Quand Patrice Al�gre rentre chez un juge d'instruction, depuis son arrestation en septembre 1997, c'est pour s'expliquer sur de lourdes accusations. Hier � Toulouse, le tueur en s�rie a b�n�fici� du statut de � t�moin assist� �. Une nouveaut� qui le place au m�me niveau que Dominique Baudis ou le vice-procureur Marc Bourragu�, d�j� entendu dans le dossier ouvert notamment pour viols et prox�n�tisme aggrav� par le parquet de Toulouse le 15 avril.
Le t�moin assist� Al�gre s'est expliqu� pendant plus de deux heures dans le bureau de la juge Nicole Bergougnan. � l'issue, ses avocats se sont empress�s de pr�ciser : � Ce statut a une raison pr�cise. Il n'existe pas dans ce dossier de charges suffisamment lourdes, pr�cises et concordantes pour le mettre en cause �.
Mes �douard Martial et Gilbert Collard ont d'ailleurs qualifi� de � burlesques, sinistres mais burlesques �, les charges en question. Les ex-prostitu�es Fanny et Patricia l'accusent notamment d'avoir �t� le fournisseur en jeunes femmes, et en coca�ne, de certains milieux hupp�s, excit�s par des soir�es sadomasochistes. Mais aussi d'avoir �t� le bras arm� de certains notables et le contact de policiers ripoux� Les avocats du tueur ont aussi pr�cis� : � Ces �lucubrations blessantes et m�chantes qui ont d�stabilis� beaucoup de monde, auraient �t� imm�diatement arr�t�es si notre client avait �t� entendu plus t�t �. Et tout en rappelant qu'ils vont agir en justice contre Karl Z�ro qui n'aurait pas vers� les 15 000 euros pr�vus � leur client pour ses pseudos aveux (il s'est r�tract� depuis), ses avocats affirment, eux aussi, vouloir aller au bout de cette histoire. � On veut savoir ce qui s'est pass�. Pourquoi certains ont eu int�r�t � faire croire � cette th�se �.
Une question qui int�resse, sans doute, aussi les juges. En tout cas, Nicole Bergougnan et Thierry Perriquet ont d�cid� d'avancer apr�s les longues v�rifications men�es par les gendarmes. Aujourd'hui, Thierry Perriquet va poursuivre la confrontation entre � Fanny � et Marc Bourragu�, commenc�e voil� 15 jours. Et Nicole Bergougnan va entendre Lakhdar Messaoud�ne. L'ancien prox�n�te, accus� lui aussi par d'ex-pensionnaires du trottoir, dort toujours en prison et son avocat s'impatiente. Me Benamghar est d'autant plus agac� qu'il a r�cup�r� un courrier de l'administration p�nitentiaire o� le directeur de la maison d'arr�t de Carcassonne estime qu'il faut transf�rer le d�tenu pour le � d�stabiliser �. � � quoi joue-t-on ? Pourquoi faut-il d�stabiliser mon client ? Qui a donn� cet ordre ? Il est le seul d�tenu dans cette histoire alors qu'il r�pond � toutes les questions et que les charges qui p�sent contre lui s'effondrent les unes apr�s les autres. C'est peut-�tre cela le probl�me� Lakhdar Messaoud�ne ne servivra pas de bouc �missaire ! �.
