De l'�le de Corse � l'Ile-de-France, les �lus d'origine corse � Paris et dans les Hauts-de-Seine
Lundi, 10 mars 2003
La surrepr�sentation des Corses dans les sph�res de la haute administration ou de la politique est un ph�nom�ne tout a fait sp�cifique, qui bien que suscitant de nombreuses interrogations reste tr�s imparfaitement connu. Ainsi, l'opinion publique au regard du nombre d'�lus d'origine corse -les patronymes corses �tant assez facilement identifiables- s'inqui�te parfois de l'existence d'un " lobby corse ".

Le go�t des Corses pour la chose publique est av�r� et de ce fait beaucoup ont occup� depuis plus d'un si�cle de hautes fonctions politiques, administratives ou judiciaires au service de la R�publique fran�aise. L'�migration qui est une constante dans l'histoire corse, a atteint de telles proportions qu'il y a aujourd'hui plus de Corses en dehors de l'�le qu'en son sein, et de ce fait les hommes politiques issus de la diaspora sont plus nombreux que jamais.

L'aire d'analyse de l'�tude que je me propose de mener est volontairement circonscrite � Paris et aux Hauts-de-Seine, pour des raisons � la fois symboliques -Paris �tant la capitale, le centre du pouvoir et les Hauts-de-Seine le d�partement le plus riche de France- mais aussi pour des raisons quantitatives tant la densit� d'�lus d'origine corse y est forte. Un constat pr�alable s'impose : il est surprenant qu'une si petite communaut� d�mographique, par rapport � l'ensemble de la population fran�aise, ait fourni une telle �lite, qui plus est loin du monde m�diterran�en, car il existe �galement une �lite politique corse importante en r�gion PACA.

L'�lite politique de la diaspora corse � Paris et dans les Hauts-de-Seine : mesure du ph�nom�ne et cl�s de compr�hension

La concentration d'�lus d'origine corse � Paris est-elle le fruit du hasard ? Cette explication est peu satisfaisante, tant il s'agit comme nous allons le voir d'une tradition solidement ancr�e. D�s lors il parait possible apr�s une �tape descriptive de tenter une phase plus analytique en essayant de comprendre pourquoi autant de Corses de la diaspora ont r�ussi en politique � Paris et dans les Hauts de Seine.

La ville de Paris est-elle un village corse ?

Paris compte une pl�iade d'�lus d'origine corse, comme en t�moigne la carte n� 1, mais surtout en 1999, les trois premiers �diles de la ville sont Corses ! Le r�le des �lus d'origine corse est particuli�rement mis en lumi�re depuis mai 1995 : le conseil de la ville de Paris ayant nomm� un Corse � sa t�te.

Fid�le de Jacques Chirac, dont il fut le premier adjoint de 1983 � 1995 � la Mairie de Paris, Jean Tib�ri fut choisi par l'actuel Pr�sident de la R�publique pour lui succ�der, au d�triment des pr�tentions de Jacques Toubon. M. Tib�ri, �ph�m�re secr�taire d'Etat aupr�s du ministre de l'agriculture (d�j� nomm� par Jacques Chirac en 1976), a tr�s t�t compris que son avenir politique passerait par Paris. Conseiller d'arrondissement depuis mars 1965, d�put� de la deuxi�me circonscription depuis 1968, il prit la mairie du V�me arrondissement en 1983, o� son p�re avait longtemps �t� adjoint au maire.

Bien que n� � Paris, et ayant fait toute sa carri�re dans la capitale, Jean Tib�ri, revendique fi�rement ses origines insulaires. D'ailleurs comment pourrait-il en �tre autrement, lui qui a �pous� Xavi�re Casanova, originaire de Cort�. Madame le Maire, bien que n'ayant aucun mandat, n'h�site pas � prendre part � la vie politique de la capitale... Son r�le �tait relativement m�connu, jusqu'aux d�veloppements r�cents du fameux " rapport Xavi�re Tib�ri ".

La pr�sence corse � la Mairie de Paris se manifeste �galement au sein du cabinet du Maire, puisque Jean Tib�ri s'est attach� les services d'un de ces compatriotes au poste de directeur de l'information et de la communication en la personne de Claude Comiti, fr�re du r�alisateur Tony Comiti.

Cependant c'est avant tout au Conseil municipal de Paris que se situe le " trust corse ". Roger Romani, le pr�sident du groupe RPR au conseil de la ville, est un ami de longue date de Jean Tib�ri, qu'il fr�quente depuis l''ge de 18 ans. Il est �galement �lu du V�me arrondissement. Questeur de la ville de Paris depuis 1977, il a �t� s�nateur de Paris de 1977 � 1993. De 1993 � 1997, Roger Romani fut ministre du gouvernement Balladur en charge des relations avec le S�nat et des Rapatri�s et sous le gouvernement Jupp�, il fut ministre des relations avec le Parlement.

Jacques Dominati est pour sa part pr�sident du groupe UDF au conseil de la ville. N� � Ajaccio en 1927, Jacques Dominati est l'ancien maire du III�me arrondissement (1983-1995), dont il fut le d�put�, avant d'en devenir, en 1995, le s�nateur.

Outre le " triumvirat " Tib�ri, Dominati et Romani, le conseil municipal compte bon nombre d'adjoints au maire d'origine corse.

Didier Bariani, UDF, est adjoint au maire depuis 1989. Il est en charge des quartiers sensibles � la Ville de Paris. Il a �t� secr�taire d'�tat aupr�s du ministre des Affaires �trang�res de 1986 � 1988. Il fut �galement d�put�-maire du XX�me arrondissement.

Jean-Charles de Vincenti, UDF, est �galement adjoint au maire. Cet �lu du XV�me arrondissement n'h�site pas � faire de son attachement � la Corse un argument politique : � l'occasion des �lections r�gionales 1998, il fit campagne sur les ondes de Radio Pays, � l'occasion d'une �mission corse... Il faut dire qu'en dissidence par rapport � la majorit� Tib�ri, sa liste " Paris autrement, Paris proprement " (sic) avait bien peu de moyen d'expression.

Le dernier arriv� est Yves Pozzo-di-Borgo qui a fait son entr�e au conseil municipal de la ville de Paris en avril 1998... Au total, le conseil municipal de la ville de Paris compte 10% d'adjoints au maire originaires de Corse ! A cette liste on pourrait encore ajouter Claude Goasguen, Corse de par sa m�re, qui se rend r�guli�rement dans l'�le, mais qui se garde bien de se revendiquer comme Corse.

Une �tude plus pouss�e confirmerait l'impression que les Corses jouent actuellement un r�le important dans la vie politique de la capitale. Ainsi, au sein du conseil de la ville de Paris, on pourrait encore citer Brigitte Mariani, et � l'�chelle des conseils d'arrondissements les exemples seraient multiples : Jean Orsini dans le XI�me, Jean-Antoine Marchetti dans le XV�me, Guy Benedetti dans le XX�me, Laurent Dominati, fils de Jacques Dominati, d�put� du II�me arrondissement de Paris et son fr�re Philippe, �lu au Conseil du VIII�me arrondissement, etc.

Les �diles corses � Paris sont une v�ritable tradition. L'accession du couple Tib�ri � l'H�tel de Ville, ne saurait nous faire oublier que les �lus d'origine corse sont une constante de la vie politique parisienne.

Je rappellerai tout d'abord qu'un autre Corse eut des vell�it�s concernant l'H�tel de ville de Paris. En 1977, � l'occasion de la toute premi�re �lection d'un maire pour la capitale, Michel d'Ornano se pr�senta avec l'assentiment du Pr�sident de la R�publique en exercice, Val�ry Giscard d'Estaing. Le Comte d'Ornano, originaire de Sainte Marie Sich�e, �choua face � Jacques Chirac. Par la suite, Michel d'Ornano, ancien ministre de la culture, puis de l'environnement, se contenta de sa mairie de Deauville, qu'il garda jusqu'� sa mort, sa femme prenant alors la rel�ve.

Avant m�me que la loi n'autorise l'�lection d'un maire pour Paris, Jacques Dominati occupa de 1973 � 1974, la pr�sidence du Conseil de Paris, p�riode dont il garderait une certaine nostalgie.

Notons �galement que Dominique Padovani, dit " Pado ", fut, en son temps, vice-pr�sident du Conseil de Paris. Ce journaliste, qui remporta le prix Albert Londres et qui fut co-directeur de l'Aurore, �tait originaire d'Oletta, � proximit� de Bastia. Au cours de sa carri�re politique, il fut �galement conseiller g�n�ral de la Seine et s�nateur de Paris. Bien d'autres Corses si�g�rent � Paris, � des postes certes moins importants. Ainsi, Jean Matt�oli, actuel pr�sident du Conseil Economique et Social, fut, entre 1983 et 1987, adjoint au maire. Jean-Toussaint Romanetti, occupa �galement pendant longtemps cette m�me fonction. La Mairie de Paris employa �galement de nombreux Corses. Fran�ois Musso, d�put� europ�en de 1988 � 1994, domicili� dans le VII�me arrondissement de la capitale, fut par exemple entre 1994 et 1995 charg� de mission � la Ville de Paris. Ce proche de Jacques Chirac eut il y a peu des d�m�l�s avec la justice, pour avoir b�n�fici� de pr�ts de la caisse r�gionale du Cr�dit Agricole de Corse, dont il �tait pr�sident, alors que son " activit� agricole �tait accessoire ".

