Gang des postiches continentaux et corses
Notre principal probl�me aujourd'hui s'appelle Charles Pieri : son unique but est de se servir du mouvement comme d'une protection. Nous n'en voulons plus!

Dix-sept ans apr�s le dernier coup du " gang des Postiches ", l'ex-braqueur Patrick Geay, condamn� par contumace � 30 ans de prison, a �t� arr�t� le 15 janvier � Paris. Il habitait dans le 15 �me arrondissement. �g� de 51 ans, il avait �t� arr�t� apr�s un braquage rue du Docteur-Blanche � Paris le 14 janvier 1986. Remis en libert� trois ans plus tard, il s'est enfonc� dans une clandestinit� qui a pris fin le lundi 15 janvier 2003. Ses trois complices Andr� Bellaiche, 45 ans, Robert Marguery, 49 ans, et Jean-Claude Myszka, 40 ans, avaient accept� de purger leur reliquat de peine.

Le "gang des postiches" avait commenc� sa carri�re le 29 septembre 1981 � la BNP du 37, rue du Docteur-Blanche � Paris, dans le 16 �me arrondissement. Bilan : deux morts. C'est dans cette m�me rue, mais au Cr�dit Lyonnais, que leur aventure va s'achever le 14 janvier 1986, une aventure de cinq ann�es. Selon la police le gang serait responsable de " 27 braquages et donc du casse de 1 300 coffres-forts de particuliers pill�s ". Selon Patricia Tourancheau de Lib�ration, le total du butin avoisinerait les 187 millions de francs lourds en lingots, pi�ces d'or et billets, sans compter 2 milliards de centimes en esp�ces dans les r�serves des banques.

Le 23 novembre, Myszka et Fran�ois Besse (ancien lieutenant de Mesrine) organisaient l'�vasion de Bellaiche, un autre membre du gang gr�ce � un h�licopt�re de la Croix-Rouge. Le 13 d�cembre 1986, la police arr�tait Bellaiche, Myszka et Geay au 28, rue des Pins � Yerres (Essonne).

Pourtant le label " Postiches " a �t� utilis� par beaucoup de bandes mais deux restent c�l�bres, celle de Geay, Bellaiche, Marguery et Miszka � laquelle a appartenu Franck Henry, aujourd'hui chanteur.

Alors qu'il claironnait qu'il allait d�voiler le myst�re de la fille cach�e de Fran�ois Mitterrand, l'�crivain Jean-Edern Hallier a affirm� qu'il avait fait l'objet de deux contrats �manant d'un ancien Ministre, proche du Pr�sident Mitterrand. Ces contrats auraient �t� confi�s � deux membres du gang des postiches puis � un ancien lieutenant de Jacques Mesrine, Michel Ardouin. Celui-ci, surnomm� " le Porte-Avions ", a �t� un sp�cialiste des braquages et a �t� �galement impliqu� dans un important r�seau de trafic d'h�ro�ne. Ces affirmations, ont �t� confirm�es par le " super-gendarme " Paul Barril m�me si cela ne d�montre rien. Pourtant Geay n'est pas le seul � repartir en prison.

F�vrier 2001 : Jean-Claude Myszka, 45 ans, �tait interpell� � son domicile � Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) par la Brigade de r�pression du banditisme (BRB). Le 20 janvier, la BRB avait constat� que Jean-Claude Myszka et l'un de ses amis, Michel P., effectuaient des rep�rages dans le 14 �me arrondissement � bord d'une Clio vol�e.

Une semaine plus tard, un grossiste en chaussures de la rue d'Al�sia �tait agress� par Michel P. alors qu'il sortait de son magasin avec une forte somme dans une sacoche. Le malfaiteur, arm� d'un pistolet automatique, s'enfuyait ensuite en courant et montait dans la Clio conduite par un troisi�me malfaiteur, Mohamed C., 44 ans. Les deux hommes �taient interpell�s un peu plus loin par la Brigade de R�pression du Banditisme.

