Les Corses se prononceront par r�f�rendum le dimanche 6 juillet sur une nouvelle organisation des pouvoirs dans l'�le, instaurant une collectivit� territoriale unique, a annonc� lundi le ministre de l'Int�rieur Nicolas Sarkozy devant un parterre de notables insulaires.
"Le moment est venu pour le gouvernement d'assumer ses responsabilit�s en proposant � la Corse une strat�gie pour l'action, pour le d�veloppement et pour la paix", a-t-il d�clar� devant les �lus corses au Palais des Congr�s d'Ajaccio.
"Pour la premi�re fois (..) la population va pouvoir s'exprimer sur les orientations qui lui sont offertes pour l'organisation de la Corse", a ajout� M. Sarkozy, en pr�cisant que, "si le Parlement l'accepte, une consultation sera organis�e, au d�but de l'�t�", le 6 juillet.
Selon le statut propos�, l'actuelle Collectivit� territoriale de Corse (CTC) va absorber les comp�tences des deux conseils g�n�raux de Haute-Corse et Corse-du-Sud, qui disparaissent. L'assembl�e territoriale, bas�e � Ajaccio, d�finira la strat�gie et le budget pour l'ensemble de l'�le. Elle sera dot�e toutefois de deux "conseils territoriaux", au niveau des d�partements, qui "constitueront des �chelons de proximit�".
Pourtant, malgr� l'allant et la puissance du ministre de l'Int�rieur, rien n'est jou�. Le nouveau statut "inqui�te" une partie des �lus, comme l'indique le d�put�-maire PRG de Bastia, �mile Zuccarelli, " conservateur de gauche " qui avec le s�nateur Nicolas Alfonsi d�nonce la situation actuelle tout en militant ardemment pour que rien ne bouge. Les nationalistes y voient, eux, "le moyen de refaire entrer par la fen�tre les d�partements sortis par la porte". Nul ne sait quelle sera leur d�cision. Mais au cas o� ils d�cideraient l'abstention, le projet aurait des chances de passer. S'ils votaient, leurs voix ajout�es � celles des conservateurs de gauche comme de droite risqueraient de faire capoter le projet.
Car en effet, une partie de l'UMP, le parti de la majorit�, satisfait du statut actuel, refuse de r�pondre oui au projet gouvernemental. Or ces conservateurs ont pour eux les voix des conseillers g�n�raux qui craignent pour leur pouvoir aussi mis�rable soit-il. Les nationalistes, de leur c�t�, ont peur de n'avoir qu'une repr�sentation symbolique. D'o� les questions pressantes relatives au mode de scrutin. Les nationalistes esp�rent la proportionnelle int�grale quand les �lus de la majorit� militent pour une proportionnelle renforc�e par un suppl�ment d'�lus en faveur du plus fort reste.
D'ores et d�j� la politique politicienne a repris le dessus. La gauche qui,hier applaudissait aux avanc�es institutionnelles, a commenc� de critiquer certains aspects mineurs du projet.
" Si un r�f�rendum en Corse est utile sur le nouveau statut institutionnel de l'�le, il est aussi n�cessaire de consulter l'ensemble des Fran�ais sur ce sujet ", a estim� lundi l'ancien ministre de l'Int�rieur Daniel Vaillant qui n'avait jamais avanc� pareille id�e lorsqu'il �tait ministre de l'int�rieur en charge des affaires corses.
"Qu'il y ait un r�f�rendum, � titre indicatif, pour savoir ce que les Corses en pensent, bien s�r, puisque maintenant la loi le permet, mais je pense qu'une d�cision aussi importante concernant le statut particulier de la Corse m�riterait une consultation telle que Lionel Jospin, lui, s'�tait engag�e � la faire", a-t-il estim�.
"Que les Corses se prononcent pour savoir si l'on supprime deux d�partements pour faire une seule collectivit� avec peut-�tre des sous-collectivit�s d�partementales, moi j'attends de voir le projet exact, celui qui sera soumis � l'examen du Parlement", a-t-il pr�cis�.
"Nous reconnaissions, nous, un besoin d'une entit� sp�cifique, d'un statut particulier pour la Corse, pour que celle-ci soit enracin�e dans la R�publique. Je trouve que le c�t� R�publique, l�, a un peu disparu."
M. Vaillant, qui rejoint en cela les plus conservateurs, juge aussi que les nationalistes risquent d'�tre favoris�s par cette r�forme: "Je me demande quand m�me s'il n'y a pas, de surcro�t, une place particuli�re r�serv�e aux nationalistes quand on voit les dialogues qui s'entretiennent entre le ministre de l'Int�rieur et les nationalistes."
D�s Dimanche, Fran�ois Hollande (PS) avait relev� dimanche que "pour la premi�re fois depuis le d�but du processus de Matignon, les nationalistes corses ont �t� re�us, seuls, par le ministre de l'Int�rieur" Nicolas Sarkozy, en ajoutant qu'"il faut recevoir tous les �lus".
"Jamais avec le gouvernement de Lionel Jospin, les nationalistes n'avaient �t� re�us de telle fa�on", a not� le Premier secr�taire du Parti socialiste sur Radio J. ce qui n'est d'ailleurs pas exact puisque le gouvernement Jospin avait d� affronter les m�mes critiques mais dispens�es par la droite.
�voquant les r�cents attentats dans l'�le, M. Hollande a appel� M. Sarkozy "� ne pas oublier l'aspect pr�vention et m�me r�pression". "Je souhaite que le gouvernement tienne sur le respect de l'Etat de droit", a-t-il dit. Les chiffres d�montrent que les arrestations n'ont pas faibli depuis le nouveau gouvernement.
Enfin, le pr�sident du Front national Jean-Marie Le Pen consid�re qu'en pr�sentant sa r�forme constitutionnelle pour la Corse, le gouvernement "avance masqu� pour d�membrer la France".
"Le nouveau statut de la Corse est � peu pr�s aussi incompr�hensible que le nouveau mode de scrutin des r�gionales, et aussi flou que le projet d'ensemble de la d�centralisation raffarinesque", d�nonce-t-il dans un communiqu� diffus� lundi.
"L'organisation d'un r�f�rendum n'est qu'une pitoyable mascarade visant � donner l'illusion d'un processus d�mocratique", estime Jean-Marie Le Pen. "Le seul fait clairement discernable, qui �clate aux yeux de tous, est la poursuite des attentats terroristes, comme l'a cyniquement soulign� le FLNC en en revendiquant toute une s�rie � la veille de la venue de (Jean-Pierre) Raffarin et (Nicolas) Sarkozy".
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