Cependant, il serait faux de restreindre la pr�sence de Corses � la seule Mairie de Paris... Bon nombre d'entre-eux furent �lus par les Parisiens pour des mandats nationaux, de s�nateurs ou d�put�s, � l'instar de Jean Bernasconi, Jean-Baptiste Biaggi, Pierre Ferri, Dominique-Antoine Laurelli, Guy Vaschetti... Ces noms aujourd'hui retomb�s dans l'anonymat t�moignent d'une implantation corse, de longue date, � tous les niveaux de la vie politique parisienne.

De plus de hauts fonctionnaires corses sont souvent en charge de la s�curit� de Paris. La Corse n'a pas seulement fourni des �lites politiques � la capitale, elle lui a �galement donn� des �lites administratives.

De nos jours, Philippe Massoni occupe le poste de pr�fet de Police de Paris, gr'ce notamment � l'appui de Charles Pasqua. M. Massoni entretient d'ailleurs d'excellentes relations avec Jean Tib�ri, qu'il a connu du temps ou ce dernier �tait magistrat. Ajoutons que pendant un temps, Philippe Massoni s'attacha les services d'un compatriote tr�s controvers� : Jean-Charles Marchiani fut secr�taire g�n�ral en charge de la zone d�fense � la pr�fecture de Police de Paris. Bastiais d'origine, Jean-Charles Marchiani d�butta sa carri�re au sein du contre-espionnage fran�ais avant de rejoindre � deux reprises (1986-1988 et 1993-1995) le cabinet du ministre de l'Int�rieur, Charles Pasqua. M. Marchiani fut par la suite pr�fet hors-cadre avant d'�tre nomm� pr�fet du Var.

Plusieurs fois dans l'histoire, la charge de veiller sur la capitale fut confi�e � des Corses : ainsi, de 1973 � 1976, puis de 1986 � 1988, Jean Paolini fut le pr�fet de Police de Paris, cette fonction �tant cr��e en 1964. Rappelons �galement qu'entre 1958 et 1963, Jean Benedetti fut nomm� pr�fet de la Seine.

Cette tradition n'est pas propre � la Cinqui�me R�publique : le 6 f�vrier 1934, un Corse resta dans l'histoire � l'occasion de la grande manifestation des ligues et associations d'anciens combattants : le pr�fet de Police de Paris �tait alors Jean Chiappe, n� � Ajaccio.

Si l'on remonte plus loin encore dans l'histoire, M. Sebastiani �tait d�j� commandant en chef de la place de Paris sous Louis-Philippe et Napol�on III, qui lui m�me avait des origines corses, nomma P.M. Pietri au poste de pr�fet de Paris !

Le fief corse des Hauts-de-Seine :

Les Hauts-de-Seine sont une terre d'�lection de nombreux Corses. La carte n� 2 laisse appara�tre plusieurs g�n�rations d'hommes politiques d'origine corse implant�s � l'ouest de Paris... qui sont-ils ?

Pasqua, Santini, Ceccaldi sont aujourd'hui le trio corse du d�partement. De tous, Charles Pasqua est incontestablement le plus influent car il si�ge au conseil g�n�ral des Hauts-de-Seine depuis 1970 ! Cet ex-cacique du RPR est, depuis 1983, conseiller municipal de Neuilly. A la gestion d'une mairie, il pr�f�re se consacrer au conseil g�n�ral des Hauts-de-Seine et � son si�ge de s�nateur, qui lui offre, depuis 1977, une aura nationale. Ancien ministre de l'Int�rieur (1986-1988 et 1993-1995), il fut �galement ministre de l'Am�nagement du territoire sous le gouvernement Balladur.

Andr� Santini, secr�taire g�n�ral de l'UDF, est, depuis 1980, le maire d'Issy-les-Moulineaux. Cet ancien ministre des rapatri�s, puis de la communication de 1986 � 1988, est aujourd'hui vice-pr�sident de l'Assembl�e Nationale. Andr� Santini permet parfois � d'autres Corses de briguer des fonctions �lectives: � l'occasion des �lections cantonales de 1998, Paul Subrini est ainsi devenu conseiller g�n�ral du canton d'Issy-Est.

Charles Ceccaldi-Raynaud est l'inamovible maire de Puteaux. Cette ville de 43.000 habitants l'a �lu sans discontinuit� depuis 1969. Depuis 1995, il si�ge au Palais du Luxembourg, apr�s avoir �t� longtemps d�put�.

Ces trois hommes politiques ne font en fait que confirmer une tradition d�j� bien ancr�e : les Hauts-de-Seine sont depuis longtemps une terre d'�lection pour les Corses. En effet, une v�ritable dynastie d'�lus corses dans les Hauts-de-Seine semble s'�tre fond�e. Avant m�me que les m�dias ne focalisent leur attention sur Charles Pasqua, d'autres Corses ont �t� les personnages les plus influents de l'Ouest parisien.

Au sortir de la R�sistance, Achille Perretti, un des " grands " compagnons de la Lib�ration devint maire de Neuilly-sur-Seine. Le parcours politique de cet homme, n� en 1911, est �tonnant, puisqu'il fut successivement pr�fet, directeur g�n�ral adjoint de la S�ret� nationale, d�put� de la Seine. Cet ancien vice-pr�sident du conseil g�n�ral de la Corse fut �galement pr�sident de l'Assembl�e Nationale, de 1969 � 1973. A sa mort, en 1983, bon nombre de Corses pleur�rent un compatriote ayant toujours su aider les siens. Charles Pasqua le regretta sans doute plus que les autres : Achille Peretti n'ayant pas eu le temps de pr�parer sa succession, la mairie de Neuilly-sur-Seine lui �chappa au profit d'un " jeune loup " de 28 ans : Nicolas Sarkosy.

Ancien Consul g�n�ral de France, Paul Graziani fut un temps conseiller municipal d'Ajaccio. Il ne mena cependant pas sa carri�re politique dans l'�le mais bien dans les Hauts-de-Seine, dont il fut longtemps d�put� et vice-pr�sident du conseil g�n�ral. Apr�s avoir longtemps si�g� au conseil municipal, il s'imposa comme maire de Boulogne-Billancourt, ville de 100.000 habitants. Il fit parall�lement son entr�e au Palais du Luxembourg et ne quitta ses fonctions qu'au milieu des ann�es quatre-vingt-dix.

Comment et pourquoi autant d'�lus d'origine corse se sont-ils implant�s � Paris et dans les Hauts-de-Seine ? Trois cl�s de compr�hension :

� La logique num�rique. - Issy-les-Moulineaux est le fief d'Andr� Santini gr'ce en partie au r�le politique de la communaut� corse qui r�side sur la commune. D'ailleurs en arrivant � proximit� de l'H�tel de Ville d'Issy-les-Moulineaux, un d�tail ne trompe pas : un restaurant corse fait face � la mairie. L'histoire politique de cette commune des Hauts-de-Seine, jouxtant Paris, est depuis pr�s de soixante ans li�e � l'importante communaut� corse qui y r�side. Selon Andr� Santini, les Corses seraient environ 1.500 sur une population totale de 46.000 habitants.

La vie associative de la commune t�moigne du r�le des Corses : Issy compte trois associations corses : " L'Amicale des Corses et Amis de la Corse ", " Les Amis du Sartenais " et enfin " A Casa di u Populu Corsu " o� si�ge l'Association des Etudiants Corses de Paris et l'�quipe corporative de football " Unione Corsa ".

Cette minorit� corse s'investit dans la vie de la commune bien plus que la communaut� arm�nienne forte d'environ 5.000 individus, plus port�e sur le commerce. C'est donc en toute logique que la Corse a fourni � la ville trois de ces maires : de 1939 � 1940, le docteur Jean Alessandri, de 1953 � 1973, Bonaventure Leca et enfin de 1980 � nos jours, Andr� Santini, qui est un enfant de la commune : n� dans le XIV�me arrondissement, son p�re tenait un bistrot � Issy-les-Moulineaux.

Cette permanence des Corses � l'H�tel de Ville (pr�s de quarante ann�es sur les soixante derni�res), est encore plus manifeste au sein du conseil municipal, il y quelques ann�es, pas moins de cinq adjoints au maire �taient originaires de Corse ! C'est en toute logique que Monsieur Santini explique ce ph�nom�ne : " Les Corses �taient les plus dynamiques : ils ont �merg�s ".

Malheureusement si ce mod�le explicatif fonctionne pour partie sur la commune d'Issy, les �lus corses de Paris ne sont pas eux l'�manation d'une logique num�rique. La question de l'implantation politique des Corses � Paris est bien plus complexe. Il est tout d'abord incontestable que pour la communaut� corse, la capitale fut une zone d'implantation privil�gi�e. Cependant, il est bon de se demander ce que repr�sentent les Corses vivant � Paris, � l'�chelle d'une commune de 2 millions d'habitants ? Les estimations les plus folles font l'�tat d'une communaut� originaire de Corse de 100.000 personnes... soit un parisien sur vingt ! Un tel chiffre ne repose bien �videmment sur rien de concret. Il est pourtant �voqu� dans les colonnes du Parisien en mars 1996, et repris dans un dossier du Canard Encha�n� consacr� � la Corse cette m�me ann�e.

Il n'existe malheureusement pas de donn�es scientifiquement �tablies concernant la population originaire de Corse � Paris. Certes, il est possible d'�tablir des estimations � l'occasion des recensements de population, puisqu'on demande toujours le d�partement de naissance ou lors d'une inscription sur les listes �lectorales, puisqu'on questionne le citoyen sur l'endroit o� il �tait pr�c�demment inscrit... mais ces chiffres posent l'�ternel probl�me des Corses non n�s en Corse, ou ne r�sidant pas en Corse avant de venir s'�tablir � Paris. Une �tude tr�s g�n�rale men�e sur les origines des parisiens au milieu des ann�es soixante montrait que les Corses s'�tablissaient davantage � Paris qu'en banlieue, mais qu'ils ne repr�sentaient � l'�chelle de la capitale qu'une population marginale. Il y a � Paris beaucoup plus d'individus originaires de r�gions plus peupl�es et plus proches telles que le Nord-Pas-de-Calais, la Bretagne, la Normandie que de Corse !

