La dixi�me note PROUTEAU

PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE

Le Directeur Adjoint du Cabinet

Paris, le 17 f�vrier

NOTE
A l'attention de Monsieur le Pr�sident de la R�publique

Objet : Situation en Corse

Le commandant PROUTEAU vous a fait parvenir des �tudes sur l'�volution possible de la situation en Corse.

Il me para�t indispensable de vous informer � cet �gard avant que l'affaire soit rendue publique, des conclusions assez alarmantes concernant un cas d'homicide volontaire constat� le 9 f�vrier 1983 � ALTA (Corse du Sud).

La victime, Andr� SCHOCK, avait �t� l'objet d'attentats par explosifs et tentatives d'extorsion de fond de la part du FLNC.

Jusqu'� pr�sent la police judiciaire et le Minist�re de l'Int�rieur ont �t� tr�s discrets sur cette affaire et les circonstances exactes de ce crime n'ont pas �t� d�voil�es. Je tiens de source s�re que M. SCHOCK avait �t� plusieurs fois tr�s s�rieusement menac� par le FNLC. Il avait r�sist� aux demandes de ran�ons pr�sent�es et n'avait pay� qu'une tr�s faible partie de la somme demand�e.

L'enqu�te de surcro�t a r�v�l� que la victime avait �t� tu�e d'une d�charge de chevrotines et lorsque le cadavre a �t� d�couvert, il portait une pancarte sur laquelle �tait inscrit une phrase un peu pr�s libell� comme ceci : " ainsi se termine l'affaire de Monsieur SCHOCK ".

La discr�tion de la police judiciaire et des autorit�s s'exlique par le fait qu'il faut �viter � tout prix que ce cas soit pr�sent� comme le premier exemple d'une victime d�lib�r�e du FNLC, ce qui ne ferait qu'accro�tre les difficult�s actuelle de la police et rendrait encore plus �pais le mur de silence auquel elle se heurte.

D'apr�s les informations que j'ai recueillies, il se confirme du reste que les renseignements qu'obtient la police sont quasi inexistants et que la tr�ve actuelle est uniquement due � la proximit� des �ch�ances �lectorales.

Il est certainement n�cessaire d'entreprendre des actions plus volontaristes sur le plan policier.

C'est la raison pour laquelle il para�t opportun d'obtenir de la part de Monsieur le Garde des Sceaux son accord sur la demande de lib�ration conditionnelle pr�sent�e en �change de laquelle bien introduit dans les milieux autonomistes serait susceptible de donner des informations permettant de proc�der � des saisies d'explosifs et d'armes et peut �tre aussi � des arrestations spectaculaires.

Cette op�ration, pour d�licate qu'elle soit, aurait �galement le m�rite de jeter le trouble au sein des diverses tendances rivales du FLNC.

Vous avez donn� votre accord de principe pour que les d�marches soient entreprises aupr�s de Monsieur BADINTER, ce que Jean-Claude COLLIARD a fait. Mais le Garde des Sceaux est r�ticent il devient urgent d'emporter sa d�cision.

Il s'agit en fait d'obtenir la lib�ration d'une personne mais qui ne doit plus accomplir par le jeu des remises que trois ans de peine. De plus, la lib�ration est conditionnelle et il est convenu que l'information sera donn�e un mois avant la lib�ration effective, ce qui nous donne toute garantie.

Enfin, le b�n�ficiaire de la lib�ration conditionnelle n'est pas la personne en mesure de donner les informations recherch�es.

Si cette premi�re d�marche donne des r�sultats positifs, il sera possible d'obtenir ult�rieurement d'autres renseignements tr�s utiles, portant notamment sur un trafic portant d'armes d'origine roumaine � destination de la Corse, via l'Italie.

En revanche, si la d�cision du Garde des Sceaux n'intervient pas tr�s rapidement, il y lieu de consid�rer cette source d' information comme d�finitivement tarie car la cr�dibilit� du policier traitant sera d�finitivement atteinte.

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s