Des � Secrets d�actualit�s � �vent�s voire franchement insipides
Oct 7, 2003

L��mission se nomme � Secrets d�Actualit� �. On s�attend donc en bonne logique � une �mission multipliant les r�v�lations, d�voilant des pans entiers d�une connaissance secr�te. D�autant qu�il s�agissait de l�arrestation d�Yvan Colonna, �pisode de la vie fran�aise sur lequel nous avons la pr�tention d�en savoir peut-�tre un peu plus que nos �minents et omniscients coll�gues.

Sans vouloir � tout prix mettre L�investigateur au centre de cette arrestation, nous pouvions pr�voir, par simple d�ontologie journalistique, � ce que l��pisode concernant la rencontre entre Bernard Squarcini, num�ro deux des RG et Ma�tre Sollacaro l�avocat de Colonna, soit cit�. Et peut-�tre m�me, le nom de L�investigateur aurait pu �tre prononc� puisqu�il a �t� d�crit comme un des modestes �l�ments de cette affaire.

Vous rigolez ou quoi ? Nous avons eu droit � un r�cit de grand-m�re bienveillante racont� par Claude Gu�ant, le directeur de cabinet de Sarkozy qui, au passage, s�est un peu emm�l� les pinceaux dans les d�tails. Mais qu�importe le vin pourvu qu�on est l�ivresse. L�un des premiers policiers du royaume de France �tait la colonne vert�brale du reportage. Belle diversification des sources.

Et pour l�appuyer deux journalistes accr�dit�s aupr�s du minist�re de l�int�rieur se livrant � une marche de soutien � Gu�ant. Un bel exercice de travail en commun. Au centre donc, Gu�ant tandis qu�� sa droite Bruno Jeudy le journaliste du Parisien qui suit Sarkozy jusque dans les endroits les plus intimes brodait sur les secrets que le ministre lui avait livr� le matin de l�arrestation � parce qu�il ne pouvait en parler � personne �.

� la droite de Gu�ant donc Personne charg� de jouer les �chos du policier. � sa gauche, le finaud de la bande, le visage barr� d�une �ternelle banane satisfaite, le journaliste qui se fait tour � tour Sarkozy ou Colonna, le magicien de la plume : Christophe Deloire, le faire valoir de Gu�ant. Tr�buchant sur la terrifiante v�rit�, inventant au passage des d�tails (ah la cam�ra qui prend des photos floues de l�ext�rieur alors qu�elle est cens� avoir �t� mise � l�int�rieur des bergeries� ou encore la rose tatou�e sur l��paule de Colonna qui aurait remplac� une t�te de maure que les policiers n�auraient d�tect� qu�au troisi�me jour sur un clich� tellement flou qu�une m�re n�y reconna�trait pas son petit� Et la superposition de la photo du fr�re sur la t�te d�Yvan Colonna pour �tre s�r qu�il s�agit bien du fugitif).

Dommage que ce morceau de bravoure soit pass� � minuit, l�heure du crime. C��tait une formidable le�on de journalisme � montrer � tous les rouletabille en herbe. Et le pr�sentateur Laurent Delahousse semblait conna�tre son sujet comme nous la sexualit� des vigognes du Haut P�rou. C�est dire.

De Squarcini, il n�en a m�me pas �t� cit� la premi�re lettre de son nom. L�investigateur : profits et pertes. Un r�cit de chroniqueur m�di�val au profit de son b�n�factor et m�c�ne. Du pur sucre pour la police et pour Nicolas Sarkozy dont on regrettera pourtant une photo qui laissait entrevoir un ventre par trop saillant alors qu�il eut �t� facile, par un habile montage de le doter d�une carrure d�athl�te. Apr�s tout pourquoi pas !

On aura au moins appris que le fugitif le plus recherch� de France avait pu dispara�tre sept heures sans �tre suivi et que, Dieu merci, il �tait revenu dans la nasse. Nous avons �crit qu�il �tait all� � Olmeto et qu�il avait fait savoir qu�il �tait surveill�. Mais pourquoi tomber dans de pareils d�tails.

On aura su que l�homme qui avait eu peur de deux randonneurs � midi ne s��tait pas m�fi� de deux policiers d�guis�s en randonneurs � 18 heures. On sait d�sormais qu�Yvan Colonna se baladait dans le maquis avec son sac � dos bourr� de livres, d�un appareil de musculation plus ses oies, son paon et son chien. Un cirque ambulant cet Yvan Colonna

Et pour terminer un petit sur notre ami l��nigmatique Ma�tre Sollacaro chez qui la parole h�site � passer entre un borgborysme et un � heuuu � transitoire. Il a r�p�t� l�innocence de son client ce qui est son m�tier puis il a sembl� s�absenter par l�esprit. Une soir�e passionnante durant laquelle, Dieu merci, l�actualit� ne nous a livr� aucun de ses secrets et ce soir l� le journalisme fran�ais ressemblait � celui de la Pravda. Mais qu�il est dur d��tre accroc d�une seule et m�me source : la direction du minist�re de l�Int�rieur.

La prochaine fois, cher Laurent Delahousse, venez nous voir. Vous verrez le journalisme, �a peut �tre passionnant. � condition d�accepter de d�plaire.

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