Cet article a �t� publi� le 9 octobre 2002 dans le n�25 des Enqu�tes interdites.
D�cid�ment le site Internet de l'hebdomadaire luxembourgeois L'Investigateur conna�t un grand succ�s ces derniers temps. Apr�s Le Monde (voir aussi notre article "Le scoop du Monde et L'Investigateur), c'est au tour du mensuel Corsica d'�prouver la n�cessit� d'aller puiser ses sources en surfant sur les pages web du titre luxembourgeois, opportun�ment enregistr�es sur une petite �le des Cara�bes. C'est ainsi que sous la plume d'un certain Paul Luciani nous d�couvrons, dans l'�dition de Corsica d'octobre 2002, une savante enqu�te sur Roger Marion, le directeur central adjoint de la Police judiciaire qui, prochainement, prendra ses fonctions comme pr�fet d�l�gu� pour la s�curit� � Marseille. Tout en omettant de citer ses sources, le mensuel Corsica annonce en fanfare: "Voici pour la premi�re fois en France, des morceaux choisis" d'un "journal secret" �crit, selon les "r�v�lations" de Corsica, par un "hi�rarque des RG". Suivent quelques lignes de ce journal secret d'un myst�rieux "hi�rarque des RG", vraisemblablement d�sireux de r�gler quelques comptes avec son patron Yves Bertrand. Or, il se trouve que les "morceaux choisis" pr�sent�s par Corsica comme �tant une "primeur � la fran�aise" sont h�berg�s, depuis pas mal de temps d�j�, sur le site Internet de L'Investigateur. Plus pr�cis�ment, dans un long r�cit qui sous le titre de "Bertrand story" pr�tend r�v�ler, � l'aide d'une myst�rieuse "source int�rieure", les agissements de "la derni�re police politique d'Europe de l'Ouest".
En fait, il s'agirait plus modestement, d'un br�lot �crit par un ancien commissaire des RG d�sireux, apr�s son limogeage, de r�gler quelques comptes avec son ancien service. Ces informations du site Internet de L'Investigateur sont � prendre avec les r�serves d'usage! Il semble que ce ne soit pas l'avis de "l'enqu�teur" de Corsica, le journaliste Paul Luciani qui s'en fait l'�cho en exclusivit� non pas "corse" mais directement "fran�aise". En publiant des extraits "de la source int�rieure des RG" disponibles sur le site Internet "cara�bien" de L'Investigateur luxembourgeois, sans citer sa source, Paul Luciani doit avoir eu, il faut lui en accorder le cr�dit, soit l'autorisation de ses confr�res cara�bo-luxembourgeois, soit, directement, le "journal secret du hi�rarque des RG", gr�ce � son travail de journaliste d'investigation.
Car Paul Luciani, n'est pas n'importe qui. De son vrai nom Gabriel Xavier Culioli, cet �crivain journaliste, qui s'illustra autrefois comme le pr�facier attitr� d'un ancien chef du FLNC, est devenu depuis un an un expert en r�v�lations, interview et portraits. Il faut dire que son int�r�t professionnel est tr�s attir� par la mouvance politique "corsiste". De Toussaint Luciani, ancien milicien de l'OAS, que Culioli n'h�site pas a d�finir comme un "rebelle institutionnel", en passant par Robert Feliciaggi, exploitant de casinos en Afrique � l'ombre de Charles Pasqua, Gabriel Xavier ne se lasse pas de nous informer dans les colonnes du mensuel Corsica. Cet �t� il nous a m�me offert un scoop de taille. L'interview exclusive de celui que certaines mauvaises langues d�finissent comme le "parrain" de la Corse du Sud. En effet, le mythique Jean-J� Colonna, actuellement en fuite, n'a pas h�sit� � accorder un long entretien, depuis le maquis, � la nouvelle star montante du journalisme d'investigation insulaire. Il faut pr�ciser que Jean-J� Colonna a souhait�, quand m�me, relire le papier de Culioli avant publication. Condition � laquelle Gabriel Xavier s'est pli�, faisant ainsi preuve d'un professionnalisme sans faille...
Mais, revenons � sa toute derni�re "enqu�te". Il faut bien admettre que, outre "la primeur fran�aise du journal secret d'un hi�rarque des RG", l'enqu�te de Culioli nous a fait cadeau d'une autre r�v�lation de taille sur les dysfonctionnements de l'enqu�te Erignac. Plus pr�cis�ment, il nous fait part, avec minutie, des circonstances qui auraient permis � Yvan Colonna, le militant nationaliste qui, selon les accusations des enqu�teurs, serait l'assassin pr�sum� du pr�fet, d'�chapper aux coups de filets de la police. Voici ce qui est �crit dans Corsica: "Le samedi 22 mai, Yvan Colonna ne sait pas encore que son nom a �t� donn� quelques heures auparavant par l'un des conjur�s. En milieu d'apr�s-midi, une �quipe de TF1 cherche � obtenir une interview de Mathieu Finidori (en r�alit� il s'appelle Filidori, NDLR) pr�s de Ghisonaccia. Coup de t�l�phone de la r�daction. Le quotidien Le Monde, sorti � Paris vers 13h30, avance le nom d'Yvan Colonna. L'�quipe se pr�cipite � Cargese et le localise..." Une r�v�lation tr�s int�ressante de Corsica! Qui n'a qu'un seul d�faut: elle est inexacte. Et, pour cause: le 22 mai 1999, le pauvre Mathieu Filidori ne pouvait pas se trouver pr�s de Ghisonaccia, car il �tait incarc�r� � la prison de Fresnes, en banlieue parisienne. En effet, Mathieu Filidori, militant nationaliste de la premi�re heure, faisait partie de la fameuse "piste agricole" qui se r�v�la, au fil des investigations, comme �tant le fruit amer de certaines th�ses polici�res... d�pourvues de tout fondement! Aujourd'hui, apr�s avoir subi une longue incarc�ration, Mathieu Filidori a �t� blanchi de toute accusation. Il est vraiment attristant que le journaliste vedette du mensuel Corsica, Gabriel Xavier Culioli, en nous livrant sa derni�re "enqu�te", ait pu publier cette information d'une inexactitude manifeste. Mais, que voulez-vous, m�me les plus grand professionnels, parfois, sont victimes d'une "insoutenable l�g�ret� de l'�tre".
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