Quand la langue fran�aise p�te parfois plus haut que son cul
La France est un grand pays dot�e d'une grande langue (nous voulons parler bien entendu de la beaut� de son langage et non de la dimension de son appendice buccal). Elle a d�cid� de faire entrer Alexandre Dumas au Panth�on. Citons parmi ses �uvres les plus connues, L'�le de Feu Le Meneur de Loups Histoires de f�es et de sorci�res, Le page du Duc de Savoie, Le Vicomte de Bragelonne, La Reine Margot, La Dame de Monsoreau, Le Comte de Monte-Cristo, La Comtesse de Charny, Le Chevalier de Maison-Rouge, Les Trois Mousquetaires etc. Mul�tre mais aussi dot� d'un fameux n�gre litt�raire, l'illustre Maquet, il devait rapidement l'un des auteurs les plus populaires du XIXe si�cle. C'est d'ailleurs ce succ�s, l'amour des femmes (et du caf�), sa capacit� � produire qui lui donn�rent cet app�tit de la vie et sa capacit� � se ruiner. L'homme (et c'est bien sympathique) avait l'habitude de travailler nu comme un vers, debout devant son pupitre, et de boire plusieurs litres de caf� par jour. Il �crivait � partir des travaux de son n�gre, l'illustre et g�nial inconnu Maquet qu'il eut fallu pour bien faire, faire entrer au Panth�on afin qu'il dorme aux c�t�s de son mentor et pillard d'ami.
L'investigateur rend hommage au grand Alexandre en produisant ci-dessous parmi les plus belles perles de la litt�rature fran�aise dont on esp�re qu'un jour elles orneront les tombeaux froids et glac�s de ce monument terrible qu'est le Panth�on, d�di� � la gloire des h�ros d�funts. On y trouve p�le-m�le les cendres de l'un, le c�ur de l'autre, la couille d'un autre encore. Et tout �a est cens� repr�senter le g�nie fran�ais. Bien au contraire nous pensons que l'humain est dans le faillible. Voici donc les failles d'une langue, belle � n'en pas douter mais qui parfois se surprend � p�ter beaucoup plus haut que son cul. Honneur aux d�faillants de la langue, honneur � ses d�taillants tr�buchants. La plupart de ces extraits ne prennent toute leur saveur qu'� la condition de les lire � haute voix.
Cette synth�se propose une compilation des diff�rentes contributions et r�ponses re�ues suite � la demande initiale post�e sur la liste Profs-L, liste des professeurs de lettres de lyc�e et synth�tis�es par J.E. GARDENNE. Avec l'aimable et sympathique collaboration de Fran�oise Chatelain, B. Saint-Requier , Roger Berthet, Jean-Jos�, Jacques B., Edmonde Barenton, Marchiani, Jeg. Une mention sp�ciale est adress�e � Jacques MAUGER.
Alors elle aper�ut un pied qui riait dans un rayon de soleil
Zola
Il l'atteignit si furieusement de son poignard qu'il le manqua
BALZAC, La Femme de trente ans
La main de cet homme �tait froide comme celle d'un serpent
Ponson du Terrail, "Rocambole"
" Elle entendit le bruit d'un cheval dans la cour. C'�tait son p�re qui rentrait "
(Sans auteur)
Avant l'ind�pendance on �tait au bord de l'ab�me, nous avons fait un pas en avant.
Sekou TOURE
(D�j� attribu� � d'autres sous la forme "La France �tait au bord du gouffre, mais depuis elle a fait un grand pas en avant")
R�action:
La citation rappelle les vers 228-230 de "L'Ecole des femmes", o� Georgette r�pond � Arnolphe qui demande si Agn�s a �t� triste pendant son absence :
Elle vous croyait voir de retour � toute heure.
Et nous n'oyions jamais passer devant chez nous
Cheval, �ne ou mulet, qu'elle ne pr�t pour vous. (Acte I, sc�ne 2)
(contribution de B. Saint-Requier)
Car c'est ne pas r�gner d'�tre deux � r�gner!
(Corneille, La Mort de Pomp�e)
Victorine continua sa lecture en fermant les yeux
�dmond About, Les Mariages de Paris
(cit� par Pierre Ferran, Les Perles de la litt�rature)
L'amour a vaincu Loth
Abb� Pellegrin, Loth , op�ra du XVIIIe s.