� La filiation communautaire. - La solidarit� entre Corses a notamment facilit� l'implantation politique de Charles Pasqua et de Charles Ceccaldi-Raynaud. En effet, rien ne pr�destinait Charles Pasqua, n� en 1927 � Grasse dans les Alpes Maritimes, � faire carri�re dans les Hauts-de-Seine. Il est en quelque sorte le symbole de la solidarit� entre Corses : le jeune VRP de la maison Ricard aurait-il r�ussi sans l'appui de ces " parrains " en politique ? Tr�s t�t Charles Pasqua a �t� plac� sous la protection de Charles d'Ornano, ancien d�put�-maire d'Ajaccio et de deux piliers du gaullisme, tous deux anciens ministres : Alexandre Sanguinetti et Ren� Tomasini.

Charles Pasqua fut vice-pr�sident du Service d'Action Civique, officine " barbouzarde " cr��e par les milieux gaullistes afin de lutter par tous les moyens n�cessaires contre l'Organisation Arm�e Secr�te.

Elu pour la premi�re fois d�put� � Levallois-Perret, il profite de la vague gaulliste de 1968 pour enlever une circonscription longtemps communiste. A partir de ce moment, il profitera pleinement de l'appui de son compatriote Achille Peretti. Aid� par des Corses, c'est en toute logique que Charles Pasqua apportera son soutien � Charles Ceccaldi-Raynaud dans les Hauts-de-Seine. Ainsi, en 1993, le maire de Puteaux retrouva son si�ge de pr�sident de l'Etablissement Public de la D�fense, dont le gouvernement Rocard l'avait priv�, gr'ce � l'intervention du nouveau ministre de l'Int�rieur.

Le parcours politique de ce Corse n� � Bastia en 1925, ne le destinait pourtant pas au gaullisme. Apr�s ses �tudes de droit au Maroc, Charles Ceccaldi-Raynaud devint commissaire de police en Alg�rie, o� on le soup�onna de sympathies pour le FLN ! De retour en France, il adh�ra � la SFIO. Il fut alors en charge de la gestion des HLM de la ville de Bondy... Cong�di� par le maire de cette commune de Seine-Saint-Denis, il s'installa dans un autre fief socialiste : Puteaux, o� le maire Georges Dardel l'accueillit. Charles Ceccaldi-Raynaud devint rapidement le patron de la f�d�ration SFIO des Hauts-de-Seine, qui comptait alors, selon les t�moignages, de tr�s nombreux Corses. En 1967, Georges Dardel d�missionna pour raison de sant� de la mairie de Puteaux. Charles Ceccaldi-Raynaud, son quatri�me adjoint pris sa succession, et quand l'ancien maire souhaita reprendre son mandat, il refusa de rentrer dans le rang. Aux municipales de 1971, Charles Ceccaldi-Raynaud, d�chu de l'investiture SFIO, " retourna sa veste " et prit langue avec Achille Perreti, qui lui offrit la logistique gaulliste. au terme d'une campagne �lectorale muscl�e, Charles Ceccaldi-Raynaud emporta le bastion socialiste de Puteaux et choisit d�finitivement son camp... il adh�ra au RPR � la fin des ann�es soixante-dix.

� Le go�t pour la politique. - D'une mani�re g�n�rale et au del� de toute autre forme d'explication, il faut consid�rer prioritairement le fait que la politique et le pouvoir sont au coeur des repr�sentations sociales corses. S'il est difficile d'expliquer l'implantation des �lus d'origine Corses � Paris par l'importance num�rique de la communaut� insulaire ou d'appui politique pr�existant, il est en revanche possible de rappeler le r�le de la politique dans les repr�sentations sociales corses.

Comme dans de nombreuses communaut�s m�diterran�ennes, la r�ussite sociale ne se mesure pas, en Corse, � l'aune de la r�ussite mat�rielle. D�s 1887, un journaliste, Paul Bourde, constatait � propos des Corses : "L' ambition n'a qu'une forme chez eux, elle n'est point tourn�e vers la fortune, mais vers le pouvoir.[...] Poss�der le sugillo, tel est l'objet des convoitises les plus ardentes des partis. On tient au conseiller g�n�ral, on tient au d�put�, mais on tient par dessus tout au sugillo, car c'est lui qui procure la plus grande somme des profits imm�diats dans la politique. Le sugillo, c'est le sugillum, le sceau de la mairie, le signe de la puissance municipale qui l�galisera les entreprises du clan et certifiera d'une estampille officielle les pi�ces dont les solliciteurs de toute sorte ont besoin. Un maire doit mourir dans son �charpe ! Cet axiome corse veut dire qu'une fois install� dans la mairie un parti serait bien sot d'en sortir et que tous les moyens sont bons pour y rester ".

Dans la soci�t� insulaire le fait d'�tre �lu conf�re une tr�s forte respectabilit�. Il faut rappeler le r�le pr��minent des clans en Corse pour comprendre cette mentalit� qui perdure. Le sociologue portugais Jos� Gil, qui �tudia longtemps les moeurs corses concluait que la politique englobait dans l'�le le moindre aspect du corps social. D'ailleurs pour le politologue G�rard Lenclud : " L'espace social corse est le produit permanent de tensions, de forces en opposition, de d�fis et de contre-d�fis, command�s par les valeurs d'honneur. Chaque unit� sociale �rige en id�al de nature politique l'�tat de souverainet� de soi sur soi et entretient, par cons�quent, une relation d'affrontement avec toutes les autres. Il en r�sulte �videmment une politisation extr�me du corps social, si l'on entend par l�, fort classiquement, l'int�r�t port� � la chose politique et la capacit� � ordonner politiquement l'espace social. Ici chacun se trouve, d�s l'enfance, plong� dans une vie publique o� rien n'�chappe au politique puisque la coexistence au quotidien s'ordonne autour d'une multitude de projets de pouvoir ".

La parfaite mesure de l'importance de la politique dans la Corse traditionnelle pouvait se prendre les jours d'�lection, qui �taient de v�ritables jours de f�te. Rituellement cette journ�e finissait par un tour du village triomphal du nouvel �lu accompagn� de ses partisans dans un concert de chansons �lectorales, compos�es � cet effet, et �galement de coups de feu tir�s en l'air...

Le go�t pour la " chose publique " se manifeste par un int�r�t certain des Corses de la diaspora pour la franc-ma�onnerie. Au d�but des ann�es quatre-vingt-dix, le Grand Ma�tre du Grand Orient de France �tait Christian Pozzo di Borgo, qui avait succ�d� � Roger Ragade, Corse lui aussi. A la t�te de la Grande Loge Nationale de France se succ�d�rent �galement deux Corses de la diaspora : Roger Santelli et Michel Barat. D'o� vient ce go�t des Corses pour la franc-ma�onnerie ? A cette question, le magazine Kyrn formula ces hypoth�ses : " Recherche compensatoire d'une nouvelle solidarit� hors de l'�le ? N�cessit� de se fondre dans un corps rendant plus facile l'int�gration ? Besoin tribal d'une marque d'appartenance exorcisant confus�ment un anonymat difficile � vivre pour un insulaire ? ".

Manifestement, l'int�r�t port� par les �lus d'origine corse � la franc-ma�onnerie est grand. Selon toute vraissemblance, Charles Pasqua est membre de la Grande Loge Nationale de France, tandis que son compatriote Michel Charasse est li� au Grand Orient de France. Fran�ois L�otard, Michel Mouillot, Jacques Dominati, Bastien Leccia sont semble-t-il �galement ma�ons.

Notons encore que le 16 f�vrier 1989 se cr�a au sein du GOF la loge " Fraternit� Paoli ". Le v�n�rable de cette loge, Philippe Guglielmi, souhaitait offrir un lieu de m�diation entre classe politique corse traditionnelle et nationalistes, en s'inspirant du r�le des ma�ons dans la r�solution de la crise cal�donienne. Sous l'�gide du h�ros corse Pasquale Paoli, lui aussi franc-ma�on, cette loge r�unit une cinquantaine de m�decins, avocats, hommes politiques et hauts fonctionnaires d'origine corse. S'insipirant du r�le de la franc-ma�onnerie dans la r�solution de la crise en Nouvelle-Cal�donie, cette loge, qui a la particularit� de pratiquer le bilinguisme, eut un r�le primordial lors de l'�laboration du projet Joxe en 1991. On pr�tend en effet que Pierre Joxe, lui aussi ma�on, put s'appuyer sur certains Corses de la diaspora influents, ainsi que sur deux responsables politiques corses de premier plan, l'UDF Jos� Rossi et le RPR Henri Antona, appartenant �galement � la loge Pasquale Paoli. Notons encore que ces derni�res ann�es de nombreux nationalistes ont apparemment int�gr� les loges ma�onniques insulaires.

Existe-t-il une mani�re corse de faire de la politique ?

Les �lus issus de la diaspora corse de la r�gion parisienne ne font pas myst�re de leurs origines, par ailleurs r�guli�rement relay�es par les m�dias. Cependant que repr�sente concr�tement la Corse pour ces hommes politiques ? Dans quelle mesure peut on d�celer dans leurs actes des comportements rappelant les moeurs politiques corses ?

