Le directeur d'enqu�te historique de l'affaire Al�gre, Michel Roussel, explique aux familles des victimes des meurtres imput�s au tueur en s�rie son d�part � la retraite et leur demande "pardon de ne pas avoir pu aller plus loin".
Dans sa lettre dat�e du 7 octobre, dont la D�p�che du Midi publie mardi un fac-simil�, l'adjudant de gendarmerie explique qu'il a d�cid� de "mettre fin � (sa) carri�re dans la gendarmerie nationale" en faisant valoir ses droits � la retraite � compter du 13 octobre.
"Les raisons de mon d�part, que je n'accompagne d'aucun stage de reconversion ou autre mesure sociale sont multiples et vous en connaissez bien �videmment certaines", �crit Michel Roussel se contentant d'ajouter qu'il est "trop t�t pour aborder l'ensemble de ces derni�res".
"Ma pr�sence (� Homicides 31) pouvait se poursuivre m�me si mes pr�rogatives semblaient y �tre modifi�es", pr�cise le gendarme en s'adressant aux "victimes et familles, notre raison d'exister et de nous battre � mes enqu�teurs et moi".
"Nos r�ussites sont aussi incontestables qu'insuffisantes. Il reste tant � faire...", ajoute l'ancien militaire. "Votre combat doit se poursuivre car il est juste", ajoute M. Roussel.
L'ancien directeur d'enqu�te souligne "sa tr�s haute estime" pour les magistrats au service desquels il a travaill�, et conclut sa lettre par un "pardon de ne pas avoir pu aller plus loin".
Michel Roussel avait �t� entendu jeudi par le juge Thierry Perriquet charg� du dossier de "viols et prox�n�tisme" impliquant le tueur en s�rie et des personnalit�s toulousaines. On assurait lundi � la direction g�n�rale de la gendarmerie nationale que le d�part de Michel Roussel, 42 ans, �tait bien "affaire de choix personnel".
Toutefois, plusieurs des protagonistes de l'affaire s'interrogent sur la port�e de son geste. "Patricia", premier t�moin � charge, estimait "qu'il a tellement eu de pressions qu'il a l�ch�". L'avocat de Patrice Al�gre, Me Gilbert Collard, lan�ait: "bat-il en retraite, part-il en retraite ou est-il mis � la retraite ?".
Pour Me Georges Catala, avocat de la famille d'une autre prostitu�e, Line Galbardi tu�e dans la nuit du 2 au 3 janvier 1992, "il a su faire remonter � la surface une s�rie de crimes impunis et les familles des victimes sont un peu d�contenanc�es, bless�es par son d�part".
Michel Roussel participait depuis 1997 � l'enqu�te sur les cinq meurtres pour lesquels Al�gre a �t� condamn� � la r�clusion � perp�tuit� en f�vrier 2002 et dirigeait depuis l'�t� 2000 la cellule "Homicide 31" enqu�tant sur d'autres crimes non �lucid�s susceptibles d'�tre imput�s au tueur en s�rie.
C'est Roussel "qui a fait parler" Patrice Al�gre sur les premiers meurtres. C'est lui qui a recueilli les premiers t�moignages de "Patricia" et "Fanny" sur le meurtre de Line Galbardi.
Au fil des auditions, les deux jeunes femmes en sont venues au d�but 2003 � faire d'Al�gre l'organisateur de soir�es sado-masochistes auxquels auraient particip� des magistrats et des personnalit�s toulousaines dont l'ancien maire, Dominique Baudis.
Cette deuxi�me affaire Al�gre a pris une telle ampleur que la cellule "Homicide 31" a compt� plusieurs dizaines de membres et s'est scind�e en deux. Michel Roussel conservait la responsabilit� des enqu�tes sur les meurtres mais la v�rification des t�moignages sur les soir�es sado-masochistes revenait � un autre groupe.
Les r�tractations successives de "Fanny", les contradictions de "Patricia", ont suscit� des interrogations sur sa conduite de l'enqu�te.
Le 19 juin, dans un courrier au procureur g�n�ral de Toulouse retirant l'aveu du meurtre de Line Galbardi et du travesti Claude Martinez, Patrice Al�gre lui-m�me mettait en cause "la conviction de M. Roussel".
Puis mi-septembre, "Fanny", par la voix de son avocat, Me Jean-Claude Guidicelli, l'accusait de l'avoir "utilis�e, instrumentalis�e, manipul�e", ajoutant que le gendarme lui aurait sugg�r� "de mettre en cause M. Baudis".
Selon une source proche du dossier, le gendarme a demand� � partir il y a une semaine, apr�s un mois de vacances et deux mois de permission.
