La gauche, le mythe errant de la Corse
Oct 31, 2003
La gauche se r�veille et reproche � Sarkozy ce qu�elle n�a jamais r�ussi � faire en Corse durant en vingt ans

Le Premier secr�taire du Parti socialiste Fran�ois Hollande a trouv� "assez incroyable" jeudi que Nicolas Sarkozy "ait mis 18 mois � s'informer de l'existence d'un syst�me mafieux en Corse".

"Qu'il ait mis 18 mois � s'informer de l'existence d'un syst�me mafieux est assez incroyable, paradoxal", s'est �tonn� Fran�ois Hollande sur France-Inter. "Tout le monde sait que le syst�me mafieux (....) touche les milieux nationalistes, comme d'autres milieux d'ailleurs".

Pour le patron du PS, "qu'il ait ferm� les yeux sur cette r�alit� prouve qu'il n'a pas toujours le sens de la bonne r�activit�".

"En plus", a-t-il poursuivi, "il a utilis� un mot qui est celui de 'na�vet�'. Il dit 'j'ai �t� na�f par rapport � l'existence d'un syst�me mafieux'". "Je ne voudrais pas avoir la cruaut� de lui rappeler que le mot 'na�vet�' avait �t� utilis� justement par Jacques Chirac pour caract�riser la politique � l'�poque de Lionel Jospin en disant 'ce n'est pas une excuse, c'est une faute'".

Bref, la Corse n�int�resse gu�re Fran�ois Hollande occup� qu�il est � exister � travers cet art si fran�ais de la petite phrase. Tout le monde s�en fout mais il faut quand m�me la placer. Fran�ois Hollande serait bien inspir� de cogiter sur l�action de la gauche lorsqu�elle �tait au pouvoir. Elle a pactis� avec le FLNC Canal habituel. Et quoique pr�tende Michel Charasse, elle ne s�est jamais attaqu�e au syst�me FLNC qui n�est pas un syst�me mafieux mais le syst�me habituel de toutes les organisations clandestines. On peut �videmment mettre dans la m�me bo�te, les organisations d�extr�me-gauche et d�extr�me-droite qui pratique � l�imp�t r�volutionnaire �. On peut y rajouter les partis l�gaux qui ont oblig� des chefs d�entreprises � verser leur obole � � leurs justes causes � en �change de march�. On peut pr�tendre que le monde entier est mafieux. On aura noy� le poisson sans avancer d�un pouce.

Il n�y a pas de mafia en Corse mais une soci�t� malade, bloqu�e pour qui la violence est une mani�re de s�adapter. C�est pourquoi tout en ayant tort sur l�adjectif de mafieux utilis� d�magogiquement en direction du continent, Nicolas Sarkozy a raison de pr�ner le d�veloppement �conomique.

Le ministre a annonc� que des "adaptations l�gislatives" pour la Corse, sur des textes tels que la loi Montagne ou la loi Littoral, sont "tout � fait possibles � titre exp�rimental".

Toujours � gauche l�in�narrable Julien Dray, ancien militant de la Ligue communiste r�volutionnaire et avatar social-d�mocrate de L�on Trotski, ironise lui-aussi s��tonnant qu'il ait "fallu 18 mois � Nicolas Sarkozy pour d�couvrir l'implantation d'un syst�me mafieux" en Corse.

Dans un communiqu�, M. Dray ajoute que la commission parlementaire pr�sid�e par le socialiste Jean Glavany "l'avait soulign� d�s 1998". Julien Dray a de mauvaises archives. Le mot avait d�j� �t� prononc� en 1975 apr�s le drame d�Aleria. Puis il est r�guli�rement revenu sur la table d�s le pouvoir avait besoin de r�primer.

"S'il faut �videmment lutter avec fermet� contre ce syst�me mafieux, qui n'est d'ailleurs pas que le fait de militants nationalistes, il est surtout urgent et indispensable de mettre en �uvre des mesures en faveur du d�veloppement de l'�le", poursuit M. Dray qui n�a fait que paraphraser Nicolas Sarkozy.

Parler, parler sans arr�t il en restera toujours quelque chose.