La Corse, r�f�rant pr�gnant dans la construction identitaire de ces �lus

Le lien qui unit tous les �lus politiques d'origine corse � leur �le passe en priorit� par leur attachement � leur " paese ", carte n� 3, o� pratiquement tous poss�dent une maison de famille. Didier Bariani, par exemple, se rend � Carticasi, � l'occasion des principales festivit�s qui rythment la vie de son village : f�te patronale, P'ques, Toussaint...

Dans la recherche des liens qui unissent ces hommes politiques � la Corse, il me parait important de distinguer ceux qui y sont n�s et y ont v�cu (Dominati Jacques, Romani, Massoni...) et ceux qui sont des " Corses de l'ext�rieur " de la seconde g�n�ration (Pasqua, Santini, Tib�ri...). Le rapport � la langue est alors tr�s diff�rent : les premiers parlent volontiers le corse, ce qui leur permet de cr�er une " atmosph�re ", un lien unique entre eux, les seconds se contentant de le comprendre. D'ailleurs, on dit que les apart�s en langue corse entre Jacques Dominati et Roger Romani ont le don d'indisposer Jean Tib�ri qui, contrairement � sa femme, ma�trise tr�s mal la langue.

Le fait de ne pas avoir v�cu en Corse semble parfois attrister nos �lus. Ainsi, Andr� Santini a d�pos� une proposition de loi pour le moins surprenante afin de permettre � un citoyen de choisir � l'Etat Civil son lieu de naissance. Ce texte fantaisiste, qui ne serra jamais vot�, aurait permis au d�put� maire d'Issy-les-Moulineaux d'�tre n� � Ota ou Evisa plut�t que dans le XIV�me arrondissement de Paris.

Etre Corse est pour beaucoup un rep�re identitaire, une garantie de valeurs morales et sociales. Ainsi, Andr� Santini qui n'a jamais v�cu sur l'�le reproduit � l'�chelle de Paris un raisonnement typiquement corse : celui des liens familiaux �largis. Ainsi, se pla�t-il � rappeler que par le jeu d'alliances forts complexes Philippe Massoni et Charles Ceccaldi-Raynaud, sont � proprement parler ses cousins. Propos qui rappellent cette remarque faite en 1887 par Paul Bourde : " Un Corse se vante avec orgueil du nombre de ses cousins, comme on se vante de la force de son bras ".

Si tous les �lus d'origines corses que j'ai �voqu� se disent li�s d'une mani�re inalt�rable � la Corse, en revanche l'id�e de se retirer un jour dans l'�le pour la retraite (" U Rigiru ") leur d�pla�t, redoutant notamment la pauvret� des manifestations culturelles. Sans doute aussi parce qu'ils sont au fond � pr�sent plus Parisiens que Corses, et que l'�loignement a eu pour r�sultat d'autonomiser dans leur personnalit� le r�f�rant (l'identit� corse) au r�f�r� (la Corse elle-m�me). Ceci confirme le portrait que Wanda Dressler-Holohan a bross� des individus coup�s de leur terre d'attache : " Les exil�s fabriquent d'abord pour eux-m�mes leur propre synth�se pour s'adapter individuellement � leur nouvel environnement : il s'agit de reconstituer leur pays dans l'imaginaire, un pays qui se distancie peu � peu du pays r�el puisque cette reconstruction se r�alise sans contraintes majeures, dans la libert� de l'anonymat de l'exil, hors d'une confrontation critique quotidienne dans le contexte local ".

L'entraide entre compatriotes

Au del� de consid�rations d'ordre psychologique, est-il possible de d�celer dans les actes de ces �lus des caract�ristiques sp�cifiques � une conception corse de la politique ?

Les �lus d'origine corse re�oivent des sollicitations orales ou �crites de nombreux Corses. Andr� Santini, consid�rant que " le d�put� est le piston de ceux qui n'ont pas de piston ", se fait un devoir de toujours donner suite � tous les courriers, soignant plus particuli�rement la forme lorsqu'il s'agit d'une r�ponse pour un compatriote. Laurent Dominati d�march� par l'Association des Etudiants Corses de Paris se fera bien �videmment un plaisir de participer � la manifestation � laquelle il est convi�.

Au-del� des ces " prestations " que tout �lu doit � ses concitoyens, les �lus corses favorisent-ils d'une mani�re ostentatoire leurs compatriotes ? C'est en tout cas ce qu'Yves Contassot, �lu Vert, adjoint au logement dans le III�me arrondissement affirme ouvertement au Canard Encha�n�. Selon lui, �tre Corse � Paris permet d'obtenir un HLM. Il est bien �videmment difficile d'argumenter cette rumeur, tout comme celle qui pr�tend que la Ville de Paris emploie de nombreux Corses... En effet, comment se faire une id�e objective sur ce sujet. Tout au plus peut-on consid�rer que si certaines facilit�s �taient faites aux Corses cela n'aurait rien d'�tonnant. Rappelons seulement que la Ville de Paris emploie pr�s de 2.000 Corr�ziens, mais que les patronymes originaires de Corr�ze se rep�rent moins facilement que les noms corses !

Seule certitude, la tradition d'entraide envers les compatriotes s'estompe : certes un �lu d'origine corse retournera toujours � un des siens une lettre chaleureuse mais peu nombreux sont ceux qui se d�m�neront afin d'aider un individu au seul motif qu'il est Corse.

La tentation clanique

La tentation clanique de la politique s'impose comme une pratique courante, et plus encore qu'une hypoth�tique politique de favoritisme � l'�gard de compatriotes, il faut reprocher aux �lus d'origine corse une f'cheuse tendance � reproduire les principaux biaisde la politique insulaire.

Au plus fort de la crise au sein du Conseil de Paris, le 4 mai 1998, Claude Goasguen, secr�taire g�n�ral de l'UDF et ex-adjoint charg� des Affaires scolaires, ralli� � Monsieur Toubon au sein du groupe PARIS, porta l'accusation la plus s�v�re contre Jean Tib�ri : " Monsieur Tib�ri entend pratiquer plus que jamais un pouvoir sans transparence et qui va � l'encontre d'une vision moderne du pouvoir. Il devrait se souvenir que le chef de la majorit� municipale n'est pas un chef de clan ". On peut imaginer que monsieur Goasguen, de m�re corse, sait de quoi il parle ! Effectivement, les tribulations au sein de la municipalit� de Paris rappellent �trangement les moeurs politiques corses. Dans chaque village se sont longtemps affront�s le partitu et le contrapartitu, sans v�ritable opposition id�ologique, l'�tiquette politique masquant des pr�occupations bien moins nobles.

De plus si l'on consid�re que la Corse est un pays de " dynastie r�publicaine ", o� la transmission h�r�ditaire du pouvoir est la r�gle �l�mentaire du clanisme, on peut alors appr�cier l'action des hommes politiques d'origine corse en r�gion parisienne sous un angle nouveau. D'ailleurs, pour Sophie Goignard et Marie-Th�r�se Guichard : " Les liens de sang jouent en effet un r�le primordial dans la g�ographie de l'influence insulaire � Paris ". Il est effectivement possible de discerner quatre clans corses � Paris et dans les Hauts-de-Seine :

� Le clan Tib�ri. - L'actuel maire de Paris doit notamment son implantation dans le V�me arrondissement � son p�re, Charles Tib�ri qui fut longtemps adjoint au maire de cette circonscription. C'est donc en toute logique que Jean Tib�ri a souhait� " mettre le pied � l'�trier " � son fils. Dominique Tib�ri avant d'occuper un emploi � Air France, fut un temps chef de cabinet de Roger Romani, alors que celui-ci �tait ministre des Relations avec le parlement. Simple �change de bons proc�d�s, puisqu'en son temps, le fr�re de Roger Romani fut le garde du corps attitr� de Jean Tib�ri !

Toute la famille Tib�ri tire partie de la politique : on peut bien s�r �voquer Xavi�re Tib�ri et son fameux rapport, mais les enfants ne sont pas en reste ! H�l�ne Tib�ri fut longtemps log�e dans un " HLM chic " de la Ville de Paris, son fr�re Dominique allant m�me jusqu'� faire refaire la peinture et poser du marbre aux frais de l'OPAC, avant de prendre possession de son HLM... Xavi�re Tib�ri �tant intervenue elle-m�me afin de justifier les travaux.

� Le clan Dominati. - Jacques Dominati, cacique de la vie politique parisienne s'est tr�s t�t souci� de l'avenir de ses enfants. Aussi, implant� dans le III�me arrondissement, Jacques Dominati � plac� son fils Laurent au conseil municipal du II�me arrondissement d�s 1989. C'est tout naturellement que devenant s�nateur en 1993, il a c�d� � son fils son si�ge de d�put�.

Jacques Dominati n'a bien s�r pas n�glig� son autre fils Philippe, qu'il a fait entrer au conseil municipal du VIII�me arrondissement. Sp�cialiste des questions financi�res � l'UDF, il �tait en position �ligible sur la liste men�e par Edouard Balladur aux �lections r�gionales de 1998. Non �lu, Philippe Dominati doit pour l'instant se contenter de la pr�sidence du SYTCOM, le syndicat intercommunal charg� des ordures m�nag�res � Paris, qui dispose d'un budget de 1,2 milliard de francs !

Le n�potisme n'est certes pas une tradition exclusivement corse, mais le cas Dominati commence � peser � certains. Ainsi, un �lu UDF se fendit de ce bon mot acerbe au journaliste du Canard Encha�n� : " Dominati, ce n'est pas un tribun, c'est une tribu ".

