Nicolas Sarkozy de nouveau en Corse
Oct 16, 2003

Le ministre de l'Int�rieur, Nicolas Sarkozy, est aujourd�hui � Ajaccio jeudi pour son premier d�placement en Corse depuis l'arrestation d'Yvan Colonna et l'�chec du r�f�rendum du 6 juillet.

Ce d�placement, tr�s bref puisque ne devant durer que quelques heures, est le pr�lude � un autre "fin octobre, autour du 30"-.

Il devrait alors passer deux jours dans l'�le o� il souhaite travailler, a soulign� son entourage, � "trouver, dans le cadre institutionnel actuel, comment donner plus de moyens pour favoriser le d�veloppement �conomique et l'emploi" en Corse.

En attendant, c'est � "un geste fort et hautement symbolique"que se livrera jeudi Nicolas Sarkozy. Tout au moins selon son entourage.

D�s son arriv�e � Ajaccio, le ministre de l'Int�rieur pr�sidera en effet � la c�r�monie de repose de la plaque comm�morative de l'assassinat, en f�vrier 1998, de l'ex-pr�fet de Corse, Claude Erignac, que des inconnus avaient arrach�e il y a plusieurs mois.

De la sorte, Nicolas Sarkozy manifestera son "attachement � la personne de l'ancien pr�fet de Corse en m�me temps qu'il marquera la condamnation tr�s ferme de la violence" dans l'�le, a-t-on expliqu� place Beauvau.

Violence � l'int�rieur de l'�le, mais aussi qui s'exporte sur le continent puisqu'� deux jours de la venue du ministre en Corse, le FLNC-Union des combattants, le principal mouvement clandestin local, a revendiqu� les deux attentats contre une caserne � Nice vendredi et un centre des imp�ts � Paris samedi.

Contre ces attentats, mais aussi contre le banditisme mafieux, Nicolas Sarkozy a souhait� laisser "la justice faire son travail", notamment apr�s l'ouverture, en septembre dernier, d'une information judiciaire pour abus de biens sociaux, escroquerie � la TVA et association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.

Ouverte "contre X", elle vise implicitement Charles Pieri, ex-dirigeant ind�pendantiste et figure du nationalisme corse. En fait, il semble que le staff du ministre de l�int�rieur travaille avec acharnement � la chute du responsable nationaliste, esp�rant d�une part en tirer un b�n�fice psychologique au niveau de l�opinion continentale, et d�autre part, lib�rer de l�espace pour le PNC qui regroupe des � nationalistes mod�r�s �.

Dans un r�cent �ditorial paru dans le tr�s confidentiel Ribombu le journal de Corsica nazione, Charles Pieri s��tait livr� � une attaque en r�gle cod�e contre les � alli�s � du PCN qui y avaient r�pondu dimanche en d�non�ant les men�es du ministre de l'int�rieur qui chercherait, selon eux, � monter certains nationalistes contre d�autres.

Jeudi, M. Sarkozy assistera � la derni�re messe de Mgr Andr� Lacrampe, l'�v�que de Corse qui s'appr�te � quitter ses fonctions dans l'�le.

La succession de ces gestes - repose de la plaque et hommage � Mgr Lacrampe - "ne rel�ve pas du hasard", a-t-on not� mardi � l'Int�rieur o� l'on rappelle que l'�v�que, qui "a toujours manifest� sa proximit� et sa compr�hension de la Corse, de sa culture et de ses traditions", a toujours aussi "condamn� la violence et pr�n� le dialogue".

C'est aussi contre la violence que plusieurs appels � manifester jeudi, pendant la c�r�monie d'hommage � Claude Erignac en pr�sence du ministre de l'Int�rieur, ont �t� lanc�s mardi par les Anciens combattants, une association de d�fense des droits de l'Homme et J�r�me Polverini, pr�sident du Rassemblement r�publicain lib�ral pour la Corse (droite), membre du Conseil ex�cutif de l'Assembl�e de Corse.

