Affaire WATHELET
Le dr�le de r�le d'un actuel juge de la Cour de Justice europ�enne implant�e � Luxembourg et ancien ministre belge de la Justice dans une sordide affaire de meurtre


Le 14 novembre 1992, le corps sans vie de Jean-Hugues Wathelet est retrouv� dans sa voiture, par un m�canicien de Touring Secours, sur le parking du restaurant de l'autoroute E 40 � Louvain-Heverlee, en direction de Li�ge. Il avait disparu depuis onze jours : parti pour son travail, il n'y est jamais arriv�. Ag� de 31 ans, il avait quitt� le domicile de ses parents le 3 novembre 1992 La gendarmerie de Louvain appel�e sur les lieux, ouvre la voiture et fait quelques constatations superficielles.

D�s le d�part, l'enqu�te accumule d'�tranges dysfonctionnements.

Deux gendarmes de la section provinciale de Reyers, service de la s�curit� routi�re, arrivent, renvoient les gendarmes de Louvain, dressent proc�s-verbal et se chargent du suivi. Ils prennent contact avec madame Schevenels, substitut � Louvain.

AFFAIRE DE COMPETENCES

Commence alors un chass�-crois� entre madame Schevenels et Walter Ringoot, substitut � Bruxelles, pour savoir qui pourrait bien �tre comp�tent dans cette affaire. Deux magistrats bien peu avertis de leurs comp�tences terri-toriales.

Le Dr Scholtus (m�decin g�n�raliste) est requis sur les lieux par les gendarmes pour la constatation du d�c�s. Celui-ci remplit son C 3, c'est-�-dire le formulaire officiel de constatation de d�c�s par le m�decin, sur lequel il note : "mort suspecte ??? ".

MORT SUSPECTE !

Le substitut Ringoot, ayant accept� d'�tre comp�tent sur le territoire de Louvain (on se demande bien pourquoi), s'est d�charg� sur les verbalisateurs de la responsabilit� de l'enqu�te. Malgr� les �coulements de sang au niveau de la bouche, du nez et des oreilles, malgr� la position anormale du corps allong� dans le coffre de sa voiture, emmitoufl� dans un sac de couchage ferm� jusqu'au col, toutes porti�res closes, malgr� les souliers jet�s derri�re une autre voiture immatricul�e en Allemagne, le substitut n'a pas estim� utile une descente sur les lieux.

Le substitut Walter Ringoot ne s'est pas inqui�t� de la disparition prolong�e de Jean-Hugues, il n'a pas fait proc�der � un relev� d'empreintes et � un examen syst�matique de la voiture. Il n'a pas saisi de juge d'instruction et n'a pas d�sign� de m�decin l�giste.

NEGLIGENCES

Autant de n�gligences coupables, dont les cons�quences sont extr�mement graves dans une affaire de mort d'homme. La voiture, avec le corps, a �t� remorqu�e jusqu'au fun�rarium Detroy de Kessello, o� Jean-Hugues fut d�shabill� et ses affaires br�l�es, sauf le sac de couchage qui fut d�truit en 1995, on ne sait pour quelle raison.

La responsabilit� du d�roulement de l'enqu�te initiale fut abandonn�e " aux bons soins " de la gendarmerie, qui avait manifestement fait le choix de la th�se " bien confortable " du suicide, quoique cette th�se fut en contradiction flagrante avec les �l�ments mat�riels et un contexte particulier.

MENSONGES SUR L'AUTOPSIE

Apr�s que le corps fut pr�sent� aux parents au fun�rarium, maquill� et affubl� d'une perruque, le substitut Ringoot refusa tout contact avec les parents, totalement insensible � leur d�tresse.

A la question de la maman sur la pr�sence de cette perruque, le croque-mort r�pondit que l'on avait fait des pr�l�vements lors de l'autopsie. La fianc�e de Jean-Hugues, pr�sente aux c�t�s de la maman, confirma les propos du croque-mort en touchant les yeux de son ami, ajoutant devant le doute de la maman " je sais bien ce que je dis, je suis m�decin ". . Plus tard, la r�alit� de ces pr�l�vements et de l'autopsie fut ni�e par le parquet.

