Malgr� les d�clarations du FLNC Union des Combattants, la violence continue
Oct 10, 2003

Une grenade offensive a saut� dans la nuit de mercredi � jeudi dans la cour arri�re de la gendarmerie de Calvi, o� une premi�re grenade avait �t� jet�e sans explose sans causer de victimes.

L'explosion de la grenade n'a fait aucun d�g�t mais une trace noire de 50cm de large sur le sol du parking et des impacts de quelques graviers projet�s par l'explosion sur la porte d'un garage ont �t� retrouv�s dans la matin�e. � 4h00 du matin, une premi�re grenade d�goupill�e, mais qui n'avait pas explos�, avait �t� retrouv�e dans la cour pr�s d'un b�timent administratif.

Les premiers logements des gendarmes et leurs familles sont s�par�s de ce b�timent et c'est la raison pour laquelle personne n'a entendu l'explosion. Il s'agit de la 18e attaque ou tentative contre des gendarmeries depuis le d�but de l'ann�e, qu'il s'agisse d'explosifs ou de coups de feu.

Par ailleurs, Un attentat � l'explosif a �t� commis dans la nuit de mercredi � jeudi contre une villa appartenant � un restaurateur belge situ�e au lieu-dit Rasine, sur la commune de San Giuliano (Haute-Corse).

Une puissante charge a enti�rement d�vast� la r�sidence secondaire, qui �tait inoccup�e au moment de la d�flagration. Sur place, les enqu�teurs n'ont relev� ni signature ni revendication.

Ces actes de violence qui sont la suite d�autres actes font peser un s�rieux doute sur la capacit� du FLNC Union des Combattants � encore pouvoir ma�triser la situation. Selon des rumeurs qui restent � v�rifier, la destruction de la demeure du restaurateur belge est � attribuer � l�aile fiumorbaise du FLNC 3 ou en tous les cas � une �quipe qui s�en r�clame.

� l�inverse l�attaque � la grenade offensive intervient � peine quelques heures apr�s une conf�rence de presse donn�e par Indipendenza et Corsica nazione � propos du � cas Pieri �.

L'enqu�te visant implicitement ce dernier serait une "tentative de d�stabilisation" du gouvernement pour emp�cher les nationalistes de s'unir avant les �lections territoriales de mars, ont accus� jeudi les deux mouvements qui, en fait n�en sont qu�un.

Une information judiciaire contre X ouverte � Paris courant septembre pour des faits pr�sum�s d'"abus de biens sociaux", "escroquerie � la TVA" et "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" vise implicitement l'ex-dirigeant ind�pendantiste d'A Cuncolta Indipendentista devenu � simple militant � d� Indipendenza.

"Paris, � tout prix et par tous les moyens, cherche � �carter cette perspective", ont estim� dans un communiqu� les participants � une nouvelle r�union � huis clos, qui s'est tenu mercredi soir � Corte dans le cadre de ce dialogue.

"La tentative de d�stabilisation en cours passe par des attaques contre certains de nos militants, soit en essayant de les criminaliser en les pr�sentant comme des violents ou des mafieux, soit en les d�signant comme de futurs suppl�tifs", lit-on dans un communiqu� d'Indipendenza, premier parti nationaliste, et de Corsica Nazione.

Ce communiqu� a �t� lu par Fran�ois Sargentini, porte-parole d'Indipendenza, en pr�sence de Jean-Guy Talamoni, celui de Corsica Nazione, et des �lus de ce mouvement, lors d'une conf�rence de presse � Bastia en pr�sence de nombreux militants qui surveillaient la presse, la mine sombre.

Le communiqu� cite "la campagne m�diatique" concernant notamment "Charles Pieri, sur de fantaisistes all�gations d'affairisme". Charles Pieri se tenait � l��cart attentif � la moindre parole.

M. Sargentini a �galement mis en cause, dans cette "d�stabilisation", plusieurs actions comme l'affaire de la gendarmerie de Luri, de r�cents pr�l�vements forc�s d'ADN sur des militants nationalistes, dont il a fait partie, et d�nonc� une "vague d'arrestations".

