Affaire Al�gre : les victimes et les enqu�teurs en accusation
Oct 11, 2003

L�affaire Al�gre est en train de virer de bord. Et de proc�s en accusation contre la prostitution � Toulouse et un tueur en s�rie rabatteur, il devient celui des enqu�teurs et des victimes. Les articles de la D�p�che et du Parisien.

Les principaux acteurs de ce qu'il est convenu de nommer la nouvelle affaire Al�gre se sont retrouv�s, hier, au palais de justice de Toulouse, dans un v�ritable chass�-crois� organis� entre les bureaux des deux juges d'instruction, Serge Lemoine, charg� du volet homicides, et Thierry Perriquet qui travaille sur le volet � m�urs �. � d�faut du tueur en s�rie lui-m�me, qui a indiqu� en d�but de semaine ne conna�tre aucun des protagonistes de l'histoire, c'est Patricia, l'une des six ex-prostitu�es parties civiles dans le dossier, qui a ouvert la journ�e face au juge Perriquet. Pendant plus de deux heures le magistrat s'est surtout int�ress� � la fa�on dont les gendarmes l'avaient interrog�e. Mais Patricia a r�it�r� aussi ses accusations de viols contre Patrice Al�gre, le prox�n�te Lakhdar Messaoud�ne et Dominique Baudis. Flash-back dans les ann�es quatre-vingt-dix. Coca�ne, voitures vol�es, cambriolages, armes� Le tueur en s�rie et le prox�n�te m�langeait divers trafics. C'est dans ce contexte, que Line Galbardi a �t� tu�e dans la nuit du 2 au janvier 1992. Mis en examen pour cet assassinat, d�nonc� par Patricia et Fanny, Patrice Al�gre a parl� deux fois, en 2000, puis en juin dernier. Pour finalement se r�tracter � chaque fois. Une habitude. Apr�s avoir affront�, mardi, le magistrat Marc Bourragu� qu'elle accuse toujours de viols et de violences, Fanny a de nouveau d� se rem�morer, hier apr�s-midi, la mort de Line Galbardi, dans le bureau du juge Lemoine� face � Lakhdar Messaoud�ne, incarc�r� pour complicit� mais qui crie toujours son innocence et jure lui aussi ne conna�tre personne. Devant le juge, Fanny a pr�cis� ses accusations.


Fanny � all�ge � Lakhdar


Pour elle c'est bien Patrice Al�gre qui a tu� Line Galbardi, mais Lakhdar Messaoud�ne, qu'elle avait pourtant accus�, � sous la pression de Patricia �, dit-elle, n'a pas particip� directement � la sc�ne. Nouvelle volte-face. � Il �tait l� avant et apr�s, pas pendant �, a expliqu� Fanny en substance, en �voquant la pr�sence d'une myst�rieuse autre personne. Lakhdar Messaoud�ne et son avocat Me Kamel Benamghar, ont appr�ci� ce retournement. Pendant ce temps, l'adjudant Roussel, chef de la cellule Hom 31, � l'origine des nouvelles investigations sur le tueur en s�rie �tait re�u par le juge Perriquet. C'est lui qui le premier a recueilli, la parole fragile des ex-prostitu�es. Une parole aujourd'hui �cras�e. Du coup, Michel Roussel, qui n'a fait aucune d�claration � sa sortie, se retrouve sur la sellette. Ses m�thodes avec. Notamment l'utilisation de l'album photos et de la liste des magistrats soumis aux filles. �tonnant retour des choses. Gilles-R. SOUILL�s


Les choix du juge Perriquet

En convoquant, hier, Patricia, puis le gendarme Michel Roussel, responsable � historique � de la fameuse cellule Homicides 31, le juge Thierry Perriquet a donn� un signe clair. Saisi des instructions sur les viols et les faux t�moignages, le magistrat s'int�resse plus � la fa�on dont les investigations des gendarmes ont �t� men�es, ou plut�t, soup�onne-t-il, orient�es, qu'au fond des accusations des anciennes prostitu�es. � On a vraiment pas le sentiment d'�tre interrog� en qualit� de victime �, s'indignait, hier, Me Rapha�l Darrib�re. Tout comme, Me Jean-Claude Guidicelli, l'avocat de Fanny, qui envisage un recours aupr�s du doyen des juges d'instruction� Un certain Serge Lemoine qui a justement beaucoup travaill� avec le gendarme Roussel sur les meurtres d'Al�gre. En vain ?