MELCHIOR INTERVIENT�

Devant tant d'immobilisme, d'incoh�rences et de blocages, Jean Wathelet, p�re de la victime, se r�signe � s'adresser � son cousin le Ministre de la Justice belge de l'�poque, Melchior Wathelet.

Entre temps, les parents de Jean-Hugues proposent � la Justice une piste s�rieuse : la relation amoureuse de leur fils ne pla�t pas du tout, mais alors pas du tout � la famille de la fianc�e, famille dont les traditions ancestrales ne sont pas vraiment compatibles avec le libre-arbitre des jeunes filles quant � la disposition de leurs sentiments et de leur corps. Le p�re de la jeune fille (excellent ami et fournisseur de la police li�geoise), dans la semaine qui pr�c�de la d�couverte du corps de Jean-Hugues, prof�re au p�re de celui-ci des menaces de mort � l'encontre du fils disparu depuis quelques jours : " si je le trouve, je le tue ".

�TOUT COMME BENOIT

Les parents de Jean-Hugues sont re�us par le procureur Benoit Dejemeppe qui, tout en reconnaissant les lacunes de l'enqu�te initiale, se donne beaucoup de peine pour trouver des excuses � ses subordonn�s et se borne � inviter Jean Wathelet et son �pouse, Giovanna Mastroianni " � oublier cette malheureuse affaire, dans l'int�r�t de tous, pour la paix et la s�r�nit� des familles "

Nous sommes alors le 1er avril 1993.

A la requ�te du p�re de la victime, le procureur Dejemeppe lui promet n�anmoins l'acc�s au dossier mais le retient suffisamment longtemps pour laisser faire le temps� et d�courager les parents.

PRESSIONS SUR LES AVOCATS

Quand ils re�oivent enfin le dossier, les �poux Wathelet d�cident de se constituer partie civile. D�s que le procureur Dejemeppe apprend la chose, il convoque les avocates des Wathelet et fait pression sur elles afin qu'elles les dissuadent de se porter partie civile, ce qui porta malheureusement ses fruits : le soir pr�c�dant l'audience de la chambre du conseil, l'avocate Bloem, restitua son dossier � Jean Wathelet, d�clarant qu'elle n'irait pas � Louvain le lendemain matin, que plus personne ne pourrait d�fendre ce dossier et que de toutes fa�ons il serait class� sans suite pour les motifs invoqu�s par Beno�t Dejemeppe le 1er avril 93, " la paix et la s�r�nit� des familles ".

La d�fection d'une avocate c�dant aux pressions va obliger les parents � se rendre devant la juridiction de Louvain accompagn�s d'un interpr�te pour tenter de faire remettre l'affaire afin de pouvoir trouver un avocat s�rieux et suffisamment ind�pendant du parquet de Bruxelles. Apr�s quelques temps, le dossier fut n�anmoins class� sans suite devant la chambre du conseil de Louvain, malgr� l'intervention du nouvel avocat Me Guy Michel, lequel laissera entendre plus tard que les pressions exerc�es par le parquet sont telles qu'il s'en trouve fort mal � l'aise. En appel de cette d�cision, la chambre des mises en accusation ordonna un suppl�ment d'enqu�te avec devoirs compl�mentaires, com-me l'interrogatoire des personnes d�sign�es dans la piste indiqu�e par les parents.

DYSFONCTIONNEMENTS A GOGO

L'affaire avait �t� mise � l'instruction chez le juge d'instruction Decoux � Louvain. Nous sommes en juin 1995 lorsque le juge Decoux est pri� d'y regarder de plus pr�s. Il aura fallu plus de deux ans et demi pour que les premiers pas d'une enqu�te digne de ce nom soient envisag�s. Non seulement nous sommes � ce moment-l� encore loin d'un d�but de r�alisation de ce qui est ordonn�, mais, faut-il s'en �tonner dans ce pays appel� Belgique, quand r�alisation il y aura, on " dysfonctionnera " all�grement, par exemple en demandant humb-lement au principal suspect si sa belle-m�re est bien en �tat d'�tre interrog�e sur les agis-sements de son beau-fils!

