Fid�le � sa ligne de conduite, L'investigateur continue de livrer � ses lecteurs des documents avec lesquels ils pourront se faire une opinion. Dans un r�cent courrier, un journaliste connu, une " plume " comme on dit, par ailleurs fid�le visiteur de notre site, nous a reproch� de donner ainsi des documents qui ne devraient servir d'outils de travail qu'aux seuls journalistes. Il existerait ainsi une caste d'intellectuels capables de faire le tri entre le bon et le mauvais, le moral et l'immoral. Quant au pauvre peuple, il devrait se contenter de ce mat�riau pr�dig�r� et en faire sa pitance. H� bien non ! L'�quipe de L'investigateur croit le public majeur et vaccin�. La somme d'informations fournie sur la Corse aurait du l�gitimement impressionner nos confr�res qui eux aussi passent et repassent sur le site � la recherche d'informations. Mais c'est ainsi : on prend ce qu'on a � prendre mais d'Investigateur que nenni. La raison ? L'investigateur ne respecterait pas une certaine morale implicite qui fait qu'on ne dit que ce qui ne d�range pas trop l'establishment. Et pourquoi ? Parce que tous ceux qui comptent dans le journalisme fran�ais parisien font partie de cet establishment.
Mais de temps en temps tout de m�me, pour montrer que ceux-l� aussi peuvent produire un scoop, ils laissent passer des informations. L'affaire Erignac est typique. La presse qui se veut dispensatrice de le�ons � longueur de temps, a jou� contre l'enqu�te. Les notes Bonnet n'ont �t� publi�es qu'une seule et unique fois dans le rapport d'une commission d'enqu�te du S�nat qui est rest� confidentielle. Pourtant elle apporte un �clairage formidable sur cette enqu�te qui concentre tout ce qu'il ne faut pas faire. Au milieu de ce qu'il faut bien appeler un beau merdier surnage le pr�fet Bonnet qui tente contre son propre camp, de donner des informations permettant l'arrestation des assassins du pr�fet Erignac. Le dossier Erignac qu'a fourni L'investigateur comporte beaucoup d'informations. Pour comprendre l'importance des notes Bonnet, il faut le relire et se plonger dans l'atmosph�re de l'�poque. Le pr�fet Bonnet fournit gr�ce � sa " source humaine " sur laquelle nous reviendrons, des informations qui, avec le recul du temps, s'av�rent �tre toutes vraies. Or ces informations sont ignor�es au moins jusqu'au d�but de l'ann�e 1999. Ces notes traduisent la solitude d'un homme qui, contre toute logique, finira en prison.
Note du 16 novembre et du 10 d�cembre 1998
De r�centes informations, verbalement port�es � ma connaissance, me permettent d'apporter un nouvel �clairage sur l'assassinat du pr�fet Claude ERIGNAC que seule une enqu�te polici�re m�thodique, patiente et discr�te pourrait �tayer.
L'origine du projet d'assassinat
1. Le commando d'une dizaine de terroristes comprendrait des intellectuels et des hommes d'action.
Ils se seraient connus il y a une dizaine d'ann�es dans le mouvement de Unita Naziunalista. Ils se seraient ensuite �loign�s du FLNC, lors de son �clatement en canal habituel et canal historique. Ils condamnent ces deux organisations clandestines qu'ils jugent compromises avec les gouvernements de gauche (canal habituel) et de droite (canal historique).
Int�gristes de l'ind�pendance, ils rejettent avec force, la France et sa pr�sence " coloniale " en Corse et d�noncent aussi violemment la classe politique insulaire.
2. Les assassinats des ann�es 1995 entre terroristes les auraient d�termin�s � passer � l'action pour venger les nationalistes qui s'�taient entre-tu�s.
3. Leur action poursuivrait plusieurs objectifs :
- Venger les nationalistes dont la mort est attribu�e aux man�uvres de l'Etat ;
- D�fier l'Etat en assassinant son repr�sentant ;
- D�stabiliser les nationalistes en d�non�ant le pi�ge des �lections territoriales.
Il est � noter que leurs communiqu�s sont r�dig�s dans un style voisin de la prose de Unita Nationalista, dont Mathieu-Dominique FILIDORI, avait �t� tr�s proche.
Leur communiqu� du 21 septembre 1998 rappelle que l'assassinat de Claude ERIGNAC a permis de mettre en lumi�re les comportements frauduleux de la classe politique locale. Il d�livre aussi un avertissement tr�s fort aux �lus qui ne voteraient pas en faveur de la reconnaissance juridique du peuple corse. Il annonce clairement une nouvelle action violente qui serait une nouvelle �tape pour l'appropriation par le peuple corse de son destin.