AFFAIRE AL�GRE - IL �TAIT L'INLASSABLE ENQU�TEUR QUI A EXHUM� LES MEURTRES DU TUEUR EN S�RIE
Le d�part forc� du gendarme Roussel
� Ne vous inqui�tez pas, moi je ne me suiciderai pas �. Cette boutade teint�e d'amertume, l'adjudant Michel Roussel l'avait l�ch�e il y a quelques mois. Quand, au d�but de l'�t�, la temp�te m�diatique s'est empar�e de la deuxi�me affaire Al�gre et que le chef historique de la cellule Homicides 31 avait d�j� la sensation de ne pas disposer de tous les moyens n�cessaires pour poursuivre ses investigations. Apr�s de longues semaines de r�flexion, Michel Roussel, 43 ans, a d�cid� d'en tirer toutes les cons�quences. Hier, le gendarme a choisi de faire valoir ses droits � la retraite et de tracer un trait d�finitif sur ses l24 ans de carri�re. Parti en vacances au mois d'ao�t, il avait d�cid� de prolonger son cong� en septembre. Mais il ne reprendra donc pas son service � la brigade de Rabastens, dans le Tarn, o� il avait �t� mut� � sa demande au mois de juillet, tout en restant officiellement d�tach� � la cellule Hom 31.
Ce d�part pr�cipit� en dit long sur les tensions qui r�gnent en coulisses dans l'environnement de l'affaire Al�gre. Tensions perceptibles d�s le mois de mai quand la hi�rarchie de la gendarmerie avait annonc� un renforcement de la cellule Homicide 31 et l'apport d'une trentaine d'hommes suppl�mentaires.� De patron officieux de l'enqu�te, Michel Roussel a mal v�cu de redevenir un gendarme parmi d'autres �, note un de ses coll�gues.
Paradoxalement, ces moyens suppl�mentaires ne se traduisent pas par des avanc�es significatives des diff�rentes investigations.
Les nouveaux enqu�teurs attach�s au volet � viols et prox�n�tisme � de l'affaire Al�gre, celui des suppos�es � parties sadomasochistes � d�nonc�es par les ex-prostitu�es Patricia et Fanny, n'ont pas la m�me vision des choses que l'adjudant Roussel. Les v�rifications qu'ils entreprennent ne donnent rien, ils pointent et traquent les contradictions des accusatrices, mais ne bousculent manifestement pas les personnalit�s mises en cause. Il est vrai que le juge Thierry Perriquet ne leur demande pas. Le hiatus est total.
Le gendarme � abattre
Dans le m�me temps, l'adjudant Roussel, toujours charg� des enqu�tes sur diff�rents meurtres non �lucid�s, sous la houlette du juge Serge Lemoine, voit sa cellule progressivement r�duite � la portion congrue pour finir virtuellement � trois �l�ments. � Il se plaignait de ne pas avoir les moyens de travailler. Son d�part, il m'en parlait depuis plus d'un an, confie Marie-Louise Matias, la s�ur d'une des victimes du tueur en s�rie. Il �tait le seul � vouloir la v�rit�, mais on l'espionnait ont le contrariait de partout. Sans lui, l'affaire Al�gre c'est fini �...
Ces derni�res semaines, Michel Roussel avait d� aussi endurer la charge de certains avocats. Me Francis Szpiner, le conseil de Dominique Baudis, en t�te, qui avait stigmatis� � le comportement d'un gendarme �, en demandant le contr�les des �coutes t�l�phoniques avec les ex-prostitu�es. Me Gilbert Collard, le nouvel avocat de Patrice Al�gre a lui aussi vite laiss� entendre que le gendarme � n'avait pas gard� la distance n�cessaire � avec les jeunes femmes. Bref, les m�thodes de Michel Roussel �taient clairement mises en cause. Son honneur aussi. Certains le soup�onnant � mi-mots d'avoir d�lib�r�ment � orient� �, les t�moignages des ex-prostitu�es. Fanny indiquant m�me dans une volte-face dont elle a le secret que c'est le gendarme qui lui avait sugg�r� le nom de Dominique Baudis. Vint, enfin, sa convocation la semaine derni�re chez le juge Perriquet qui voulait v�rifier son utilisation des albums photos et des listes de magistrats soumis aux accusatrices. Michel Roussel, r�sign�, a assur�ment mesur� la situation. � Chaque fois que mon nom appara�tra sur une proc�dure, elle sera soumise � caution, disait-il r�cemment dans son entourage. En restant je mettrai � mal tout le travail fait et � venir sur les meurtres non �lucid�s �. Cette fois, Michel Roussel est parti. Il ne pourra plus servir d'exutoire. � Pour les familles des victimes son d�part risque d'�tre tr�s mal v�cu, pr�vient l'avocat Georges Catala. Il est indiscutable que lui et son �quipe ont fait un travail efficace et remarquable � (source La D�p�che Gilles-R. SOUILL�s.)
Affaire Al�gre
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