Journ�es inter-nationalistes corses durant le week-end � Corte
Vendredi, 1er ao�t 2003
Les nationalistes corses se rassemblent � partir de vendredi soir et jusqu'� dimanche soir � Corte en Haute-Corse, pour leur traditionnel forum estival, dans "un contexte politique difficile" selon les propos de Fran�ois Sargentini, membre de l'ex�cutif d'Indipendenza.

Indipendenza et Corsica Nazione consid�rent "l'union entre les diff�rents mouvements nationalistes" comme "une priorit�", m�me si les divergences de fond persistent, notamment sur le probl�me de la clandestinit�, a expliqu� M. Sargentini, lors d'une conf�rence de presse des deux formations.

Les journ�es internationales pourraient �tre le lieu de la r�affirmation de la politique d�Indipendenza : l�union derri�re l�ancien bloc Cuncolta/FLNC.

Pour "tenter de renouer les fils du dialogue", elles feront des propositions durant le week-end, en direction des autres mouvements nationalistes et du gouvernement. Mais ces propositions serviront aussi � contr�ler une situation politique bloqu�e. En effet, les responsables d�Indipendenza ne cachent que pour eux la seule fa�on de reposer la question institutionnelle est une victoire nationaliste lors des territoriales de 2004. Pour cela il faut que les nationalistes s�imposent comme la premi�re force en Corse et b�n�ficie de la prime aux vainqueurs. De cette fa�on les nationalistes pourraient tirer une ligne qui rejoindrait les nationalistes mais aussi les corsistes et poss�der la majorit� � l�assembl�e.

C�est le sens d�une r�ponse extr�mement dure qu�a fait para�tre Indipendenza dans la presse � un communiqu� du PCF qui d�clarait que � le terrorisme enfonce la Corse dans une impasse �. (voir article : la guerre des communiqu�s �)

Ces 22e journ�es nationalistes seront marqu�es par l'arrestation d'Yvan Colonna le 4 juillet, l'�chec du "oui" au r�f�rendum du 6 juillet et le verdict du proc�s Erignac, le 11 juillet, jug� inique par les nationalistes. Il y sera aussi question du retrait "jusqu'� nouvel ordre" des �lus de Corsica Nazione de l'assembl�e de Corse et de la multiplication des attentats, apr�s la rupture de la "tr�ve" annonc�e par le FLNC "Union des Combattants" et le FLNC "des anonymes".

Indipendenza et Corsica Nazione estiment que "la politique r�pressive que m�ne le ministre de l'Int�rieur Nicolas Sarkozy emp�che toute perspective, mais qu'� un moment donn�, le gouvernement sera oblig� de s'asseoir � la table des n�gociations, car la r�pression n'a jamais �t� une solution", a r�sum� M. Sargentini.

Samedi � 18h00, le Comit� anti-r�pression organisera une conf�rence sur le sort des "nationalistes incarc�r�s". Dimanche, � 16h00, le d�bat portera sur l'�ventuelle union entre les mouvements nationalistes, dans la perspective des �lections territoriales de mars. Au cours du meeting de cl�ture, dimanche � 18h00, seront d�finies les orientations du mouvement ind�pendantiste.

Des d�l�gations �cossaise, catalane, basque et sarde participeront aux d�bats, meetings et soir�es culturelles.

La guerre des communiqu�s

Les pages du quotidien unique de la Corse, Corse-Matin bruissent de la guerre des communiqu�s qui fait rage. Apr�s les recours judiciaires de corsistes et des nationalistes, le radical de gauche �mile Zuccarelli a r�pliqu� en portant plainte tous comme les responsables des bureaux de vote de Bastia. Or presque tous sont membres du Parti communiste, un parti communiste qui dans le nord de l��le ne brille par son caract�re �clair�. �mile Zuccarelli a d�ailleurs souvent fait figure d�otages aux mains de militants qui rappellent bien souvent la p�riode stalinienne.

