Mondoloni, la reine corse des jeux africains inculp�e � Monaco
Vendredi, 4 avril 2003
Marthe Mondoloni est soup�onn�e de " blanchiment " dans l'affaire de la revente du casino d'Annemasse pour laquelle son p�re Michel Tomi et son associ� Robert Feliciaggi ont d�j� �t� inculp�s

C'est en toute discr�tion que " Madame Marthe " comme l'appellent ses huit cents employ�s du pari mutuel urbain gabonais (PMUG) a comparu hier matin devant le juge Jean Christophe Hullin � Monaco. Marthe Mondoloni est de nationalit� gabonaise mais son p�re, Michel Tomi, l'un des " grands " des jeux africains et fran�ais est maire du village de Tasso.

Assist�e de son avocat Me Ren� Schil�o, Marthe Mondoloni n'est pas rest�e plus d'une dizaine de minutes dans le cabinet du juge. Juste le temps de se voir signifier son " inculpation " (selon la terminologie mon�gasque) pour " blanchiment " dans l'affaire du casino d'Annemasse, pour laquelle son p�re Michel Tomi et l'un de ses associ�s Robert Feliciaggi ont d�j� �t� inculp�s en octobre 2001 (1).

Ouverte le 30 juin 2000 par le parquet de Monaco, l'instruction s'est, dans un premier temps, int�ress�e aux importants retraits en liquide effectu�s par des personnalit�s fich�es au grand banditisme sur les comptes ouverts � Monaco et � Paris par Michel Tomi et Robert Feliciaggi, deux hommes d'affaires Corses enrichis dans les jeux en Afrique. Mais elle s'est rapidement centr�e sur les conditions d'achat et de revente du casino d'Annemasse en 1995.

Soup�ons de corruption

Achet� par Robert Feliciaggi, le casino d'Annemasse �tait revendu quelques mois plus tard avec une forte plus-value pour 100 millions de francs (15,24 millions d'euros) apr�s avoir obtenu du ministre de l'Int�rieur Charles Pasqua son autorisation d'exploitation, contre l'avis de la commission des jeux. La justice soup�onne qu'une partie de cette somme - 7,5 millions de francs (1,14 million d'euros) - vers�e par Robert Feliciaggi sur le compte de Marthe Mondoloni au Cr�dit Foncier de Monaco, ont ensuite servi au financement de la campagne de Charles Pasqua pour les �lections europ�ennes de 1999.

Cinquante-cinqui�me sur la liste du RPF pour cette �lection, Marthe Mondoloni, �g�e de trente-trois ans, a, en effet, reconnu avoir accord� au parti un " pr�t sans int�r�ts " de 7,5 millions de francs pour cette campagne, pr�t en partie rembours�. Michel Tomi et Robert Feliciaggi ont d'ailleurs �t� mis en examen pour " corruption " et bri�vement �crou�s � Paris par les juges Courroye et Pr�vost-Desprez charg� du volet politique de cette affaire.

Ils nient pourtant en bloc les faits qui leur sont reproch�s. Selon Robert Feliciaggi, les 7,5 MF en question correspondraient simplement au rachat des parts d�tenues par Michel Tomi dans le PMU Gabonais et non � une op�ration � tiroirs destin�e � masquer un quelconque " renvoi d'ascenseur ".

Marthe Mondolini s'en est tenue � cette version hier devant le juge Hullin qui, apr�s cette audition, ne devrait plus tarder � communiquer le dossier au parquet pour r�glement. Les trois co�nculp�s pourraient alors �tre renvoy�s devant le tribunal correctionnel de Monaco pour blanchiment.

Selon les sp�cialistes du blanchiment, une telle affaire est une sorte de paravent destin� � laver la communaut� des soup�ons qui p�sent sur elle relatifs � un blanchiment autrement plus vaste et qui touche � l'argent de familles mafieuses. La Principaut� a notamment �t� soup�onn�e de servir de " blanchisseuse " pour l'argent des enl�vements mafieux dans les ann�es 70-80. Dans une telle optique, l'affaire Mondoloni-Tomi-Feliciaggi est une mani�re de se d�douaner par rapport � une justice fran�aise devenue sourcilleuse apr�s des ann�es de laxisme. La proximit� de Nice et du procureur Montgolfier n'est pas pour rien dans ces mises en examen. Il faut rappeler que les finances de Monaco sont th�oriquement sous la tutelle de la justice fran�aise.

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