Encourageant, mais trop peu de sond�s
Pour la premi�re fois depuis l'annonce par le ministre de l'Int�rieur Nicolas Sarkozy d'une consultation des Corses sur un projet de collectivit� unique, un sondage exclusif Arsh Opinion - Corse-Matin donne la parole aux insulaires.
Cette enqu�te a �t� r�alis�e le 23 avril 2003 par t�l�phone selon la m�thode des quotas aupr�s d'un �chantillon de 500 personnes �g�es de 18 ans et plus, inscrites sur les listes �lectorales et repr�sentatives de la population insulaire en termes de sexe, d'�ge et de r�partition socioprofessionnelle. Les Corses, � 62 %, se prononceraient pour le oui, m�me s'ils pensent - � 53 % - que la question telle qu'elle est pos�e est mal formul�e.
Paradoxalement, alors que cette r�forme est port�e par le gouvernement, ce sont les �lecteurs de gauche qui sont les plus nombreux � opter pour la collectivit� unique d�centralis�e (53 % de " oui " � gauche contre 49 % � droite). En d'autres termes, la gauche reste fid�le au processus de Matignon initi� par Lionel Jospin alors que la droite reste fortement marqu�e par l'id�e d'un �tat centralis�e. La Corse-du-Sud penche nettement plus en faveur du nouveau statut que la Haute-Corse. Ce clivage provient en grande partie de l'opposition entre Ajaccio et Bastia et du fait qu'Ajaccio concentrerait les pouvoirs de la collectivit� unique.
� Bastia, dont le d�put�-maire �mile Zuccarelli est l'un des plus r�solus adversaires de la collectivit� unique, le taux de " non " atteint 40 %, contre seulement 22 % � Ajaccio, o� les personnes encore ind�cises sont nombreuses. D'un point de vue socio-�conomique, c'est dans les cat�gories sociales les plus favoris�es (chefs d'entreprises, commer�ants, cadres sup�rieurs) que l'on trouve une adh�sion importante au projet gouvernemental. Ce sont elles qui voient le plus grand int�r�t � une relative autonomie tandis que les petits fonctionnaires et les plus d�favoris�s craignent de perdre le peu qu'ils poss�dent.
Pour 48 % des Corses, cette r�forme n'est pas faite dans le but de satisfaire aux demandes des organisations nationalistes, m�me si celles-ci ont fait de la suppression des conseils g�n�raux, pr�sent�s comme des instruments privil�gi�s du client�lisme et du clanisme, une de leurs revendications prioritaires. Ceci est important pour le ministre de l'int�rieur qui se voit ainsi innocenter d'avoir voulu faire le lit de l'ind�pendantisme. L'id�e d'un marchandage entre l'Etat et les clandestins corses est r�currente dans l'analyse des rapports entre le pouvoir central et l'�le.
Un Corse sur deux est n�anmoins persuad� que la r�forme ne contribuera pas � restaurer la paix civile. M�me la minorit� de sond�s qui pensent que la r�forme est faite sur mesure pour les nationalistes est de cet avis. Pour l'ensemble des insulaires, il est clair que la recherche de l'arr�t de la violence devra prendre d'autres voies que celles de la simplification administrative, souligne Jacques Renucci le journaliste de Corse-Matin qui commente les r�sultats du sondage.
Ce sondage comporte une faiblesse d'importance : le nombre de sond�s. 500 est en dessous du minimum g�n�ralement admis pour qu'un sondage soit jug� efficace. Le chiffre de 800 est d'ordinaire retenu. Mais si on en croit les r�sultats de ce sondage-l� seulement 39 % des 18-24 ans r�pondraient oui (un partage � peu pr�s �gal avec le non). Ce pourcentage, si l'on peut dire, augmente avec l'�ge pour ne s'infl�chir l�g�rement que chez les �lecteurs de plus de 65 ans.
Cependant, quel que soit son �ge, pr�s d'un Corse sur quatre n'a pas encore d'avis tranch� sur la r�forme... N�anmoins il semblerait que les jeunes se sentent relativement peu concern�s par la r�forme en cours ce qui n'est une bonne nouvelle pour personne.
Nicolas Sarkozy peut donc s'estimer satisfait m�me si un retour d'opinion est toujours possible. � un peu plus de deux mois du r�f�rendum, on peut aujourd'hui raisonnablement parier sur une victoire du oui. La position du ministre de l'int�rieur a �t� par ailleurs confort�e par une d�claration du pr�sident de la R�publique qui a estim� en conseil des ministres que le r�f�rendum du 6 juillet prochain sur l'organisation institutionnelle de la Corse �tait une "chance" pour l'�le.
Le conseil a adopt� le projet de loi organisant cette consultation conform�ment aux dispositions introduites dans la constitution par la loi constitutionnelle du 28 mars sur la d�centralisation. Nicolas Sarkozy a indiqu� � l'issue du conseil que l'objectif de cette r�forme �tait aussi "l'instauration de la parit�" dans l'�le de Beaut�.
"Il y a aujourd'hui une femme conseiller g�n�ral sur 51 conseillers g�n�raux de Corse. Eh bien, dans quelques mois, si les Corses le souhaitent, le veulent, la moiti� de la classe politique insulaire ce seront des femmes, ce qui est tr�s important dans l'appr�hension des questions de la violence sur l'�le", a d�clar� le ministre de l'Int�rieur qui ne saurait trop souligner combien la parit� va transformer la vie politique corse.
D�sormais c'est au parlement d'ent�riner le projet de loi et de d�cider officiellement de la tenue du r�f�rendum.
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