Dans Lib�ration dat� du 30 octobre, le d�put�-maire de Bastia, �mile Zuccarelli, h�raut du � non � en toute occasion, s�exprime interrog� par le journaliste Christophe Forcari sous le titre �Le ministre est tomb� dans le pi�ge nationaliste�

La m�thode Sarkozy a-t-elle montr� ses limites ?

Je ne vois pas bien la diff�rence que l'on peut faire, s'agissant de la Corse, entre la �m�thode Sarkozy� et celle de certains de ses pr�d�cesseurs. La violence perdure dans l'�le depuis longtemps. Et des attentats, tr�ve ou pas tr�ve, il y en a des centaines tous les ans. Les poseurs de bombes ont, depuis des ann�es, utilis� la moindre perspective d'�volution institutionnelle comme un outil de l�gitimation de leur action. Ce cycle infernal �attentats-n�gociation-attentats� dure depuis vingt ans. L'objectif des dirigeants nationalistes n'a plus grand-chose � voir avec leurs revendications officielles. Il est devenu d'abord mafieux et affairiste.

Quelles ont �t� les principales erreurs du ministre de l'Int�rieur ?

Il a �t� tromp� par certains de ses interlocuteurs, qui lui ont fait miroiter la possibilit� de r�gler la situation dans l'�le � moindre prix. C'est r�current, gouvernement apr�s gouvernement. D�s que les nationalistes sont en difficult�, qu'ils perdent des militants, que l'argent du racket rentre moins, ils envoient des �missaires au gouvernement pour lui dire : �Nous sommes pr�ts � arr�ter la violence ; mais faites un geste pour que nous sortions la t�te haute.� Le dialogue s'engage alors. Officiel ou officieux, cela se sait de toute fa�on aussit�t et donne une nouvelle l�gitimit� aux terroristes, qui reprennent de plus belle leur chantage, leur racket et leurs violences. Je crains que le ministre de l'Int�rieur soit tomb� dans le m�me pi�ge. Ses plus r�centes d�clarations montrent qu'il a compris la gravit� de la situation et est d�termin� � y porter le fer. Je m'en r�jouis �videmment.

Sarkozy essaie de reprendre la main sur l'�conomie. N'est-ce pas ce qu'on essaie lorsque tout a �chou� ?

Au contraire. C'est par l� que le gouvernement aurait d� commencer. Il s'agit de donner un avenir � notre �le et de l'espoir � ses habitants. On peut construire un projet de d�veloppement pour la Corse dans la dur�e, malgr� les agissements d'une infime minorit�.

�mile Zuccarelli oublie ce faisant l�un des facteurs d�immobilisme dans l��le la fraude �lectorale, ce sport pris� par ses propres amis. Il oublie que son grand � ami financier � a �t� Fran�ois Vandasi, par ailleurs tr�s proche de Charles Pieri. Mais �mile Zuccarelli oublie tellement sa propre responsabilit� dans l��tat de la Corse aujourd�hui. Par ailleurs son nouveau ma�tre � penser, Jean-Pierre Chev�nement "a salu� le revirement � 180 degr�s" de Nicolas Sarkozy .

Celui qui n�est plus que le pr�sident d'honneur du Mouvement r�publicain et citoyen (MRC) Jean-Pierre Chev�nement a "salu�" jeudi "le revirement � 180 degr�s" du ministre de l'Int�rieur Nicolas Sarkozy sur la Corse.

"Je salue le revirement � 180 degr�s de Nicolas Sarkozy. Mieux vaut tard que jamais", a d�clar� l'ancien ministre de l'Int�rieur sur Europe-1. "Mais ce revirement est le r�sultat de l'�chec, de son �chec, de l'�chec de son r�f�rendum (...) Je ferais observer � Nicolas Sarkozy qu'on n'a pas attendu qu'il se r�veille pour attaquer ce mouvement mafieux au tiroir-caisse". Affirmation qui laisse pantois. On serait en effet bien en mal de trouver une quelconque action du minist�re Chev�nement en mati�re financi�re. Mieux Bastia Securit�, officine de transport de fonds tenu par le FLNC Canal historique et pompes � finances de l�organisation clandestine, a pu se reconstituer sans le moindre probl�me alors que Jean-Pierre Chev�nement �tait toujours ministre. Durant son minist�re aucun coup n�a �t� port� au grand banditisme bastiais.

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