Les dessous d'une affaire d'extorsion de fonds
Dimanche, 2 mars 2003
3 personnes mis en examen

Il nous faut revenir sur une affaire d'extorsion de fond, r�gl�e de mani�re exemplaire par la gendarmerie. Un entrepreneur bastiais avait �t� sequestr� et bouscul� par trois hommes cagoul�s le 29 janvier dernier. Les agresseurs r�clamaient ni plus ni moins que 460.000 euros pour prix de leur " gentillesse ". On se souvient qu'� l'�poque qu'un grand nombre d'entreprises de b�timent �taient plastiqu�s. L'investigateur avait �t� l'un des premiers � attirer l'attention d'une tactique consistant � infiltrer ces soci�t�s saines afin de capter les fonds europ�ens qui vont bient�t �tre d�vers�s sur la Corse pour moderniser le r�seau routier. La bande de Moriani n'avait pas cette envergure. Elle a donc d�cid� de surfer sur cette vague criminelle en se faisant passer pour de grosses pointures du banditisme. Fort heureusement, la victime a os� porter plainte apr�s avoir racont� sa m�saventure aux gendarmes. Ceux-ci lui ont demand� de laisser croire qu'il �tait consentant. Des filatures ont �t� organis�es. Des �coutes t�l�phoniques ont �t� autoris�es par la justice. C'est ainsi que trois des agresseurs, Bruno et Charles Medda de Poggio Mezzana et Peter Holvort ont �t� mis en examen vendredi 28 f�vrier au soir pour tentative d'extorsion de fonds. Le procureur a demand� leur mise sous �crou. Deux d'entre eux avaient �t� interpell�s mercredi soir � Moriani alors qu'ils tentaient de r�cup�rer leur butin : les 460.000 euros r�clam�s au chef d'entreprise qu'ils avaient s�questr� pendant plusieurs heures ce 29 janvier, chez lui. Dans la foul�e, les gendarmes de Haute-Corse, renforc�s par la section de recherches d'Ajaccio et appuy�s par le GIGN, appr�hendaient la m�me nuit un troisi�me homme li� � l'affaire, fr�re des Medda, ainsi que deux autres impliqu�s dans des dossiers incidents. La zone de Moriani est une r�gion particuli�rement probl�matique. C'est l� que les cousins Marcelli avaient �t� tu�s et br�l�s vraisemblablement par un commando compos� de Jacques Mariani et de Joseph Menconi.

Dans la nuit 3 au 4 octobre 1996, quatre attentats �taient perp�tr�s en Haute-Corse. L'un d'eux occasionnait d'importants d�g�ts dans le bureau du maire d'Ile-Rousse, Pierre Pasquini, par ailleurs ministre des Anciens combattants d�sign� dans une note de la cellule �lys�enne destin�e � Fran�ois Mitterrand comme un alli� de la Brise de Mer. Une autre charge a endommagait la r�sidence secondaire, � Sainte-Lucie-de-Moriani, du d�put� RPR Bonaccorsi, suppl�ant � l'Assembl�e de Pierre Pasquini et consid�r� comme l'un des amis intimes de baron de la Brise de Mer.

La zone avait �t� dans les ann�es 70 puis 80 le terrain de r�glements de compte divers mais aussi d'une impitoyable guerre des machines � sous. On disait � l'�poque que les jeunes loups qui allaient former la Brise de Mer y avait fait leurs dents. Or Moriani �tait leur terrain de pr�dilection car tout proche de leur zone d'origine situ�e plus dans la montagne.

Depuis la Brise de Mer a laiss� plus ou moins tomber ce morceau de la c�te orientale et a mis ses �ufs dans de plus gros paniers. D�sormais deux vari�t�s de voyous rackettent : les petits, souvent marginalis�s qui s'attaquent aux petites affaires et r�clament de petites sommes, et les gros comme la bande qui vient d'�tre arr�t�e.

C'est donc la troisi�me fois que les gendarmes arr�tent des racketeurs apr�s plainte des victimes.

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s