4. L'assassinat d'un pr�fet.
L'assassinat aurait �t� commis par un commando limit� qui n'aurait b�n�fici� d'aucune information ext�rieure, les habitudes du pr�fet Erignac �tant connues. Le commando se serait content� de s'assurer de sa venue le G f�vrier 1998 au th��tre Kallist�.
Il n'est pas exclu que quelques semaines auparavant ce commando se soit essay� � une tentative � l'occasion d'un match de volley-ball du club Le Gazelec d'Ajaccio auquel Claude Erignac ne s'�tait exceptionnellement pas rendu.
Les auteurs de l'assassinat seraient le bras arm� du commando dont la logistique serait � Ajaccio.
Le commando
Les intellectuels
Jean CASTELLA, professeur d'histoire et g�ographie � l'universit� de Cort�, demeurant ...
Vincent ANDREUZZI, professeur de math�matiques au lyc�e Vincensini � Bastia, demeurant ...
Les op�rationnels
Alain FERRANDI, chef d'agence Hertz, � Ajaccio demeurant .... Il est le pivot du commando. Les autres membres du commando seraient ses lieutenants d'une ancienne �quipe du FLNC canal historique du secteur de Carg�se Sagone.
L'un pourrait �tre un certain VERSINI, agriculteur et l'autre pourrait �tre St�phane COLONNA de Carg�se. Jean-Baptiste ISTRIA qui serait sorti de prison en septembre 1997 est aussi cit� avec beaucoup d'insistance comme membre du commando.
Les employ�s de la soci�t� FORMECO d'Ajaccio sont aussi cit�s.
Il est � noter le r�le ambigu jou� par une relation de Ferrandi, un certain�
Depuis les interpellations de la DNAT effectu�es le 18 novembre 1998, le commando s'est mis en sommeil.
Une action �tait alors pr�vue contre une brigade de gendarmerie de Balagne. Les interpellations ont �vit� cette action.
Le code d'authentification du commando, " dit groupe des anonymes ", joint au communiqu� du 21 septembre 1998 aurait �t� retir� � Vincent Andreuzzi.
D�sormais, le chef incontest� du commando est Alain Ferrandi qui dispose de ce code d'authentification. Les contacts entre Bastia et Ajaccio se feraient par messages transmis par un certain�, employ� chez Hertz Bastia.
Apr�s une p�riode de mise en sommeil ind�termin�e, le commando pourrait repasser �. l'action.
Note du 8 f�vrier 1999
Document directement � M. SCHRAMECK Directeur de cabinet du Premier Ministre.
1- Deux enqu�tes principales doivent initialement �tre distingu�es :
- L'enqu�te sur l'attentat de Pietrosella confi�e sous la direction du juge THIEL � la gendarmerie et au SRPJ d'Ajaccio ;
- L'enqu�te sur l'assassinat de Claude Erignac - avec une proc�dure incidente pour association de malfaiteurs- confi�e sous la direction des juges BRUGUIERE, THIEL, LE VERT � la DNAT et au SRPJ d'Ajaccio.
En th�orie ces enqu�tes ne devraient pas �tre compartiment�es puisque les m�mes acteurs sont saisis conjointement dans les deux enqu�tes.
2- Les orientations r�centes.
Pour l'enqu�te sur l'assassinat de Claude Erignac, les enqu�teurs semblent suivre plut�t une piste proche des milieux agricoles et nationalistes.
Les extraits de presse du rapport MARION r�v�lent que la mise en examen pour complicit� d'assassinat de Mathieu FILIDORI �tait demand�e.
La piste "CASTELLA", professeur � l'Universit� de Cort�, ne serait pas �voqu�e dans ce rapport de d�cembre 1998.
La police nationale dispose depuis juin 1998 d'un renseignement selon lequel Jean CASTELLA serait li� � l'assassinat.
- L'enqu�te sur l'attentat de Pietrosella �volue au cours de l'�t� 1998, � partir de renseignements recoup�s par la gendarmerie.
Le juge THIEL conduit cette enqu�te � laquelle le SRPJ d'Ajaccio est associ�.
D'importants moyens op�rationnels sont mis en �uvre � l'automne et le juge THIEL provoque une r�union � Ajaccio le 28 octobre 1998 avec le SRPJ d'Ajaccio et la gendarmerie. Au cours de cette r�union il met vivement en cause ces deux services pour avoir adress� des proc�s-verbaux de gendarmerie directement � la DNAT, non saisie sur Pietrosella. Il leur demande fermement de s'abstenir de toute nouvelle transmission.
Pour des raisons qui paraissent tenir � la fois � la nature des informations recueillies et � un conflit opposant le juge THIEL � la gendarmerie � la suite d'une note critiquant maladroitement sa direction d'enqu�te, il est d�cid� de joindre les proc�dures Pietrosella, Vichy, Strasbourg vers la mi-d�cembre.
