Un referendum sera organis� en Corse avant l'�t�
Vendredi, 4 avril 2003
Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a annonc� jeudi sur France 3 et France-info qu'un referendum serait organis� en Corse avant l'�t�, sur un "nouveau statut" pour l'�le."J'irai en Corse lundi prochain avec (le ministre de l'Int�rieur) Nicolas Sarkozy", a indiqu� M. Raffarin. "Je proposerai aux �lus de Corse et aux citoyens de Corse un projet de statut nouveau, et je leur proposerai d'adopter par voie r�f�rendaire avant l'�t� ce nouveau statut", a-t-il ajout�."La premi�re application de la r�forme constitutionnelle sur la d�centralisation aura lieu dans quelques mois en Corse, avec un statut particulier, pour plus de responsabilit�s, pour que la Corse, qui a des atouts formidables, puisse lib�rer ses �nergies et participer elle-m�me � son devenir", a poursuivi le Premier ministre.

En fait, toute la difficult� r�side dans la question qui sera pos�e. Les nationalistes reprochent aujourd'hui au gouvernement de vouloir changer les structures d�partementales par d'autres structures d�partementales et, en d�finitive, de tourner le dos au souhait qui s'�tait exprim� lors du pr�c�dent gouvernement � savoir la suppression pure et simple des d�partements.

En la jouant trop mod�r�e, Nicolas Sarkozy prend le risque de m�contenter les uns et les autres et de se voir opposer une fin de non-recevoir ce qui ruinerait tous ses efforts.

Les observateurs les plus avis�s trouvent qu'un r�f�rendum avant l'�t�, au moment o� se d�roulera le proc�s des assassins pr�sum�s du pr�fet Erignac n'est pas ce qu'il y a de plus judicieux. Mais le mois de septembre sera marqu� par la comm�moration du soixanti�me anniversaire du soul�vement dirig� par la R�sistance et la Lib�ration de la Corse. N�anmoins, les Corses comptent sur la visite de Nicolas Sarkozy et du Premier ministre afin qu'ils �claircissent leur position pour l'heure un tantinet brumeuse.

En guise de r�ponse, les principaux partis et syndicats nationalistes corses ont pr�sent� jeudi � Bastia une "position unitaire" face au projet d'�volution institutionnelle que devrait annoncer lundi prochain le gouvernement.

Les responsables de douze formations nationalistes, ind�pendantistes et mod�r�es r�unies, ont insist�, au cours de cette conf�rence de presse, sur "l'indispensable suppression des deux d�partements" de l'�le dans le cadre de la cr�ation d'une collectivit� unique.

"Le processus initi� par le gouvernement Raffarin s'enlise dans les man�uvres de politiciens historiquement hostiles � toute �volution institutionnelle", ont estim� les nationalistes dans un texte lu par Jean-Guy Talamoni, de Corsica Nazione, et Jean-Christophe Angelini, secr�taire national du Parti di a Nazione Corsa (PNC-mod�r�). Selon eux, la r�forme "va r�introduire, sous une forme d�guis�e, les d�partements" en cr�ant deux conseils territoriaux pour la Corse-du-Sud et la Haute-Corse, qui agiront par d�l�gation de l'assembl�e de Corse.

Les nationalistes consid�rent les conseils g�n�raux comme des institutions favorisant "le clanisme" des "�lus traditionnels de droite comme de gauche".
"En l'�tat actuel, nous sommes inquiets des projets du gouvernement", a d�clar� M. Talamoni, qui a �t� re�u mercredi par M. Sarkozy. Il a indiqu� que les nationalistes feraient conna�tre leur position sur le r�f�rendum, qui devrait �tre annonc� lundi, lorsque sera connue la question pos�e aux �lecteurs.

C'est la premi�re fois depuis longtemps que les groupes nationalistes se regroupent ainsi et pr�sentent un front commun. Les douze mouvements nationalistes, dont les partis ANC et I Verdi Corsi et le syndicat STC, ont appel� � une manifestation unitaire "contre les d�partements et pour le pouvoir l�gislatif" le 26 avril � Ajaccio.
M. Angelini, nationaliste mod�r�, a qualifi� d'"�v�nement politique majeur" cette unit� des nationalistes, qui "p�sera probablement tr�s lourd" apr�s des ann�es de discorde et de rivalit�s parfois violentes. Des "divergences subsistent", en particulier "sur la violence clandestine" que condamne le PNC, a-t-il pr�cis�.

Cette petite phrase est vraisemblablement d'une grande importance. Elle est une sorte d'avertissement lanc� en direction de Nicolas Sarkozy et du gouvernement. Soit celui-ci est tent� par une marginalisation des " petits " groupes et donc du mouvement nationaliste. Auquel cas, il prend le risque de voir les " nationalistes mod�r�s " entra�n�s dans la mouvance des plus violents et notamment d'Indipendenza, vitrine l�gale du FLNC Union des Combattants. Le dirigeant sudiste de l'UMP, Camille de Rocca Serra, qui a l'oreille de l'UMP national, est tent� d'imposer un scrutin qui verrait la proportionnelle fortement m�tin�e de majoritaire. Une tr�s forte prime serait donn�e au plus fort imposant ainsi l'UMP � l'assembl�e territoriale. Mais alors les petits groupes pourraient ne pas �tre repr�sent�s � l'assembl�e et deviendraient des partisans plus ou moins conscients d'une reprise de la violence, an�antissant ainsi tous les efforts de Nicolas Sarkozy.

Parmi les nationalistes m�me, les positions sont encore divergentes. La clairvoyance est plut�t du c�t� de ceux qui ont refus� le mot d'ordre d'ind�pendance tout en gardant le cap d'une autonomie pouss�e.

En attendant que le gouvernement arr�te sa position, les grandes man�uvres ont commenc� dans le flou le plus total.

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s