Bon! Bon! maugr�a-t-il en silence et en bas-breton
Ponson du Terrail
Vous �tes, dit Colbert, aussi spirituel que Monsieur de Voltaire
A.Dumas, "Le Vicomte de Bragelonne"
Monsieur vous suivez une route et moi j'en suis une autre
Z�vaco, "Pardaillan"
J'habite � la montagne et j'aime � la vall�e
ARLINCOURT (Charles-Victor Pr�vot, vicomte d') (1789-1856), Le si�ge de Paris
Mon p�re, en ma prison, seul � manger m'apporte
Ibid.
Le Roi Louis s'avance avec vingt mille francs
Ibid
[La femme de chambre] lui cria deux mots � voix basse
BALZAC, La Muse du d�partement
Le p�ch� de la chair est le plus abominable de tous les p�ch�s et ce crime est si bien le plus grand de tous les crimes qu'il faut �tre � deux pour le commettre.
Cardinal Etienne LE CAMUS 1632-1707
Je sortirai du camp, mais quel que soit mon sort
J'aurai montr� du moins comme un vieillard en sort
Alexandre DUMAS (1806-1861), Le Camp des crois�s
R�action de Jean-Louis Morel :
Elle n'est pas d'Alexandre Dumas, mais d'Adolphe Dumas.
� ce propos, voil� ce qu'�crit Alphonse Karr dans "Les Gu�pes" d'octobre 1842 :
" M. Adolphe Dumas - qui n'est nullement parent d'Alexandre Dumas - rencontra celui-ci dans un couloir le jour de la premi�re repr�sentation du Camp des Crois�s (drame jou� � l'Od�on en 1838), pi�ce dudit M. Adolphe Dumas, dans laquelle les ennemis de l'auteur ont pr�tendu avoir entendu ce vers : Et sortir d'ici-bas comme un vieillard en sort, qu'ils �crivent et prononcent : comme un vieil hareng saur.
"Monsieur, dit M. Adolphe � M. Alexandre, - pardonnez-moi de prendre un peu de votre place au soleil, mais il peut bien y avoir deux Dumas, comme il y a eu deux Corneille."
"- Bonsoir, Thomas" dit Alexandre en s'�loignant.
Soixante et quinze francs en pi�ces de quarante sous
Flaubert, Madame Bovary
Je suis Romaine, h�las! puisque mon �poux l'est!
Corneille, Horace, modifi� en 1656
" Je suis Romaine h�las, puisqu'Horace est Romain " Corneille, Horace, I, 1, Sabine
On cite souvent � titre de fac�tie, la variante: " Je suis Romaine h�las, puisque mon �poux l'est " mais il s'agit bien de l'alexandrin tel qu'il fut publi� dans la premi�re version de 1641. En 1656, Corneille donna � ce vers la forme ci-dessus, en modifiant aussi les trois suivants. (Source: Dictionnaire de Poche de la langue fran�aise, Larousse, Citations fran�aises)
Et le d�sir s'accro�t quand l'effet se recule
Corneille, Pierre (1606-1684), Polyeucte, I, 1, Polyeucte
Contribution de Liliane Schra�wen:
En ce qui concerne Corneille, il ne s'agit peut-�tre pas d'une "perle". On pr�tend en effet que le grand homme �tait assez coquin, voire grivois sinon pire, � l'occasion. Il existe d'ailleurs d'autres textes de lui, plus explicites...
Ah! Ah dit Don Mano�l en portugais
A.Dumas, "Le Collier de la reine"
Contribution de Roger BERTHET:
"Ah! ah! cria-t-il en portugais", c'est de DUMAS P�re, un sp�cialiste! qui faisait galoper ses mousquetaires dans des champs de pommes de terre et dont un personnage QUI TENAIT SERRE ENTRE LES DENTS UN MOUCHOIR CONTENANT UN BEBE s'�lance EN CRIANT: "Place � l'enfant de la morte!"
Horace s'adresse � Curiace (v. 444 � 450 d'"Horace") :
S'attacher au combat contre un autre soi-m�me,
Attaquer un parti qui prend pour d�fenseur
Le fr�re d'une femme et l'amant d'une soeur
Et rompant tous ces noeuds, s'armer pour la patrie
Contre un sang qu'on voudrait racheter de sa vie,
Une telle vertu n'appartenait qu'� nous;
L'�clat de son grand nom lui fait peu de jaloux...
