Un d�fi majeur lanc� par le FLNC UC � l��tat quelques jours avant la venue de Nicolas Sarkozy.
Une roquette, sans charge explosive, a �t� tir�e contre une base de cantonnement de CRS dans la nuit de vendredi � samedi � Ajaccio.
"La roquette a trou� le toit d'un des b�timents de la base de cantonnement de CRS d'Aspreto, et s'est log�e entre la toiture et le plafond, sans traverser les appartements dans lesquels �taient h�berg�s des CRS", a indiqu� le procureur de la R�publique d'Ajaccio, Patrick Math�.
L'engin "ne contenait pas de charge explosive", a pr�cis� la police.
La section du parquet de Paris, sp�cialis�e dans la lutte contre le terrorisme, s'est imm�diatement saisie de l'affaire, a pr�cis� le procureur.
La roquette a pu �tre tir�e d'une route qui surplombe la caserne, selon les premiers �l�ments de l'enqu�te, mais le tube qui a servi � la propulser n'a pas �t� retrouv�. La roquette a perc� des canalisations du b�timent qu'elle a atteint.
Ce tir intervient au lendemain d'un double attentat visant l'appartement et la voiture d'un commissaire et d'un capitaine de la police judiciaire d'Ajaccio qui avaient activement particip� les deux jours pr�c�dents � 16 perquisitions de soci�t�s, plus ou moins directement li�es au leader nationaliste Charles Pieri, ou de domiciles de ses proches.
Les CRS sont �galement intervenus � chaque perquisition, en appui, pour assurer la s�curit� des policiers de la brigade financi�re qui fouillaient les comptes des proches ou des soci�t�s.
Un militant ind�pendantiste, interpell� vendredi dans le cadre de l'enqu�te sur le double attentat, �tait toujours samedi matin en garde � vue.
S�il s�av�re comme cela est plus que probable que ce nouvel attentat est imputable au FLNC Union des Combattants, c�est donc un d�fi majeur qu�il lance � l��tat � quelques jours de la visite de Nicolas Sarkozy, le ministre de l�int�rieur.
La tactique de l�organisation clandestine tient du r�flexe pavlovien. Lorsqu�elle se sent menac�e dans ses fondements m�me elle lance des avertissements qui peuvent �tre interpr�t�s d�une double mani�re. La premi�re est celle des militants qui demandent une riposte d�autant plus forte qu�ils ont �t� soumis ces derniers � de rudes �preuves.
Comme nous l��crivions pr�c�demment le FLNC Union des combattants a d�abord v�cu une crise provoqu�e par les rumeurs d�affairisme qui touchaient un certain nombre de ses dirigeants et plus particuli�rement ceux des secteurs de Bastia et d�Ajaccio. Le responsable d�Ajaccio a �t� mis sur la touche un moment avant de retrouver sa place. C�est lui qui a programm� les attaques revendiqu�es par l�UC et qui continue de le faire.
La direction de l�UC a retrouv� son homog�n�it� derri�re le responsable du secteur de Bastia pour une simple et bonne raison. Le seul qui aurait pu lui tenir t�te �tait le dirigeant du secteur centre. Or il ne se passe jamais rien dans ce secteur. Le reproche n�est d�ailleurs pas nouveau. C�est exactement celui que lui faisait Fran�ois Santoni. Fortement affaibli par le d�part de militants qui l�ont quitt�, il n�a jamais r�ussi � faire ses preuves.
Or dans une organisation clandestine, le seul moyen d�exister est de participer aux attentats. Le secteur de Bastia est le seul qui tienne encore la route. Celui d�Ajaccio peut compter sur une poign�e d�hommes d�cid�s mais faibles en nombre. En effet un certain nombre d�activistes sont partis avec le FLNC 3.
Or l�influence du FLNC 3 est r�elle dans l�UC. Non pas en termes politiques car il serait franchement difficile de glisser une feuille de papier � cigarettes entre le discours ronflant de l�un et le discours creux de l�autre. Mais en fait le propre d�une organisation clandestine est double : le premier est de maintenir un certain degr� de violence et l�autre de nourrir � la mani�re d�un clan traditionnel un certain nombre de familles. En mati�re de � nourriture � le secteur d�Ajaccio n�est pas bien plac�. Il ne reste plus que la violence.
Les op�rations de justice lanc�es contre Charles Pieri sont les premi�res de cette envergure. Jusqu�� maintenant, le FLNC UC avait �t� combattu comme � une organisation terroriste �. D�une certaine fa�on c��tait rendre � C�sar ce qui est � C�sar.
Mais en d�signant une � organisation mafieuse � Nicolas Sarkozy enfonce le fer l� o� �a fait mal. L�Union des Combattants a lanc� ses attaques apr�s le passage du juge Courroye en Corse. Il l�a fait pour plusieurs raisons. La premi�re est que l�organisation clandestine sort tout juste d�une grave crise qui a vu plusieurs de ses militants pencher dangereusement vers le FLNC 3
La deuxi�me est que Charles Pieri est la pierre angulaire de l�union entre nationalistes et donc celle des �lections territoriales. Charles Pieri �limin� ce sont les fr�res ennemis du PNC, dans le monde l�gal et celui du FLNC 3 dans le monde clandestin qui risquent de s�engouffrer dans la br�che et, pour la premi�re fois, en trente ans, mettre en lambeaux le bloc Indipendenza-FLNC UC.