La gendarmerie est dessaisie et se voit ainsi priv�e de toute action sur ce dossier.
Il semblerait que la jonction des proc�dures soit une r�v�lation pour la DNAT qui d�couvrirait alors des �l�ments quelle ignorait, en particulier des objectifs trait�s en commun par les services de police et de gendarmerie dans chacune des deux enqu�tes.
Cette situation stup�fiante est pourtant cr�dible.
Le juge THIEL s'est oppos� � toute communication � la DNAT d'�l�ments de la piste CASTELLA exploit�e par la gendarmerie associ�e au SRPJ d'Ajaccio dans l'enqu�te Pi�trosella.
Si un minimum de coordination avait exist� entre les magistrats instructeurs d'une part, les diff�rents services de police et de gendarmerie d'autre part, les enqu�tes auraient pu progresser de mani�re non cloisonn�e.
Cette carence de coordination est confondante quand on se souvient qu'une arme d�rob�e � Pietrosella a servi de " signature " � l'assassinat de Claude Erignac.
En r�sum� :
- Le SRPJ d'Ajaccio et le juge THIEL n'ignorent nullement les investigations conduites par la gendarmerie sur l'enqu�te de Pietrosella et qui concernent la piste CASTELLA notamment ;
- Le cloisonnement des enqu�tes r�sulterait d'un d�ficit d'�changes d'informations, voire d'une interdiction d�cid�e par le juge THIEL le 28 octobre 1998 ;
- Le rapport MARION privil�giant la "piste agricole et nationaliste" (selon les extraits de presse) n'�voquerait pas la piste CASTELLA.
Pourtant, quelques jours apr�s la mise en libert� de Mathieu FILIDORI, CASTELLA est interpell� le 18 novembre 1998, donc ant�rieurement � la remise du rapport.
- Les fuites dans la presse commencent fin novembre 1998 avec la publication de d�tails d'enqu�te sur le r�sultat des perquisitions chez CASTELLA et sur la faiblesse de ses alibis.
- L'affirmation d'une enqu�te parall�le de la gendarmerie sur l'assassinat de Claude Erignac nourrit une campagne de presse contre le pr�fet de Corse et occulte ainsi opportun�ment les carences dans la coordination des enqu�tes.
Man�uvre absurde, car les gendarmesries d�veloppent leurs investigations que dans le cadre de Pietrosella, sous l'autorit� du juge THIEL.
Man�uvre m�diocre, car elle pr�te au pr�fet de Corse l'initiative du d�clenchement d'une enqu�te parall�le de la gendarmerie soutenue par la mobilisation de moyens sp�ciaux.
3. Le recueil d'informations humaines
Une source humaine dont l'identit� est r�v�l�e personnellement � M. MARION au cours de l'�t� 1998, livre plusieurs informations directement au Pr�fet de Corse.
Elles paraissent cr�dibles car elles comportent le nom de CASTELLA.
Le 16 novembre 1998. le Procureur de la R�publique de Paris est ainsi inform� de l'implication pr�sum�e dans l'assassinat de Claude Erignac de trois personnes :
- Jean CASTELLA, (Cort�), Vincent ANDRIUZZI (Bastia) et Alain FERRANDI (Ajaccio).
Le Procureur de la R�publique de Paris annonce son intention de porter ces renseignements � la connaissance du juge Brugui�re en pr�servant l'origine de l'information et la source.
Le pr�fet de Corse re�u le m�me jour par M. BERGOUGNOUX, l'informe de sa visite chez le Procureur de la R�publique de Paris.
Le 17 novembre 1998, vers 21 heures, M. MARION, fait savoir au Pr�fet de Corse que des interpellations auront lieu le 18 novembre � l'aube. Parmi les personnes interpell�es figurent la "source humaine", CASTELLA, ANDREUZZI et d'autres personnes.
Apr�s une garde � vue de quatre jours � Paris, la "source humaine" est remise en libert�.
Elle prend un nouveau contact avec le Pr�fet de Corse, huit jours apr�s son retour dans l'�le, sous couvert de dossiers de financements.
Elle refuse fermement la proposition de donner ses informations aux enqu�teurs en �tayant son refus d'un t�moignage pr�cis.
- Elle pr�cise que, lors de son interpellation, le commissaire FRIZON et le Cdt BIZE de la DNAT lui ont reproch� de s'�tre adress� au pr�fet de Corse plut�t qu'� la police.
Cela signifie � ses yeux qu'elle est identifi�e donc vuln�rable.
Pourtant, elle livre de nouvelles informations pr�cises qui sont transcrites dans un " blanc " dat� du 7 d�cembre 1998.