Bouscul�s jusque dans leurs bastions syndicaux les communistes ont donc d�cid� de reprendre l�offensive et d�appara�tre comme les garants de l�ordre r�publicain. L�enjeu est de continuer � exister lors des territoriales de 2004. Or rien n�est jou� pour un parti en d�clin mortel. C��tait le but du communiqu� paru le 26 juillet dans la presse et traitant du � terrorisme �. La r�ponse (pour une fois tr�s intelligente) des nationalistes est offensive elle aussi.

Elle porte sur des points d�histoire et est destin�e � galvaniser les troupes nationalistes un rien sonn�e par la victoire du � non � �crasante sur Bastia. M�me si une partie de la faute incombe aux nationalistes absents lors du d�pouillement, l�argument utilis� par le communiqu� d�Indipendenza est � la fois en partie juste et sp�cieux. Il appartenait aux nationalistes de remplir leur devoir d�s le moment o� le r�sultat du r�f�rendum pouvait avoir des cons�quences importantes. Tout le reste n�est que bavardages. Et ce communiqu� est aussi une fa�on de s�absoudre d�une faute que les nationalistes savent vraie.

Afin de � r�pondre � � l�arrestation pourtant l�gitime d�Yvan Colonna (on ne peut pas � la fois demander � l��tat de faire son travail et de ne pas arr�ter un homme en cavale depuis 4 ans), beaucoup de nationalistes ont boud� les urnes et n�ont pas surveill� les �lections.

Le PCF avait d�j� tent� par le truchement de la CGT de mettre en difficult� Andr� Paccou, responsable de la Ligue des Droits de l�Homme en Corse, en �crivant pour se plaindre aux instances nationales qui avaient soutenu leur repr�sentant. Paccou �tait accus� de soutenir les nationalistes, assertion qui n�est d�ailleurs pas enti�rement fausse m�me s�il convient de la temp�rer.

C�est donc � un nouvel �pisode du feuilleton de la lutte contre les deux forces qui se disputent une partie du pouvoir populaire en Corse � laquelle on assiste. En l�absence du Front national, communistes et nationalistes travaillent sur le m�me terreau revendicatif, protestataire et populiste.

Voici le texte du communiqu� des nationalistes :

� � ta suite du communiqu� du Parti Communiste Fran�ais (1), Corsica Nazione tient � apporter les pr�cisions suivantes afin d'�clairer l'opinion sur trois questions d'actualit�
1. Si les assesseurs nationalistes n'ont pas �t� pr�sents comme lors d'autres �ch�ances �lectorales dans les bureaux de vote � l'occasion du r�f�rendum du 6 juillet, c'est bien parce que le projet pr�sent� n'�tait pas celui des nationalistes.
Quoiqu'ils aient majoritairement appel� � r�pondre "oui � la question qui leur �tait pos�e, ils ne leur appartenaient donc pas d'�tre les � surveillants � officiels de ce scrutin, sauf � consid�rer que le Mouvement national est l'unique garant de l'exercice de la d�mocratie dans l'�le, id�e pour le moins surprenante de la part du PCF.

Quoi qu'il en soit, le recours actuellement engag� permettra de mettre en lumi�re les agissements de certains donneurs de le�ons lorsqu'ils sont, pr�cis�ment, livr�s � eux-m�mes dans les bureaux de vote.
Si l'impunit�, tant pr�n�e, quand il s'agit de r�primer les patriotes corses, est appliqu�e un tant soit peu en mati�re de fraude �lectorale le r�sultat risque bien d'�tre �difiant, particuli�rement dans les communes o� le PCF participe aux affaires
2. Ceux qui persistent � traiter de "terroristes" les patriotes sont, � notre sens, davantage les h�ritiers de Doriot que de Jaur�s.
Nous rappelons que, sous l'occupation nazie, c'est par ce terme de � terroriste � que les collaborateurs repr�sentants officiels de la l�galit� du moment - d�signaient 1es R�sistants. L� encore, entre les uns et les autres,- seule l'histoire tranchera de la m�me mani�re quelle jugera l'attitude de ceux qui, aujourd'hui, s'accommodent des verdicts iniques des juridictions sp�ciales dont certaines d�cisions, comme nous le prouverons sont l'�quivalent des affaires Sacco et Vanzetti ou Dreyfus.
3. S�il y a une � d�rive mafieuse � en Corse, il est certain qu'elle doit se manifester d'une part par la prise d�int�r�ts de politiciens v�reux dans les affaires o� l'argent blanchi provient des activit�s de la grande d�linquance, et, de l'autre, par une recrudescence de la sp�culation immobili�re qui voit d�ferler sur nos c�tes toutes sortes de requins.
Et ce n'est certainement pas la tutelle fran�aise qui nous a pr�serv�s de quelque mani�re que ce soit de ces agressions contre notre terre, contre notre peuple.
Aujourd'hui, plus que jamais pour son devenir, la Corse doit pouvoir l�gif�rer en toute transparence dans ces domaines cruciaux.
La classe politique corse doit �tre assainie ? Les �lus doivent � l�instar de ceux de Corsica Nazione faire conna�tre l'�tat de leur patrimoine avant et apr�s �tre entr�e en politique.
Ainsi notre peuple saura vraiment qui s'enrichit sur son dos, qui se compromet avec les voyous et les "mafieux", et o� se situe la menace pour la d�mocratie et l'avenir de notre pays.�

