" Cherche Yvan Colonna d�sesp�r�ment "
Mercredi, 12 mars 2003
Au petit jour, des policiers de la Division nationale antiterroriste (DNAT) ont perquisitionn� � Carg�se et dans la r�gion, au domicile de plusieurs membres de la famille d'Yvan Colonna, le meurtrier pr�sum� du pr�fet Erignac. Ils agissaient sur commission rogatoire des juges antiterroristes Jean-Louis Brugui�re et Laurence Le Vert et cherchaient des �l�ments mat�riels susceptibles de mener � Yvan Colonna, en fuite depuis 1999. Au mois de juillet 2001, une op�ration de police s'�tait d�roul�e dans des conditions similaires � Carg�se, sans r�sultat probant.

Yvan Colonna ne s'est plus manifest� depuis le 19 d�cembre 2000, date � laquelle il avait post�, ou fait poster du Val-de-Marne, pr�s de Paris, une lettre destin�e au journal nationaliste de Corsica nazione U Ribombu. Devant les d�put�s, le ministre de l'Int�rieur, Nicolas Sarkozy, avait affirm� que l'arrestation d'Yvan Colonna �tait "une priorit�" du gouvernement. Il a notamment �toff� le nombre des enqu�teurs et leur a accord� des moyens accrus.

Ce sont donc les domiciles du p�re, du fr�re, de la s�ur, de la tante d'Yvan Colonna, et celui d'une cinqui�me personne non identifi�e qui ont �t� perquisitionn�s, ainsi que deux restaurants et un motel de la commune. Cette op�ration a �t� lanc�e pour des "v�rifications un peu al�atoires dans le cadre de l'enqu�te" sur la cavale d'Yvan Colonna, selon une source proche de l'enqu�te. Autant dire que les juges anti-terroristes agissaient sans renseignement mais pour montrer qu'ils existent toujours.

En fin de matin�e, il n'y avait plus de pr�sence polici�re dans le quartier un peu excentr�, en bordure de plage, o� habitent la plupart des membres de la famille Colonna. Le p�re d'Yvan Colonna, Jean-Hugues Colonna, ancien d�put� socialiste des Alpes-Maritimes, n'a pas souhait� s'exprimer sur ces perquisitions. Des t�l�phones portables ainsi que des disques durs d'ordinateurs ont �t� saisis "pour analyses" mais surtout pour ne pas �tre venu pour rien.

"Quand on recherche une personne en fuite depuis quatre ans, il est normal qu'� un moment ou un autre, on revienne voir la famille", a soulign� mardi un haut fonctionnaire de police. Affaire de courtoisie.

D�s son arriv�e place Beauvau, en mai 2002, le ministre de l'Int�rieur a mis en place une "cellule" dans laquelle sont repr�sent�s tous les services de police concern�s, en particulier la police judiciaire et les renseignements g�n�raux (RG). M. Sarkozy la r�unit ou la fait r�unir souvent, quasiment chaque semaine.

Chaque mois, il re�oit la veuve du pr�fet assassin�, Dominique Erignac, qu'il informe du d�roulement de l'enqu�te. C'est au moins ce qu'il a fait savoir � la presse tellement il est �vident que certain mois la discussion entre Madame Erignac et Nicolas Sarkozy doit manquer de consistance, absence de r�sultats oblige.
Le dessous des cartes maintenant : Nicolas Sarkozy craint d'�tre affaibli pour ce qui concerne sa politique corse. Le r�cent vote � l'assembl�e mi ch�vre mi choux, ne saurait le satisfaire. Il entend venir dans l'�le en avril afin de mettre les points sur les I. Si les Corses ne veulent pas d'une assembl�e unique, ils n'en auront pas. La multiplication des attentats ne lui facilite pas par ailleurs la t�che. Nicolas Sarkozy est attaqu� sur sa politique en direction des nationalistes. Il veut donc d�montrer le contraire et pressent les diff�rents services � se bouger. La gendarmerie marque des points. La justice anti-terroriste marque le pas. Du coup, elle se r�veille parfois en sursaut mais joue de malchance : les arrestations de F�lix Marcellesi et de Philippe Paoli qui se sont achev�es par des lib�rations ont tr�s mal �t� ressenties galerie Saint-Eloi. Les juges anti-terroristes ne veulent pas donner l'impression de baisser les bras. Ils comptent donc sur un �l�ment surprise. La DST travaille sur place avec les autres services pour recueillir de nouveaux �l�ments qu'elle ne parvient pas � trouver.

L'id�e qui est pr�sente dans le cerveau des enqu�teurs depuis la fuite d'Yvan Colonna est que celui-ci cherchera in�vitablement � revoir sa m�re et son fils. Il suffit d'attendre. En attendant, rien ne se passe et Sarkozy comptait beaucoup sur une arrestation avant le proc�s du commando en juin pour se propulser au firmament des pr�sidentiables.

Le juge Brugui�re qui cherche toujours � savoir d'o� viennent les renseignements de ce journal enrage de cet �chec qui risque de devenir celui de sa fin de carri�re.

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s