Tentative de meurtre � Bonifacio : 2 hommes �crou�s dont surtout un membre de la famille de Gros-Pietri
Jean-S�bastien Gros et Emmanuel Galistru (21 ans tous les deux) ont �t� �crou�s dimanche � Ajaccio dans le cadre de l'enqu�te sur la tentative de meurtre sur Antoine-Joseph Cantara dit Jojo � Bonifacio. Le premier a �t� mis en examen pour "tentative d'assassinat, vol de v�hicule et d�tention d'arme de 1�re cat�gorie", le second pour " tentative d'assassinat.
Si Emmanuel Galistru, plus ou moins berger de son �tat, n'est pas connu � Bonifacio le nom de Gros l'est beaucoup plus. Selon nos informateurs bonifaciens, il appartient � la famille Gros-Pietri de Bonifacio. Il est le plus jeune des trois gar�ons. Les deux premiers ont d�j� �t� emprisonn�s pour plasticages. Il avait fallu l'intervention du d�put� Jean-Paul de Rocca Serra pour les faire lib�rer. Nicolas Gros, l'a�n�, �tait devenu l'un des lieutenants de Fran�ois Santoni. Son nom appara�t dans plusieurs proc�dures judiciaires relatives � des plasticages ou � cette forme de racket que l'on d�signe pudiquement comme l'imp�t r�volutionnaire. Cet homme, p�tissier de formation, s'est surtout fait conna�tre dans l'affaire dite de Sp�rone II.
Le 13 d�cembre 1996, le propri�taire du site de Sp�rone d�j� maintes fois plastiqu�s et rackett� (voir le rapport Legras, les notes Marion et l'enqu�te relative � l'assassinat de Fran�ois Santoni sur ce site) portait plainte pour tentative de racket. Le 8 d�cembre 1996, affirmait-il, il avait �t� contact� par Dominique Rossi et Nicolas Gros qui lui avaient demand� de prendre contact avec Marie-H�l�ne Mattei, compagne de Fran�ois Santoni. Le rendez-vous aura lieu le 10 d�cembre � Paris et l'avocate, se disant mandat�e par Fran�ois Santoni, persuadait M. Dewez de recevoir un certain " Gulliver " qui n'�tait autre qu'Andr� No�l Filipeddu. Le lendemain, "Monsieur Gulliver ", et donc Andr� No�l Filippeddu, demandait au nom du FLNC-Canal historique quatre millions de francs � Jacques Dewez.
Celui-ci refusait de c�der � ce racket et pr�venait son interlocuteur qu'il r�agirait publiquement en informant la presse de la d�marche du FLNC si un incident survenait sur le domaine de Sp�rone.
Deux jours apr�s l'entretien, le 12 d�cembre, la maison du gardien du golf de Sp�rone �tait dynamit�e par un commando de cinq hommes, et l'attentat revendiqu� par le FLNC-Canal historique. Le 13 d�cembre, Jacques Dewez portait plainte.
Une douzaine de personnes �taient arr�t�es qui appartenaient toutes au FLNC Canal historique. Neuf l'�taient en Corse et trois � Paris, dont Andr� No�l Filipeddu, ce Bonifacien apparaissant dans l'affaire du vrai faux passeport de Pasqua et l'affaire de Tapie-OM-Valenciennes en 1993. Il est par ailleurs le fr�re de Jules Filipeddu dont nous avons longuement parl� dans ces colonnes. �taient arr�t�s outre Filipeddu Andr� No�l, Dominique Rossi surnomm� Nicou, Philippe Botti, Fr�d�ric Stacchino, Laurent Luccioni, Fran�ois Maestrati et Nicolas Gros c'est-�-dire toute la garde rapproch�e de Fran�ois Santoni � l'exception de quelques individus comme Jean-Jacques Cantara, Antoine Salasca ou encore Laurent Luccioni parce que certains se trouvaient d�j� en prison. Toutes les personnes interpell�es �taient soup�onn�es d'avoir fait exploser la maison du gardien de Sp�rone et d'avoir particip� � l'action contre un local de la D.G.S.E. situ� d'ailleurs non loin du domicile de Nicolas Gros. Les policiers trouvaient au domicile de Rossi et de Stacchino des armes de poing et d'�paules.
Dans la nuit du 14 au 15 d�cembre 1996 des gendarmeries mitraill�es et plus sieurs locaux d'entreprises plastiqu�es dont celle, en plein jour, du fils du pr�sident du conseil g�n�ral de Haute-Corse, Paul Natali,accus� par les clandestins de collaborer avec l'�tat fran�ais. Aucun de ces attentats n'�tait revendiqu�.
