Nouvelles de Corse
Dimanche, 2 mars 2003
Attentat contre la maison d'arr�t de Borgo
Un attentat � l'explosif a vis� la maison d'arr�t de Borgo dans la nuit de vendredi 28 f�vrier � samedi 1er mars, mais n'a fait que peu de d�g�ts mat�riels. Une charge de faible puissance avait �t� plac�e contre le mur d'enceinte de l'�tablissement. Elle a explos� vers 1H30 ne provoquant que peu de d�gradations. Dans un communiqu� un porte-parole du minist�re de la Justice a pr�cis� que cet attentat, commis par "plusieurs hommes cagoul�s et arm�s" qui ont pu s'enfuir, n'avait pas perturb� le fonctionnement de la maison d'arr�t. Le ministre de la Justice Dominique Perben "condamne avec la plus grande fermet� cette deuxi�me attaque en quelques jours contre un b�timent de la justice en Corse", faisant allusion au mitraillage du Palais de justice d'Ajaccio.

L'explication se trouve encore et toujours dans les arrestations de militants nationalistes sur commission rogatoire de la justice anti-terroriste. Les enqu�teurs ont not� un fait inqui�tant : les deux hommes qui ont tir� sur le Palais de Justice ont attendu la voiture de police avant de s'enfuir sous son nez. Cette d�termination est inqui�tante. La prochaine �tape pourrait �tre un attentat " plus s�rieux ".

L'Assembl�e de Corse favorable � une collectivit� unique

L'Assembl�e de Corse s'est prononc�e vendredi 28 f�vrier en faveur d'une collectivit� nouvelle et unique, qui r�unirait les deux d�partements avec la Collectivit� territoriale de Corse (CTC). Cela repr�sente une victoire pour les tenants des accords de Matignon. Une autre motion demandait le maintien des deux d�partements de l'�le, "collectivit�s territoriales de plein exercice".

Le rapport pr�sent� par Jos� Rossi, le pr�sident UMP de l'Assembl�e au nom de la commission sp�ciale charg�e du suivi des r�formes relatives � la Corse, a recueilli 27 voix contre 19. Trois �lus se sont abstenus deux �taient absents.

On notera n�anmoins qu'il ne s'agit pas d'une immense victoire pour les tenants de la collectivit� unique si l'on se r�f�re au vote historique du 28 juillet 2000 qui avait ouvert les accords de Matignon : quarante-quatre �lus sur cinquante et un avaient alors approuv� la d�marche de Lionel Jospin.

Les conclusions de ce rapport sur lesquelles la collectivit� a vot� s�par�ment ont rencontr� une adh�sion encore plus large: 33 voix pour, 13 contre et trois abstentions. Elles proposent notamment qu'"une r�forme profonde substitue � l'organisation actuelle de la Corse, fond�e sur trois collectivit�s territoriales de niveau r�gional et d�partemental, une collectivit� unique, d�centralis�e et d�concentr�e".

Elles demandent en outre que cette d�cision soit soumise � un referendum. Pour les promoteurs de la collectivit� unique, la "simplification" accro�trait "l'efficacit�", avec "une seule administration et un seul budget au lieu de trois", pour "�tablir les grandes orientations".

L'assembl�e a donc opt� pour ces propositions � celles du d�put�-maire PRG de Bastia, Emile Zuccarelli, et du s�nateur PRG Nicolas Alfonsi, farouche d�fenseur de l'ordre actuel, en faveur du maintien des deux d�partements et qui estimaient qu'une �volution vers une collectivit� unique serait "contraire au principe m�me de la d�centralisation".

Ces �lus affirment en effet redouter "une concentration des pouvoirs" aux mains de la Collectivit� territoriale de Corse et de l'assembl�e de Corse, qui �prouvent d�j�, selon eux, des difficult�s � assumer les comp�tences acquises ces vingt derni�res ann�es. Les conseillers g�n�raux de Corse-du-Sud et de Haute-Corse avaient d�j� vot� pour que rien ne bouge tandis que les maires de Haute-Corse se pronon�aient pour "la collectivit� nouvelle".

Le ministre de l'Int�rieur, Nicolas Sarkozy, avait souhait� qu'"un large rassemblement" se dessine pour l'une ou l'autre des solutions, faute de quoi, avait-il dit, le "gouvernement prendrait ses responsabilit�s". Dans ce cas de figure, l'organisation d'un "referendum" local serait probable, comme devrait le permettre la r�forme constitutionnelle prochainement soumise au parlement.

Ce qui se joue en arri�re-plan c'est l'�volution de la Corse. Le clan qui a �t� battu craint que la moindre r�forme n'entra�ne la Corse dans une aventure ind�pendantiste. De surcro�t, en prot�geant les trois assembl�es, ils prot�gent des postes de fonctionnaires et donc une v�ritable client�le. En face au contraire on affirme que ne pas bouger reviendrait � mourir.

C'est d'une certaine mani�re une victoire pour Nicolas Sarkozy qui voit son attitude confort�e par les �lus corses. N�anmoins cette victoire n'est pas aussi frange qu'il l'aurait souhait�e.

Le mitraillage de gendarmerie, de palais de justice ou de maison d'arr�t pourrait n�anmoins interf�rer dans le programme politique de la Corse. Si rien ne change, Nicolas Sarkozy sera accus� � son tour de pr�f�rer le dialogue � la r�pression, accusation fausse puisque jamais les autorit�s n'ont enregistr� autant de succ�s dans la lutte contre toutes les formes de d�linquance.

Toutefois, la politique �tant souvent irrationnelle, Nicolas Sarkozy est devenu la " b�te � abattre " par tous les moyens. L'investigateur soulignait que les attaques contre Le Monde relevaient aussi d'une strat�gie mont�e par le Pr�sident de la R�publique pour ouvrir une voie royale � son dauphin, Alain Jupp�.

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s