Un attentat a eu lieu au 49 de la rue Philippe-Auguste samedi vers 3h30, n'a pas fait de victime et a caus� des "d�g�ts mat�riels peu importants", essentiellement du bris de vitre, a pr�cis� le commissaire Gabriel Millot de la direction de la Police judiciaire.
L'attaque n'a pas �t� revendiqu�e et il n'y a pour l'instant aucun suspect, a-t-il pr�cis�. "A priori, l'explosif se trouvait dans un sac qui a �t� d�pos� devant les locaux", a ajout� le commissaire. La section antiterroriste de la brigade criminelle a �t� co-saisie de l'enqu�te avec la Division nationale antiterroriste (DNAT).
Ce nouvel attentat est pass� totalement inaper�u. Et pourtant il ressemble fort � la suite de l�attentat de Nice. Le FLNC Union des combattants d�montre ainsi qu�il a gard� toutes ses capacit�s de nuisance si l��tat d�cidait d�aller un peu plus loin dans ses investigations concernant Charles Pieri.
Il y a tout lieu de penser que le communiqu� (si communiqu� il y a) d�noncera la r�pression, le sort des d�tenus et les derni�res condamnations qui ont frapp� deux militants du Comit� anti-r�pression. Mais la v�rit� est ailleurs : la direction du FLNC Union des Combattants a du mal � analyser le pourquoi de l�enqu�te fiscale qui vise des proches de Charles Pieri.
La presse a insist�, non sans une certaine duplicit�, sur la petite phrase qu�avait prononc�e Nicolas Sarkozy lors de l�une de ses petites r�unions qu�affectionne le ministre de l�int�rieur et durant lesquelles, dans de longs monologues, il d�molit � vue ses amis et ses ennemis et se prend � r�ver tout haut.
Ce jour-l� il avait promis de faire tomber Charles Pieri � la mani�re d�un Al Capone, gr�ce � une enqu�te financi�re. Et cette enqu�te a �t� port�e par la gendarmerie depuis des mois. Les deux objectifs plastiqu�s indiquent donc � l�arm�e et aux finances de mettre une sourdine.
L�entourage de Nicolas Sarkozy s�est montr� fou furieux de la fuite qui a r�v�l� l�enqu�te visant Charles Pieri. Autant le dire tout de suite : l�int�ress� �tait au courant depuis longtemps. Le FLNC est renseign� par des policiers peu scrupuleux et qui jouent la guerre des services. On se souvient que celle-ci avait d�j� mis � terre l�enqu�te relative � l�assassinat du pr�fet Erignac. D�autres fuites provenant de la DNAT avaient provoqu� des �checs d�enqu�te, ensuite commod�ment mis sur le compte des journalistes.
Dans le cas pr�sent, la fuite semble bien venir de l�anti-terrorisme, furieux de ne pas avoir charg� de l�enqu�te sur l�entourage du responsable nationaliste. C�est Le Monde qui a eu le privil�ge de recueillir cette confidence quitte � ce que l�auteur de la fuite, demain dans un livre ou � la t�l�vision, crucifie le quotidien pour avoir r�v�l� ses propos. C�est para�t-il la r�gle de ce dr�le de jeu.
En tous les cas, nous voil� dans une sorte de jeu d��checs. R�sumons : la direction du FLNC Union des Combattants est persuad�e qu�avec quelques explosions symboliques, l��tat comprendra qu�il ne faut pas aller trop loin. Des messages sont semble-t-il pass�s, depuis l�entourage du ministre de l�int�rieur pour signifier qu�il n��tait pour rien dans cette m�diatisation d�une enqu�te au demeurant peu concluante.
Car contrairement aux id�es re�ues qu�on retrouve indiff�remment dans le Canard Encha�n� ou le Figaro, les dirigeants nationalistes qui se sont enrichis ne vivent pas comme des nababs qui s��changeraient des caisses de billets. Le prestige comme toujours en Corse, compte plus que les signes ext�rieurs de richesse. Un Charles Pieri poss�de � peu pr�s tout ce que la vie insulaire peut lui offrir. Il r�ve d�sormais comme ses pairs de devenir � respectable �. Ce faisant, il suit le m�me chemin qu�autrefois ses ennemis du FLNC Canal habituel. Sa respectabilisation risque d�ouvrir la voie � de jeunes loups beaucoup plus violents et beaucoup moins raisonnables.
Les deux attentats r�cents ne sont donc pas un d�fi lanc� � l��tat mais bien un appel. Cela ne signifie en rien qu�un tel langage est acceptable. Mais encore faut-il ne pas se m�prendre sur la signification de ces actes d�solants.
Il y a fort � parier que va s�engager � nouveau un dialogue peu compr�hensible. Corsica nazione, porte-parole d�Indipendenza et donc du FLNC va durcir le ton de mani�re � exon�rer le ministre de l�int�rieur de toute complicit�. Celui-ci va �galement rouler des m�caniques. Le juge Courroye, de son c�t�, va gratter l� o� �a fait mal. On risque de voir derri�re ce ballet d�ombres, l�opposition entre le clan chiraquien auquel appartient le ministre de la justice Perben, et le clan Sarkozien, bien d�cid� � gagner le pari corse.