Les policiers localisaient alors Jean-Claude Myszka, qu'ils arr�taient dans son appartement o� il h�bergeait Michel P. en cavale.

Connu de la police pour 28 crimes et d�lits, principalement des vols et des agressions, Michel P. n'avait pas regagn� la prison o� il purgeait une condamnation pour meurtre, � l'issue d'une permission de sortie, six mois plus t�t. Mohamed C. �tait lui connu des policiers pour 21 d�lits. Ils ont tous deux �galement �t� mis en examen et �crou�s.

Jean-Claude Myszka �tait sorti de prison en ao�t 1999 apr�s avoir �t� condamn� en 1996 � douze ans de r�clusion pour sa participation � sept hold-up contre des agences bancaires, commis en 1986 et 1987 par le Gang des postiches. Jean-Claude Myszka est atteint de n�vrose carc�rale.

Autre " Gang des Postiches ", celui de la banlieue sud et mont� par Jean-Pierre Lepape abattu en aout 1998 par deux hommes arm�s de fusils � pompe � Vitry-sur-Seine. Fich� au grand-banditisme, il �tait connu pour une fusillade avec la police en 1977 puis pour une affaire de racket et une escroquerie aux Assedic. Jamais inqui�t� par la justice pour ses attaques � main arm�e, il se serait reconverti au milieu des ann�es 80 dans le trafic de drogue. Une perquisition de son domicile men�e apr�s son assassinat permettra de d�couvrir 25kg de coca�ne.

Autre gang des Postiches, celui mont� par la Brise de Mer.

Voil� ce qu'en disait Roger Marion dans une note publi�e par L'investigateur :
" Quatre familles se distinguent
- La famille CASTELLI-SANTUCCI-MATTEI
- Les fr�res VOILLEMIER,
- Les fr�res GUAZZELLI,
- Les fr�res PATTACHINI

Ces individus sont soup�onn�s de commettre tant en Corse que sur le continent des vols � main arm�e en s�rie, avec effraction de coffres-clients dans des �tablissements bancaires en plein jour. L'on parle alors du "gang des postiches".

Le 22 juin 1984, la Brigade de Recherche et d'Intervention de Nice arr�te une �quipe de malfaiteurs, essentiellement compos�e de Bastiais : on peut leur imputer une quinzaine de vols � main arm�e sur la C�te d'Azur, dont neuf avec effraction de coffres-clients.

En mai 1984, � TOULOUSE, une fusillade oppose la police � sept individus, qui viennent de fracturer 90 coffres dans une Caisse d'�pargne. Un auteur, Fran�ois GANNEVAL est interpell� sur place et l'enqu�te permet d'�tablir que ses complices appartiennent � la "Brise de Mer". Le 3 octobre 1984, � Neuilly sur Seine, une affaire similaire conduit � l'arrestation de trois individus dont deux membres de la m�me bande. Ce gang des Postiches est vraisemblablement de plus grande envergure que celui de la rue de Belleville. Il a �galement int�gr� des commandos du FLNC et des hommes proches d'Alain Orsoni. Voici ce qu'en dit le D�partement de Recherche sur les Menaces Criminelles Contemporaines de l'universit� Paris 2 Panth�on-Sorbonne ;

LA " BRISE DE MER"