Le m�me jour, les nationalistes mod�r�s, du Partitu di a Nazione Corsa adressait un appel aux autorit�s et aux clandestins afin d�arr�ter la violence. En fait, eux aussi comme le PCF cherchent � exister et � d�gager un champ d�action qui leur permette de respirer. Il voudrait que la bataille des �lections territoriales se passe sous le signe de l�union. Il faudrait alors qu�Indipendenza accepte de leur laisser des places � �ligibles �. La victoire est loin d��tre acquise. C�est tout le sens des rumeurs relatives � une candidature d�Yvan Colonna soutenue par les nationalistes mod�r�s en sous-main de mani�re � casser l�h�g�monie � Indipendenza � incarn� par Jean-Guy Talamoni.

Lors d'une conf�rence de presse donn�e � Ajaccio le 29 juillet, le Partitu di a Nazione Corsa a lanc� un triple appel pour, que des portes restent ouvertes sur le dialogue.
� C'est sans doute la conf�rence de presse la plus importante depuis notre cr�ation en d�cembre 2002 �, soulignait Jean-Christophe Angelini.
Revenant sur une situation qui s'av�re difficile depuis quelques semaines, le PNC refuse de sombrer dans le nihilisme.
� Il faut mettre en parall�le lis quelques semaines �coul�es et le long chemin parcouru depuis d�cembre 1999 et la mise en route du processus de Matignon. �
Fran�ois Alfonsi insistait : � Ce sont des accidents de parcours mais nous devons faire en sorte de ne pas revenir trente ans en arri�re� �

Le premier est en direction de l'�tat : � Nous tenons � signifier que la radicalisation et les d�marches r�pressives sont vou�es � l'�chec. Elles ne conduisent � aucune avanc�e et ne peuvent g�n�rer que des drames suppl�mentaires. Les interpellations en s�rie doivent donc cesser et faire place � la recherche partag�e de r�elles solutions politiques. �

Le deuxi�me appel est en direction de la classe politique insulaire. � Les r�cents propos de certains �diles concernant le mouvement national son intol�rables et dignes de proc�s en sorcellerie. Le temps des ambigu�t�s est r�volu, le camp du progr�s de la Corse doit d�sormais �tre identifi� clairement et s'organiser pour mettre en �chec la coalition des conservatismes. �

Le troisi�me appel enfin est � l'attention de l'ensemble du mouvement national. Le PNC insiste sur le fait que la recrudescence des actions violentes ne saurait �tre une r�ponse pertinente : � La radicalisation ne peut que d�boucher sur des impasses r�p�t�es dont la plus funeste serait un affrontement entre Corses. La prise en compte du contexte et le courage politique exigent un changement d'attitude de la part des nationalistes. Le choix est simple : persister dans une voie protestataire et violente comme l'esp�rent les forces r�actionnaires ou bien abandonner les pratiques qui ont conduit aux affrontements fratricides qui freinent notre progression et emp�chent toute union pour construire une force d�mocratique � la vocation centrale conforme aux enjeux historiques de l'�ch�ance 2004. �

�2003 L'investigateur - tous droits r�serv�s