Le FLNC Union des combattants revendique des attentats
Dimanche, 6 avril 2003
Le FLNC Union des combattants revendique des attentats � deux jours d'une visite de Raffarin et confirme les analyses de "L'investigateur"

Comme l'avait analys� L'investigateur, le FLNC Union des Combattants a revendiqu� samedi, dans un communiqu� authentifi�, les principaux attentats commis en Corse depuis le d�but de l'ann�e, qui constituent, selon lui, "une r�ponse claire et ponctuelle aux provocations de l'Etat".Et cela alors que les 3 personnes interpell�es mardi apr�s l'attentat contre la perception de Borgo ont �t� rel�ch�es.
Cette revendication intervient deux jours avant une visite dans l'�le du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin et de son ministre de l'Int�rieur Nicolas Sarkozy, qui d�voileront lundi � Ajaccio leur projet d'un nouveau statut pour la Corse et annonceront la tenue d'une consultation dans l'�le cet �t�. � ce titre, cette revendication est �videmment un avertissement lanc� au gouvernement de MM. Raffarin et Sarkozy qui pourrait se retrouver dans une position d�licate vis-�-vis de l'UMP nationale.
Dans un communiqu� d'une page re�u par un journaliste d'une radio insulaire, le principal mouvement clandestin arm� revendique seize actions, dont plusieurs attentats ayant vis� les int�r�ts de l'Etat depuis janvier. Il s'agit en particulier du mitraillage du palais de justice d'Ajaccio le 27 f�vrier et des plasticages contre quatre brigades de gendarmerie, deux villas appartenant � des gendarmes ou le v�hicule d'un commissaire des renseignements g�n�raux. Le FLNC endosse �galement la responsabilit� des attentats qui ont fortement endommag� le 15 mars un b�timent du conseil g�n�ral de Corse-du-Sud � Ajaccio, et la perception de Borgo (Haute-Corse) le 31 mars.
"Ces actions n'ont nullement pour vocation de remettre en cause notre positionnement actuel", pr�cise le FLNC sans craindre la contradiction. Il avait annonc� le 13 d�cembre une "suspension" de ses actions politico-militaires en appelant alors le "ministre de l'Int�rieur � rendre cr�dible, par des actes concrets, sa volont� de s'engager dans un processus" de r�glement de la question corse.
"Elles constituent une r�ponse claire et ponctuelle aux provocations de l'Etat, aux arrestations r�centes, � la pression polici�re exerc�e sur les militants nationalistes alors que la voyoucratie prosp�re aux c�t�s des responsables de l'UMP", ajoute-t-il dans son style inimitable
Le FLNC pr�cise qu'il fera conna�tre son analyse politique" dans "un futur proche".
Il faut n�anmoins d�passer la port�e des mots et des actes pour tenter de d�celer le v�ritable message des clandestins corses. En premier lieu, le plus important est que le FLNC Union des Combattants ne ferme pas la porte puisque son " positionnement actuel " n'est pas remis en cause. Le deuxi�me point du message est que le projet pr�sent� par le ministre de l'int�rieur met en danger la repr�sentativit� des nationalistes. Pour comprendre cet aspect du probl�me, il faut accepter l'id�e que la clandestinit� a chang� de visage en 1989. Jusqu'alors le FLNC �tait l'�me pensante du nationalisme corse. Un homme l'avait dirig� d'une main de fer : Pierre Poggioli lui avait insuffl� une volont� politique. La scission de 1989 qui avait donn� l'ANC, avait peu affaibli le FLNC en terme num�rique mais l'avait priv� d'une densit� dans l'action. D'ailleurs, un an apr�s le d�part ou l'�viction de Pierre Poggioli, le FLNC se scindait en deux parties � peu pr�s �gales qui allaient s'affronter dans la guerre des nationalistes. L'une des ailes, le MPA allait inverser le positionnement " organisation politico-militaire et vitrine l�gale ". Le MPA devenait un lieu de discussion et l'organisation militaire une sorte de bras arm�. Pour ce concerne l'ANC il en allait diff�remment puisqu'apr�s un consensus entre la direction de l'ANC (de fait Pierre Poggioli) et l'organisation militaire Resistenza, le divorce allait �tre consomm�. Le FLNC Canal historique dirig� essentiellement par Fran�ois Santoni et Charles Pieri allait tenter une confusion de l'appareil militaire et de l'organisation l�gale mais au grand jour en devenant en janvier 1996, les deux secr�taires g�n�raux. Cette " apparition " pr�parait de fait la conf�rence de presse de Tralonca et la " paix " avec le gouvernement d'Alain Jupp�. La situation ayant tourn� � l'inverse de ce que la direction du FLNC Canal historique esp�rait, la r�pression et les coups port�s par les groupes adverses allait renvoyer le FLNC Canal historique dans une clandestinit� totale. La date de ce retour est symboliquement l'attentat sur le port de Bastia qui allait tuer Pierre Lorenzi et gri�vement blesser Charles Pieri. Le FLNC historique d�cr�tait alors un repli hors de l'espace public.
