Monsieur Raffarin n�est pas un homme habile m�me s�il le cro�t. En une p�riode d�inqui�tude sociale, il conviendrait de satisfaire les plus malheureux au risque de d�plaire un peu aux plus nantis. Dans une d�mocratie et c�est heureux, la voix d�un pauvre vaut celle d�un puissant. C�est ce qu�avait compris le g�n�ral de Gaulle et avant lui, ces � sauveurs � que l�on d�signait sous le nom de Bonaparte. Quand la pauvret� gagne c�est un sentiment d�injustice qui habite la grande masse du peuple. Il faut alors trouver une r�f�rence commune qui permette � chacun de transcender ses �go�smes et ses corporatismes.
Or le Premier ministre et son alter ego du patronat le baron Seill�res donnent des plus nantis une image ex�crable et dominatrice. Non seulement, ils sont incapables de g�rer les affaires qu�ils sont cens�s mener � bien mais ils ne cessent d�en rejeter la faute sur les plus d�munis. C�est insupportable.
Le parti communiste qui, hier, canalisait, le ressentiment ouvrier vers une raison obtuse mais sage, n�existe quasiment plus. Le Parti socialiste ne parvient pas � se remettre de son absence au second tour des pr�sidentielles. Noy�e dans des guerres intestines, la seule figure qui apparaisse au niveau national est encore et toujours le calamiteux Lionel Jospin, l�homme justement de la d�faite.
� droite, le scandale du RPR et des emplois fictifs est en voie d��liminer Alain Jupp�. La droite ne veut pas d�un Nicolas Sarkozy, trop intelligent et donc trop dangereux. C�est le message qu�a fait passer Madame Chirac en n�imaginant mal son mari � la retraite. Il est vrai que la retraite du pr�sident risque fort de se muer en d�b�cle judiciaire. Les juges attendent Jacques Chirac au tournant de son d�sinvestissement politique. Le pr�sident ne veut donc pas d�un Sarkozy au mieux de sa forme. Il va lui proposer le poste de premier ministre en esp�rant qu�il se grillera les ailes � ce feu maudit.
Il oublie cependant qu�un premier ministre a su devenir Pr�sident de la R�publique : lui-m�me. Et c�est bien ce que Nicolas Sarkozy esp�re : devenir l�homme providentiel. C�est pourquoi, lanc� dans sa logique s�curitaire, il propose un fichier des d�linquants sexuels, un fichier des fumeurs de joint etc.
Pourtant deux loups les attendent au coin du bois : celui de l�extr�me-gauche d�abord, dernier lieu de concentration des illusions d�un dix neuvi�me si�cle qui n�en finit pas de se consumer. Mais il faut accorder � l�extr�me-gauche le b�n�ficie de l�endurance et l�illusion de la coh�rence. Pr�tendant exprimer le sentiment des altermondialistes, elle peut s�duire bon nombre d��lecteurs perdus et surtout d�sesp�r�s de ne plus pouvoir r�ver.
Plus dangereux est cependant l�extr�me-droite. Ne parlons pas d�un Le Pen, presque ridicule de m�galomanie mais plut�t de la rel�ve. Quand Le Pen jouait � l�ancien combattant le drapeau viss� � l�entre-deux jambes, le menton en avant, la voix basse, sa fille a compris que dans le monde � venir, il fallait parvenir � proposer des projets viables au peuple. Elle sait aussi que le monde de demain sera un monde de contrastes et de diversit�. C�est pourquoi elle va jouer sur deux tableaux : ouverture dans le pays m�me. Et le directeur de cabinet de Le Pen en est l�incarnation lui qui propose pour la Corse, un statut que ne renieraient pas les corsistes et autres autonomistes. Mais le pendant de ce qui pourrait appara�tre comme une avanc�e sera un repli identitaire tr�s fort.
Le Front national va tenter de prendre une fois pour toutes la place du parti communiste dans les bastions sinistr�s de l�industrie lourde. Et pour ce faire, il va mettre en avant la pr�f�rence nationale en tout. Il pourra m�me lever l��tendard de la r�volte sociale contre les � deux cents familles � qui tiennent les r�nes de la France et ne savent pas partager.
L�impact risque d��tre d�sastreux pour la droite mais aussi pour la gauche. Dans une p�riode qui exige de l�enthousiasme, des efforts et des sacrifices, on ponctionne encore et toujours ceux qui n�ont plus grand-chose � donner. Pire, on commet des impairs qui claquent comme des insultes sociales ou alors des mensonges d�risoires.
Ainsi la baisse des imp�ts devient une gal�jade puisque dans le m�me temps les imp�ts locaux, autrement plus injustes, augmentent substantiellement. Les imp�ts baissent mais la vie augmente. Les imp�ts baissent mais le ch�mage grimpe. On se plaint d�une industrie en rade mais on baisse les cr�dits de la recherche fondamentale, essentielle dans la recherche appliqu�e de demain.
Claude All�gre d�non�ait en son temps la main mise d�une nouvelle aristocratie sur la France : la technocratie. Et il avait raison. Elle poss�de ses propres fili�res. On s�y marie comme autrefois on se mariait entre sang-bleu. On fait mine de se disputer des id�es quand on s�entend comme larrons en foire. Quelques questions sonnent comme le tocsin : o� ont fil� les milliards du Cr�dit Lyonnais ? Pourquoi la France paye-t-elle pour les gains du milliardaire Pinaut, l�ami du Pr�sident ?
Ces questions lancinantes n�ont pas le droit d��tre pos�es dans la presse bien pensante : � populisme � � poujadisme � s�entend-on r�pondre aussit�t. He bien d�accord, nous sommes populistes et donc de bon sens. Nous affirmons ici qu�il est injuste que ce soit toujours les m�mes qui s�en mettent plein les poches et parviennent � s�en tirer. Voleurs en cravate, notables porcins : la France cr�ve de n�avoir plus le sens de son propre honneur. Elle pr�f�re se laisser aller � des querelles d�un autre temps : la collaboration, la guerre d�Alg�rie�
Et les jeunes d�aujourd�hui, ceux qui se sentent profond�ment europ�ens voire enfants de la Terre que leur explique-t-on ? � ce jour, seuls les altermondialistes pr�tendent apporter une r�ponse humaine. C�est pourquoi les deux extr�mes vont gagner beaucoup de voix sans d�ailleurs que cela apporte la moindre solution aux questionnements d�une humanit� qui change de cap.
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