(la D�p�che du Midi, Jean COHADON)
Patrice Al�gre nie tout
Le premier rendez-vous entre Nicole Bergougnan, juge d'instruction � Toulouse, et Patrice Al�gre, tueur en s�rie, aura dur� trois heures. Trois heures d'un dialogue impossible et st�rile. Patiemment, la magistrate a lu les d�positions des ex-prostitu�es qui ont accus� Al�gre d'avoir �t�, au d�but des ann�es quatre-vingt-dix, au centre d'un r�seau de prostitution impliquant des policiers et des notables dans le quartier de la gare Matabiau de Toulouse. Avec une r�gularit� de m�tronome, le tueur a ni� toute implication. � Je ne connais pas ces filles �, a-t-il dit � propos de � Patricia � et de � Fanny �, les deux t�moins principaux du dossier. � Cela ne me concerne pas �, a-t-il r�pondu lorsque M m e Bergougnan lui a relu � voix haute les d�positions sordides des jeunes femmes. L'information judiciaire ouverte le 15 avril dernier contre � Patrice Al�gre et tous autres � pour � prox�n�tisme en bande organis�e, viols aggrav�s et complicit�, tortures et actes de barbarie et viols sur mineures par personne d�positaire d'une autorit� publique � n'aura donc gu�re progress� hier.
Infime contradiction
Le nouvel avocat de Patrice Al�gre, Gilbert Collard, va plus loin. � On peut dire avec beaucoup de s�r�nit� que l'interrogatoire a permis de d�gonfler d'une mani�re �poustouflante toutes les accusations �, a-t-il d�clar�. Patrice Al�gre, cl� de vo�te de ce dossier sulfureux, n'a d'ailleurs pas �t� mis en examen mais entendu, comme avant lui Dominique Baudis et le substitut Marc Bourragu�, avec le statut de � t�moin assist� �. Les d�n�gations ent�t�es de Patrice Al�gre ont surtout d�montr� que ce dossier manquait cruellement de preuves mat�rielles, ce qui n'est gu�re surprenant pour des faits qui remontent � plus de dix ans. � Al�gre s'est referm� comme une hu�tre, explique une source proche du dossier.
Il ne parlera plus et laisse la justice face � un mur infranchissable. � Cette information judiciaire repose essentiellement sur les confidences des anciennes prostitu�es. Patricia d'abord qui, le 8 janvier dernier, d�clarait aux gendarmes : � Patrice mettait des filles sur le trottoir avec la collaboration de Lakhdar Messaoudene. � Fanny ensuite, le 11 f�vrier : � Al�gre, je l'ai vu choper des dizaines de filles. Il ne les a pas toutes tu�es mais je peux pas vous en parler aujourd'hui. Je vous confirme que Patrice montait avec 98 % des prostitu�es. Et il en manquait un grand nombre. Il est mont� aussi avec des mineures qui �taient consentantes, soit par la peur soit par la came. � Depuis ces d�positions, Patricia et Fanny ont perdu une part de leur cr�dibilit�.
La premi�re a �t� mise en examen pour � faux t�moignage �, la seconde s'est piteusement excus�e d'avoir mis en cause Dominique Baudis. Mais la pr�sence de Patrice Al�gre dans le quartier Matabiau � l'�poque, ainsi que son r�le dans le milieu de la prostitution et de la drogue, ont �t� recoup�s par d'autres t�moignages. Le tueur lui-m�me a vari� dans ses d�clarations. Le 30 mai, devant le juge Lemoine, il confirmait les propos de Patricia et Fanny. � Elles disent la v�rit� lorsqu'elles parlent de soir�es sado-masochistes � avant de se r�tracter brutalement et de changer d'avocats. Aujourd'hui, il nie tout, admettant seulement avoir � pris l'ap�ritif � avec le substitut Marc Bourragu�.
Cet apr�s-midi, Nicole Bergougnan entendra Lakhdar Messaoudene, le complice pr�sum� d'Al�gre � l'�poque. Messaoudene, d�j� condamn� pour prox�n�tisme aggrav� en 1992, a admis avoir � crois� Patrice Al�gre dans des caf�s du quartier de la gare � mais � sans vraiment le conna�tre �. Hier, le tueur en s�rie a affirm� haut et fort qu'il ne connaissait pas Lakhdar Messaoudene. Une infime contradiction que la juge Bergougnan tentera d'exploiter. Sans trop d'illusions.
(Le Parisien Fr�d�ric V�zard )
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