultes la voiture, le travail s�dentaire et en g�n�ral le manque d�activit�s physiques. M�me les chasseurs se rendent sur le lieu de leur poste en 4X4. Ajoutons � cela une alimentation plus facile � obtenir, de regrettables habitudes alimentaires qui �taient, hier, justifi�es par des travaux lourds et voil� les raisons de l�ob�sit� corse pour les adultes. Il faut savoir que l��quivalent d�un croissant pris chaque jour soit 400 calories font prendre � un individu normal cinq kilos suppl�mentaires par an soit quinze kilos en trois ans. Or quinze kilos de trop m�nent en g�n�ral � l�ob�sit� m�dicale.
Si la Corse a un taux de cirrhose quatre fois inf�rieur � celui du Pas-de-Calais, elle se place en t�te des maladies cardio-vasculaires souvent cons�quence d�une ob�sit� pr�coce. � cela deux raisons essentielles : l�abus de nourritures � forte teneur en graisses animales (fromages et charcuteries essentiellement) et des cigarettes en partie d�tax�es.
Concernant les enfants et les jeunes en g�n�ral, la Corse est en t�te pour la mortalit� par accident de la route et pour les IVG. Elle se situe dans le peloton de t�te pour la s�ropositivit�. Elle est enfin l�une des r�gions les plus mal plac�es pour ce qui concerne la r�ussite scolaire.
L�ob�sit� a comme explication outre une alimentation d�plorable, un d�clin tragique des activit�s sportives et des stations trop longues devant les consoles de jeux ou la t�l�vision. Enfin les jeunes disposent trop t�t de moyens de locomotions qui r�duisent � z�ro les quelques efforts provoqu�s par la marche � pied.
De tels sympt�mes sont gravissimes car il condamne des g�n�rations � la maladie voire � l�infirmit�. Il convient de d�finir les attitudes qui provoquent cette �pid�mie et de tenter d�y rem�dier. Il y a � l��vidence un effort � faire sur l�alimentation. Mais avant tout, il faudrait revoir l�attitude qui consiste � mettre l�enfant sur un tr�ne et � ne rien lui interdire. En Corse l�alcoolisme est en train de provoquer des ravages chez les jeunes tout comme les drogues, douces et dures.
Mais la responsabilit� des parents est immense. En ne refusant rien � leur prog�niture, ils creusent leur tombe. Ces maux sont le signe d�une soci�t� d�structur�e qui ne sait plus prendre ses responsabilit�s. Si les adultes continuent � se comporter comme des enfants et les enfants comme les nouveaux adultes, il y a fort � parier que dans cinq ans les nouvelles �tudes montreront une progression du mal.
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