� Le clan Pasqua. - Appuy� par des Corses au d�but de sa carri�re politique, Charles Pasqua a constitu� autour de lui un v�ritable clan. Charles Pasqua a bien �videmment commenc� par placer son fils. Pierre Pasqua, qui est officiellement agent immobilier � Grasse, g�re �galement des soci�t�s li�es � l'aide au d�veloppement en Afrique... financ�es par le Conseil g�n�ral des Hauts-de-Seine.

En France ou en Afrique, les hommes de confiance de Pasqua sont tous Corses. Son chef de cabinet au minist�re de l'Int�rieur n'�taitautre que Bernard Tomasini, le fils de son ami gaulliste Ren� Tomasini. On conna�t �galement ses liens avec Philippe Massoni, qui fut un temps son directeur de cabinet et Jean-Charles Marchiani. En ce qui concerne les questions africaines, dont je reparlerai ult�rieurement, Charles Pasqua s'appuie sur des r�seaux corses tr�s denses.

Charles Pasqua semble avoir plac� un Corse � chaque poste strat�gique, � l'image de Dominique Vescovali, un de ses intimes, ancien cadre chez Bull, qui g�re les finances des associations cr��es par Pasqua au fil de sa carri�re... Pasqua sait que son entourage corse lui est fid�le et se permet de lui confier des missions d�licates. Ainsi, en 1986, dans l'affaire du " vraix-faux passeport " d'Yves Chalier, qui �tait au coeur du scandale du carrefour du d�veloppement, Charles Pasqua s'est appuy� sur une fili�re cent pour cent corse : Julien Fillipedu et Jean-Paul Rocca Serra �tablis au Br�sil se firent un plaisir d'accueillir Yves Chalier, devenu ind�sirable en France.

� Le clan Ceccaldi-Raynaud. - Charles Ceccaldi-Raynaud, in�branlable d�put� puis s�nateur-maire de Puteaux a d�cid� de se dessaisir de son mandat de conseiller g�n�ral... au profit de sa fille Jo�lle Franchi-Ceccaldi-Raynaud. Sous l'�tiquette RPR, elle a �t� r��lue sans difficult� conseiller g�n�ral de la ville de Puteaux et �galement conseiller r�gional Ile-de-France pour le d�partement des Hauts-de-Seine.

Avec Charles Ceccaldi-Raynaud, aux liens familiaux s'ajoutent les liens d'amiti�s. Certains s'�tonnent de voir le maire de la petite commune de Coti-Chjavari, Henri Antona rafler nombre de march�s dans les Hauts-de-Seine. Il faut dire que le pr�sident de la Techni, filiale de la G�n�rale des Eaux, sp�cialis�e dans le nettoyage, le chauffage et le gardiennage de travaux, est tr�s li� � Charles Ceccaldi-Raynaud. A l'�poque o� celui-ci �tait le patron de la f�d�ration SFIO des Hauts-de-Seine, Henri Antona en �tait le tr�sorier ! C'est donc en toute logique que bon nombre de march�s publics reviennent de droit � ce compatriote... n'oublions pas que Charles Ceccaldi-Raynaud fut vice-pr�sident du conseil g�n�ral des Hauts-de-Seine.

Une pratique de la d�mocratie, qui rappelle malheureusement les moeurs insulaires.

La fraude �lectorale n'est pas une pratique sp�cifiquement corse, elle fait pourtant plus qu'ailleurs partie int�grante de la vie politique insulaire. En toute logique, les m�dias ont tendance � accorder une attention toute particuli�re aux manipulations de listes �lectorales profitant aux �lus d'origine corse !

Ainsi, il faut se rappeler que Laurent Dominati a �t� accus�, d'une part d'avoir proc�d� � des inscriptions frauduleuses, d'autre part de d�tenir un fichier indiquant les inclinations politiques d'un certain nombre d'�lecteurs (les noms �taient pr�c�d�s d'un " F " pour favorable et d'un " D " pour d�favorable). En 1996, les candidats �cologistes et socialistes avaient d�couvert que pr�s de 18% des �lecteurs inscrits dans le III�me arrondissement ne r�sidaient pas � l'adresse indiqu�e. Faut-il rappeler que Jacques Dominati a �t� maire de cet arrondissement de 1983 � 1995.

Cette entorse � la pratique d�mocratique n'est pas un cas isol�. Lyne Cohen-Solal, candidate socialiste d�faite par Jean Tib�ri lors des �lections l�gislatives de mai-juin 1997, a mis en �vidence une quantit� non n�gligeable d'inscriptions frauduleuses sur les listes �lectorales du V�me arrondissement de la capitale. Entre 3.000 � 4.000 �lecteurs �taient ill�galement inscrits, soit pr�s de 10% du corps �lectoral de la circonscription ! La justice a certes reconnu que la fraude �tait manifeste, mais a consid�r� que Jean Tib�ri avait gagn� son si�ge avec suffisamment d'avance pour que l'on ne tienne pas compte de ces petites entorses � la d�mocratie. C'est pourtant un syst�me proche du client�lisme qui a �t� mis en place dans le V�me arrondissement de la capitale : bon nombre d'employ�s de la Mairie y sont domicili�s, sans bien s�r y r�sider, les personnes 'g�es ou invalides sont accompagn�es jusque dans les isoloirs...

Les m�dias nationaux ont imm�diatement accus� les �diles du V�me arrondissement de reproduire un certain atavisme corse. Pour Le Canard Encha�n� : " Les administr�s du clan Tib�ri, m�me quand ils ont quitt� le V�me arrondissement y votent encore. Un sacr� tour de Corse ! ". Jean Tib�ri et sa femme Xavi�re, tout comme l'ancien maire-adjoint Roger Romani peuvent certes difficilement se d�fendre de ne pas conna�tre les travers de la d�mocratie en Corse.

Notons d'ailleurs, que cet incident fut relat� en Corse par l'hebdomadaire autonomiste Arritti, qui ironisa sur l'exportation des techniques de fraude �lectorale corse par Jean Tib�ri : " A Corsica porta ancu e so pratiche � l'infora. Di ghjugnu 97 in Parigi, anu scupertu pocu stuppiti i pinzuti ch'ellu ci era 3 � 4.000 scritti falsi in u Vesimu circundariu di u sgio mere Tiberi, � ch'elli ghjuvianu e vitture municipale per anda � circa l'elettori ch'un s'eranu ancu spiazzati !... ".

L'�lite politique de la diaspora corse est majoritairement conservatrice

Les hommes politiques d'origine corse dans la vie politique fran�aise se situent � la droite de l'axe politique. A l'heure actuelle, les seuls hommes politiques de gauche issu de la diaspora corse et ayant une audience nationale sont l'�conomiste socialiste Dominique Tadd�i, Henri Emmanuelli, et Michel Charasse.

Aucun Corse de la diaspora ne s'illustre au niveau national au sein des radicaux de gauche, alors que ce " micro-parti " est particuli�rement bien implant� en Haute-Corse. Notons enfin qu'en d�pit de l'h�ritage des martyrs et h�ros communistes insulaires (Danielle Casanova, Gabriel P�ri, Jean Nicoli, Arthur Giovonni, etc.) le Parti Communiste ne compte plus de Corse parmi ses principaux dirigeants.

L'extr�me-droite n'a pas non plus de cadres issus de la diaspora corse. Seul Roger Holeindre, un ancien de l'OAS, peut revendiquer des origines insulaires, puisqu'il est n� � Ajaccio. Cet argument a �t� mis en avant � l'occasion des �lections territoriales pour l'Assembl�e de Corse en 1998 et 1999 (l'�lection pr�c�dente ayant �t� annul�e pour fraude), afin de justifier le " parachutage " du vice-pr�sident du FN. Le nombre de suffrages remport� �tant inf�rieur � 5%, le parti d'extr�me-droite n'a eu aucun �lu � l'Assembl�e de Corse, ce qui dissuadera sans doute Monsieur Holeindre, jusqu'alors �lu de Sevran en Seine-Saint-Denis, de faire de nouveau valoir ses origines corses.

Les hommes politiques d'origine corse s'illustrent donc pratiquement tous au sein de la droite r�publicaine, ce qui pourrait sans doute �tre expliqu� par le biais d'une �tude de sociologie politique : la Corse est une terre de conservatisme politique.

Un simple aper�u sur l'organigramme de l'UDF confirme l'id�e que les Corses sont tr�s influents � droite. L'ancien pr�sident de cette conf�d�ration, Fran�ois L�otard, est d'origine corse et un grand nombre des pontes des diff�rents partis qui composaient l'UDF le sont �galement, � l'image d'Andr� Santini, secr�taire g�n�ral de l'ex-Force D�mocrate, de Jacques Dominati, de Didier Bariani... Rappelons �galement que lors de la cr�ation de l'UDF en 1978, l'un des principaux lieutenant de Val�ry Giscard d'Estaing �tait Michel d'Ornano, issu de la rare noblesse corse.

Au RPR, la pr�sence des Corses de la diaspora est tout aussi visible avec Charles Pasqua, Jean Tib�ri, Roger Romani, Colette Codaccioni, Xavier Emmanuelli, Jean-Jacques de Perretti... Ce ph�nom�ne est en fait une constante des partis gaullistes. Ainsi, en septembre 1976, trois mois avant la cr�ation du Rassemblement pour la R�publique, Jacques Chirac avait constitu� une �quipe r�duite de quelques conseillers proches, on y comptait alors Marie-France Garaud, Pierre Juillet, Jacques Friedman, J�r�me Monod, et surtout quatre Corses : Charles Pasqua, Jean Tib�ri, Ren� Tomasini et Alexandre Sanguinetti. Ces deux derniers, v�ritables " barons du gaullisme ", furent tour � tour secr�taires g�n�ral de l'Union des D�mocrates pour la R�publique, anc�tre du RPR.

