Arrestation Menconi : analyse et r�v�lations
Mercredi, 2 avril 2003
Le ministre de l'Int�rieur Nicolas Sarkozy, qui effectuait un d�placement mardi � Marseille pour rendre hommage � un motard de la gendarmerie tu� en service lors d'un accident de la route, a qualifi� de "tr�s bonne nouvelle" l'arrestation de Joseph Menconi la veille � Aubagne (Bouches-du-Rh�ne), trois semaines apr�s son �vasion de la maison d'arr�t de Borgo (Haute-Corse). "Je voudrais f�liciter la police" pour le "travail remarquable qui a �t� fait. Il n'est rest� en cavale que trois semaines, c'est la garantie que force doit rester � la loi", a estim� le ministre.

Jos� Menconi, arr�t� lundi � Aubagne (Bouches-du-Rh�ne) apr�s trois semaines de cavale, a repris sa d�tention dans une prison tenue secr�te par les autorit�s qui redoutent une nouvelle �vasion. Menconi devra �tre entendu par le juge d'instruction de Bastia Charles Duchaine charg� de l'enqu�te sur son �vasion � l'arme et au lance-roquettes factices, le 7 mars, de la prison de Haute-Corse. "Il y a deux solutions: soit le magistrat se d�place dans son lieu de d�tention, soit il fait venir l'int�ress�. Cela peut aussi �tre alternatif", soulignait-on au minist�re de la Justice.

Les repr�sentants des personnels p�nitentiaires ont fait savoir par la voix de l'Union f�d�rale autonome p�nitentiaire (UFAP) que Menconi �tait ind�sirable en Corse: "S'ils veulent qu'il s'�vade une troisi�me fois, pourquoi ne pas le remettre � Borgo", ironisait Patrick Chartier, d�l�gu� UFAP. "La prochaine fois, dit-il, ils prendront un coll�gue en otage ou viendront avec un AMX 30 pour ouvrir la porte". Toutefois, le fait de ne pas transf�rer Menconi en Corse finira par poser un probl�me puisqu'il est pr�vu qu'� terme tous les d�tenus originaires de l'�le soient emprisonn�s � Borgo ou � Ajaccio.

Menconi est pr�venu dans plusieurs affaires instruites ou en attente de jugement en Corse. Il devrait compara�tre "d'ici un an", devant la cour d'assises de Haute-Corse pour le meurtre d'un l�gionnaire, tu� le 2 ao�t 1997 � Calvi. Il est �galement mis en examen dans l'affaire du double assassinat des cousins Dominique et Jean-Christophe Marcelli, en ao�t 2001, � Moriani-Plage, au sud de Bastia.

En f�vrier, il a �t� condamn� � neuf ans de prison pour sa premi�re �vasion de Borgo en 1998. Il a �galement �t� condamn�, le jour de sa derni�re belle, � deux ans de prison pour de faux permis de conduire retrouv�s sur lui lors de son interpellation le 3 janvier, dans les Yvelines, apr�s plus de quatre ans de cavale.

Le travail fourni par les policiers "durant deux ans" pour l'arr�ter en janvier a contribu� � le localiser rapidement, a expliqu� � l'AFP le chef de l'office central de r�pression de banditisme Herv� Lafranque. "Nous avons poursuivi notre boulot sur la fa�on dont il avait organis� sa cavale. Nous avons reconstitu� son trajet, avec des points de chute nouveaux et pass�s", dit-il. Menconi "est probablement rest� terr� pendant une quinzaine de jours sur l'�le avant de passer sur le continent", selon M. Lafranque. Des policiers ont "planqu�" � Saint-Tropez, Cassis, Marseille, Aix-en-Provence et Aubagne, avant d'apercevoir "une moto int�ressante" et de trouver Menconi, attabl� au bar le "Chalet des pommiers".


