L'AFFAIRE KRALOWETZ
KRALOWETZ : VERS UNE CRISE POLITIQUE ?


D'autres indices existent et prouvent que les douanes d'Esch-sur-Alzette avaient �t� rendues attentives en 1998 d�j� � cette dr�le d'entreprise dont l'actuel ministre des transports a encore soulign� il y a deux jours l'excellente sant� financi�re en indiquant que les tribunaux luxembourgeois n'avaient pas de moyens de la mettre en faillite. Les plus hautes instances gouvernementales luxembourgeoises, notamment du temps de la coalition chr�tiens-sociaux et socialistes, entretenaient d'excellentes relations avec la soci�t� suspecte dont les d�m�l�s avec la Justice pourraient �ventuellement provoquer une crise politique au Luxembourg.

Il semble de plus en plus �vident que l'ancien ministre des Transports Robert Goebbels, socialiste, aujourd'hui d�put� europ�en, a du moins tol�r� d'un regard bienveillant les agissements de la firme de transports. On s'interroge �galement sur le r�le de l'actuel ministre des transports, Henri Grethen, contre lequel il n'y a, contrairement � Goebbels, aucun indice, mais dont la fa�on tr�s engag�e de d�fendre Kralowetz et l'affaire qui l'entoure, en intrigue plus d'un.


Affaire Kralowetz: les autorit�s savaient tout


Le grand public d�couvre aujourd'hui les travers d'un employeur qui s'est jou� de la justice depuis des ann�es. Pourtant, sans rien pouvoir faire ou presque, les autorit�s savaient. A Esch-sur-Alzette, je me souviens de l'affaire de la pompe � essence, situ�e � l'entr�e de la ville en toute ill�galit�. Personne n'avait boug� � cette �poque. Personne sauf un jeune politicien, F�lix Braz. Sa question avait �t� �lud�e. Je me souviens d'avoir �voqu� longuement ce dossier avec certains fonctionnaires eschois, il y a quelques ann�es. De nombreuses plaintes n'avaient-elles pas �galement �t� d�pos�es � Esch � l'encontre de cette soci�t�, notamment pour escroquerie suppos�e envers d'anciens employ�s ?
Ne sont-ce pas aussi les m�mes employ�s de Kralowetz qui, dormant dans leur camion sur le parking d'Arbed, moteur allum�, d�rangeaient la population eschoise il y a trois ans environ ? Au regard des nombreux calendriers qui ornaient les murs de certains minist�res, dont celui des transport, on imagine les excellentes relations entre la soci�t� et les autorit�s. J'imagine aussi que depuis le d�but de l'affaire, les calendriers Kralowetz ont disparu des murs dans les diff�rentes administrations. Si Monsieur Kralowetz daignait revendre une de ses voitures au cheval cabr�, j'imagine que son capital personnel n'en serait pas affect�. Nicolas Mougin, journaliste en poste � Esch de 1995 � 2000.




Le parking du centre douanier du Luxembourg est devenu depuis quelques jours le principal p�le de ralliement des chauffeurs de la firme de transports internationaux Kralowetz. Pr�s de 120 camions de cette firme, suspect�e d'avoir employ� ill�galement des travailleurs et au coeur d'une proc�dure judiciaire dans huit pays europ�ens, sont stationn�s sur le parking. La soci�t� Kralowetz emploie quelque 700 chauffeurs des pays de l'Est, mais a d� arr�ter ses activit�s suite � des perquisitions faites dans 8 pays diff�rents". Une vingtaine de chauffeurs, pour la plupart des ressortissants d'Europe de l'est, montent la garde devant les poids lourds. Une centaine d'autres ont �t� pris en charge par la Croix Rouge luxembourgeoise et Caritas.

Nombre d'entre eux n'auraient pas �t� pay�s depuis deux, voire trois mois. Un "grand nombre" des chauffeurs employ�s par Kralowetz "n'avaient qu'un visa touristique", a affirm� pour sa part Simon Stachowiack, le maire de Tucquegnieux (France, est), o� plusieurs dizaines d'entre eux s'�taient regroup�s. Apr�s l'arrestation d'un des patrons de la soci�t�, les routiers �taient en effet venus r�clamer leur paie � la soci�t� United Continent Lines, situ�e dans la commune, et qui servait de base logistique � Kralowetz. Karl Kralowetz, autre patron de la soci�t�, a �t� arr�t� au Luxembourg. Soumis � "des horaires infernals", � "un manque d'hygi�ne et de s�curit�", les chauffeurs "�taient � la merci de leur ma�tre, � chaque erreur commise, ils avaient un abattement sur leur salaire" d�j� maigre. La condition qui leur �tait r�serv�e �tait similaire � de l'"esclavage". Le groupe Kralowetz, bas� en Autriche, a son si�ge international � Esch-sur-Alzette, deuxi�me ville du Grand-Duch�. La plupart des poids lourds de la firme sont immatricul�s au Luxembourg, dont la l�gislation sur les transports est assez souple et les taxes d'immatriculation des camions parmi les plus faibles de l'Union europ�enne. Le ministre luxembourgeois des Transports, Henri Grethen, a indiqu� que 350 chauffeurs de la firme sont inscrits � la s�curit� sociale et enregistr�s au minist�re des Transports.

Cette affaire n'est pas sans rappeler celle d'une autre soci�t� de transports, toujours implant�e � Mamer, commune luxembourgeoise, dans une rue interdite � la circulation des� poids lourds et o� sont d�clar�s et immatricul�s quelque� 120 camions. Interrog� il y a un an par " L'investigateur ", le ministre des transports Grethen n'avait constat� aucune irr�gularit�, mais promis de rem�dier � une loi bien perm�able. La soci�t� en question r�side toujours � Mamer.

Kralowetz fut arr�t� la semaine pass�e au Luxembourg, alors qu'il s'�tait rendu � un rendez-vous avec le fonctionnaire F. de l'administration de l'emploi. Ce dernier avait convenu avec la PJ luxembourgeoise de signaler l'arriv�e du patron de la soci�t� de transports. C'est ainsi que les policiers purent venir le cueillir en toute qui�tude�

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