Dans la nuit du 30 mars1996, un commando de tueurs ex�cute � Hy�res Dominique Rutily, Pr�sident du Club de football de Calvi. Rolland Courbis, l'ami qui l'accompagnait, est bless� au dos. Ces deux hommes, victimes d'un r�glement de comptes dans le plus pur style mafieux, ne sont pas des inconnus pour la police. Rutily poss�de des int�r�ts dans plusieurs �tablissements de nuit en Corse et il a �t� condamn� en 1990 � 4 ans de prison pour sa participation � une attaque � main arm�e... Il avait touch� 70.000 FRF de primes europ�ennes pour un troupeau de vaches totalement fictif... (Une vieille habitude insulaire puisque Francis Mariani est lui-aussi un honn�te gardien de vaches). On raconte �galement qu'il lorgnait sur l'empire de feu le parrain Jean-Louis Fargette, de Toulon. Il pensait �galement reprendre le club de foot de Nice avec son ami Rolland Courbis. Courbis, l'ancien international de football, fait plut�t dans la d�linquance en col blanc : il �tait au centre des fausses factures et autres caisses noires du club de Toulon et il a �t� relax� dans une affaire sulfureuse de jeux truqu�s au Palm Beach de Cannes. Sous cette affaire, le Milieu corse et la Mafia...

Justement, c'est le Milieu corse qui est au c�ur de cette affaire, et pas n'importe quel. Milieu : un gang redoutable poss�dant de puissants int�r�ts �conomiques et d'importants soutiens politiques. Cette r�alit� mafieuse n'a rien � voir avec le surnom po�tique de ce gang : " La Brise de Mer " ...

Des d�buts prometteurs ...

C'est dans un petit village typiquement corse, La Porta, qu'est n�e la " Brise de Mer ". C'�tait d'abord une petite bande de voyous d'une vingtaine d'ann�es (c'�tait � la toute fin des ann�es 70-d�but des ann�es 80) ; quelques vols minables, notamment � Bastia. C'est dans cette ville qu'ils aiment se r�unir dans un bar : la... " Brise de Mer " ! L'�quipe rassemble une trentaine de truands qui adoptent une nouvelle tactique criminelle. Contrairement � leurs respectables a�n�s (Carbone et Spirito, les fr�res Gu�rini,...) qui pr�f�raient s'installer et faire leurs affaires sur le continent, la " Brise " d�cide de rester sur l'�le... et d'y prosp�rer !

En effet, ils commencent � se faire r�ellement conna�tre par des braquages et surtout par quelques cadavres : certains parlent trop, d'autres refusent de c�der au racket... (l'une de leurs victimes sera m�me achev�e � l'h�pital). La petite bande devient grande le 12 avril 1982 : � la Spaggiari, ils s'introduisent au Cr�dit Lyonnais de Bastia et raflent 159 coffres. Le montant du vol est estim� � pr�s de 40 millions de francs ! Les policiers identifient les truands mais les perquisitions n'am�nent rien : pas de preuve ! Seul, deux ans plus tard, un organisateur parisien de combats de boxe, soup�onn� de recel, sera arr�t� � Madrid. Pas vraiment un gros poisson, surtout qu'il sera remis en libert� quelques mois apr�s... Autant dire que la vie est belle pour ces tout nouveaux riches : ils flambent, c'est vrai mais ils investissent �galement.

Des vrais businessmen

Apr�s cette " accumulation primitive de capital ", la bande peut passer � la vitesse sup�rieure en investissant largement dans la r�gion de Bastia : h�tels, bars, restaurants, complexes touristiques, commerces et surtout bo�tes de nuit. C'est dans ces discoth�ques qu'aimait se rendre un magistrat bastiais... Pour solidifier leur empire financier, ils n'h�sitent pas � �carter les probl�mes : une quinzaine de meurtres en deux ans ! Alain Delon, toujours aussi proche du Milieu, vient inaugurer L'Apocalypse, une bo�te de Bastia. Mais c'est en �t� 1984 que s'ouvre le joyau de la bande, Le Challenger est alors consid�r� comme la plus belle discoth�que d'Europe !

Et qui retrouve-t-on comme actionnaire du Challenger ? Dominique Rutily ! Le g�rant est d'ailleurs son fr�re, Alexandre, maire-adjoint de Calenzana (petit village corse qui a vu na�tre... les Gu�rini !).

