Le FLNC 3 en bout de course
Sep 27, 2003

� Path�tique � Tel est le jugement que porte un responsable d�Indipendenza sur le texte que le FLNC 3 a fait parvenir aux repr�sentants des mouvements nationalistes r�unis � Corte.

Ce mouvement arm� clandestin aussi d�sign� comme le FLNC dit "du 22 octobre", a jug� "indispensable" mais "difficile" l'union des nationalistes, dans une lettre aux organisations nationalistes publiques, consult�e par plusieurs journalistes apr�s la r�union de Corte mercredi.

Ils expliquent, sur les six pages dactylographi�es en double colonne et en langue corse, qu'ils entendent "accompagner" cette union des nationalistes publics, sans pr�ciser de quelle mani�re, ni promettre clairement de tr�ve des attentats. En ont-ils d�ailleurs les moyens ?

Ils posent une quinzaine de conditions tr�s d�taill�es � cet �ventuel "accompagnement" : le refus de "la mondialisation" et d'"une �conomie qui serait bas�e exclusivement sur le tourisme qui g�n�re sp�culation et pollution", la n�cessit� de ne pas limiter la "corsisation des emplois � la seule Fonction publique" mais de l'�tendre � l'ensemble de l'�conomie ou encore le renforcement de l'utilisation de la langue corse "dans les m�dias, le syst�me �ducatif et les r�unions politiques"."Ces th�mes avaient d�j� �t� expos�s dans l�interview donn�e � Corsica dont l�auteur B� est militant de � Femu Aiacciu � une association qui s��tait compos�e pour les derni�res municipales ajacciennes. Hormis les militants sinc�res qui la composent, on y trouve des militants du FLNC 3 d�sesp�r�ment � la recherche d�une repr�sentation l�gale.

Les style est parfois sage � L'union est indispensable mais le chemin sera long et difficile", �crit glorieusement le mouvement qui s'intitule lui-m�me "FLNC", mais est �galement appel� par les m�dias FLNC "du 22 octobre" 2002 (date de son communiqu� n�1) ou "des dissidents" ou encore troisi�me du nom.

Parfois lyrique : "L'union que vous souhaitez doit �tre comme la graine que l'on plante : sachez que nous vous accompagnerons jusqu'� la r�colte"

Le FLNC 3 a revendiqu� le 3 ao�t douze attentats perp�tr�s entre le 8 juin et le 14 juillet.

Coup du sort, l�un de ses dirigeants pr�sum�s, le docteur Carrolaggi a �t� mis en examen pour extorsion de fonds. Nous avons d�j� narr� les tristes aventures de ce m�decin lib�ral et n�anmoins charg� de vacations en milieu p�nitentiaire.

Cet homme qui a �t� militant de la Cuncolta, puis de l�ANC avant de la quitter fin 1990 avec un homme qui deviendra l�homme lige de Fran�ois Santoni. Il est alors revenu � la Cuncolta dans la pire p�riode. Il la quittera comme nous l�avons d�j� racont� pour rejoindre le PPI de Marcel Lorenzoni. Puis il gagnera Corsica Viva et le FLNC du 5 mai.

Or le FLNC3 est une r�manescence du FLNC du 5 mai auquel se sont adjoints des militants de la Cuncolta proche de Fran�ois Santoni.

Jean-Paul Carrolaggi a �t� mis en examen pour �association de malfaiteurs et complicit� de tentative d'extorsion de fonds� en relation avec une entreprise terroriste. C�est l�un de ses amis et patients qui l�a pr�c�d� en prison et a mis les enqu�teurs sur la piste du corsican doctor : Ange-Marie Benvenutti, d�j� poursuivi pour �association de malfaiteurs et tentative d'extorsion de fonds�.

Ils sont intervenus ensemble sur une agence immobili�re en janvier 2001. Le patron de cette officine re�oit un coup de t�l�phone d�un individu qui lui r�clame 500 000 francs qui seraient destin�s �aux prisonniers politiques corses�. Fin f�vrier, les inconnus rappellent l'agence. Le 5 avril 2001, c'est au tour d'un voyagiste, Ollandini, de recevoir la m�me demande mais pour une somme l�g�rement sup�rieure. Plainte est d�pos�e et les lignes des plaignants sont mises sur �coute. Pour des raisons qu�on a du mal � s�expliquer la XIVe section anti-terroriste ne se saisit pas de l�affaire alors que la connotation politique ne fait aucun doute.

Le 29 janvier 2003, soit deux ans plus tard, Ange-Marie Benvenutti, ancien militaire et ancien militant nationaliste d�Indipendenza, est interpell� et mis en examen. Il a quitt� le parti de Fran�ois Sargentini et de Jean-Guy Talamoni parce qu�il y critiquait le manque de � de d�mocratie interne�, avec notamment Patrice Murati.

Benvenutti nie mais une expertise vocale �tablit que c�est lui qui a bien t�l�phon�. Or la piste Benvenutti m�ne � Carrolaggi et � de ses amis tr�s proches P� . Carrolaggi est mis en garde-�-vue et son ordinateur saisi et auscult�.

Le 14 ao�t 2003, alors que le FLNC 3 fait un peu trop parler de lui, le juge d'instruction ajaccien saisi de cette affaire de droit commun s�en dessaisit sans explication et, trois semaines plus tard, elle aboutit sur le bureau d�un juge anti-terroriste, le juge Thiel.

