Sarkozy dans la tourmente corse
Oct 29, 2003

Nicolas Sarkozy effectuera jeudi son dixi�me d�placement en Corse, o� les attentats r�cents sont apparus comme autant de d�fis lanc�s par les clandestins � l'�tat et au ministre de l'Int�rieur lui-m�me.

Selon son entourage, cette visite aura surtout "un caract�re �conomique" alors qu'une nouvelle phase du plan exceptionnel d'investissement (PEI) doit �tre lanc�e. Le ministre "reprendra un dialogue avec les responsables corses" apr�s le non au r�f�rendum institutionnel du 6 juillet pour "trouver les voies du d�veloppement".

"Il faut voir comment, avec les institutions actuelles, on peut d�gager les marges d'une plus grande autonomie pour adapter les textes aux sp�cificit�s de la Corse", a-t-on ajout�.

Cependant, Nicolas Sarkozy devrait �galement �tre amen� � tenir un langage de fermet� � l'�gard de "ceux qui portent des cagoules, posent des bombes et ont un comportement mafieux", des propos tenus dans l'�le le 16 octobre. Il se rendra au commissariat d'Ajaccio et � la gendarmerie de Propriano, dont les personnels ont �t� la cible d'actions violentes, afin de "soutenir l'autorit� des forces de police dans la recherche des d�linquants".

"Il va tenir le langage de fermet� qu'il porte d�s qu'il le peut", a estim� le s�nateur de Haute-Corse, Paul Natali (UMP) qui cherche � appara�tre comme le leader naturel de la droite insulaire apr�s les condamnations judiciaires de Jos� Rossi. Apr�s une relative accalmie, les actions violentes ont en effet connu depuis d�but octobre une nouvelle vigueur.

Dans la nuit de dimanche � lundi, une charge explosive a �t� retrouv�e devant une gendarmerie de Corse-du-Sud, au lendemain d'un tir de roquette, inerte mais particuli�rement symbolique, sur une caserne de CRS d'Ajaccio, et de la destruction de la plaque � la m�moire des deux gendarmes tu�s � Aleria en 1975.

Ces actions sont intervenues apr�s des attentats visant des policiers ayant particip� aux perquisitions ciblant, via son entourage, le nationaliste Charles Pieri. Ces actes ont �t� revendiqu�s par le FLNC-Union des combattants, tout comme ceux contre une caserne � Nice et un centre des imp�ts � Paris.

Nicolas Sarkozy ne d�ment pas que Charles Pieri soit une cible prioritaire. Si ce dernier se d�crit d�sormais comme "simple militant" apr�s avoir �t� � la t�te de la Cuncolta naziunalista, rebaptis�e Indipendenza, les policiers estiment qu'il dispose d'une influence pr�pond�rante dans la famille nationaliste.

Dans ce contexte, les dix mouvements politiques nationalistes, y compris ceux qui rejettent la violence comme le PNC, tentent de faire bloc pour d�noncer, selon eux, la "r�pression" et l'absence de perspective politique offerte � l'�le. � 18H00 mercredi, � la veille de l'arriv�e du ministre, ils ont appel� � un rassemblement devant la pr�fecture, � Ajaccio. Or, les plus violents ont pouss� � la t�te de cette coalition les militants du PNC sur lesquels Nicolas Sarkozy comptait pour devenir une rel�ve acceptable au nationalisme violent.

Le dialogue avec ceux que Nicolas Sarkozy d�crit comme des "autonomistes sinc�res" (qu�il opposerait tr�s curieusement aux � autonomistes mafieux � usant d�un terme abandonn� depuis des lustres dans l��le) a �t� mis � mal par la victoire du non au referendum du 6 juillet. Il ne pourra reprendre "qu'apr�s les �lections � l'assembl�e territoriale de 2004", pr�dit Paul Natali. Partisan du non, le d�put� �mile Zuccarelli (PRG) attend du ministre qu'il "tourne d�finitivement la page du d�bat institutionnel". Le d�put� maire de Bastia qui ne propose pas de solution de remplacement, esp�re seulement que l��tat fermera cette porte de mani�re � appara�tre comme le seul recours.

C�est le score nationaliste des �lections territoriales qui va donner le ton des prochains mois voire des prochaines ann�es en mati�re de politique insulaire. Jusque-l� il y a des chances que chacun s�essaye � jouer les gros bras en �vitant d�aller trop loin.

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