Les clandestins continuent de penser que l'Etat fran�ais ne comprend que le rapport de forces et craint que son image ne soit �corn�e par les plasticages. Selon nos informations, il n'a pas tort. En effet, c'est tout � fait volontairement que Nicolas Sarkozy a refus� de mettre en exergue les diff�rents attentats aujourd'hui revendiqu�s par le FLNC. Une partie des Renseignements g�n�raux esp�rait secr�tement qu'ils ne seraient pas revendiqu�s ou qu'ils le seraient par une organisation satellite. La revendication pr�sente met le gouvernement dans l'ennui. Si le ministre de l'int�rieur s'en prend au FLNC il se coupe de fait des fauteurs de trouble et cette rupture risque de rendre caduque sa politique. S'il ne frappe pas les coupables, il prend le risque de donner de lui la sempiternelle image du ministre de l'int�rieur qui dialogue secr�tement avec les plastiqueurs.
Nicolas Sarkozy a encore une chance de ne pas �chouer mais il ne pourra contenter tout le monde. Les nationalistes craignent plus que tout de ne plus �tre repr�sent�s � l'assembl�e territoriale. Tous les observateurs hormis les plus born�s, s'accordent � dire qu'il s'agirait d'une faute majeure puisque les fauteurs de trouble seraient encore une fois hors jeu. Plus grave encore, en excluant les nationalistes, le gouvernement r�duirait �galement la voix de petits partis qui n'auraient alors plus qu'� esp�rer un retour d�stabilisant de la violence afin de voir la donne une nouvelle fois chang�e.
Il va donc falloir concocter un scrutin qui permette � tous d'�tre repr�sent�s sans toutefois paralyser la prochaine assembl�e territoriale. L'exercice est difficile mais pas impossible. Voil� tout le sens des plasticages revendiqu�s par le FLNC. C'est en d�finitive un path�tique appel pour ne pas �tre oblig� de retomber dans une violence qui ouvrirait la voie � des aventures terribles ressemblant � l'assassinat du pr�fet Erignac. Et pour �tre cynique, le gouvernement a int�r�t aujourd'hui � laisser perdurer un FLNC affaibli mais r�el plut�t que de devoir affronter une myriade de petits groupes incontr�lables. Jusqu'alors le FLNC a jou� le jeu en permettant d'une mani�re ou d'une autre l'�limination des plus excit�s. Mais combien de temps la direction clandestine pourra-t-elle jouer les funambules en acceptant d'un c�t� l'enrichissement de ses chefs et en autorisant des actions violentes qui mettent en danger la cr�dibilit� de l'�tat ?
Tout se jouera lundi � Ajaccio. Jean-Pierre Raffarin et Nicolas Sarkozy se rendront lundi � Ajaccio et Bastia pour pr�senter aux �lus corses son projet de nouveau statut de l'�le.
Le Premier ministre rejoindra dans un premier temps le ministre de l'Int�rieur Nicolas Sarkozy au nouveau Palais des Congr�s d'Ajaccio pour une table ronde avec les �lus, puis il prononcera un discours � la pr�fecture.
MM. Raffarin et Sarkozy se rendront ensuite � Bastia, dans le nord de l'�le, o� ils seront accueillis par le maire PRG �mile Zuccarelli avant de rencontrer les �lus et responsables �conomiques de Haute-Corse � Borgo.
Le Premier ministre a donc publiquement annonc� jeudi soir qu'un r�f�rendum serait organis� en Corse avant l'�t� sur un "nouveau statut" pour l'�le. Le troisi�me paragraphe de l'article 6 (qui modifie l'article 72 de la Constitution) indique que "lorsqu'il est envisag� de cr�er une collectivit� territoriale dot�e d'un statut particulier ou de modifier son organisation, il peut �tre d�cid� par la loi de consulter les �lecteurs inscrits dans les collectivit�s int�ress�es. La modification des limites des collectivit�s territoriales peut �galement donner lieu � la consultation des �lecteurs dans les conditions pr�vues par la loi".Il s'agit d'une consultation dont le r�sultat ne s'impose pas au gouvernement qui peut ensuite s'y conformer ou non.