La v�rit� est plus prosa�que : un renseignement est venu opportun�ment renseigner les enqu�teurs sur la pr�sence de Menconi � Marseille et de son rendez-vous dans le bar " le chalet des Pommiers ". Quant au fait que Menconi soit rest� une quinzaine de jours dans l'�le, rien de moins s�r. On ne peut que mettre en correspondance son �vasion et celle de son ami Ferrara.

" Il est probable, estime M. Lafranque, qu'il ait eu seulement l'intention de faire escale sur le continent "pour se remplir les poches" avant un voyage plus lointain, vers l'Espagne ou l'Am�rique du Sud. "

Tous les d�tails laissent penser au contraire des d�clarations de M. Lanfranque qui semble couvrir une " balance " que Menconi est pass� tr�s rapidement sur le continent. On peut m�me se demander si ses complices et amis de toujours, Chevri�re et Morand, ne sont pas ceux qui sont venus l'aider � s'�vader.

L'arrestation des trois hommes relance de s�rieuses hypoth�ses sur les assassinats de Rossi, Fratacci et Santoni. Les enqu�teurs n'excluent pas qu'un commando de tueurs form�s par les proches de Francis Mariani ait �cum� la Corse � la recherche de leurs cibles. Un premier assassinat aurait �t� pr�vu : celui de Fran�ois Santoni qui devait �chouer � cause de l'affolement du pizza�olo Muriani qui avait pr�venu les gendarmes. R�sultat : une bonne partie de l'�quipe captur�e dont tout de m�me quatre barons de la Brise de Mer : Chevri�re, Costa, Santucci et Mariani.

Quelques semaines plus tard, une �quipe dont aurait fait partie Jos� Menconi �limine Rossi et Fratacci, accus�s d'avoir �limin� l'un des hommes de Mariani, Dominique Savelli et d'avoir fait fait ex�cuter Paul Grimaldi, ancien bras droit du parrain Fargette et ami de Charles Pieri mais aussi de Francis Mariani.

Quelques mois plus tard : �vasion par fax de Mariani, Costa et Santucci. Entre-temps Chevri�re et Morand ont organis� le terrain. Rep�rages sur Porto-Vecchio pour organiser l'assassinat de Santoni qui ne se cache pas d'aller � un mariage � Monaccia d'Aull�ne. L'�quipe de Jacques Mariani, le fils de Francis organise l'�quip�e par l'interm�diaire de Struffi. Un homme est contact�. C'est un ancien adversaire de Jacques Mariani. Il se nomme Alain Robin. Il appartient au milieu interlope de Porto-Vecchio. Struffi a permis une rencontre avec Francis Mariani qui s'est cach� � Sainte-Lucie de Porto-Vecchio o� il a failli �tre pris par les gendarmes. Il a �t� pr�venu de la venue de ces derniers et a pu quitter sa planque. L'hypoth�se qui vient d'�tre d�crite est celle d'un certain nombre d'enqu�teurs qui pensent que la variante Angeot Orsoni a �t� lanc�e pour couvrir l'hypoth�se Mariani qui menait trop pr�s de Pieri. On sait que Jacques Mariani et Struffi sont tr�s fortement suspect�s d'avoir tremp� dans l'assassinat des deux Marcelli pour lesquels Menconi est mis en examen (et donc pr�sum� innocent faut-il le rappeler). N�anmoins les contours de l'�quipe de tueurs deviennent de plus en plus clairs. La seule inconnue de taille est " Le FLNC a-t-il " autoris� " tous ces meurtres ? ". Les sp�cialistes pensent que d�cemment jamais le milieu corse ne s'en serait pris � un ancien dirigeant du FLNC sans �voquer le probl�me avec les actuels dirigeants. Mais rien n'est certain.

Avec Morand, Chevri�re et Menconi c'est la bande de Mariani qui finit au trou. D'autant qu'ils ont �t� donn�s parce qu'ils g�naient. Mais cela aidera-t-il � en savoir plus sur la s�rie d'assassinats qui a ensanglant� la Corse de 2000 � 2001 ?

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s