Les profits tir�s du trafic de drogue sont r�alis�s � 98% dans les pays consommateurs, et non dans les pays producteurs dont il d�stabilise au contraire les �conomies, d'apr�s un tout nouveau rapport de l'Onu.
Ce rapport tourne autour d'une id�e essentielle : "contrairement � l'id�e r�pandue voulant que les revenus g�n�r�s par l'industrie illicite de la drogue favoriseraient le d�veloppement �conomique, les donn�es disponibles montrent que les pays producteurs (de drogue) enregistrent une baisse de leur croissance", affirme le rapport 2002 de l'Office international de contr�le des stup�fiants (OICS).
� partir d'estimations faites sur le trafic mondial d'h�ro�ne et de coca�ne, drogues ayant "les plus fortes incidences socio-�conomiques", l'OICS a calcul� que le revenu global des agriculteurs cultivant le pavot � opium en Afghanistan et la coca en Colombie s'�tait �tabli en 2000 � quelque 1,2 milliard de dollars US (environ 1,15 milliard d'euros), soit "tout juste 2%" de l'aide mondiale au d�veloppement de 54 milliards de dollars.
Parall�lement, les d�penses consacr�es la m�me ann�e aux Etats-Unis et en Europe � l'achat d'h�ro�ne et de coca�ne ont avoisin� les 60 milliards de dollars US, ajoute l'Office, en estimant � seulement 3,8 milliards de dollars le montant global des capitaux li�s � la drogue inject�s dans les �conomies des pays en d�veloppement producteurs. Citant l'Afghanistan, o� l'apport de capitaux li�s � la culture du pavot "est relativement important par rapport au Produit int�rieur brut", l'OICS estime que "l'augmentation massive de la production d'opium au d�but des ann�es 90, qui a fait du pays le premier producteur mondial, a servi � alimenter les guerres civiles mais n'a manifestement pas contribu� au d�veloppement socio-�conomique". "Cette observation vaut pour les autres pays" producteurs de drogue, a estim� le pr�sident de l'OICS Philip Emafo. "Nous n'avons trouv� aucun indice pouvant donner � penser que l'expansion des cultures illicites (de drogue) entra�nait une am�lioration de quelque indicateur de d�veloppement que ce soit", a-t-il ajout�.
Tout en d�stabilisant les �conomies des pays producteurs en faisant reculer les investissements licites et en faussant le processus de d�cision macro-�conomique, l'industrie de la drogue en pervertit �galement les syst�mes politiques. Les revenus tir�s de la drogue permettent de financer des campagnes �lectorales, la corruption, l'insurrection, le terrorisme et la criminalit� organis�e.
En Colombie par exemple, le nombre d'homicides est ainsi pass� de 17 pour 100.000 avant l'av�nement des narcotrafiquants, � 63 pour 100.000 en 1988, ann�e o� le cartel de Medellin a engag� une guerre contre l'�tat, et � 80 pour 100.000 en 1992, remarque l'OICS. La coca�ne finance �galement les gu�rillas.
Dans son rapport, l'OICS constate en outre que l'Afghanistan a retrouv� en 2002 son rang de principal fournisseur mondial d'opium, un an apr�s la chute de la milice fondamentaliste sunnite des talibans, avec 3.400 tonnes d'opium r�colt�es.
L'OICS �pingle �galement la Suisse, o� un projet de loi devrait prochainement d�p�naliser la consommation personnelle de cannabis ainsi que sa culture, sa fabrication, sa production, sa possession et son achat pour usage personnel. L'agence d�nonce parall�lement la d�cision du Canada et des Pays-Bas d'autoriser l'utilisation du cannabis � des fins m�dicales.
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