Chaud week-end en Corse. C'est tout d'abord une tentative d'attentat qui a �t� perp�tr�e dans la nuit de vendredi � samedi � Ajaccio en Corse-du-Sud contre le b�timent abritant les services du Centre national de la Fonction publique territoriale. Une charge explosive de moyenne puissance, coupl�e � une bouteille de gaz, a en effet �t� d�couverte devant l'entr�e du b�timent situ� quartier du Belv�d�re sur les hauteurs de la ville. Le dispositif d'allumage ayant fait long feu, la charge n'a pas explos�. Puis dans la soir�e de samedi ce sont les locaux de la direction des routes du conseil g�n�ral d'Ajaccio, en Corse-du-Sud, qui ont �t� fortement endommag�s samedi soir par une charge explosive estim�e � une cinquantaine de kilos. La d�flagration, survenue � 21h00 dans le centre-ville, a caus� des d�g�ts tr�s importants - entr�e �ventr�e, premier �tage souffl� - et a commotionn� neuf personnes dont un enfant dans des immeubles voisins. Des vitres ont �t� pulv�ris�es sur plusieurs dizaines de m�tres dans les alentours et des voitures en stationnement ont aussi �t� endommag�es.
Le b�timent vis� abrite la direction des infrastructures du D�partement. Nicolas Alfonsi, s�nateur de Corse-du-Sud et vice-pr�sident du conseil g�n�ral, s'est rendu sur les lieux. Cet homme est la b�te noire des ind�pendantistes qui lui reproche, tout comme au maire de Bastia, �mile Zuccarelli, son opposition sans faille � toute avanc�e institutionnelle. Des condamnations sont �galement venues du pr�fet de Corse, Dominique Dubois, et de nombreux �lus.
Dimanche matin, l'acte n'�tait pas revendiqu� mais les enqu�teurs privil�giaient la piste des ind�pendantistes hostiles au maintien des d�partements dans le projet de r�forme institutionnelle en cours d'�laboration. Car les nationalistes ne sont pas contents de qu'ont r�cemment vot� les �lus. Les conseils g�n�raux dont ils ne veulent plus seraient remplac�s par des conseils de d�partement. Ils ont donc l'impression que la r�forme qui ach�verait le processus de Matignon commenc� par Lionel Jospin se terminerait par une sorte de retour � la case d�part.
Le principal reproche qui est fait par les nationalistes � l'administration actuelle est de multiplier les �chelons de pouvoir donnant au " clan " un pouvoir d�mesur� en grande partie due aux emplois dont les uns et les autres disposent. Or un emploi fourni � un jeune c'est souvent l'assurance d' " avoir " les scrutins de toute la famille.
Lundi dernier Nicolas Sarkozy recevait une importante d�l�gation de repr�sentants de la famille lib�rale de Haute-Corse. Des indiscr�tions ont permis de savoir que le ministre ferait conna�tre le mois prochain son projet de loi destin� � simplifier l'organisation institutionnelle de la Corse. Il appellerait les �lecteurs insulaires � se prononcer, courant juin, dans le cadre d'une consultation r�f�rendaire, la premi�re du genre organis�e sur le territoire national. Nicolas Sarkozy devrait venir en Corse au mois d'avril quand il aurait achev� ses propositions.
Le projet de r�forme serait b�ti autour d'une collectivit� chef de file, second�e par deux conseils d�partementaux, un en Corse-du-Sud et un en Haute-Corse, dot�s chacun d'un ex�cutif et de comp�tences propres, exerc�es toutefois sous la tutelle politique et budg�taire de la nouvelle assembl�e. Tous les conseillers d�partementaux seraient membres de la Collectivit� unique, qui pourrait compter quatre-vingt-dix si�ges. Les conseillers seraient �lus gr�ce � un scrutin de liste d�partemental � la proportionnelle, avec respect de la parit� hommes-femmes.
S'il �tait d�montr� que l'attentat qui vient d'endommager le conseil g�n�ral de la Corse-du-Sud, le ministre de l'Int�rieur aurait beau jeu d'affirmer qu'il ne peut discuter avec des gens qui le jour se pr�tendent d�mocratiques et qui la nuit plastiquent. De fait ce serait une rupture de la tr�ve.
Il est tr�s difficile aujourd'hui d'affirmer que la responsabilit� de la tentative d'attentat et de l'attentat incombe au seul FLNC. C'est n�anmoins la piste la plus s�rieuse. Les ind�pendantistes se retrouvent en effet dans une impasse. Apr�s avoir jou� la carte de la r�forme, ils se rendent compte que l'appareil politique corse est beaucoup plus frileux. Ils craignent qu'en cas de r�f�rendum, leurs propositions ne soient largement minoritaires. Ils retombent donc dans leurs travers habituels : la violence et l'intimidation. Reste � savoir si cette m�thode sera efficace face � un ministre de l'int�rieur qui n'a certainement pas l'intention de s'embourber dans la question corse.
|
|