Pourquoi la Corse penche pour un oui au r�f�rendum
Samedi, 12 avril 2003
Bruno Le Roux, un des porte-parole du PS, a estim� que les conditions d'un bon r�f�rendum ne semblaient pas forc�ment r�unies aujourd'hui en Corse.
"On rompt avec une m�thode de concertation dans le temps, de discussion, d'avanc�e progressive, initi�e par le gouvernement de Lionel Jospin", a affirm� Bruno Le Roux qui, s'il est d'accord sur le principe du r�f�rendum, a d�plor� qu'on ait aujourd'hui "un emballement, une pr�cipitation qui laisse � penser qu'on veut se d�barrasser au plus vite d'un probl�me".
Bruno Le Roux a annonc� que la position des socialistes pour le r�f�rendum du 6 juillet serait d�cid�e apr�s une consultation locale, apr�s une discussion avec les �lus et apr�s un d�bat en bureau national d'ici la fin du mois.
N�anmoins, il ne fait aucun doute que les socialistes corses, fort peu nombreux, au demeurant, d�cideront d'approuver le oui au r�f�rendum. Et c'est bien cela qui est profond�ment aga�ant dans la politique fran�aise dont fait partie la politique corse. Plut�t que d'approuver une bonne id�e, on pr�f�re d'abord se d�finir en la critiquant. Bruno Leroux a �t� l'un des porte-parole du projet Jospin sur la Corse qui ne disait strictement rien d'autre que le projet Sarkozy. Mais pour bien montrer qu'on existe on tente une petite perc�e somme toute bien ridicule au regard de l'enjeu.
Nicolas Sarkozy sait qu'il faut aller vite en Corse de peur que le probl�me une fois encore ne s'enlise dans les querelles de personne et dans une morosit� dont on s'est fait une sp�cialit� dans l'�le. Le ministre de l'int�rieur a pris acte � Ajaccio de " la complexit� corse " et a d�cid� de trancher dans le vif. Il propose aux Corses de donner leur avis les assurant que celui-ci serait respect� mais qu'apr�s il conviendra de ne pas y revenir. Ainsi les Corses et leurs �lus sont plac�s devant un choix binaire : c'est oui ou c'est non. " Toute position, a-t-il affirm�, si ce n'est celle de la violence, est respectable. Encore faut-il supporter les cons�quences de ses choix ? " Les �lus qui pr�tendent qu'il faut en rester l� doivent proposer des solutions pour sortir d'une situation dont ils ne cessent de d�noncer la d�gradation. Ceux qui disent oui devront apprendre � composer plut�t qu'� combattre. Ils devront convaincre plut�t que de vaincre. En d'autres termes, la Corse est invit�e � entrer dans la modernit�. Pour des Luxembourgeois, des Belges, des Italiens, des N�erlandais, le f�d�ralisme est un �tat naturel. Pour des Fran�ais, c'est un exploit. Et parce que le monde est f�d�ral, il faudra que la France apprenne ce nouvel �tat faute de quoi il cessera d'�tre comp�titive et, ann�e apr�s ann�e, sombrera dans la d�ch�ance. La France est peut-�tre en train de comprendre avec difficult� de quoi sera fait le monde de demain. Nicolas Sarkozy, avec pragmatisme et intelligence, est l'homme qui, avec de la chance et du talent, guidera peut-�tre ce vieux pays vers une nouvelle conception du monde. Mais il doit r�ussir le test corse. S'il �choue dans cette �le, son avenir est sombre. S'il r�ussit, il devra quitter le gouvernement sur une victoire et jouer une autre carte. Pour toutes ces raisons mais aussi bien �videmment pour la Corse et les Corses, il faudra que la r�ponse au r�f�rendum soit positive.
Rien ne sera r�gl� pour autant : les nationalistes ne vont pas abandonner la manne de la violence du jour au lendemain. Sarkozy a annonc� qu'en pareil cas il faudrait leur imposer une r�pression juste mais sans concession. Il serait bien le premier � y arriver. Il faudra enfin obliger les �lus � �tre en conformit� avec leurs d�clarations d'intention et les emp�cher de jouer contre la d�centralisation avec des r�seaux qui refusent de mourir.
D�sormais Sarkozy sait qu'il peut compter sur une UMP � qui il a du beaucoup promettre.
L'UMP de Haute-Corse a en effet appel� jeudi � voter "oui" au r�f�rendum du 6 juillet sur le nouveau statut de la Corse apr�s avoir obtenu des "assurances" du gouvernement sur le maintien de "structures de proximit�" dans le nord de l'�le.
L'UMP de Haute-Corse a donc �t� le premier groupe politique � se prononcer officiellement en faveur de la r�forme pr�voyant la cr�ation d'une "collectivit� unique d�concentr�e", avec � la cl� la suppression des d�partements, comme l'ont annonc� lundi � Ajaccio le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin et le ministre de l'Int�rieur Nicolas Sarkozy.
L'UMP Haute-Corse invite, dans un communiqu�, � "apporter une r�ponse positive au r�f�rendum" car "l'avenir de la Corse en d�pend". "Est-il raisonnable de se confiner dans l'immobilisme dont, � l'exp�rience, on distingue mal les vertus, quand on appelle de tous ses voeux l'essor �conomique de l'�le?", s'interroge-t-il.
Le s�nateur Paul Natali, pr�sident du bureau provisoire de l'UMP Haute-Corse, s'�tait initialement montr� r�serv� sur le projet gouvernemental en critiquant la suppression des conseils g�n�raux. Mais le communiqu� consid�re comme des "points positifs" le "maintien des structures de proximit� sous la forme de conseils territoriaux", "le maintien" d'une pr�fecture � Bastia et "la perspective d'un scrutin d�partemental" pour les �lections territoriales de 2004.
Paul Natali a par ailleurs �t� intronis� pr�sident de l'UMP de Haute-Corse. Camille de Rocca Serra devrait conna�tre le m�me bonheur �liminant de ce fait Roland Francisci qui lui appellera � voter non. N�anmoins, les deux perdants de cette affaire risquent d'�tre d'un c�t� Jean Baggioni, l'actuel pr�sident de l'ex�cutif qui, outre sa d�faite �lectorale, se retrouve isol� et Jos� Rossi dont la voix risque de ne plus �tre entendue dans le concert des oui.
On ne conna�t toujours pas la position des communistes qui sont tent�s par un vote n�gatif.
Les nationalistes vont prendre leur d�cision ce week-end mais devraient en toute logique pencher pour un oui ti�de.
Reste � conna�tre le poids de tous les �lus qui refusent la mort des conseils g�n�raux. Reste � savoir de combien p�sera le m�contentement des nordistes qui craignent un " imp�rialisme " sudiste. Reste enfin � conna�tre le nombre de voix que rassembleront les conservateurs de tous poils du Front national aux communistes en passant par les gauchistes et les aigris.

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