Le 16 d�cembre 1996, Marie-H�l�ne Mattei, avocate au barreau de Bastia et compagne de Fran�ois Santoni �tait arr�t�e sur l'a�roport de Bastia vers 7 heures du matin dans le cadre de l'affaire du racket de Sp�rone. Selon Dewez, Mattei l'aurait contact� pour lui fixer le montant de la somme � verser � Filipeddu surnomm� pour l'occasion Gulliver. Le m�me jour dans l'apr�s-midi, Fran�ois Santoni, jusque-l� " cach� " par les Cantara � Bonifacio, se rendait � la police.
Le 17 D�cembre 1996 ; Santoni et Mattei �taient mis en examen pour extorsion de fonds, destructions par explosif, association de malfaiteurs, reconstitution de ligue dissoute et d�tention ill�gales d'armes, toutes infractions en relation avec une entreprise terroriste.
Fran�ois Santoni �tait condamn� en mars 2000 � quatre ans de prison pour ces motifs apr�s 23 mois de d�tention provisoire . Marie-H�l�ne Mattei, lib�r�e entre-temps et devenue la compagne de Charles Pieri, �copait �galement de quatre ans de prison .Andr�-No�l Filippedu �tait condamn� � trois ans d'emprisonnement . Les quatre autres complices dont Nicolas Gros �copaient chacun de deux ans d'emprisonnement bien qu'aucun � l'exception de Filipeddu n'ait reconnu les faits. Dans son jugement, la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris estimait que " sous l'apparence pr�tendue de d�marches politiques, les faits rel�vent du gangst�risme le plus ordinaire de nature � d�naturer les causes les plus nobles ".
En ao�t 2000 , Jean-Michel Rossi et Jean-Claude Fratacci sont assassin�s. Un an plus tard, c'est au tour de Fran�ois Santoni. Nicolas Gros et ses amis sont paniqu�s d'autant que des d�fections se font sentir. La famille Cantara fait savoir � qui veut le savoir qu'elle �tait en froid avec Fran�ois Santoni. Laurent Luccioni, l'un des " soldats " de Santoni a rejoint la bande " ennemie " qui fricote avec la Brise de Mer. Antoine Salasca dit Tony le Rouge, est en prison. Les hommes d'Armata Corsa se font tuer depuis plusieurs semaines. Or Nicolas Gros a �t� pressenti dans le pass� par Fran�ois Santoni pour arranger une affaire de machines � sous avec des Marseillais proches de la Brise de Mer : �ric Marant et Chevri�re (voir L'investigateur). Armata Corsa moiti� militante moiti� voyou fait de l'ombre � la Brise de Mer en Balagne mais aussi dans d'autres endroits. Fran�ois Santoni aurait d� s'alarmer apr�s l'arrestation de barons de la Brise de Mer � Sart�ne peu de temps avant l'assassinat de Jean-Michel Rossi. Mais il pense que chez lui personne ne le touchera. Il tombe en ao�t 2001 � Monaccia d'Aull�ne � quelques encablures de Gianucciu son village. Cette ann�e-l�, la Corse aura connu 38 hommes assassinats.
Le vendredi 26 octobre 2001, Nicolas Gros est abattu vers 6H45 devant son domicile. Les tueurs n'ont pas vol� de v�hicule puisqu'on n'en retrouvera pas de calcin� dans les jours qui suivent. Les enqu�teurs en tirent la conclusion qu'ils sont de la r�gion et qu'ils se fichent qu'on le sache. Ils ont tir� sur la C15 avec du 9 mm et du 243 Remington.
Il se dira apr�s sa mort que lui et ses camarades d�tenait une partie du tr�sor de guerre de Tralonca. Il ne faut certainement pas entendre de l'argent mais des armes. On parlera de dissensions entre anciens cagoul�s. Les quelques flingeurs de Santoni continueraient de s'auto-�liminer.
Le vieux Cantara appartenait � cette mouvance. La famille Gros aussi. Il semble que le vieux ait �t� pris pour cible pour une histoire ridicule de disputes. Mais cette tentative de meurtre traduit surtout le climat d�testable qui r�gne sur les ruines de l'ancien empire de Fran�ois Santoni. Aujourd'hui dans le Sud, les bandes prolif�rent. Hier le nationalisme structurait plus ou moins la petite d�linquance. Aujourd'hui chacun veut se tailler la part du lion et � l'approche de l'�t�, la drogue revient � profusion. Nul ne sait ce que feront les Cantara. Les deux tueurs pr�sum�s avaient tellement peur du vieux Jojo qu'ils l'ont tir� " � la vol�e " et ont fui du plus vite que leur moto le leur permettait. Le vieux Jojo est donc encore vivant et il est vraisemblable qu'il cherchera � se venger. Bonifacio est tout petit mais on s'y hait avec d�lectation.
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