1.800 personnes selon la police, environ 4.000 selon les organisateurs, ont manifest� samedi � Ajaccio � l'appel des principaux mouvements nationalistes corses pour r�clamer "la suppression des d�partements" dans l'�le et "l'instauration d'un v�ritable pouvoir l�gislatif".
Ils �taient environ 2 500 � manifester dans le centre d'Ajaccio derri�re un large drapeau � t�te-de-maure et une banderole sur laquelle �tait inscrit, en langue corse, "Non aux d�partements, Pour un pouvoir l�gislatif". La manifestation, � laquelle participaient les principales figures du mouvement, d'Edmond Simeoni � Charles Pieri, s'est termin�e dans le calme vers 17h30.
3000 personnes repr�sentent une semi-victoire pour les nationalistes. C'est � la fois beaucoup car ils sont les seuls � pouvoir r�ussir une telle mobilisation. C'est n�anmoins d�cevant car les pr�c�dentes manifestations pour le pouvoir l�gislatif et la langue corse avaient rassembl� plus de personnes et souvent � l'appel de moins d'organisations. �taient pr�sents tous les nationalistes les partisans de la violence comme ceux de la seule bataille l�gale.
Pourquoi alors un tel r�sultat ? Peut-�tre est-ce le fait que les nationalistes semblent �tre � la remorque du dynamique Nicolas Sarkozy. Le fait d'appeler � un timide " oui " n'est pas une r�ponse tr�s convaincante. Le mot d'ordre de pouvoir l�gislatif est r�apparu comme par enchantement pour donner un peu de corps au simple refus des d�partements. Il est vrai que les propositions du ministre finissent, � force d'am�nagement, � ressembler � un gigantesque surplace. Les comit�s d�partementaux ont quasiment les m�mes fonctions que les conseils g�n�raux honnis par les nationalistes et le nombre de d�put�s sera sensiblement le m�me que l'addition des conseillers territoriaux actuels et des membres des conseils g�n�raux. Cherchez la diff�rence.
Pourtant, afin de ne pas �tre en butte aux critiques, Corsica Nazione, la seule formation nationaliste repr�sent�e � l'assembl�e de Corse, a appel� le 17 avril � voter "oui", consid�rant que le projet gouvernemental repr�sentait une "timide avanc�e".
"Ce projet est insuffisant et certaines de ses dispositions sont porteuses de d�rives importantes", a encore argument� en marge de la manifestation Jean-Guy Talamoni, le porte-parole de Corsica Nazione, qui n'a pas assist� � la r�union organis�e la veille par M. Sarkozy. Il a rappel� une fois encore l'importance du dossier des "prisonniers politiques", dont le "sort est indissociable de toute solution politique".
S'exprimant au nom du collectif de treize organisations (partis et syndicats) nationalistes, Jean-Christophe Angelini, du Parti de la Nation Corse (PNC, mod�r�), a averti que la r�forme n'allait "pas r�gler la question institutionnelle pour les vingt ans � venir, contrairement � certaines d�clarations officielles". "De toute �vidence, il nous faudra bient�t aller au-del� de ce qui a �t� p�niblement consenti", en particulier sur "l'av�nement d'un pouvoir l�gislatif".
R�agissant � la manifestation, le d�put�-maire PRG de Bastia, �mile Zuccarelli, favorable au maintien des d�partements, a estim� que les nationalistes, "en mettant la barre chaque fois un peu plus haut, d�montrent qu'ils ne se satisfont d�j� plus du projet du gouvernement et qu'ils veulent, pi�ce apr�s pi�ce, assembler le puzzle de l'ind�pendance".
Cette manifestation en demi-teinte ne peut que faire le bonheur de Nicolas Sarkozy, accus� jusque dans ses propres rangs, de faire le jeu des nationalistes. Il peut d�sormais se targuer d'�tre la locomotive et non le wagon.
Plus percutante risque d'�tre l'initiative annonc�e � la Une du Monde : dans une semaine les premi�res cartes d'identit� corse, �dit�es par le mouvement Independenza, vont �tre distribu�es. Le s�nateur Nicolas Sarkozy s'est inqui�t� du r�sultat si d'aventure, les militants ind�pendantistes provoquent des incidents en refusant de pr�senter tout autre papier que cette carte. Selon Le Monde, les cartes seront symboliquement distribu�es le jour anniversaire de la d�faite de Ponte Novo quand les milices corses furent d�faites le 8 mai 1769 par les troupes fran�aises. Tout un programme.
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