En fait, dans l��le et � l�approche des �lections, la situation se tend. Tout l�enjeu pour les organisations hostiles au nationalisme est d�emp�cher ce courant d�id�e de devenir le premier lors des �ch�ances �lectorales. Ce qui explique l�interview d��mile Zuccarelli donn�e au quotidien � Le Parisien. � .

� Qu'on nous laisse travailler ! �

Depuis que le � non � l'a emport� au r�f�rendum du 6 juillet, l'�le semble dans l'impasse...


�mile Zuccarelli. Non, elle n'est pas dans une impasse. Les poseurs de bombes manifestent de cette inacceptable fa�on leur d�ception et leur col�re. Il ne faudrait surtout pas leur donner satisfaction sous pr�texte qu'ils menacent. D�j�, en leur offrant des perspectives institutionnelles, on les encourage �... poser d'autres bombes. La violence avait connu un coup d'acc�l�rateur tr�s important plusieurs mois avant ce fameux r�f�rendum. Ce n'est donc pas son r�sultat qui en est la cause : nous sommes plut�t en pr�sence d'une queue de com�te... contre laquelle il faut bien s�r lutter p�nalement. Que proposez-vous ? Je propose qu'on arr�te de paralyser r�guli�rement la Corse par des d�bats institutionnels qui n'ont d'autre cons�quence que de stimuler les poseurs de bombes, et d'enfermer quatre ans sur cinq les forces vives de la Corse dans de vaines palabres. Nous avons les moyens de travailler, des comp�tences locales consid�rables, des dispositifs financiers et fiscaux attractifs pour assurer notre d�veloppement : nous pouvons et nous savons faire. Que l'on nous laisse travailler ! Qu'attendez-vous de la visite de Nicolas Sarkozy demain ? Le ministre de l'Int�rieur vient affirmer la primaut� de la loi face aux actes violents et g�n�ralement odieux, comme la profanation de la plaque comm�morant l'assassinat du pr�fet Erignac. Dans ce r�le, il me trouvera toujours � ses c�t�s. Regrettez-vous le silence de Jacques Chirac ? J'ai demand� au pr�sident de la R�publique d'intervenir pour clarifier un discours gouvernemental qui est frapp�, je le regrette, d'ambigu�t�s dommageables pour la Corse. Cette �le a besoin de savoir o� elle va, et o� on veut la mener. J'attends toujours.

Y a-t-il une chance de voir la gauche corse unie aux prochaines r�gionales ?

Nous ne connaissons m�me pas encore le mode de scrutin. Je souhaite d'ailleurs qu'il soit align� sur celui du continent. Car maintenir les seuils ridiculement bas actuels, ce serait perp�tuer les combinaisons d'arri�re-boutique du � troisi�me tour �. Quant � l'union des gauches, faudrait-il d'abord que nous nous entendions sur un projet clair et public. C'est la condition pr�alable � toute alliance. Et il faut bien reconna�tre qu'aujourd'hui, avec une frange de la gauche qui affiche ses sympathies autonomistes, on en est loin. Serez-vous vous-m�me candidat, par exemple � la t�te d'une liste � r�publicaine � ? Je suis concern� par cette �lection. Mais il est trop t�t pour dire comment je m'y impliquerai. Craignez-vous une perc�e des nationalistes ? J'ai confiance dans la sagesse du peuple. A quoi a-t-on assist� au moment du r�f�rendum ? A l'�mergence d'une opinion insulaire qui, malgr� les menaces et les pressions, entend dire ce qu'elle veut et ce qu'elle ne veut pas. C'est sans pr�c�dent et, � mon avis, cela ne va que s'affirmer face aux d�rives de toute sorte. C'est bien ce qui g�ne certains. Vos adversaires ont fait un recours devant le Conseil d'�tat car, selon eux, le scrutin du 6 juillet � Bastia serait entach� de fraude... Personne en Corse ne croit s�rieusement qu'il y ait eu dans ce scrutin la moindre irr�gularit� significative. Cette remise en cause est le fait des mauvais perdants qui, comme d'habitude, utilisent la d�sinformation et la calomnie pour semer le doute sur un r�sultat qui a �t�, pour eux, un gigantesque camouflet.
(propos recueillis par Nathalie Segaunes )

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