Le parcours du combattant, voil� ce que la Justice belge inflige aux familles de victimes.

Ce n'est pas tout.

DES PHOTOS CACHEES

Gr�ce � leur acharnement � con-traindre la Justice � travailler � peu pr�s correctement, les parents de Jean-Hugues d�montrent que des documents avaient �t� retir�s du dossier. Des photos significatives ont �t� cach�es soig-neusement pendant six longues ann�es ! Ces photos avaient �t� prises par hasard par un gendarme passant par l�. Elles n'avaient pas �t� vers�es au dossier par les verbalisateurs et n'y apparaissent que quatre ans plus tard � cause de la t�nacit� des parents qui en avaient eu connaissance par le m�decin g�n�raliste Scholtus.

Pourquoi donc les enqu�teurs ont-ils cach� cet �l�ment capital ?

Quand ils ont acc�s au dossier, le greffe leur refuse copie des photos en couleur, au motif que la reproduction couleur co�te trop cher ! En r�alit� la couleur met cr�ment en lumi�re l'importance des �coulements de sang.

Plus �trange encore, la Justice se contredit � plusieurs reprises � propos d'une autopsie et de pr�l�vements r�alis�s dans les trois jours de la d�couverte du corps, mais ni�s par la suite, pour �tre admis derni�rement au d�tours d'une question du juge d'instruction, sans qu'il soit possible jusqu'ici de voir figurer au dossier quoi que ce soit s'y rapportant.

ANOMALIES FLAGRANTES

Quand les parents obtiennent enfin qu'une autopsie soit r�alis�e, deux ans apr�s le d�c�s, le juge d'instruction leur refuse la pr�sence d'un m�decin l�giste qui a leur confiance. Une contre expertise conduite l'an dernier a mis en �vidence des anomalies flagrantes dans le rapport de l'expertise de 1994.

La relative proximit� familiale de Jean Wathelet avec son cousin Melchior avait pouss� le premier � d�noncer au second l'incomp�tence invraisemblable et scan-daleuse du parquet de Bruxelles. Le Ministre s'inqui�te aupr�s de son subordonn�, le Procureur du Roi Benoit Dejemeppe, de l'�tat de l'enqu�te -� ce moment, il n'y a pas de juge d'instruction de d�sign�.

Le 29 janvier 1993, le procureur r�pond au Ministre que tout fonctionne, que l'examen du v�hicule est en cours, que l'audition des membres de la famille suspect�e � Herstal est programm�e et qu'il tiendra le Ministre au courant de la suite de l'information judiciaire conduite par son office.

LE PARCOURS DU COMBATTANT

Le 18 f�vrier 1993, Melchior Wathelet demande � Jean de laisser travailler les enqu�teurs et lui promet qu'il sera inform�.

Le 3 mars, il lui conseille de demander au procureur l'autorisation de prendre connaissance du dossier et c'est le premier avril que Beno�t Dejemeppe conseille aux parents de Jean-Hugues " d'oublier cette malheureuse affaire, dans l'int�r�t de tous, pour la paix et la s�r�nit� des familles. "

Bon prince, il leur promet dans la foul�e l'acc�s � un dossier qu'il qualifie de vide ! Les parents, on s'en doute, commencent � la trouver tr�s indigeste.

Les parents Wathelet, entendus le 21 janvier 1997 par la Commission parlementaire d'enqu�te pr�sid�e par l'actuel Ministre de la Justice Marc Verwilghen et le 13 octobre de la m�me ann�e par le comit� P charg� du contr�le des polices, ont au moins r�ussi � contrecarrer le destin de classement vertical du dossier�

COTE COUR, COTE JARDIN

La gestion de cette affaire semble bien avoir �t� conduite en partie double : un dossier c�t� cour, un autre c�t� jardin. Les parents ont la conviction, solidement �tay�e, que les autorit�s judiciaires savent ce qui est arriv� � leur fils, mais que pour des motifs obscurs et inavouables, on leur cache la v�rit� en faisant pression sur leurs avocats.

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s