Le FLNC-Union des combattants reprend la main et se pose en interlocuteur du gouvernement
Samedi, 2 ao�t 2003
� quelques heures de l'ouverture du traditionnel rendez-vous nationaliste de Corte, le FLNC-Union des combattants a appel� les militants nationalistes, clandestins comme politiques, � s'unir pour r�former la Corse apr�s "l'�chec de la tentative r�f�rendaire de la France".

Dans un communiqu� authentifi� re�u par France 3 Corse � Ajaccio, la principale organisation clandestine estime que l'�chec du r�f�rendum du 6 juillet sur une collectivit� unique pour l'�le, qualifi�e pour l�occasion de "r�formette sous-pr�fectorale", a "d�montr� de fa�on irr�versible qu'il est d�sormais inutile d'esp�rer une solution parisienne". Rappelons qu�Indipendenza, vitrine l�gale de l�Union des Combattants, s��tait battu pour la victoire du � oui �. La caract�risation de � r�formette de sous-pr�fecture � est un signe en direction du FLNC 3 qui, lui, avait demand� de repousser le projet de Nicolas Sarkozy.

Le FLNC-Union des combattants avait annonc� le 18 juillet la rupture de sa � dr�le de tr�ve �. Celle-ci avait �t� d�cr�t�e en d�cembre 1999 lors de la cr�ation de l�Union des Combattants et pour donner une chance d�exister au processus de Matignon apr�s la lev�e du pr�alable de la violence par Lionel Jospin, alors premier ministre.

Aujourd�hui, l�Union des Combattants, demande "fraternellement au mouvement national de donner un tour nouveau � sa politique d'union en s'attachant � d�finir les bases et les contours d'institutions nouvelles pour la Corse � partir de ses propres revendications". En d�clarant ceci, le FLNC se pose en locomotive politique d�un mouvement national l�gal affaibli par la victoire du � non �. Il reprend sa place de � structure politico-militaire � o� se d�cident les orientations alors qu�il avait donn� l�impression ces derni�res ann�es de n��tre plus que la structure arm�e du mouvement l�gal.

La famille nationaliste aboutirait alors selon l�Union des Combattants, � un "projet novateur" qui "pourra �tre soumis au d�bat avec l'ensemble des composantes de la soci�t� dans le cadre de l'Assembl�e de Corse", poursuit l'organisation clandestine qui ne laisse gu�re de place aux d�cisions des autres groupes nationalistes l�gaux notamment ceux qui repoussent la violence.

Dans l'imm�diat, le FLNC-Union des combattants, qui d�nonce un "clanisme nouveau (...) � la client�le autant fran�aise que corse" exige une "refonte" des listes �lectorales et un "retour � un corps �lectoral corse". C�est un tremplin � partir des recours judiciaires d�pos�s par Talamoni et Toussaint Luciani.

Le message d'union du FLNC-Union des combattants s'adresse aussi aux clandestins, les leurs et ceux du FLNC 3, apparu en octobre 2002 et qui s'�tait montr� tr�s critique vis-�-vis de la r�forme propos�e par le gouvernement. "Notre peuple a plus que jamais besoin de l'union de ses fils et en particulier de ceux qui en sont les d�fenseurs naturels", affirme-t-il, avant d'appeler "tous les combattants � faire un pas vers l'unit� du front". Un tel appel pourrait pr�figurer une nouvelle union des clandestins, union mise � mal en d�cembre 2002 par le d�part des militants qui allaient renforcer le FLNC 3.

Le 27 juillet, le FLNC dit "des anonymes", apparu fin octobre 2001, qui avait revendiqu� certains attentats particuli�rement destructeurs avant d'�tre en grande partie d�mantel� par les arrestations, avait d�j� appel� � l'union avec le FLNC-Union des combattants en fusionnant avec l�Union des Combattants

Enfin, le FLNC-Union des combattants d�nonce "l'aggravation de l'accaparement" du "patrimoine foncier par des non-Corses" ce qui annonce de nouvelles vagues d�attentats contre les biens de continentaux en Corse.

Les clandestins ont choisi de s'exprimer alors que s'ouvrent vendredi soir � Corte les 22�mes "journ�es internationales de Corte" ce qui semble signifier qu�ils ont ainsi contourn� la difficult� qui consistait � appara�tre dans le contexte actuel et dix ans apr�s la triste revendication de l�assassinat de Robert Sozzi.

Une fois encore, le FLNC tient � montrer qu�il reste ma�tre du jeu corse. Mais il agit avec � responsabilit� � en tra�ant une ligne politique � suivre dans un domaine qui, en d�finitive, reste celui des nationalistes corses : la l�galit� �lective plut�t que la rupture d�finitive.

C�est en quoi le groupe des assassins du pr�fet Erignac vient de perdre une partie puisque leur action en 1998 visait � d�noncer les �lections territoriales de la m�me ann�e puis repouss�e en raison de l�assassinat du pr�fet.

En d�finitive, les nationalistes, cagoul�s ou non, cherchent d�sesp�r�ment � occuper la place d�tenue par les clans depuis des si�cles et jamais laiss�e aux nouvelles g�n�rations. Le communiqu� du FLNC Union des Combattants d�montre qu�en Corse, m�me le r�formisme est violent.

Le FLNC Union des Combattants vient aussi de signifier � Nicolas Sarkozy qu�il �tait le seul � d�tenir les clefs de la situation et, qu�il le veuille ou non, le ministre de l�int�rieur aux ambitions pr�sidentielles, devra compter avec lui. D�autres carri�res politiques se sont bris�es sur l��cueil corse.

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s