Jamais la menace n�a �t� aussi forte pour le FLNC UC. D�abord le nombre de ses militants a baiss�. Il peut y rem�dier en enr�lant des petits soldats pr�ts � faire le coup de feu sans en mesurer les cons�quences. Or dans le jeu presque symbolique que livre la clandestinit� corse � l��tat fran�ais, ce ne sont pas les petits soldats qui manquent mais les cadres. Fran�ois Santoni faisait cruellement remarquer que le niveau id�ologique des clandestins baissait chaque ann�e un peu plus sans craindre de donner ainsi la mesure de sa propre faiblesse.
Aujourd�hui Charles Pieri est le seul qui ait encore un sens un peu politique dans le mouvement nationaliste issu du bloc Cuncolta-Canal historique. Jean-Guy Talamoni est un funambule qui tente d��viter les turbulences venues d�une clandestinit� qui se sert de lui autant qu�il se sert d�elle.
Dans les discussions entre militants clandestins il a tour � tour �t� magnifi� ou vou� aux g�monies. Parce qu�il est un des rares qui soit capable de s�exprimer clairement, il est encore indispensable aux cagoul�s. Mais pendant combien de temps !
La menace est d�autant plus forte sur le bloc Indipendenza-UC que la conjoncture n�est plus la m�me qu�il y a seulement cinq ans. L��tat fran�ais se d�sengage d�une partie de ses missions r�galiennes. Mais parce qu�il se d�sengage il att�nue le lien affectif qui relie la Corse � la France.
La plupart des Fran�ais en ont assez de ce probl�me corse qui ne trouve pas de solution. Les ind�pendantistes font mine de se r�jouir de cette d�rive. Mais ils sont incapables aujourd�hui de seulement imaginer ce qu�ils feraient en cas d�une ind�pendance dont 90% des Corses ne veulent pas. Ils n�ont pas les cadres. Ils n�ont pas les id�es et le seul moyen d�expression qu�ils connaissent est la violence.
Pire pour eux : plus les nationalistes en g�n�ral p�n�trent la soci�t� corse et plus ils deviennent des r�formistes centralisateurs. La SNCM est en crise : les nationalistes pr�sents dans le STC exigent que l��tat renfloue les caisses de ce monopole de pavillon qu�hier encore ils d�non�aient. L�EDF cherche des moyens de moins perdre d�argent ? Le STC d�nonce l�abandon du service public par l��tat. Etc. etc.
M�me si cela ne se traduit pas en termes de militants, les nationalistes qui ont le vent en poupe sont ceux qui, demain, seront capables d�aller plaider des dossiers � Bruxelles et de les d�fendre en dehors d�une violence qui met la Corse au banc des r�gions europ�ennes.
Les FLNC sont des fant�mes d�une autre �poque. Mais la clandestinit�, le racket, la violence sont devenus pour tous ces quinquag�naires un mode de vie et la garantie d�un revenu r�gulier. Dans une �le o� la retraite est une angoisse permanente nombreux sont ceux qui ayant laiss� tomb� le militantisme nationaliste, n�ont plus grand-chose.
La venue de Nicolas Sarkozy risque pour toutes ces raisons d��tre mouvement�e. Mais le ministre de l�int�rieur est aujourd�hui condamn� � aller jusqu�au bout et peut-�tre � faire ce qu�aucun gouvernement fran�ais n�avait fait avant lui : r�ussir � faire appliquer la loi sans s�v�rit� excessive mais sans laxisme non plus.
S�il est d�montr� de mani�re claire et �vidente qu�une partie de la clandestinit� a profit� de son statut de militant pour se conduire comme une voyoucratie mafieuse, alors ce sont les Corses eux-m�mes qui signifieront aux nationalistes violents qu�ils ne veulent plus d�eux. Et cela se passera d�mocratiquement lors des �lections.
En Corse aujourd�hui on craint des lendemains de violence mais chacun sent bien qu�il faut en finir. On ne peut impun�ment tirer � la roquette sur les forces de l�ordre, mitrailler des gendarmeries sans qu�� un moment donn� on n�attire sur soi les foudres de la justice. Un tel encha�nement est coh�rent et donc porteur d�un ordre normal. Le fait que des plastiqueurs et des assassins parviennent par des jeux malsains � toujours �chapper � un sort normal est au contraire le vecteur d�un immense vecteur qui touche aujourd�hui toutes les couches de la soci�t� et se traduit par une mortalit� routi�re, une alcool�mie excessive, des assassinats et des plasticages de droit commun qui sont les r�sultantes d�une violence plus g�n�ralis�e, insupportable et inacceptable.
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