Elles sont remises au Procureur de la R�publique de Paris le 11 d�cembre 1998 avec une copie du "blanc" du 16 novembre 1998.
Lors d'une rencontre organis�e le 8 janvier 1999 dans le bureau de M. BERGOUGNOUX, en pr�sence du juge BRUGUIERE, ces deux "blancs" sont comment�s. Ils sont remis � M. BERGOUGNOUX.
-4) La d�stabilisation.
La d�p�che AFP du 3 f�vrier 1999
Le MONDE du 2 f�vrier 1999 et le POINT du 5 f�vrier 1999 r�v�lent certaines informations - avec des erreurs peut-�tre volontaires - contenues dans ces "blancs.
Une d�p�che AFP du 3 f�vrier 1999 indique que 'de source judiciaire", les informations publi�es par le MONDE ne sont contenues dans aucune proc�dure judiciaire. La d�p�che ajoute que selon une "bonne source', elles figuraient dans un rapport de gendarmerie remis en d�cembre 1998 au Pr�fet de Corse.
Le POINT du 5 f�vrier 1999 pr�cise, lui, que ces informations �taient extraites d'une note de la Pr�fecture de Corse remise au Procureur de la R�publique de Paris en janvier 1999.
Le "JOURNAL du DIMANCHE" du 7 f�vrier 1999 reprend �galement les termes de cette d�p�che.
Ces affirmations sont fausses mais elles arment la campagne de d�stabilisation
"Les enqu�teurs �taient sur le point d'aboutir, mais une enqu�te parall�le ordonn�e par le pr�fet de Corse, conduite par la gendarmerie, soutenue par la DGSE et couverte par MATIGNON durant l'int�rim du Ministre de 1 'Int�rieur a tout compromis. "Cette fable est reprise par les m�dias.
Ce montage indigne est partiellement sign� lorsque l'on conna�t l'int�r�t port� aux services secrets ou sp�ciaux par l'un des magistrats instructeurs �voqu�s dans la d�p�che.
5. - Les cons�quences possibles des fuites.
Certains membres pr�sum�s - selon la "source humaine" - du commando ayant assassin� Claude Erignac se savaient rep�r�s depuis les interpellations du 18 novembre 1998 (CASTELLA et autres). Deux tentations peuvent se mat�rialiser sous couvert d'un apparent immobilisme.
- Cr�er un nouveau choc en faisant commettre un assassinat par des membres non encore identifi�s du commando ;
- Susciter une diversion en commanditant un attentat grave contre un symbole d'Etat, en particulier des locaux de la gendarmerie accus�e d'avoir utilis� les moyens de la DGSE et autres moyens sp�ciaux.
De mani�re plus positive, les membres pr�sum�s connus du commando mis sous surveillance permanente sont aujourd'hui neutralis�s.
6. - La source humaine.
Si les informations qu'elle a livr�es sont exactes, elle est gravement menac�e.
Elle a laiss� le 5 f�vrier 1999 un t�moignage angoiss� � un interm�diaire s�r.
Elle r�v�le que l'�crivain Gabriel Xavier CULIOLI, interpell� le 8 d�cembre 1998 par la DNAT, a fait avoir � l'un de ses amis, Manuel PIETRI, Directeur Gal Adjoint des services du Conseil Gal de Haute Corse que la presse conna�t "l'informateur du pr�fet" ; M. PIETRI l'ayant fait savoir � l'int�ress� dans la soir�e du 2 f�vrier 1999, jour de publication de l'article du MONDE.
7. - Une interrogation majeure.
Pourquoi les interpellations du 18 novembre 1998 (CASTELLA et autres) ont-elles �t� maintenues alors que le Procureur de la R�publique de Paris, inform� par le Pr�fet de Corse le 16 novembre 1998, avait sans nul doute fait conna�tre au juge BRUGUIERE que CASTELLA n'�tait qu'un �l�ment du commando pr�sum� et que le noyau op�rationnel identifi� �tait � Ajaccio?
Une moindre pr�cipitation aurait permis d'interpeller des personnes pr�sum�es appartenir � la partie ajaccienne du commando.
Les dysfonctionnements en mati�re de coordination principalement entre les magistrats ont entrav� le d�roulement de l'enqu�te sur l'assassinat de Claude Erignac,
Aujourd'hui il est admis que les informations communiqu�es par le pr�fet de Corse d�s le 16 novembre 1998 sont cr�dibles dans la mesure o� elles recouperaient des �l�ments connus de la police et de la gendarmerie.
Il para�t urgent que chacun se concentre sur l'administration de la preuve plut�t que de distiller des rumeurs m�prisables sur une soi-disant enqu�te parall�le.
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