Le juge antiterroriste Gilbert Thiel s'est d�clar� incomp�tent dans l'enqu�te sur un jet de cocktails Molotov contre la gendarmerie de Luri, en Haute-Corse, le 4 septembre dernier.
Beaucoup de bruit pour rien. Cela ne veut pas dire qu�attaquer une gendarmerie � coups de coktail molotov n�est rien mais que l�intervention de la justice anti-terroriste �tait une faute majeure qui a donn� du grain � moudre aux nationalistes.Dans son ordonnance, dat�e de mardi, le juge d'instruction estime que l'action est frapp�e "du sceau de l'imb�cillit�" mais ne peut �tre qualifi�e juridiquement de terroriste.
Si le parquet ne fait pas appel, le dossier sera renvoy� au tribunal de Bastia et sans doute trait� comme une affaire de droit commun, o� les peines encourues devraient �tre moins lourdes sans n�cessairement l��tre. En effet, un tribunal de droit commun peut �tre amen� � sanctionner plus lourdement un comportement qui pourrait appara�tre b�nin � des juges professionnels sp�cialis�s dans l�anti-terrorisme.
Quatre jeunes habitants de Luri sont mis en examen et �crou�s dans ce dossier.
Les arrestations avaient provoqu� des �meutes dans le village. Le 11 septembre, les acc�s de la gendarmerie avaient �t� cadenass�s par des nationalistes, qui, le lendemain, avaient pris d'assaut le b�timent, en jetant des pierres et des cocktails Molotov.
Les leaders nationalistes Edmond Simeoni et Jean-Guy Talamoni soutenaient les manifestants donnant aux gestes des jeunes gens une qualit� politique que les familles refusaient.
Menac�s, les gendarmes de Luri et leurs familles ont d� d�m�nager et l'affaire est devenu un symbole des probl�mes de violence en Corse. Le minist�re de l'Int�rieur a assur� que la brigade de Luri serait maintenue.
Un contr�le routier d�but septembre semble �tre � l'origine de la premi�re attaque au cocktail Molotov contre la brigade de Luri. Un jeune homme aurait injuri� un gendarme, qui avait alors engag� des poursuites pour "outrage � agent", provoquant les repr�sailles, le 4 septembre.
Le juge Thiel a mis en examen les quatre suspects pour "d�gradation en bande organis�e par l'effet d'une substance explosive, association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", ce qui est passible de la cour d'assises.
Le parquet de Bastia devra revoir ces chefs.
De source judiciaire, on se pla�t � pr�ciser que le juge Thiel a soumis les jeunes suspects � un questionnaire "p�dagogique" d'un genre particulier, leur demandant � qui ils feraient appel en cas de disparition d'un proche. Les suspects, qui avaient trois choix - "une organisation clandestine, sa vitrine l�gale et la gendarmerie" - ont retenu, apr�s des discussions anim�es, la troisi�me proposition.
Et c�est peut-�tre l� le plus grave : la violence se banalise en Corse alors qu�elle �tait en grande partie l�apanage de la clandestinit�. D�sormais, n�importe quel petit imb�cile qui veut se donner de l�importance met une cagoule et se prendd pour un � Clandestinu � version miniature.
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