� quelques heures de l'arriv�e de Nicolas Sarkozy, 200 militants et sympathisants nationalistes se sont rassembl�s devant la pr�fecture d'Ajaccio � l'appel des dix organisations du mouvement nationaliste, pour d�noncer la "politique r�pressive" du ministre de l'Int�rieur.
Notre correspondant avait d� chausser ses lunettes grossissantes. C�est sur la foi de ses d�clarations que nous annoncions un petit millier de manifestants. Un autre comptait les personnes pr�sentes : environ 238. Mais il �tait trop tard, l�information �tait d�j� partie.
Moins de deux cent cinquante personnes � l�appel de dix organisations la veille de la venue de Nicolas Sarkozy : c�est indubitablement un �chec pour les organisations nationalistes. Les manifestants se sont d�ailleurs s�par�s sans un bruit alors que la rumeur pr�tait aux jeunes une volont� belliqueuse. Mais pour se battre il faut avoir le moral. Et ce soir-l��
� quoi est-il imputable ? Au mauvais temps ? Peut-�tre mais alors les nationalistes ont du souci � se faire s�il faut que pour leurs manifestations r�ussies le beau temps soit au rendez-vous.
La v�rit� est plus simple : la vague de violence de ces derniers jours a mis tr�s mal � l�aise bien des militants qui ne veulent pas donner l�impression de soutenir le FLNC UC. En cons�quence aucune organisation n�a fait le forcing. Quant � Indipendenza, c�est une organisation sans grande capacit� militante. D�ailleurs le projet de carte d�identit� corse est un tel fiasco que, pour l�instant, il semble avoir disparu dans les nimbes du temps.
Pourtant il �tait important pour les nationalistes de r�ussir cette d�monstration de mercredi soir. Car le but des nationalistes est de discuter avec l��tat. Personne aujourd�hui ne se fait d�illusion sur les capacit�s militaires des cagoul�s. Ils se servent de la violence comme moyens de pression afin d�ouvrir un dialogue dans lequel ils sont la vedette.
Nicolas Sarkozy a trouv� la v�ritable attitude : se montrer ferme sur les pratiques tout en restant ouvert sur le probl�me politique. Sa d�marche a quelques failles qui consistent � appuyer par exemple le pr�sident de l�universit� dont l�attitude est pour le moins ambigu. Mais le ministre de l�int�rieur doit lui-m�me faire ses exp�riences et comprendre que le double langage en Corse est un proc�d� tellement usit� qu�il vaut mieux ne pas l�utiliser du tout.
Pour l�heure, les nationalistes ont d�cid� de jouer la sagesse ferme. Mardi, Jean-Guy Talamoni, porte-parole de Corsica Nazione, avait annonc� que les �lus du mouvement ne rencontreraient pas le Ministre de l'int�rieur "compte tenu de la volont� r�pressive affirm�e tr�s clairement par M. Sarkozy et qu'il a mise en pratique".
Mais les dix mouvements nationalistes publics corses se sont dits pr�ts � participer � une "sortie de crise" si l'�tat s'engage vers une "solution n�goci�e" et met fin � ce qu'ils qualifient de "r�pression syst�matique". "Il appartient � l'�tat de s'engager s�rieusement dans la voie d'une solution n�goci�e garantissant les int�r�ts de notre peuple et seule en mesure de conduire la Corse au d�veloppement et � la paix".
Les dix mouvements se sont entendus pour ne faire aucune autre d�claration publique � la presse. Parmi eux, Jean-Guy Talamoni et Fran�ois Sargentini, les leaders de Corsica Nazione et du principal parti qui la compose, Indipendenza, ainsi que plusieurs �lus de Corsica Nazione � l'Assembl�e de Corse.
Personne ne sait actuellement vers o� se dirige le vaisseau nationaliste, �branl� par la r�cente �preuve de force. Aux derni�res nouvelles, Edmond Simeoni serait pr�t � aller au combat aux c�t�s du FLNC UC mais � la condition de diriger la liste. Sinon il menace de faire sa propre liste. Ses � chers amis � d�Indipendenza ricanent sous cape en lui promettant la d�culott�e �lectorale de sa vie. Et le vieux leader nationaliste le sait. Il joue au poker menteur.
Sa marge de man�uvre est �troite, tr�s �troite et il est presque condamn� � s�unir sans condition. Une fusion des listes au second tour n�aurait d�int�r�t pour lui que s�il obtient un score honorable. Une inaccessible �toile pour l�instant.
TOUT LE DOSSIER CORSE
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