Autour de la bo�te de nombreuses histoires sulfureuses : c'est d'abord un document administratif qui manque puis qui est fourni au dernier moment ; mais surtout elle fait faillite ! La soci�t� g�rante est en effet mise en liquidation suite � des surfacturations (classique pour blanchir l'argent ... ). Le fonds de commerce, estim� � 10 millions de francs, est donc vendu aux ench�res. Seul un ferrailleur de Lyon (homme de paille de la " Brise ") se porte acqu�reur pour... 400.000 FRF. Voil� une plus-value de 9,5 millions de francs de faite !

Voil� ce qu'�crivait Roger Marion dans sa note r�v�l�e par L'investigateur :

" "Le 17 octobre 1986, en vertu d'une commission rogatoire d�livr�e par monsieur Michel HUBER, juge d'instruction au tribunal de grande instance de BASTIA (Haute-Corse), les policiers de l'office central pour la r�pression du banditisme et du service r�gional de police judiciaire d'AJACCIO,.assist�s d'enqu�teurs de la brigade nationale des enqu�tes �conomiques, proc�daient � plusieurs interpellations et perquisitions visant les propri�taires, dirigeants et g�rants de quatre �tablissements : le caf� "Palais des glaces", la discoth�que "Le Saint-Nicolas", le bar "Le Continental" � BASTIA (Haute-Corse) et la discoth�que "L'Apocalypse" � BIGUGLIA (Haute-Corse).

Treize personnes, dont Robert MORACCHINI, porteur de parts majoritaire du d�bit de boissons "Le Continental" et Gilbert VOILLEMIER g�rant de la discoth�que "L'Apocalypse", �taient plac�s en garde � vue.

Aucun �l�ment � charge ne permettait leur mise en cause dans l'association de malfaiteurs poursuivie. En revanche, des proc�dures �conomiques et financi�res �taient �tablies. Des faits d'abus de biens sociaux �taient retenus � l'encontre de Robert MORACCHINI et des infractions formelles � la l�gislation sur les soci�t�s commerciales �taient reproch�es � Gilbert VOILLEMIER.

Le 4 d�cembre 1986, il �tait proc�d� � d'autres interpellations parmi les associ�s, g�rants et fournisseurs de la soci�t� � responsabilit� limit�e "Forum" exploitant la discoth�que "Le Challenger" � L'ILE ROUSSE (Haute-Corse). Au cours des perquisitions, de nombreux documents comptables et commerciaux �taient saisis. Au domicile de Francis NAVARRO, constructeur de la discoth�que "Le Challenger", une double facturation �tablie au profit de la soci�t� � responsabilit� limit�e "Forum" concernant les travaux de ma�onnerie �tait d�couverte. Francis NAVARRO expliquait qu'il avait commis cette infraction � la demande d'Alexandre RUTILY, g�rant de la discoth�que, lequel d�sirait "blanchir" 600 000 francs en esp�ces. De plus, des abus de biens sociaux � hauteur de 1400 000 francs �taient mis en �vidence par le truchement de retraits d'esp�ces op�r�s par Alexandre RUTILY. "

Bien s�r le fisc essaye de les coincer en ordonnant des v�rifications de comptes (par des inspecteurs parisiens, c'est plus s�r ... ) sur les soci�t�s gravitant autour de la Bande. R�sultat : n�ant, comme les actions polici�res ou judiciaires. Exemple l'assassinat d'un patron de bo�te de nuit en septembre 1982. Ce jour-l�, les tueurs n'ont pas de chance puisque d�s la fin de leur forfait ils croisent le chemin d'un policier qui les reconna�t. Enfin un succ�s ! La justice pr�f�re s'expatrier � Dijon : les jur�s y seraient moins influen�ables. H�las, les amis des trois tueurs "squattent" la ville quelques jours avant le d�but du proc�s ; les t�moins (y compris le policier) reviennent sur leurs premi�res d�clarations ; enfin, un alibi prend forme : plusieurs joueurs du Sporting Club de Bastia (dont on sait qu'il est tomb� sous l'influence de truands et de nationalistes) tapaient dans le ballon avec eux durant le meurtre ! R�sultat : n�ant, acquittement total...