La "premi�re application de la r�forme constitutionnelle sur la d�centralisation" aura lieu en Corse avec "un statut particulier, pour plus de responsabilit�s, pour que la Corse, qui a des atouts formidables, puisse lib�rer ses �nergies et participer elle-m�me � son devenir", a-t-il dit.
En principe, le r�f�rendum demandera aux insulaires de se prononcer pour ou contre la cr�ation d'"une collectivit� unique d�concentr�e", c'est-�-dire la r�union des principaux outils de d�cision et de gestion aux mains de la Collectivit� territoriale et de l'assembl�e de Corse.
Ce regroupement passe par la suppression des deux conseils g�n�raux de Haute-Corse et de Corse-du-Sud.
L'assembl�e de Corse avait vot� le 28 f�vrier, � une courte majorit�, en faveur d'une "collectivit� unique d�centralis�e", avec la cr�ation de "conseils d�partementaux" mettant en �uvre la politique adopt�e par l'assembl�e r�gionale.
La l�gislation fran�aise conna�t d�j� deux types de r�f�rendum : le r�f�rendum national, le dernier organis� �tant celui sur le passage du septennat au quinquennat ; et le r�f�rendum local instaur� par la loi du 6 f�vrier 1992 permettant aux communes de consulter leurs habitants sur un projet "relevant de la comp�tence municipale".
Les �lus de Corse abordent dans la division la campagne du r�f�rendum sur le nouveau statut de l'�le, qui sera d�taill� lundi � Ajaccio par le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin et son ministre de l'Int�rieur Nicolas Sarkozy.
Les �lus ont trois mois pour convaincre les �lecteurs de l'�le qui devraient �tre appel�s aux urnes d�but juillet, probablement le 6, selon des sources bien inform�es.
Les �lus s'attendent cependant � une campagne ardue car le d�bat "ne semble pas susciter un grand int�r�t, du moins jusqu'� pr�sent", constate l'un d'entre eux.
"Il va nous falloir faire preuve de beaucoup de p�dagogie parce que la r�forme est complexe", pr�voit Jos� Rossi, le pr�sident UMP de l'assembl�e de Corse, estimant que l'�le se trouve face � "un choix historique".
Ce nouveau sch�ma a fait l'objet d'�pres d�bats au cours des quatre voyages qu'a effectu� M. Sarkozy depuis juillet 2002. Tentant une synth�se, le gouvernement proposera lundi que la collectivit� unique s'appuie sur deux "conseils d�partementaux", charg�s de mettre en �uvre sa politique dans certains domaines.
Sans surprise, les deux conseils g�n�raux se sont prononc�s contre cette r�forme, qui va priver de mandat une partie de leurs �lus m�me si l'assembl�e de Corse pourrait �tre �largie � 81 membres contre 58 actuellement.
Cette opposition est men�e par deux poids lourds de la politique insulaire, le s�nateur de Corse-du-Sud Nicolas Alfonsi et le d�put�-maire de Bastia, �mile Zuccarelli, tous deux radicaux de gauche. Pour ce dernier, M. Raffarin "confond manifestement approfondissement de la d�centralisation et concentration r�gionale des pouvoirs".
Un certain nombre d'�lus de droite se sont �galement montr�s r�ticents � l'image de Paul Natali, s�nateur UMP de Haute-Corse, craignant une perte d'influence de Bastia vis-�-vis d'Ajaccio, o� si�ge l'assembl�e de Corse. Mais M. Natali a indiqu� qu'il d�fendrait in fine le projet gouvernemental.
Le "oui" sera promu par ceux qui se pr�sentent comme "progressistes" au sein de la droite, comme M. Rossi ou le pr�sident du conseil ex�cutif, Jean Baggioni (DVD). � gauche, les d�put�s Simon Renucci, maire DVG d'Ajaccio, et Paul Giacobbi (PRG), se sont �galement prononc�s pour une "simplification des structures administratives" de l'�le.
Nicolas Sarkozy s'est r�cememment montr� exasp�r� du manque de courage des �lus corses qui votent un jour dans un sens un autre dans le sens contraire. Toute la difficult� r�side dans le syst�me d�mocratique qui veut que �a ne soit pas toujours les plus brillants et les plus courageux qui repr�sentent une population elle-m�me compos�e de personnes �g�es et conservatrices. Or le probl�me corse est pos� par une minorit� peu repr�sent�e �lectoralement parlant. La quadrature du cercle corse. Une figure difficile.

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s