Fanny brouille encore les pistes

Nouvelle volte-face de Fanny dans l'affaire des meurtres imput�s � Patrice Al�gre. Cette ex-prostitu�e a, hier, mis hors de cause Lakdhar Messaoud�ne, le complice pr�sum� de Patrice Al�gre, dans le meurtre de Line Galbardi, dans la nuit du 2 au 3 janvier 1992 � l'h�tel de l'Europe � Toulouse (Haute-Garonne). Elle implique d�sormais Patricia dans ce meurtre et accuse toujours le tueur de la Ville rose d'�tre l'auteur de ce meurtre contrairement � ce qu'elle d�clarait dans ses proc�s-verbaux en f�vrier dernier. Des rebondissements qui n'en finissent pas de brouiller les cartes.

La confrontation a �t� houleuse chez le juge Serge Lemoine. Plac�e face � ses responsabilit�s, Fanny, alias Florence Khelifi, 30 ans, a �avou� ses mensonges� selon Me Kamel Benamghar, l'avocat de Lakdhar Messaoud�ne, incarc�r� depuis la mi-juin pour complicit� d'assassinat dans le dossier Line Galbardi. Florence a admis devant le juge Lemoine qu'un �pacte de mensonges� a �t� mis au point avec Patricia pour impliquer Lakdhar qui a toujours cri� son innocence, et qui est rentr� d'Alg�rie de �son plein gr� - rappelle son d�fenseur - pour �faire face aux accusations�. Il a toujours expliqu� qu'au moment des faits, il �tait parti en Alg�rie, c�l�brer son remariage.

Le 12 mai dernier Fanny, lors d'une confrontation, renouvelait pourtant ses accusations contre Lakdhar Messaoud�ne. �Je maintiens mes d�clarations� et croyait bon d'ajouter �Lakdhar se croyait intouchable�. C'est elle aussi qui dit voir dans la chambre de l'h�tel de l'Europe, Lakdhar frapper Line avec �la crosse de son pistolet� selon ses d�clarations.

Mais hier l'ex-prostitu�es, qui multiplie les versions, a expliqu� hier chez le juge Lemoine avoir �vu Patricia couverte de sang� et accuse toujours Patrice Al�gre . Elle d�signe aussi un autre t�moin du meurtre : une femme qui n'est pas Patricia, �une fille que je n'ai pas vue car elle �tait dans la salle de bains sur la gauche... je n'ai pas reconnu sa voix�.

Fanny aurait agi de la sorte pour prot�ger Patricia, qui au d�but de l'enqu�te sur le meurtre Line Galbardi �tait une suspecte avant de devenir une victime. � tel point qu'elle tente d'influencer, comme les �coutes t�l�phoniques le d�montrent, d'autres t�moins et persuade une autre ex-prostitu�e, Nadia, d'affirmer qu'elle a assist� � ce crime. Des rencontres entre Fanny et Patricia auraient eu lieu pour faire glisser l'enqu�te sur Line Galbardi vers une autre cible.

Seule certitude aujourd'hui, les gendarmes d'Homicides 31, � l'�preuve des �coutes, du manque de preuves scientifiques contre Messaoud�ne et m�me Al�gre, des surveillances, ont repris le dossier � z�ro pour savoir qui �tait bien pr�sent sur cette sc�ne de crime. �Je lui ai seulement conseill� de dire la v�rit� explique Me Jean-Claude Giudicelli, l'avocat de Fanny. L'avocat de Patricia, Rapha�l Darrib�re, a seulement indiqu� que �des investigations �taient en cours�.
Jean-Marc Ducos (Le Parisien)

Affaire Al�gre

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