Voil� ce qu'�crivait le procureur Legras dans son rapport rendu public par L'investigateur :

" Parall�lement, les assassinats se multiplient. En septembre 1981, celui de Louis MEMMI, jusque-l� parrain incontest� en Haute Corse, est le premier d'une longue s�rie de r�glements de comptes qui, selon les enqu�teurs, peuvent �tre mis � la charge du banditisme bastiais.

Entre le 10 septembre 1981 et le 10 novembre 1983, quinze assassinats et six tentatives d'assassinats sont commis en Haute Corse.

L'un d'entre eux est fr�quemment mis en exergue: le 14 septembre 1982, Daniel ZIGLIOLI, g�rant du "CASTEL" bo�te de nuit implant�e sur la commune de Taglio Isolaccio est abattu alors qu'il sort en voiture de son entrep�t de Cervione (Haute Corse). Deux hommes sur une moto l'abordent. Le passager vide sur lui un chargeur de PA Colt 45.

Les fonctionnaires du S.R.P.J. interpellent trois individus: Robert MORACHINI, Pierre SANTUCCI, et Georges SEATELLI, qui sont inculp�s, le premier.pour assassinat et les deux autres pour complicit� de ce crime.

Les charges sont lourdes. Un t�moignage d�terminant a �t� recueilli.

Apr�s d�paysement de la proc�dure, les trois individus comparaissent en juin 1985 devant la Cour d'Assises de Dijon.

Le principal t�moin se r�tracte. Des alibis surgissent. Les trois accus�s sont acquitt�s.

Le 21 ao�t 1998, Georges SEATELLI est assassin� � Biguglia, pr�s de Bastia, par deux individus qui lui tirent plusieurs coups de feu dans le dos, et qui n'ont pas �t� identifi�s ...

Plusieurs de ces assassinats sont en rapport direct avec la prise de contr�le d'�tablissements de nuit, notamment ceux dont ont �t� victimes les fr�res ZIGLIOLI, Paul QUASTANA, Joseph SILVAGNOLI, Dominique CORTOPASSI.

Changent ainsi de mains
- le "BIBLOS" � Calvi (incendi� en 1986)
- le "STARLIGHT � Calvi;
- le "CHALLENGER!'� l'�le Rousse;
- le "PALLADIUM" � Saint Florent;
- "I'APOCALYPSE" � Bastia;
- le "MIDNIGHT" � Cervione;
- le "NEW CLUB" devenu "L'AVENTURE" � Corte.

Les attentats favorisent bien s�r plusieurs cessions. Par exemple, Jo�l MARTIN, victime d'un attentat � ALGAJOLA, c�de pour une somme modique, son commerce qui devient la "S.A.R.L CORSICK' g�r�e par Beno�t GRISONI.

En effet, les individus consid�r�s comme �tant des membres influents de la "Brise de Mer" ne se contentent pas d'investir le secteur des discoth�ques, bars et h�tels. ils p�n�trent le monde des affaires au sens plus large, s'emparant de "commerces classiques"', de v�tements, de petite distribution ... "

Revenons un moment sur les soci�t�s �crans dont se sert le gang. Quelques-unes sont bas�es en Italie, d'autres ont des capitaux d'origine italienne. La question �tait donc de savoir si des contacts �taient �tablis entre la Bande et la Mafia italienne. La r�ponse est venue aux d�buts des ann�es 90 : pour la premi�re fois, un " repenti " parle d'une r�union au sommet qui s'est tenu � l'H�tel Negresco de Cannes, en 1981 (d�j� !). Objet de la r�union : la r�partition des activit�s criminelles en France et surtout le recyclage de l'argent sale. Toutes les mafias �taient repr�sent�es : Cosa Nostra, 'Ndrangheta, Camorra, la Famille new-yorkaise des Gambino et... la " Brise de Mer " ! Les divers repr�sentants de ces groupes �taient des boss de tr�s grande importance.

