La violence qui nous tue
JEUDI, 23 octobre 2003
Nous avons publi� sous ce titre un doublon. Voici l�article que nous a fait parvenir l�un de nos correspondants. Une nouvelle nuit bleue. Les Corses ont l�impression de ne plus pouvoir s�en sortir. Peut-�tre devraient-ils commencer par balayer dans leur propre cour.

L�absurdit� et l�imb�cillit� des r�cents attentats apparaissent ici dans toute leur splendeur. Nous ne voulons pas rentrer dans l�affreux dilemme qui consiste � vouloir trouver plus anormal la destruction de biens appartenant � des continentaux que ceux de Corses. Mais ici voil� un Corse au patronyme continental qui est attaqu�.

Quel meilleur symbole de l�idiotie de ces plastiqueurs qui se fie aux noms de famille. Nicolas Sarkozy a absolument raison d�employer des adjectifs tels que � l�chet� � � b�tise � voire � cupidit� �.

Les Corses sont fatigu�s d�avoir � subir les cons�quences de quelquse individus. Car Paul Giacobbi a soulign� avec justesse que ces tristes sires nous m�nent � la catastrophe �conomique. Les assurances se retirent. Les groupes industriels craignent le racket.

Combien de fois faudra-t-il r�p�ter qu�une Corse moderne devra s�inscrire dans une Europe qui condamnera cette violence. Que peut-il nous arriver ? D��tre oubli�e de tous et de mariner dans notre jus.

La c�te Dalmate se remet � grande vitesse de la guerre des Balkans. Les Bal�ares ont compris le mal caus� par le tout tourisme et revient en arri�re privil�giant la beaut� sur la productivit�. Personne ne nous attend. Mais persuad�s que nous sommes d��tre le nombril du monde, nous feignons de croire que m�me violents, peu am�nes, nous continuerons de drainer les foules. D�trompons-nous : les violents chercheront toujours les petits profits du racket, des trafics. Mais les jeunes corses finiront par �touffer dans cette atmosph�re vici�e.

La violence nous tue. Pas par les explosions qui n�ont d�autre but que de faire plier les futures victimes. Elle nous tue insidieusement � travers un suicide terrible. Nous sommes la premi�re r�gion pour la mortalit� de jeunes hommes sur la route. Nous sommes la premi�re r�gion pour l�ob�sit� des jeunes (22% pour les enfants et 24% pour les adultes).

Nous battons des records en ce qui concerne les cancers f�minins dues � la cigarette (merci � la d�taxation partielle). L�assassinat a souvent �t� une cause essentielle de mort de jeunes gens.

Nous sommes la troisi�me r�gion pour la s�ropositivit�. L�une des premi�res pour les avortements clandestins. Etc. Etc.

En un mot, nous n�allons pas bien. Mais pas � cause d�un colonialisme fantasmatique qui a bon dos. Notre r�gion est en t�te pour les progr�s de l�emploi et la douceur de vivre.

Ce sont nos propres d�mons qui d�vorent nos enfants et au premier rang de cela : la violence. Nous laissons nos enfants conduire leur moto sans casque. Lorsqu�ils sont coinc�s par un gendarme nous cherchons � leur �pargner cette �preuve tout en la souhaitant pour les enfants du voisin.

Nous stigmatisons la France tout en appelant de tous nos v�ux ses hommes et son argent lorsque nous avons besoin. Chez un �tre humain nous nommerions cela de l�immaturit� et nous chercherions � corriger ces comportements d�enfants g�t�s qui nous tue.

Chez certains Corses on appelle cela un combat. Seulement ce combat nous le menons contre nous-m�mes. Alors apprenons d�abord � vivre entre nous. Ensuite nous pourrons juger les autres.

Enfin, il faut souligner que plus personne n�y comprend rien. � force de jouer au billard � cinquante mille bandes, plus personne ne peut pr�voir comment les actes de violence seront interpr�t�s par les uns et les autres.

Pire la violence rend vicieux tous les raisonnements � commencer par ceux qui pr�tendent �tre contre. Le pr�sident Chirac avait raison de d�noncer ce � cancer �. Droit commun et politique s�unissent dans un monstrueux mariage.

Contre cela il n�est qu�une solution : celle choisie par Paul Giacobbi : condamner sans concession et sans arri�re-pens�e. Il faut refuser tout compromis pervers avec ceux qui usent de ce moyen en d�mocratie. Mais encore faut-il le dire sans h�siter.

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