Ici, c'est l'acrostiche qui est � noter. Il s'agit de burlesque... volontaire cette fois, bien-s�r.
Il est onze heures, r�p�ta le personnage muet.
Honor� de Balzac, "La Bourse"
Je n'y vois plus clair, dit la vieille aveugle
Honor� de Balzac
Ces belles qui, toujours sages, couraient les champs sur leur palefroi et mouraient � quatre-vingts ans, tout aussi vierges que leurs m�res...
Florian - Traduction de Don Quichotte
Puis, c'�tait un capitaine, le bras gauche arrach�, le flanc droit perc� jusqu'� la cuisse, �tal� sur le ventre, qui se tra�nait sur les coudes.
Emile Zola - "La d�b�cle", chap. 7
Jeantrou avait gard� sur le coeur les coups de pied au cul de la baronne
Emile Zola - "L'argent"
Le mis�rable se pr�cipita sur l'enfant. Il lui saisit la t�te et lui en vida le contenu dans la bouche
Alexis Bouvier
La diarrh�e et son traitement rationnel, voil� certes un titre all�chant.
Bulletin M�dical de Paris - Ann�e 1907
La Delaware coule parall�lement � la rue qui suit son bord.
Chateaubriand - "Voyage en Am�rique"
Je m'amusais � voir voler les pingouins.
Chateaubriand - Le G�nie du Christianisme
R�action de Michele Corsange:
N'en d�plaise � mon ami Jacques, les pingouins volent bien et l'Enchanteur en bon Breton qu'il �tait le savait pour avoir pu les voir de ses yeux, comme je l'ai fait lorsque j'�tais en poste � Cherbourg. Je peux m�me vous en fournir la preuve : cf. la revue de la LPO "L'Oiseau magazine" n� 57 p. 12. Pierre Ferran dans ses Perles de la Litt�rature colporte une belle bourde, il e�t mieux fait de s'informer aupr�s d'ornithologues. Errare...
Je ne l'avais jamais revu depuis sa mort
Paul Hervieux - "La figure filante
Leur mobilier se composait d'une simple malle et d'un cadavre
Pierre Souvestre et Marcel Allain - "Fantomas, La mort qui tue"
La salle � manger sera aussi accueillante que la ma�tresse de maison. On doit �tre heureux d'y p�n�trer et n'en sortir qu'� regret
Pierre Andrieux - "L'art de la table"
Il avait 77 ans et en paraissait facilement le double
L�opold Stapleaux - "Les Ing�nus de Paris"
Dans cette famille, ils �taient st�riles de p�re en fils
Alain Headson
Il avait un pantalon de velours et un gilet de la m�me couleur.
Ponson du Terrail - "Rocambole"
Il �tait inqui�tant, ce gamin, avec toute une moiti� de la face plus grosse que l'autre, le nez tordu � droite, la t�te comme �cras�e sur la marche o� sa m�re, violent�e, l'avait con�u.
�mile Zola - L'Argent - Ed. de la Pl�iade, V, p. 151
Pr�cisions de Jacques :
Ce qui me frappe le plus dans cette phrase de Zola, ce n'est pas tant le portrait (pourtant lourd!) mais le fait que l'auteur laisse entendre que la t�te existait d�j� au moment de la conception. (homoncule)
Ajout de Gr�goire :
Juste une remarque (ou question): il peut s'agir de l'accouchement, et non de la conception ...
Sur le sein de l'�pouse, il �crasa l'�poux
Viconte d'Arlincourt - Le Si�ge de Paris (1877).
Le roi de Perse habite, inquiet, redout�...
Victor Hugo, La L�gende des si�cles
La for�t vierge est une for�t o� la main de l'homme n'a jamais mis le pied".
Claude FARRERE
Il rentra chez lui il vit le lit vide, il le devint aussi
PONSON DU TERRAIL
Le perroquet dit en roulant terriblement les r : Ah le cochon ! Ah le cochon ! "
Traduction d'un roman policier danois
D'une main il ouvrit la porte et de l'autre il cria : Vive la R�publique !
???
Fecamp, port de mer et qui entend le rester.
DE GAULLE
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