Du c�t� politique, les " Briseurs " ont �galement des contacts. L'un des piliers de la Bande Fran�ois Santucci a particip� au r�seau "Francia" � la fin des ann�es 70 (en fait, une sorte de branche corse du Service d'Action Civique barbouzard). Les fr�res Jacques et Jo�l Patacchini sont eux aussi des anciens du S.A.C, cette officine barbouzarde gaulliste qui s'illustra par le m�lange sulfureux d'authentiques voyous et de policiers engag�s dans l'anti-communisme. En Corse, FRANCIA a eu des vell�it�s de tuer des militants autonomistes mais n'est jamais pass� � l'acte. Les fr�res Pattachini, mouill�s dans le casse de l'UBS trempent �galement dans le racket (voir " Blanchiment � la Corse "). C'est donc naturellement qu'ils participent quelques ann�es plus tard � des collages �lectoraux pour le compte du R.P.R. local. Parmi les amis de Dominique Rutily on peut compter le maire de L'�le-Rousse, actuel Ministre des Anciens Combattants, Pierre Pasquini �pingl� par une note du commandant Prouteau responsable de la cellule �lys�enne sous Mitterrand. Prouteau. Cela se passe �galement relativement bien avec les nationalistes (malgr� la concurrence toujours possible dans le domaine du racket... ou de "l'imp�t r�volutionnaire " !) : c'est la Bande qui fournirait une partie de l'armement du F.L.N.C.. C'est Rutily, fin diplomate, qui aurait n�goci� avec le Canal Historique un pacte de non-agression. Voil� pourquoi la " Bastia Securita ", soci�t� de transport de fonds proche des nationalistes, est totalement �pargn�e par les attaques � main arm�e... Par ailleurs, il est �tabli que l'un des membres de la Brise-de-Mer a �t� militant du FLN et a particip� � des casses avec le Gang des Postiches.

Les Postiches

Une fois le terrain corse ma�tris�, la " Brise " lorgne sur le continent... Ils effectuent alors leur sp�cialit� : les attaques � main arm�e. Pendant 3 ans, des Postiches vont �cumer le Sud-Est de la France (plus quelques vir�es vers Toulouse et Paris) : en tout, une trentaine de hold-up. Nous sommes au milieu des ann�es 80 et les attaques � main arm�e effectu�es par le " gang des Postiches" se multiplient. En fait, il existe plusieurs gangs des Postiches dont 2 �mergent du lot: la bande parisienne (le " gang de la Banlieue Sud") et la bande corse (la "Brise de Mer"). Mais la bande subit deux importants revers. En juin 1984, une partie du gang est d�mantel�e apr�s un braquage � Nice : une vingtaine d'interpellations au total. Quelques mois plus tard, en octobre de la m�me ann�e, les policiers effectuent un flagrant d�lit dans une succursale du C.C.F. � Neuilly : certains truands peuvent fuir mais d'autres sont arr�t�s dont un des piliers de la Bande...

Mais c'est en �t� 1986 et sur son propre terrain que la Bande est s�rieusement mise � mal. � Macinaggio, pr�s du Cap Corse, deux membres �minents se laissent prendre comme des bleus, en flagrant d�lit apr�s un braquage. Les deux truands auraient �t� d�nonc�s : la suspicion s'installe dans le groupe. Aussi, ils pr�f�rent prendre du recul et assurer le quotidien (un peu de racket, les machines � sous, la g�rance de leurs �tablissements, ... ). D'autres se rendent sur la C�te d'Azur pour quelques coups isol�s comme l'attaque d'un fourgon blind� � Marseille en 1990. Et puis il reste ceux qui restent soud�s au sein d'une nouvelle bande (ou plut�t d'une " sous-bande " ) : la " Bande de l'Apocalypse " (comme la bo�te de nuit du m�me nom...). Mais il ne faut pas oublier ceux qui n'ont pas surv�cu � cette p�riode de crise : victimes de conflits (internes ou externes) ou de la r�pression polici�re.

