S.I.S.I.E., LA SOCIETE DE TOUTES LES MAGOUILLES DE CRESSON
Parall�lement � ses prouesses fran�aises, puis europ�ennes, il y avait �galement S.I.S.I.E. et Elf
d'ailleurs confi� lors de son passage � Matignon une importante mission sur les entreprises fran�aises. Et cinq jours avant de prendre officiellement possession de son fauteuil de commissaire europ�en, soit le 26 d�cembre 1994, Edith Cresson vend ses actions dans S.I.S.I.E.
Elle a dor�navant les mains libres et rien n'emp�che maintenant S.I.S.I.E. de conclure des contrats de plus en plus juteux avec la Commission europ�enne, tout en ayant son ex-pr�sidente du conseil et ex-actionnaire � l'int�rieur de l'institution. La soci�t� ne se g�nera d'ailleurs pas pour ce faire.
Quand � la nouvelle commissaire, elle a cr�� les conditions l�gales pour ne plus �tre en rapport avec S.I.S.I.E. Mais qu'en est-il des conditions effectives et des conditions morales?
La soci�t� informatique SEMA Group fait providentiellement son entr�e dans le capital en 1995, tout comme l'italienne STET avec Massimo Masini comme administrateur.
Par ailleurs, des amis de Cresson comme l'industriel Nicolas Lebon, Jean-Pierre Souviron ou Dominique Giral cr�ent en 1995 une �manation de S.I.S.I.E., la soci�t� S.I.S.I.E. - Management. Le capital est de 51 000 FF et augment� l'ann�e suivante � 129 000 FF avec les apports de nouveaux actionnaires comme Christian Quesnot, ancien chef d'�tat major de Fran�ois Mitterrand, Pascal Hanras, Philippe Rivet, Beata Zupnik, Cyril Luneau ou Hassan L. Chammah. Plusieurs des actionnaires ou administrateurs de S.I.S.I.E. - Management figurent �galement au conseil de S.I.S.I.E. S.A., retransform�e statutairement une derni�re fois le 2 juillet 1998.
Ainsi, Farnoux repr�sente S.I.S.I.E. - Management au conseil d'administration de S.I.S.I.E. S.A. et d'autres noms apparaissent : Hubert Curien au conseil de surveillance, Quesnot dans les deux soci�t�s, Lebon �galement, puis Daniel Rouxel et surtout Jean-Herv� Lorenzi, habitu� des cabinets minist�riels socialistes et �missaire du Premier ministre Cresson au minist�re de l'Economie et des Finances du temps des splendeurs de Matignon. Lorenzi avait en 1991 la charge de faire l'interm�diaire entre Matignon et Bercy. Il s'agit donc encore une fois d'un homme de confiance de la commissaire et d'un membre important de sa mouvance. Fin 1997, un conflit �clate entre certains administrateurs. Souviron et Quesnot claquent la porte.
Entretemps, le premier chef de cabinet de Cresson � la Commission, Fran�ois Lamoureux, a quitt� sa patronne pour s'installer comme gestionnaire responsable des programmes Phare et Tacis � la Commission. Lamoureux a d�j� �t� chef de cabinet adjoint de Cresson � Matignon.
C'est donc un autre homme de confiance qui dirige les op�rations de subventions vers les pays de l'Est. Or, S.I.S.I.E. passe justement de nombreux contrats avec les projets Phare et Tacis. Qui se sont r�v�l�s, ind�pendamment de la pr�sence de Lamoureux, peu fiables depuis 1991. Quelques 124 milliards de francs belges (30 milliards d'euros) ne semblent en effet pas �tre arriv�s � destination ou ne pas avoir atteint les objectifs vis�s.
Et finalement, la soci�t� S.I.S.I.E. r�alise un contrat avec une certaine soci�t� Leuna-Minol, � l'origine du scandale de l'arrosage d'hommes politiques allemands par la soci�t� Elf.
D�j� les travaux de recherche m�ticuleux du juge d'instruction genevois Paul P�rraudin ouvrent de nouveaux horizons qui vont �galement concerner l'ex premier ministre fran�ais. Mais c'est surtout une audition du 22 f�vrier 2000 de Jean-Claude Vauchez, lobbyiste d'Elf-Acquitaine, par les juges du p�le financier parisien, qui est symptomatique pour le fait que d�cid�ment, Edith Cresson a mang� � tous les r�teliers. Extraits de l'audition :
Eva Joly : " M. Vauchez, y a-t-il eu d'autres modes de r�mun�ration? "
J.C. Vauchez : " Oui. (�) Il y avait les bonifications " spot ", des montants qui, sur ordre de la pr�sidence d'Elf-Acquitaine, furent vers�s sur les comptes d'une soci�t� du nom de S.I.S.I.E., dont la pr�sidente �tait Mme Cresson !"
Eva Joly : " Vous avez vers� combien d'argent � la soci�t� SISIE ? "
J.C. Vauchez : " Environ 3 millions de francs "
Eva Joly : " Quelle �tait la contrepartie contractuelle ? "
J.C. Vauchez : " C'�tait au moment de l'affaire Leuna. (�) SISIE �tait cens�e suivre l'�volution �conomique de l'Allemagne de l'Est. "
EGALEMENT DANS LA VERSION IMPRIMEE DE "L'INVESTIGATEUR" 153 : CRESSON, SES AMANTS, SES AFFAIRES, SES MAGOUILLES
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