L'attachement de nombreux Corses au gaullisme se manifesta notamment quelques ann�es auparavant par leur participation massive au Service d'Action Civique (SAC). Qu'aurait �t� le service d'ordre gaulliste, fond� en 1959, sans le renfort de nombreux Corses qui compos�rent son ossature ? Il est de notori�t� publique que Charles Pasqua doit sa carri�re politique � son action au sein du SAC en r�gion Provence-Alpes-C�te d'Azur dans les ann�es soixante. Il pouvait alors y c�toyer bien des compatriotes dont Charles Matt�i, un des piliers du SAC, ou encore Philippe Massoni, qui deviendra un de ces prot�g�s... La pr�sidence de pareille organisation n'�chappa pas � un Corse : de 1960 � 1969, Paul Comiti dirigea cette organisation tant d�cri�e. Est-ce un hasard si son fils, Claude Comiti, occupe la fonction de directeur de l'information et de la communication au sein du cabinet du Maire de Paris ? Il convient �galement de rappeler que le SAC eut des r�percussions en Corse, puisqu'� la fin des ann�es soixante-dix, l'Etat fran�ais entra, par le biais du groupuscule FRANCIA, dans la logique terroriste du FLNC... Nombre de membres de cette organisation �taient des Corses encart�s au RPR et appartenant au SAC !


Quel r�le jouent les �lus issus de la diaspora dans les " affaires de Corse " ?

Revendiquant ouvertement leurs origines, les �lus d'origine corse reproduisent parfois les pires travers des moeurs politiques corses. Mais profitent-ils de leur influence pour prendre part � la vie politique de l'�le ? Pour Marianne Lef�vre il n'en fait aucun doute : " Le lobby corse est puissant au plus haut niveau de l'Etat, o� il conduit de Paris la politique que le pouvoir central m�ne en Corse. [...] Le gouvernement Balladur ne comptait pas moins d'un tiers de ses membres d'origine insulaires ou apparent�e ".

Nombreux sont les observateurs qui accusent les �lus originaires de Corse de favoriser leurs compatriotes insulaires. Cette affirmation, largement r�pandue est-t-elle v�ridique ou rel�ve-t-elle de repr�sentations fantasmatiques ?

L'omnipr�sence de Charles Pasqua dans les dossiers corses

Charles Pasqua joue vis-�-vis de la Corse un r�le pr�dominant. Si son action du temps ou il �tait ministre de l'Int�rieur est relativement connue, il convient �galement de mettre en lumi�re l'influence dont il dispose m�me lorsqu'il n'est plus au gouvernement. Lors de son premier passage Place Beauvau, entre 1986 et 1988, Charles Pasqua, entendait " terroriser les terroristes " et son action dans l'�le ne paraissait pas alors souffrir de ses origines corses. En revanche, � l'occasion de sa deuxi�me prise de fonction au minist�re de l'Int�rieur, Charles Pasqua fit jouer pleinement ses amiti�s dans l'�le. Dans un article publi� en 1993 dans La Corse, Charles Pasqua donna le ton de la politique qu'il entendait � pr�sent mener ; il ne s'adressa pas aux Corses comme � des citoyens fran�ais, pr�f�rant utiliser le vocable " mes chers compatriotes ". Il r�pondit alors aux ind�pendantistes qui souhaitaient le rencontrer, chargeant alors un de ses proche, Jean-Baptiste Tomi, maire de la petite commune de Tasso, d'organiser une rencontre. Dans un premier temps seul le MPA r�pondit � l'appel, mais la Cuncolta ne tarda pas � rejoindre la table des discussions. Bien entendu, Charles Pasqua ne se vante pas aujourd'hui de ses tergiversations ; interrog� au " Club de la Presse " d'Europe 1, le 22 f�vrier 1998, quelques jours apr�s l'assassinat du Pr�fet Erignac, l'ancien ministre de l'Int�rieur minimisa syst�matiquement son r�le dans le dossier Corse : " Le but de la politique men�e en 1993 �tait d'essayer de r�ins�rer dans le processus politique tous ceux qui pouvaient �tre r�cup�r�s, de fa�on � cerner les irr�ductibles... pour ce faire, j'ai utilis� les comp�tences que m'offrait mon statut de ministre de l'Am�nagement du territoire. Je tiens � rappeler que la politique men�e en Corse de 1993 � 1995 �tait celle du gouvernement d'Edouard Balladur d�finie dans les comit�s interminist�riels. J'ai �t� charg� de conduire cette politique avec un pouvoir de coordination sur les diff�rents minist�res... ".

Charles Pasqua lors de son passage aux " affaires " s'est certes entour� de quelques amis corses : Jean-Baptiste Tomi, Andr� Tarallo et Daniel L�andri (un brigadier-chef de la police originaire de Sart�ne) mais il eut �galement l'intelligence de s'entourer de " pinzuti ", de non-Corses. Dans le dispositif Pasqua, son ami le s�nateur RPR de Paris, Maurice Ulrich, ou Pierre-Etienne Bisch, �narque �lev� au rang de " Monsieur Corse ", eurent une influence primordiale... Maurice Ulrich s'est � tel point entich� du dossier corse, qu'il en vint � participer � l'Amicale des Parlementaires d'origine Corse. Le s�nateur partage son temps entre Paris et Propriano, commune dont le maire est son ami, le tr�s controvers� Emile Mocchi.

" Les r�seaux Pasqua " assurent la permanence m�me apr�s le d�part de Charles Pasqua du minist�re de l'Int�rieur. C'est ainsi que Daniel L�andri a �t� quasiment impos� � Jean-Louis Debr�, quand celui-ci arriva place Beauvau... Au lendemain de la conf�rence de presse clandestine de Tralunca, le 12 janvier 1996, cet " homme de Pasqua " fut cong�di� sur ordre de l'Elys�e. Pierre-Etienne Bisch trouva �galement gr'ce aupr�s du nouveau ministre de l'Int�rieur, permettant ainsi aux " r�seaux Pasqua " de fonctionner malgr� le changement de gouvernement.

Il convient �galement de chercher les r�seaux Pasqua en Afrique au sein de ce que l'on appelle la " Corse Connection ". Les Corses y fonctionnent en " une v�ritable amicale tribale ", ainsi le " Monsieur Afrique " d'Elf Aquitaine, Andr� Tarallo aime � s'entourer de compatriotes : Pierre Graziani, de la fondation Elf, Louis Dominici, ancien ambassadeur de France au Gabon, Toussaint Luciani, ou encore Charles Henri Filippi, du Cr�dit Commercial de France. On compte �galement dans les r�seaux Pasqua, les fr�res Feliciaggi, Robert et Charles, qui g�rent au Gabon et dans d'autres pays d'Afrique de tr�s nombreux casinos, dont le personnel est tr�s souvent originaire de Tasso ou Guitera, villages du haut Taravo.

Par le biais de ces amiti�s, parfois occultes, Charles Pasqua exerce une influence permanente sur le dossier corse... Cependant il ne faut pas restreindre son action au seul niveau national. Charles Pasqua, qui dispose d'un vaste r�seau d'amiti�s, prend �galement part � la vie politique corse � un �chelon local. C'est ainsi, qu'� l'occasion des �lections l�gislatives de 1997, il a prouv� son inimiti� � Jean-Paul de Rocca Serra en soutenant officieusement Denis de Rocca Serra. Le " renard argent� " emporta cette derni�re victoire avant de s'�teindre en avril 1998. Bien entendu, Charles Pasqua se d�fend toujours d'interf�rer dans la vie politique insulaire. Ainsi � l'occasion des �lections territoriales � l'Assembl�e de Corse de 1998, il niait vivement soutenir en sous-main une quelconque liste. Il est pourtant de notori�t� publique qu'afin de g�ner l'entente entre l'UDF Jos� Rossi et le RPR Jean Baggioni, Charles Pasqua a invit� ses amis politiques � pr�senter une liste dissidente, men�e par Philippe Ceccaldi, le pr�sident de la Compagnie Corse M�diterran�e (CCM). Cette candidature, qui fit 7,8% des voix, �tait destin�e � prouver l'influence de Charles Pasqua et de ses r�seaux, notamment � l'attention de Jos� Rossi, qui ne cache pas sa lassitude devant l'action de ce Corse de la diaspora dans l'�le.

Charles Pasqua perp�tue une tradition politique fran�aise : la Corse doit �tre g�r�e par un Corse

Le r�le que joue Charles Pasqua dans les " affaires corses " s'inscrit clairement dans une logique ancestrale : afin d'asseoir l'autorit� de la R�publique, les repr�sentants de l'Etat se sont appuy�es sur les clans locaux. Ceux-ci ont servi de relais au pouvoir central dans l'�le, en �change, les "affaires corses " rest�rent depuis Paris aux mains de l'�lite corse, permettant � nombre d'entre eux de faire carri�re dans les minist�res. Ainsi, pour Pierre Tafani : " L'acceptation volontaire de la communaut� fran�aise par les insulaires s'est, en m�me temps, accompagn�e d'un �trange accord tacite, respect� jusqu'� ce jour par tous les partis et les r�gimes : les " affaires corses " (expression employ�e et consacr�e, d�s avant la Grande Guerre, par les d�put�s et les s�nateurs) avaient une telle sp�cificit� qu'elles ne regardaient que les Corses, c'est-�-dire la classe politique locale patronn�e de Paris par un " grand homme " corse -cela va de soi- et pratiquement toujours un ministre ou son concurrent ".