Le " Casse du Si�cle "

Malgr� ces quelques revers, la "Brise" d�croche un titre bien m�rit� : le " Casse du Si�cle " en mars 1990 � Gen�ve. L'Union des Banques Suisses se voit d�pouiller de 125 millions de francs fran�ais ! Le dimanche 25 mars, un commando de 4 hommes arm�s neutralise 4 employ�s de la c�l�bre banque suisse et franchissent tous les syst�mes de s�curit� ! En une heure, 200 kilos de num�raires sont rafl�s : des francs suisses et fran�ais, des dollars, des marks,... La police suisse reste impuissante... jusqu'en mai o� 3 membres de l'�quipe suisse sont arr�t�s. C'est eux (un ancien cadre sup�rieur, un gardien et un ancien caissier) qui ont livr� les diff�rents codes de s�curit�. Pourtant, aucune trace du butin n'est retrouv�e et il n'y a pas de piste s�rieuse sur le commando.

Pourtant, les polices fran�aises et suisses connaissent, ils en sont s�rs, le nom des quatre hommes. Il y a l� Andr� Benedetti, de Bastia ; les fr�res Jacques et Jo�l Patacchini, anciens du S.A.C. mais aussi de la Justice pour prox�n�tisme et attaques � main arm�e ; Richard Casanova., ancien de la bo�te de nuit, toujours recherch� en vertu d'un mandat d'arr�t d�livr� � son encontre le� 28 janvier 1991. C'est ce Casanova qui aurait pr�venu Fran�ois Santoni d'un mauvais coup qui se pr�parait contre Jean-Michel Rossi. Explication de policiers : Casanova ne peut pas sentir Mariani qui le lui rend bien.

Le Challenger mais �galement de braquages ! Enfin, un autre truand corse, Fran�ois Santucci aurait �galement particip� au hold-up (Fran�ois Santucci est actuellement en prison pour avoir �t� trouv� � Sart�ne en possession d'armes. Il s'�tait �vad� par fax avec Francis Mariani). Voici les noms mais les arrestations tardent � venir... En janvier 1991 pourtant, les policiers pensent tenir une piste : ils effectuent une op�ration � Ajaccio. R�sultat : rien ou presque, un trafiquant de faux-papiers avec un lot de cartes d'identit�, de permis de conduire, de cartes grises,... En septembre 1991 (enfin !), la police d�couvre � Bastia " D�d� " Benedetti, cach� pendant trois mois dans un r�duit am�nag� : c'est presque une d�livrance pour lui ! En janvier 1992, les limiers de l'Office Central de R�pression du Banditisme interpellent Jacques Patacchini � Saint-Laurent-du-Var. Quelques gros poissons certes mais l'argent ? Sans doute les 125 millions se sont-ils retrouv�s dans quelques soci�t�s �crans en Corse, en Italie ou (retour � la maison...) en Suisse ! Le 9 novembre 1991, Fran�ois Santucci, chef du gang corse de la "Brise de Mer" est � son tour arr�t�.

Le gang des Postiches version Corse a donc v�cu le temps de quelques braquages mais gr�ce � eux, les Briseurs ont r�ussi � s'imposer au niveau international et � �tre respect� par les repr�sentants de mafias diverses et vari�es.

La Brise-de-Mer cherchera alors la respectabilit� sans oublier les affaires. Le commissaire Marion r�v�lait que 14 pr�sum�s membres de cette organisation avaient p�ri depuis le d�but des ann�es 80 soit par meurtres, mort naturelle ou suicide. C'est beaucoup et �a tendrait � montrer que le crime ne paie pas.


�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s