Les nationalistes "mettent en garde l'�tat fran�ais contre les cons�quences de cette tentative de manipulation", avertit le communiqu� qui arrive quelques heures apr�s l�attentat perp�tr� contre la gendarmerie de Balagne et la pr�sentation de nouvelles mesures destin�es � s�curiser gendarmes et gendarmeries.

L�attitude d�Indipendenza et de Corsica nazione est d�sormais classique et elle a �t� utilis�e par tous les partis politiques sans exception. La mise en cause d�un militant est la remise en cause de l�organisation toute enti�re mais �galement de sa dynamique. Ainsi, Indipendenza oblige les autres organisations nationalistes � s�agr�ger autour d�elle comme un bouclier si elles d�sirent aller plus loin dans l�union.

Plus grave, les organisations mod�r�es ou pr�tendues telles comme A Chjama d�Edmond Simeoni et le PNC sont amen�s � jouer un r�le identique aux organisations qui participaient � Corsica nazione en 1992. Un an plus tard, le militant Robert Sozzi �tait abattu par le FLNC Canal historique sans qu�Edmond Simeoni ou I Verdi n�osent r�agir. Edmond Simeoni quittera la coalition un an plus tard seulement.

Les mots utilis�s par un Jean-Guy Talamoni qui aujourd�hui d�fend son petit commerce de proximit� et par Fran�ois Sargentini qui n�ignore rien du secteur cortenais du FLNC, pr�teraient � rire s�ils ne s�inscrivaient pas un contexte aussi tragique. Qui en effet dans notre �le oserait pr�tendre que Charles Pieri puisse tremper dans l�affairisme ou m�me pratiquer la violence ? Qui en effet ? � force de vouloir d�montrer l�ind�montrable, les dirigeants nationalistes finissent par convaincre l�ensemble des Corses qu�ils se fichent des r�alit�s puisqu�ils ont la force occulte.

Aujourd�hui, un petit tour des micro-r�gions par les diff�rents membres de notre r�seau fait valoir une v�rit� : les gendarmes sont souvent per�us comme le dernier rempart contre une forme de sauvagerie qui s�exprime tant�t par la clandestinit� tant�t par la d�linquance. Les Corses font de moins en moins la diff�rence entre les agressions commises par les uns ou par les autres.

Avec un certain �go�sme, ils assistent aux plasticages de maisons de vacances mais notent avec plus d�angoisse que la violence frappe en priorit� les insulaires. La moiti� des plasticages en effet, ceux dont les m�dias continentaux ne parlent jamais, sont ex�cut�s par des Corses contre d�autres Corses.

Il est certain que dans un tel contexte, le calfeutrage des gendarmes, aussi justifi� soit-il, ne plaide en faveur d�une reprise en main par l��tat. On a au contraire l�impression que la pression clandestine suffit � obliger l��tat � rentrer dans ses casernes. C�est d�sastreux. Et pourtant on ne le dira jamais assez, l�immense majorit� de la population insulaire en a assez des d�monstrations de force des cagoul�s. Elle ne veut certainement pas entendre parler d�ind�pendance. Et elle ne r�agit pas quand des nationalistes partent en prison pour des faits av�r�s.

Mais en m�me temps, elle s�attache � certains aspects culturels comme celui d�accepter chez soi un fugitif. Les manifestations de Baraci ou de Propriano d�montrent que la Corse rurale peut � tout moment basculer du c�t� des cagoul�s pour peu que l��tat ou une partie de l��tat multiplient les maladresses.

� l�inverse les nationalistes auraient tort de penser qu�il s�agit l� d�un geste de solidarit�. C�est un mouvement d�humeur qui ne calcule pas les cons�quences d�une telle attitude affective. Et si demain, les nationalistes tuent une femme ou un enfant, c�est contre eux que se retournera cette affectivit�.

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