Cette politique de l'Etat fran�ais en Corse a commenc�e d�s la Restauration. Ainsi, de 1830 � 1848, les fr�res Horace et Tiburce Sebastiani avaient la haute main sur les affaires corses, l'un �tant mar�chal et ministre des Affaires �trang�res et le second g�n�ral et commandant en chef de la place de Paris. Napol�on III, neveu du plus c�l�bre des Corses, pl�biscit� dans l'�le, renfor�a la pr�sence de Corses aux plus hauts postes de l'Etat. P.M. Pietri est ainsi nomm� Pr�fet de Paris, permettant � nombre de ses compatriotes de faire carri�re dans la police et � la pr�fecture ; J.P. Abbatucci devint garde des Sceaux et Casabianca ministre... la bourgeoisie insulaire, combl�e de faveurs imp�riales, acc�dant � de multiples emplois, adh�ra d�s lors � la France.

La III�me R�publique perp�tua la politique de ses pr�d�cesseurs en Corse. De 1870 � 1890, les R�publicains all�rent m�me jusqu'� tol�rer que les ma�tres de l'�le soient les Gavini, pourtant tr�s bonapartistes. A partir de 1890, Emmanuel Ar�ne, un proche de L�on Gambetta, prit les commandes... Francis Pomponi rappelle comment, depuis Paris, il assit son autorit� sur l'�le : " Alors qu'il n'�tait que secr�taire du ministre de l'Int�rieur en 1879, il (Emmanuel Ar�ne) recevait plus de courrier que son sup�rieur et canalisait les requ�tes d'emploi ou de recommandations de ses compatriotes, en pr�parant ainsi sa carri�re politique ; mais il fut surtout aid� au d�part par la mission dont l'avait investi Gambetta lui-m�me dans son programme de r�publicaniser les campagnes. Il appartenait � Emmanuel Ar�ne de faire adh�rer � la R�publique ce bastion bonapartiste qu'�tait encore la Corse et pour cela il pouvait compter sur le plein appui de l'administration pr�fectorale. Les pr�fets de l'�poque ne furent souvent que les p'les serviteurs du d�put�, tr�s influent � Paris, et ils mettaient � sa disposition le pr�cieux instrument de l'appareil d'Etat pour l'aider � �tendre sa client�le �lectorale ".

Apr�s la Grande Guerre, la Corse passe au mains successivement d'Adolphe Landry, puis de Fran�ois Pietri, tous deux ministres... Apr�s la Seconde guerre mondiale, Paul Giaccobbi, ministre de l'�ducation nationale en 1945, et Jacques Gavini furent � leur tour les v�ritables ma�tres de l'�le, avec l'assentiment du pouvoir central. Cette politique de l'Etat fran�ais en Corse permit bien �videmment aux clans locaux de se renforcer puisque toujours selon l'historien Francis Pomponi : " Services et passe-droit, les deux �tant souvent li�s, entretiennent la relation de patronage. Le cas le plus fr�quent est la traditionnelle d�marche de l'�lu " bien plac� " pour obtenir un emploi � des prot�g�s signal�s par les relais locaux comme �tant de fid�les �lecteurs qui " portent " les voix des membres de leur famille [...] Ar�ne, Landry, Pietri parmi tant d'autres truff�rent de compatriotes les administrations des douanes, de la gendarmerie, des Eaux et For�t, les services minist�riels ou municipaux. Sous la troisi�me R�publique, les candidats du gouvernement en place partaient en qu�te de leur mandat nantis de nominations sign�es en blanc � des emplois dans la fonction publique et ils les distribuaient au cours de leur campagne ".

Les ministres d'origine insulaire, le plus souvent en charge des colonies ou de la Marine, prirent ainsi pratiquement toujours le pas sur les administrateurs ou les pr�fets envoy�s dans l'�le. Une anecdote r�sume d'ailleurs ce fait. On dit qu'� la fin du si�cle dernier, Emmanuel Ar�ne s'�tait rendu dans un village de montagne accompagn� du pr�fet de Corse. Ce dernier s'�tait alors �tonn� de voir le facteur jeter le courrier sur la place du village, au lieu de proc�der � la distribution. " U R� Manuelle ", " le Roi Emmanuel ", ainsi qu'on le surnommait alors, lui expliqua que ce fonctionnaire �tait illettr�. Le pr�fet exprima son indignation et se vit r�pondre : " Si cet homme avait su lire, je ne l'aurais pas nomm� facteur... je l'aurais fait pr�fet ! ".

Il semble donc que l'Etat fran�ais ait toujours accept� qu'un Corse soit responsable des affaires corses, court-circuitant de fait l'autorit� des pr�fets dans l'�le. Il convient de remarquer que les �lites politiques �lues de l'�le n'ont plus aujourd'hui la responsabilit� de la Corse. Ainsi, Emile Zuccarelli, Jos� Rossi ou Pierre Pasquini ont �t� ministres ces derni�res ann�es, sans pour autant �tre li�s aux affaires corses. On a en effet assist� � un " passage de t�moin " surprenant : les �lus en charge du dossier corse sont issus de la diaspora et non plus directement de Corse. D�j� en 1975, � l'occasion du congr�s de l'UPC-Corti II, qui pr�c�da l'affaire d'Al�ria, Edmond Simeoni demandait au Pr�sident de la R�publique " d'appr�hender la r�alit� et la nature du probl�me corse, r�alit� et nature qui lui sont masqu�es par trop de conseillers int�ress�s ". Cette requ�te �tait notamment adress�e � l'encontre de Jean-Etienne Riolacci, un Pied-noir d'origine corse, qui fut selon Michel Pierucci, ancien maire de Cort� : " A la Corse ce que Foccart fut � l'Afrique ". Plus pr�s de nous, on �voque souvent le r�le jou� par Michel Charasse, alors que les socialistes g�raient les " affaires corses ".

Cependant ce propos doit �tre nuanc� puisque si Charles Pasqua interf�re ouvertement dans le dossier corse, les autres hommes politiques d'origine corse en r�gion parisienne affirment tous leur impuissance concernant l'avenir de l'�le.

La tragique d�mission de la majorit� des �lus d'origine corse

Qu'un Corse de la diaspora " lambda " soit d�sempar� face � la d�rive de son �le se comprend ais�ment, mais la position de nombre d'�lus d'origine corse est surprenante. Leur attachement � la Corse semble visc�ral mais leur action politique en faveur de l'�le est inexistante. Pourtant, Messieurs Santini, Dominati, Bariani, Tib�ri... ne se d�sint�ressent pas de la politique insulaire : tous sont en contacts r�guliers avec leurs amis, �lus de Corse. Mais concr�tement, que font ces parlementaires d'origine corse pour l'�le ?

Leur d�marche politique vis-�-vis de l'�le s'est r�sum�e, jusqu'� pr�sent, � la participation � l'Amicale des Parlementaires et Membres du Conseil Economique et Social d'Origine Corse, qui r�unit, � l'invitation de Charles de Cuttoli, s�nateurs, d�put�s et membre du Conseil Economique et Social (cf. infra une des derni�res listes des membres de l'Amicale, celle ci ayant depuis sombr�e dans la l�thargie). Cette association informelle, en sommeil depuis plus d'un an, n'a jamais d�bouch�e sur aucune initiative... Les membres de cette amicale se rendaient � ces repas afin de se retrouver entre compatriotes, les copieux repas finissant parfois au son des guitares.

Il faut �galement remarquer que les deux derni�res missions parlementaires charg�es de faire le bilan �conomique et financier de l'�le ne compt�rent aucun d�put� d'origine corse. Par souci d'objectivit� ceux-ci furent convi�s � ne pas faire parti des missions... Personne d'ailleurs n'y trouva � redire; les �lus de la r�gion parisienne d'origine corse �taient sans doute trop contents de laisser l'imbroglio des " affaires corses " � d'autres. De ce fait, la d�mission des �lus est totale. Or ils ne repr�sentent pas seulement leur �lecteurs mais en principe la nation fran�aise, Corse comprise. Pour exemple, le rapport de la commission d'enqu�te sur la Corse cons�cutif � l'assassinat du Pr�fet Erignac comporte nombre d'omissions qu'un d�put� d'origine corse n'aurait pu tol�rer.

Dans le cadre de leurs fonctions de parlementaires, ces �lus n'ont jamais pris une initiative d'envergure en faveur de l'�le. Pourtant les �lus d'origine corse restent des interlocuteurs tr�s sollicit�s par les �lus corses de toutes tendances. Pour tout dire, la raison de cette inaction semble �tre v�ritablement tabou. Pour Laurent Dominati la censure est compl�te : " on " l'aurait dissuad� d'agir pour la Corse dans le cadre de son mandat de d�put� !. Ce " on " �nigmatique n'est en fait que l'�manation de sa propre r�flexion. En filigrane, il est ais� de comprendre son message : la Corse est un terrain min� pour un jeune homme politique ambitieux. Aussi, est-ce avec un tr�s grand respect qu'il parle de son ami Jos� Rossi, qui a choisi de mener sa carri�re politique dans l'�le. Pour Laurent Dominati, la Corse est certes la terre de ses anc�tres et le lieu de nombreuses vacances, mais l'�le n'est en aucun cas une terre de mission !

Andr� Santini, quant � lui, ne veut plus se rendre en Corse afin de ne pas cautionner un pays " o� l'on tue les pr�fets mais pas les hommes politiques ". Derri�re ses traits d'humour, le d�put�-maire d'Issy-les-Moulineaux laisse transpara�tre son amertume. Cet aveu d'impuissance se caract�rise par un sentiment commun, celui de ne pas avoir la l�gitimit� de parler au nom des Corses. Pourtant Andr� Santini aime " � penser " la Corse comme en t�moigne sa participation au cercle Vincent Moro-Giafferi, en hommage � l'ancien t�nor du barreau aujourd'hui disparu, o� se retrouvent nombre de juristes de la diaspora corse.

