En utilisant un lance-roquettes contre une caserne de CRS, le FLNC UC a peut-�tre sign� son arr�t de mort.
Les ind�pendantistes sont persuad�s d��tre les porteurs d�un projet historique pour la Corse. Pour l�instant ils ne l�ont pas d�montr�. Ils se sont comport�s en force n�gative �nonnant une sempiternelle le�on historique qui s�arr�te aux confins de la r�volution fran�aise. � coup de r�vision historique, d�analyse souvent fausses, ils croient pouvoir d�montrer que si la Corse avait �t� ind�pendante, elle serait aujourd�hui une grande nation.
Mais que des d�put�s � la fin du XIX�me si�cle demandent fort stupidement la s�paration d�avec la France et voil� nos nationalistes qui montent sur leurs grands chevaux se plaignant que la Corse ne soit pas assez aim�e de la France. Ils ont pourtant � leur d�charge un point fondamental : sans y avoir vraiment r�fl�chi, ils ont cet instinct du rapport de force qui a fait que plus le mouvement s�est d�politis� et moins il a �t� criminel.
Le plus grand nombre d�assassinats ont eu lieu alors que la direction du FLNC tenait entre les mains de Pierre Poggioli. Au nom de moyens que justifiait la fin, on a tu� des opposants, des policiers, des gendarmes. On a manipul� l�histoire lors de la disparition de Guy Orsoni de mani�re � avoir au moins un martyr. Jusque-l� les seuls nationalistes que � l�effroyable r�pression � avait tu�s �taient deux plastiqueurs qui avaient saut� avec leur engin.
Une �vidence s�impose : chaque fois que le FLNC a r�ellement lanc� un d�fi � l��tat, ses dirigeants sont partis en prison. Et les plus grands d�fis ont �t� symbolis�s par l�emploi d�armes de guerre et notamment le lance-roquettes.
Le cantonnement d'Aspretto avait d�j� �t� la cible d'un tir de lance-roquette, le 24 novembre 1995. L'action, qui s'�tait sold�e par de faibles d�g�ts, avait �t� revendiqu�e par le FLNC-Canal historique."Cette op�ration n'avait pas pour but de provoquer inutilement la perte de vies humaines mais de prouver que notre organisation sera capable, si l'Etat fran�ais d�cide de rentrer dans une escalade r�pressive, de frapper o� et quand elle le d�sirera", expliquait la revendication.
Un attentat au lance-roquette est perp�tr� le 15 d�cembre 1995 sur le chantier de construction d'un restaurant du conseil g�n�ral de Haute-Corse � Bastia. Il s�agit � l��poque de faire perdre la face � Paul Natali alors pr�sident du conseil g�n�ral de la Haute-Corse.
Le 12 janvier 1996, trois cents personnes encagoul�es se produisent � Tralonca, arm�s de fusils mais aussi de lance-roquettes russes en provenance de l�ex-Yougoslavie. Cette conf�rence de presse � cause de cet armement produira un scandale �norme sur le continent et repr�sentera le d�but de la fin pour le processus initi� par le FLNC Canal historique puisque peu de temps apr�s le premier ministre Alain Jupp� cessera toute tractation avec les nationalistes corses.
Le 26 octobre 1996, alors que l��tat fait arr�ter de nombreux nationalistes, une roquette de fabrication russe est tir�e contre la caserne de gendarmerie de Porto-Vecchio. La charge n'�tait pas explosive, mais la roquette traverse le portail blind� de la caserne puis le mur d'une chambre o� dormaient deux militaires, qui n'ont pas �t� touch�s. Le FLNC-Canal Historique revendique. La m�me nuit, des coups de feu sont tir�s sur la fa�ade de la gendarmerie d'Oletta (� 25 kilom�tres au sud de Bastia). Le centre p�nitentiaire de Casbienda est plastiqu�. Exactement les m�mes actions que ces derniers temps preuve que les clandestins ont du mal � innover.
� l��poque, Fran�ois Santoni est th�oriquement dans le maquis. En fait il se cache chez les Cantara � Bonifacio et il d�fie l��tat. Il finira en prison apr�s que sa compagne d�alors, Marie-H�l�ne Mattei ait �t� arr�t�e.
Le 17 d�cembre 1996 deux gendarmeries, celles de Calvi et celle de Vescovato, sont attaqu�es au lance-roquettes et au fusil de chasse. Une roquette est tir�e sur la pr�fecture � Bastia. Fran�ois Santoni et Marie-H�l�ne Mattei ont �t� mis en examen pour racket.
Le 30 septembre 1998, une perquisition men�e au domicile de Charles Pieri, sur information d�un militant nationaliste � conseill� � par Fran�ois Santoni permettait de d�couvrir un arsenal impressionnant : pistolets, fusils d�assaut kalachnikov, b�tons de dynamite... Certaines armes �taient charg�es et approvisionn�es, c�est-�-dire pr�tes � �tre utilis�es. Cinq ans de prison.
Le 16 ao�t 2000, dix jours apr�s l�assassinat de Jean-Michel Rossi, la sous-pr�fecture de Sart�ne est endommag�e par un tir de lance-roquettes. L�attentat est officieusement attribu�e � Armata corsa, groupe clandestin dont le dirigeant pr�sum� est Fran�ois Santoni. Il sera tu� un an plus tard alors que la protection dont il b�n�ficiait d�ordinaire de la part de l��tat, �tait lev�e.
En conclusion, les attaques � la lance-roquettes n�ont jamais port� chance � ceux qui les pratiquaient. Au contraire, le d�fi lanc� � l��tat paraissait soudain tellement important que ce type d�action avait plut�t tendance � stimuler des ministres de l�int�rieur soudain humili�.
La conjoncture actuelle est par ailleurs marqu� par une mont�e en puissance de la politique s�curitaire, ne serait ce que pour contrer le Front national. Cette politique donne de l�importance � la parole des syndicats policiers. Or, ceux-ci ont tr�s mal pris le plasticage de deux de leurs coll�gues. En agissant comme de vulgaires bergers vindicatifs, les clandestins ont donn� l�image d�une mafia aux abois, pr�ts � s�en prendre � des fonctionaires qui ne font que leur travail. Or la France, en pleine discussion anti-terroriste vec ses homologues europ�ens, ne veut �videmment c�der face � quelques encagoul�s sur son propre territoire. Un Nicolas Sarkozy en visite dans une Alg�rie d�chir�e par le terrorisme ne peut pas donne l�impression de c�der serait-ce un pouce, devant ses propres terroristes.
En tirant au lance-roquettes, le FLNC UC a voulu r�pondre � l�impatience de ses militants et impressionner l��tat. Or l��tat est capable s�il le d�cide de passer outre les cons�quences de tels actes. Que se passera-t-il si demain un gendarme est tu� ? Dans l��tat actuel de la Corse, l�union des nationalistes volera en �clat. Le FLNC UC a vraisemblablement commis une erreur majeure en n�incitant pas sa frange � aller voter � oui � au r�f�rendum et en favorisant la victoire du � non �. D�s lors Nicolas Sarkozy se devait de prendre le probl�me corse autrement que par la persuasion. Et il a engag� une �preuve de force qui ne peut �videmment pas se terminer par la d�faite de l��tat fran�ais. De plus chaque explosion d�e � la clandestinit� corse lui rapporte des points dans les sondages. Si sa visite fin octobre est mouvement, il appara�tra comme un h�ros. Quelques marches encore vers la pr�sidence. Sarkozy en a r�v�, Pieri l�a fait.
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