Quelques jours plus tard, Carrolaggi est arr�t� par la DNAT. L�explication est limpide : un texte r�cup�r� sur son ordinateur ferait �tat d'actions men�es pour relancer le financement d'actions clandestines dans le secteur d'Ajaccio et d'une suggestion � d'organiser des stages de minage et de d�minage pour les clandestins �.

Ne doutant de rien, Jean-Paul Carrolaggi a expliqu� qu'il avait tent� de dessiner � grands traits une �organisation nationaliste id�ale�.

Ses avocats dont l�incontournable Garbarini celui qui ressemble tellement au porte-parole d�Armata Corsa photographi� durant la seule et unique conf�rence de presse de l�organisation clandestine de Fran�ois Santoni, s�est �tonn� de la faiblesse des charges. Mais Pascal Garbarini sera toujours le dindon de sa propre farce, attach� qu�il est � renouer avec ses lointaines origines corses.

Et encore hasard ou destin�e, bien des amis de Carrolaggi vont se retrouver devant la Cour d�Assises sp�ciale pour les attentats commis contre l'Urssaf et la DDE en novembre 1999.

Rappel des faits : le 25 novembre 1999 � 11 h 15, une Peugeot 205 bourr� d�explosif, explose, d�truisant les cinq �tages de l'Urssaf � Ajaccio. Deux minutes plus tard, une seconde explosion met � bas les locaux de la direction d�partementale de l'�quipement. Une demi-heure auparavant, un correspondant anonyme avait donn� l'alerte en t�l�phonant aux r�dactions de France 3 Corse et de Radio Corse Frequenza Mora.

Le 30 novembre 1999, un groupe inconnu baptis� �Clandestinu�, hommage douteux rendu � Yvan Colonna, revendique l'op�ration et d�nonce �la rigidit� et le jacobinisme hors d'�ge du gouvernement Jospin� qui l'oblige �� intervenir au niveau le plus fort�. �Si un signe d'ouverture n'est pas donn� rapidement, ajoutent les auteurs du texte, nous serons dans l'obligation de porter nos coups sur le sol fran�ais�. Ne craignant pas le mensonge, Clandestinu affirme avoir pris �toutes les pr�cautions pour prot�ger les vies humaines. (...) Malgr� cela, il a failli y avoir des victimes en raison de l'incurie des services de police�, accus�s par les terroristes de ne pas avoir su �vacuer les lieux assez rapidement. En conclusion. Le communiqu� demande d�ailleurs �pardon � celles et ceux qui ont �t� commotionn�s par les explosions�, assurant enfin : �Nous garantissons le peuple corse que nous redoublerons les mesures de s�curit�...�

Le juge Thiel �crit � ce propos pour expliquer le sigle � Clandestinu �. �Les attentats ayant eu un impact si consid�rable, et surtout passablement n�gatif, affirme le texte, ils ne pouvaient �tre revendiqu�s par le FLNC du 5 mai 1996 (organisations clandestines dont Corsica Viva est la vitrine l�gale), et les cadres de l'organisation clandestine ont cr�� pour les besoins de la cause une structure parall�le�.

Un des mis en examen a d�clar� : � Nous voulions faire croire au gouvernement qu'il avait de nouveau � faire face � un groupe de terroristes incontr�l�s, tout comme celui du commando ayant assassin� le pr�fet Erignac, et ce pour acc�l�rer la reprise de discussion avec les �lus corses, dont ceux de la mouvance nationaliste�.

�Au cours de leurs auditions�, rappelle l'ordonnance cit� par le Figaro, plusieurs suspects �devaient reconna�tre avoir particip� dans le courant du mois d'octobre 1999 � une r�union� � l'issue de laquelle il avait �t� d�cid� de �r�aliser un coup d'�clat sous la forme d'attentats spectaculaires � fort retentissement m�diatique afin de contraindre le gouvernement de Lionel Jospin � renouer un dialogue avec les �lus nationalistes�, sans le pr�alable de mettre un terme � la violence. En septembre 1999, Lionel Jospin avait r�affirm� ce pr�alable au cours d'une visite dans l'�le. �

Le juge Gilbert Thiel �crit enfin que, quelques jours apr�s le double attentat, le gouvernement abandonnait �son pr�alable de la renonciation par la mouvance s�paratiste au recours � la violence...�

En effet, le 13 d�cembre 1999, une premi�re r�union rassemblait � Matignon le premier ministre et les �lus corses alors qu'une conf�rence de presse clandestine se tenait dans l'�le le 23 d�cembre 1999 pour annoncer une tr�ve et soutenir le processus. Le processus de Matignon venait de commencer.

� Matignon on s�est toujours d�fendu d�avoir c�d� � la violence : il n�emp�che que les dirigeants nationalistes ont �t� convaincus qu�une fois encore seul le rapport de force �tabli par la terreur pouvait faire plier Paris. D�ailleurs le 22 janvier 2000, les dirigeants de la clandestinit� dont certains se feront emprisonner pour le double attentat de l�URSAFF et de la DDE, se rendaient � une r�union dans les locaux de l'ob�dience ma�onnique du Grand Orient de France pour rassurer le gouvernement sur leur intention.

C�est donc � une fin annonc�e de ce FLNC qui voulait tellement d�passer son mod�le et qui n�en a jamais �t� que son petit clone au nez rouge.

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