Amicale des Parlementaires et membres du Conseil Economique et Social d'origine corse au 9 d�cembre 1997

Membre du Gouvernement :

- Emile Zuccarelli : Ministre de la Fonction publique, de la r�forme de l'Etat et de la d�centralisation

S�nateurs :

- Charles Ceccaldi-Raynaud : S�nateur des Hauts-de-Seine

- Michel Charasse : S�nateur du Puy-de-Dome

- Charles de Cuttoli : S�nateur repr�sentant les Fran�ais �tablis hors de France

- Jacques Dominati : S�nateur de Paris

- Jean-Baptiste Motroni : S�nateur de Haute-Corse

- Philippe Marini : S�nateur de l'Oise

- Paul d'Ornano : S�nateur repr�sentant les Fran�ais �tablis hors de France

- Charles Pasqua : S�nateur des Hauts-de-Seine

- Louis-Ferdinand de Rocca Serra : S�nateur de Corse-du-Sud

- Jacques Rocca Serra : S�nateur des Bouches-du-Rh�ne

- Henri Torre : S�nateur de l'Ard�che

- Maurice Ulrich : S�nateur de Paris

D�put�s :

- Pierre Albertini : D�put� de Seine-Maritime

- Roland Blum : D�put� des Bouches-du-Rh�ne

- Laurent Dominati : D�put� de Paris

- Henri Emmanuelli : D�put� des Landes

- Roger Franzoni : D�put� de Haute-Corse

- Claude Goasguen : D�put� de Paris

- Jean-Antoine Leonetti : D�put� des Alpes-Maritimes

- Fran�ois L�otard : D�put� du Var

- Thierry Mariani : D�put� du Vaucluse

- Jean Fran�ois Mattei : D�put� des Bouches-du-Rh�ne

- Louise Moreau : D�put� des Alpes Maritimes

- Paul Patriarche : D�put� de Haute-Corse

- Jean-Paul de Rocca Serra : D�put� de Corse-du-Sud

- Jos� Rossi : D�put� de Corse-du-Sud

- Andr� Santini : D�put� des Hauts-de-Seine

- Jean Tib�ri : D�put� de Paris

Membres du Conseil Economique et Social :

- Emile Arrighi de Casanova : Pr�sident de section honoraire

- Gilberte Beaux : Membre honoraire

- Jean-Claude Casanova

- Paul Marchelli : Membre honoraire

- Xavier Marchetti

- Jean Matteoli : Pr�sident du Conseil Economique et Social

- Fran�ois Ferrigot

- Marie-Ange Piazza

- Fran�ois Piazza-Alessandrini

- Pierre Seassari

D�put� Europ�en :

- Jean Baggioni

Pr�fet de Police de Paris :

- Philippe Massoni

Les raisons de cette inaction sont multiples. Je peux tout d'abord �voquer un aspect de la psychologie des Corses de la diaspora. Je souscris pleinement � la formule de Pierre Tafani, pour qui, le Corse sait � merveille " jouer de sa corsitude sur le continent et profiter des latitudes et des libert�s offertes par sa francit� de retour dans l'�le ". Et effectivement, ces �lus semblent tous jouer sur le registre de la double identit�, affirmant ostensiblement leur corsitude depuis Paris, mais se rendant � l'�vidence d'une profonde diff�rence entre eux et les insulaires.

Au-del� de l'explication psychologique se cache parfois des raisons plus politiques. Andr� Santini ne cache pas que sa prise de position publique sur la Corse se ferait au d�triment de l'unit� de son parti. En effet, l'UDF compte parmi ses dirigeants un grand nombre de Corses, � commencer par son ancien pr�sident Fran�ois L�otard, ou encore Jos� Rossi. Aussi, faut-il parfois se taire plut�t que de mettre son parti dans une situation d�licate...

Conclusion :

La concentration d'�lus d'origine corse � Paris et dans les Hauts-de-Seine, est aujourd'hui un sujet qui suscite une v�ritable curiosit�, car le fait d'�tre Corse a �t� volontairement port� sur la sc�ne politique. Il ne faut cependant pas surestimer la l�gendaire solidarit� entre Corses. En effet, si la sympathie entre compatriotes est in�vitable, les �lus d'origine corses n'h�sitent pas � laisser libre cours � leurs ambitions personnelles. Ainsi, la crise ouverte � la Mairie de Paris a vu s'affronter le maire, Jean Tib�ri, qui a le soutien de son ami Roger Romani, oppos� � messieurs Toubon et Goasguen... le clan Dominati manoeuvrant en coulisse afin de tirer parti de la redistribution des cartes dont l'issue reste incertaine. Rappelons que d�s juillet 1997, Jacques Dominati en refusant de voter le budget de la Mairie, avec quelques dissidents UDF, avait �t� le premier � faire vaciller Jean Tib�ri !

De nombreux �lus ont jou� de la " corsitude ", qui renvoyait alors � des valeurs de droiture, de franchise. Aujourd'hui, la Corse n'est pas en odeur de saintet� dans l'opinion publique. Aussi, le charg� de la communication du maire de Paris, Claude Comiti, m'a-t'il confi� : " Il faut � pr�sent �tre discret sur ses origines corses ". Pendant longtemps, un discours tr�s en vogue dans les milieux nationalistes fit de la Corse une " colonie non colonis�e ". Pourtant quelle colonie au monde peut se vanter d'avoir fourni une telle �lite politique � sa puissance coloniale ? Je rappellerai seulement que les hommes politiques d'origine corse � Paris sont parfois �lus de circonscriptions �lectorales plus peupl�es que la Corse ! Le probl�me de cette �lite politique de la diaspora corse dans son lien � l'�le est donc autrement plus complexe comme en t�moigne le leader autonomiste Edmond Simeoni : " Les �lites corses, les ministres, les hauts-fonctionnaires, les personnalit�s influentes parfaitement int�gr�es � l'appareil dirigeant de l'Etat fran�ais n'ont pratiquement jamais rien fait pour le bien-�tre et le devenir collectif de la Corse. Certes, ils interc�daient fr�quemment en faveur de leurs compatriotes pour des emplois, subalternes le plus souvent, ou encore pour de multiples avantages et m�me des passe-droits [...] Comment concevoir, admettre, qu'un tel potentiel de pouvoirs, de comp�tences, d'entregents, n'ait jamais song�, sauf quelques remarquables exceptions, � se pr�occuper de la Corse, sinon pour lui assurer la libert�, au moins pour lui faire accorder la d�mocratie, le progr�s, la justice ? Ils n'avaient pas le droit d'abandonner totalement leur �le. Quelle c�cit�, quelle d�mission et quelle faillite !". Toutefois cette remise en cause reste isol�e, dans l'ensemble les nationalistes insulaires ont plut�t b�n�fici� des situations occup�es par certains Corses au gouvernement.

Cependant si le r�le des hommes politiques d'origine corse est une cl� dans la compr�hension du probl�me corse. Il convient toutefois de ne pas le surestimer : � l'exception de Charles Pasqua, tous les autres �lus s'abstiennent. La raison de cette inaction est finalement �vidente : le Corse de la diaspora en g�n�ral, et l'�lu sans doute plus que les autres, pr�sente comme Janus deux visages : il est Corse � Paris, mais Parisien en Corse. Aussi, ne faut-il pas se leurrer sur le lien qui unirait aujourd'hui encore les Corses de la diaspora aux clans insulaires. La th�se d'une solidarit� pro-corse au plus hauts niveaux de d�cisions de l'Etat rel�ve du fantasme. Avec le sociologue Jos� Gil, il convient de dire : " Ceux qui d�tiennent le pouvoir ont totalement int�rioris� la loi fran�aise, tandis que celui qui n'en est que l'agent mineur garde une distance qui peut facilement se manifester lorsqu'il se retrouve dans son �le. Il y a une relation directe entre l'absence de pouvoir de la population et le nombre de Corses qui, pendant des g�n�rations, ont occup� des places dans l'appareil d'�tat ".

Quoiqu'il advienne il faut en finir avec l'intervention en sous-main de certains Corses de la diaspora dans les " affaires de Corse ". Ce ph�nom�ne qui est d�j� en r�gression par rapport aux d�cennies pr�c�dantes doit cesser. Charles Pasqua est un des dernier � revendiquer ouvertement son action, il s'appuie assur�ment sur des r�seaux puissants. Dans l'�le, les hommes politiques, de droite comme de gauche, en sont las ; m�me les nationalistes ont � pr�sent l'impression d'avoir �t� manipul�s. Son action d�pla�t de plus en plus aux citoyens fran�ais, car dans l'opinion publique se d�veloppe l'id�e " d'un complot corse ". Le ras-le-bol est aussi manifeste chez les �lus d'origine corse, qui en priv� ne cachent pas leur aversion pour les pratiques de l'ancien ministre de l'lnt�rieur.

S'il faut condamner l'influence occulte de certains r�seaux politique, n'est-il pas possible de souhaiter de la part des �lus issus de la diaspora corse des prises de positions et des actions en faveur de la d�mocratie et du respect des lois ? La r�cente intervention de Fran�ois L�otard au c�t� de Jos� Rossi afin d'�viter la destruction par les militaires d'une " paillote " construite sur le domaine maritime, laisse penser que cette aspiration rel�ve de l'utopie.

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s