L�enjeu est tout simplement les pr�sidentielles � de dans dix ans �. Jacques Chirac a fait savoir par l�interm�diaire de sa femme qu�il entendait se repr�senter, ne serait-ce que pour �viter les foudres de la justice dont il est prot�g� tant qu�il reste le premier magistrat de la France. Mais apr�s ? En attendant, Nicolas Sarkozy joue la carte s�curitaire tout en sachant que la situation corse ne se r�glera pas par la r�pression.
Il se serait bien pass� de cette fuite m�diatique concernant Charles Pieri. Il sait que l�union des nationalistes qui constitue un enjeu majeur pour lui, est subordonn�e � la bonne volont� du FLNC Union des Combattants. Or toucher � Charles Pieri c�est toucher � un centre nerveux de la clandestinit� corse.
Mais le labyrinthe corse est tellement compliqu� que tout peut changer en 24 heures. Il faut donc observer et attendre avec une capacit� de r�activit� tr�s rapide.
Au gouvernement, on a bien compris que l�indignation anti-violence corse �tait payante. Le ministre de l'�conomie Francis Mer et le ministre d�l�gu� au Budget Alain Lambert ont donc exprim� samedi leur indignation et leur soutien au personnel apr�s l'attentat qui a d�truit dans la nuit les locaux de la Tr�sorerie principale du XIe arrondissement de Paris.
Avec ce langage identique dans toutes les bouches, les ministres "s'indignent du l�che attentat qui a d�truit cette nuit les locaux de la Tr�sorerie principale du XIe arrondissement et endommag� les immeubles avoisinants. Ils s'insurgent contre cette violence et assurent les personnels de leur soutien", indique un communiqu� du minist�re de l'�conomie, des Finances et de l'Industrie.
Principaux attentats sur le continent attribu�s aux clandestins corses
L'attentat contre une caserne militaire qui a fait un bless� vendredi matin � Nice, et pour lequel la police retenait "la piste corse", survient apr�s de nombreuses actions perp�tr�es sur le continent et attribu�es aux clandestins de l'�le.
Voici les principaux attentats attribu�s au FLNC ou � d'autres groupes clandestins insulaires ces dix derni�res ann�es:
1993
- 27-28 f�v: attentats contre les rectorats de Toulouse et d'Aix-en-Provence
- 1er juil : attentats contre le rectorat de Nice et l'Inspection acad�mique de Marseille
1994
- 18 f�v: attentats contre trois b�timents publics � Mende
- 15 sept: attentat contre une annexe du Rectorat de Paris
1996
- 29 sept: une charge explosive d�truit un bureau du palais de justice d'Aix-en-Provence
- 5 oct: attentat contre la mairie de Bordeaux, dirig�e par Alain Jupp� alors Premier ministre
- 16 oct: attentats contre le palais de justice et le centre des imp�ts de N�mes
- 4 nov: attentat contre la poste principale d'Aix-en-Provence
- 27 nov: attentat contre le tribunal administratif de Limoges, et le 28, contre le si�ge de la Soci�t� nationale Corse M�diterran�e (SNCM) � Marseille
- 2 d�c: la tr�sorerie g�n�rale de Perpignan vis�e par un attentat
1997
- 28 jan: attentat contre une agence d'Air-France � Nice
- 16 et 31 mai: attentats contre une agence de la Soci�t� g�n�rale puis contre un bureau de poste � Marseille
- 4 sept: attentat contre l'�cole Nationale d'administration (ENA) � Strasbourg
- 11 nov: attentat pr�s de la station thermale de Vichy
Ces deux derniers attentats, ainsi que ceux de Mende et d'une annexe du rectorat � Paris en 1994, ont �t� jug�s cet �t� lors du proc�s Erignac. Plusieurs membres du commando Erignac ont �t� reconnus coupables de ces actions � divers degr�s.
1998
- 8 mai: attentat contre le conseil r�gional de Provence-Alpes-C�te d'Azur � Marseille
- 16 mai: attentat contre des locaux de la police municipale d'Aix-en-Provence
- 1er ao�t: attentat contre le groupement de gendarmerie, � Avignon : un gendarme auxiliaire l�g�rement bless�
1999
- 6-12 f�v: quatre attentats visent des b�timents publics � Marseille, Toulon, Aubagne (Bouches-du-Rh�ne) et Paris
- 10 et 21 mai: quatre attentats contre une banque et des services publics � Avignon, N�mes, La Ciotat (Bouches-du-Rh�ne)
- 27/28 oct : attentat contre l'h�tel des imp�ts du XIIe � Paris
2000
- 26 juin : d�couverte d'un engin explosif devant le Centre international de conf�rences Kl�ber � Paris
- 20 oct : d�couverte d'une Peugeot renfermant une centaine de kilos d'explosifs � Marseille. Armata Corsa revendique cette "mise en garde" au gouvernement
2001
- 22 mars : Une voiture remplie d'explosifs d�couverte � Paris. Revendiqu� par Armata Corsa
2002
- Nuit du 5 au 6 mai : attentat contre un h�tel des imp�ts � Marseille. � Paris, un attentat manqu� vise la caserne de Reuilly (12�me)
- 25 septembre : tentative d'attentat contre la tr�sorerie g�n�rale � Nice, revendiqu�e par le FLNC
2003
- 20 juillet : double attentat contre la direction r�gionale des Douanes et de la Tr�sorerie g�n�rale � Nice: 16 bless�s l�gers. Revendiqu� par le FLNC-Union des Combattants
TOUT LE DOSSIER CORSE
|
|