Une lettre d'un militant de la Cuncolta
Notre principal probl�me aujourd'hui s'appelle Charles Pieri : son unique but est de se servir du mouvement comme d'une protection. Nous n'en voulons plus!

Rivalit�s au sein de la mouvance clandestine Je suis un militant de la Cuncolta. Vous comprendrez ma discr�tion mais j'ai tenu � m'exprimer sur votre site que, pourtant, je n'appr�cie pas beaucoup. Je trouve honteux que vous puissiez ainsi publier des noms de personnes qui sont pr�sum�es innocentes. Mais j'ai choisi votre site parce que je n'en vois pas d'autres et que je suis oblig� de reconna�tre la valeur de vos informations.

Je suis un militant de la Cuncolta et jamais je ne renierai mon engagement. Depuis plus de vingt ans je me bats pour la survie de mon peuple et, je le jure sur la t�te de mes enfants, je ne me suis jamais enrichi. J'ai pratiqu� des plasticages contre des personnes qui, parfois sans m�me s'en rendre compte, mettaient en danger notre communaut�. Et je remarque d'ailleurs que trop souvent on nous a reproch� notre manque de violence puisqu'on nous disait que nous n'�tions pas capables d'aller aussi loin que l'ETA ou l'IRA. Ce qui est vrai et ce qui �tait volontaire. Je n'ai pas aim� les th�ories lib�rales du MPA et je crois tr�s na�f de croire qu'on pourra s'en sortir sans un minimum de violence. Tout simplement parce que l'�tat fran�ais ne conna�t que ce langage. Il reste sourd aux demandes si elles ne sont pas appuy�es par de la violence que ce soit en Corse, dans le monde paysan ou dans le monde des ouvriers. Le d�sespoir ne suffit pas : il faut savoir parfois faire exploser de la dynamite pour mieux �tre entendu. Beaucoup de nos militants dont je fais partie ont pay� leur engagement de longues ann�es de prison. Il ne faudrait pas l'oublier. Et la Cuncolta plus que toute autre organisation, a pay� tr�s cher.

Malheureusement, nous avons donn� de la t�te dans tous les pi�ges qu'on nous a tendus. Ce qui a provoqu� cette lutte meurtri�re entre militants nationalistes. Je ne veux surtout pas minimiser nos propres torts. Il a fallu recruter des gens qui ne sont souvent pas � la hauteur ou alors qui ont plus de capacit�s � manier le fusil que les arguments. Mais il en est ainsi dans toutes les luttes. La Cuncolta et maintenant Indipendenza l'ont toujours emport� parce qu'elles repr�sentent une part essentielle de l'�me corse.

Alors pourquoi cette tribune au moment o� deux de nos militants sont jug�s pour l'assassinat d'un autre militant nationaliste ? Parce que cette trag�die n'a rien � voir avec la politique. Il s'agit d'un crime d'ivrogne et tous ceux qui ont assist� � la sc�ne l'ont racont� � d'autres qu'� la justice. Le grand tort de Charles Pieri a �t� d'impliquer plus ou moins le mouvement dans cette histoire. Il aurait d� assumer seul et avec courage cette �preuve. Je regrette que des militants sinc�res comme Olivier Sauli se soient montr�s � ses c�t�s en ces circonstances. La solidarit� n'explique pas tout. Je sais seulement que les gens parlent beaucoup de ce proc�s. Ils font porter la responsabilit� de ce crime sur notre mouvement qui n'en a pas besoin. Enqu�tez sur nos militants et vous constaterez que les trois quarts sont des personnes modestes. Je crois seulement que Charles Pieri n'aurait jamais d� se rehausser au niveau o� il se trouve aujourd'hui quoiqu'il puisse raconter.

Moi qui suis un militant concultiste depuis plus longtemps que lui, je le dis comme je le pense : notre principal probl�me aujourd'hui s'appelle Charles Pieri. Et demain �a sera lui qui rongera Indipendenza parce que la plupart des Corses le ha�ssent. Son unique but est de se servir du mouvement comme d'une protection. Il est trop malin pour appara�tre � la direction de l'organisation l�gale. Mais son poids dans le FLNC est d�sormais incontournable. Or nous sommes plusieurs � ne pas en vouloir. Qu'il se rassure. Le mouvement a connu trop de d�chirements pour que nous tentions quoi que ce soit contre lui. Mais un jour il sera seul avec ses amis comme l'ont �t� avant lui Jean-Michel Rossi ou Fran�ois Santoni. Et la Corse est impitoyable pour ceux qui sont tomb�s dans la solitude apr�s avoir fait beaucoup de mal aux autres quand ils �taient puissants.

Charles Pieri peut encore se retirer. Mais qu'il fasse vite. Il a des petits enfants, une jeune femme. Qu'il s'en occupe. Il peut m�me diriger ses affaires comme il l'entend et elles sont de plus en plus nombreuses. Mais qu'il laisse le mouvement nationaliste en paix.

Telle est le sens de ma lettre. Je voudrais aussi que la famille de Christophe Garelli ne croit pas que tous les militants de l'ancienne Cuncolta aient �t� d'accord avec cet assassinat. Nous en avons beaucoup parl�, nous y avons beaucoup pens�. Et nous ne pensons pas que la mort de Christophe Garelli restera impunie.

J. F� ("L'investigateur" a pu contr�ler l'originalit� de cette lettre)


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